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RÂLER, verbe
A. −
1. Empl. intrans.
a) Produire en respirant un son rauque, enroué par suite d'une gêne respiratoire, notamment à l'agonie. Dormir en râlant. Oh! Mon Dieu, ç'a été fini très vite. Il n'a pas râlé plus d'une heure (Zola, E. Rougon,1876, p. 272).Blessé au ventre, il avait râlé dans son gourbi toute la nuit (...). Il était mort au petit jour (Dorgelès, Croix de bois,1919, p. 142).Enfin, il entre en agonie, bon. Deux jours, il a râlé tranquillement, vous auriez cru qu'il ronflait (Bernanos, M. Ouine,1943, p. 1543).V. agonisant ex. 28.
[Avec un compl. prép. de indiquant la cause] C'était un çoudra [membre d'une caste inférieure en Inde] haletant (...) pieds nus dans la poussière, ruisselant de sueur et râlant de fatigue (Du Camp, Mém. suic.,1853, p. 49).M. de Charlus râlait d'extase (Proust, Temps retr.,1922, p. 826).
b) P. anal. Produire un son rauque qui ressemble à un râle. Oh! c'est fini! longuement le vent râle, Tout est jaune et poussif; les jours sont révolus, La Terre a fait son temps (Laforgue, Poés.,1887, p. 39).Le moteur toussait, râlait, renâclait sans se décider (Duhamel, Terre promise,1934, p. 84).Un tramway montait en râlant de la gare de l'Est (Fargue, Piéton Paris,1939, p. 13).
[Avec un compl. prép. de indiquant la cause] Un remorqueur (...) qui râlait de peine en vomissant une fumée épaisse, défila devant ma grille (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Horla, 1896, p. 1098).
c) En partic. [Le suj. désigne un animal (cerf, faon, tigre)] Produire un son rauque caractéristique de l'espèce. (Dict. xixeet xxes.).
2. Empl. trans.
a) Produire un son rauque, guttural. Il nous fallut bien déployer notre castillan, et nous écorcher le gosier à râler l'abominable jota (Gautier, Tra los montes,1843, p. 35).Elle le flaira, connut l'odeur étrangère, râla « khhh... » de dégoût (Colette, Mais. Cl.,1922, p. 241):
1. Quand nous aurons tremblé nos derniers tremblements, Quand nous aurons râlé nos derniers raclements, Veuillez vous rappeler votre miséricorde. Péguy, Tapisserie N.-D.,1913, p. 687.
Au part. passé. Philogène répondit par une plainte râlée affreusement (Borel, Champavert,1833, p. 207).L'Abbé Firmin Tournebon ouvrit la bouche comme pour parler, pour crier une évidence: mais aucun son ne sortit de ses lèvres, qu'une manière d'expiration, de souffle râlé (Arnoux, Crimes innoc.,1952, p. 283).
b) Exprimer quelque chose sous forme d'un râle, en râlant.
α) [En incise] MmeEbsen (...) avait fait un détour pour prendre des nouvelles de Magnabos. « Mal, très mal... » râlait du fond de son fauteuil l'orateur funèbre devenu aphone (A. Daudet, Évangéliste,1883, p. 285).« Ne me brutalisez pas », râlait Robert (Pourrat, Gaspard,1931, p. 52):
2. Priemkof! Priemkof! Un homme de Gounsovski! J'aurais dû m'en douter, râle Koupriane après les explications de Rouletabille. G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 132.
β) [Le compl. dir. désigne le contenu d'un message] Un instant, elle le regarda arracher les draps de ses mains crispées, râler son désespoir, la bouche collée à la couverture (Zola, Dr Pascal,1893, p. 267).Oui, je le crie, je l'affirme, je le râle: les pauvres commettent un crime en ayant beaucoup d'enfants (Frapié, Maternelle,1904, p. 262).Le Sauveur emporte, exalte avec lui l'image, dont il a râlé la ressemblance aux bras de son gibet (Claudel, Poète regarde Croix,1938, p. 62).
B. − Empl. intrans., pop. et fam.
1. Vx. Marchander opiniâtrement ou mendier, quémander (d'apr. D'Esparbès, Demi-soldes, 1899, p. 111 et Bruant 1901). On a vu des mendiants donner de 40 à 50.000 francs en mariage à leurs filles et vivre chez eux très commodément après avoir râlé une journée entière pour attirer des aumônes abondantes (Moreau-Christophe, Français peints par eux-mêmes,t. 4, Les Pauvres, 1841, p. 106).
2. Manifester verbalement son mécontentement, sa mauvaise humeur. Synon. protester, rouspéter (pop.).Râler ferme. J'aurais eu beau dire, beau faire, ils m'auraient pas cru mes vieux si j'avais râlé... (Céline, Mort à crédit,1936, p. 170).− Tu râles beaucoup, dit Manuel. − Il y a beaucoup à râler. − Il y a surtout beaucoup à faire (Malraux, Espoir,1937, p. 573).Allons! On peut s'arranger. Il râle parce que vous lui avez coûté de l'argent, c'est tout (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 272).V. emmerder ex. de Vailland.
Qqn râle de + inf. indiquant la raison pour laquelle on râle.Il doit râler de pondre toujours des articles, le pauv'vieux (La Pédale,12 oct. 1927, p. 11, col. 1).
Empl. trans. [En incise] Mais bougre de nom de Dieu d'entêté, râle Poitron, pis que j'te dis trente fois que j'sais pas (Barbusse, Feu,1916, p. 200).
REM. 1.
Râloter, verbe intrans.,hapax. Râler doucement (supra A). Voyons, tu ne te rappelles pas (...) d'avoir vu sur une chaise percée un vieillard qui râlotait (Huysmans, En mén.,1881, p. 304).
2.
Râlage, subst. masc.,pop., fam. Fait de manifester verbalement son mécontentement, sa mauvaise humeur. Synon. pop. rouspétance.C'est la pagaye installée, innocente et heureuse d'elle-même, c'est le râlage qui finit en blague (Montherl., Olymp.,1924, p. 344).
Prononc. et Orth.: [ʀ ɑle], (il) râle [ʀ ɑ:l]. Ac. 1694, 1718: rasler; dep. 1740: râler. Étymol. et Hist. 1. 1456 rasler « marchander, barguigner » (Scène de l'aveugle et de son valet, éd. G. Cohen ds Romania t. 41, p. 357); puis 1841 (Moreau-Christophe, loc. cit.); 2. 1549 raller « faire en respirant un bruit rauque causé par l'embarras des bronches » (Est.); 1690 raller « crier (du cerf) » (Fur.); 1857 râler « dire en râlant » (Th. Gautier, Avatar, chez Michel Lévy Frères, p. 78); 1916 « grogner, protester » (Barbusse, loc. cit.). Doublet fr. de racler*. Fréq. abs. littér.: 423. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 198, b) 888; xxes.: a) 904, b) 607. Bbg. Barbier (P.). Fr. râler, râle. Proceedings of the Leeds Philosophical and Literary Society. 1936, n o4, pp. 126-131. − Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 335. − Dauzat (A.). Notes étymol. Fr. mod. 1949, t. 17, pp. 161-164.