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RAGER, verbe intrans.
A. − Éprouver de la rage et le manifester par un comportement violent ou, le plus souvent, par un silence hargneux. Synon. bisquer (fam.), enrager, fumer (pop.), pester.Faire rager qqn; rager en silence. Il (...) peignait les dents serrées, rageant à froid, dès qu'il sentait la nature lui échapper (Zola, L'Œuvre, 1886, p. 42).L'enfant rage sur ses devoirs, passe sa colère sur les bêtes et les objets familiers qui s'animent et se vengent (Dumesnil, Hist. théâtre lyr., 1953, p. 209):
Elle hait la musique, le dit tout haut comme elle le pense, et son frère rage, le nez dans son assiette, et on sent ses mains se contracter de colère et ses jambes trembler sous la table. Renard, Journal, 1895, p. 272.
[Constr. avec un compl. introd. par contre] Je suis enfin installée rue Pigalle, 16, depuis deux jours seulement, après avoir bisqué, ragé, pesté, juré contre les tapissiers, serruriers (Sand, Corresp., t. 2, 1840, p. 149).Jacques Callot qui voit piller, rouer, brûler, brancher le pauvre monde, pleure sur lui, s'indigne, rage contre le malheur des temps (Faure, Hist. art, 1921, p. 81).
[Constr. avec un compl. introd. par de] Lorsque la vie vous embête et qu'on rage d'être taquiné par les ennemis, le mieux est encore de cogner sur eux (Zola, Terre, 1887, p. 500).L'Allemand (...) s'irritait et s'enfiévrait, rageait de perdre ainsi sans comprendre pourquoi (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p. 173).
Bisque, bisque, rage. [Formule empl. par jeu par les enfants pour taquiner qqn] Nous commençâmes de courir autour d'elle; nous tirions ses boucles et nous échappions en frottant un index contre l'autre: « bisque, bisque, rage... » (Mauriac, Pharis., 1941, p. 73).
Rem. Rager peut introduire un disc. au style dir.: Il crut qu'elle se moquait encore de lui, et, rageant tout à fait: « Mam'zelle, vous me prenez pour un autre » (Maupass., Contes et nouv., t. 2, Yvette, 1884, p. 517).
B. − P. anal. [Le suj. désigne un phénomène physique, la source d'un bruit] Être d'une grande violence. Synon. faire rage, se déchaîner.La pluie, le vent rage. La « grande ville »! Un tas criard de pierres blanches: Où rage le soleil comme en pays conquis (Verlaine, Œuvres compl., t. 1, Sagesse, 1881, p. 268).Entre les deux buttes d'argile molle (...) j'entends rager les canons-révolver de Combres (Genevoix, Éparges,1923, p. 145).
Rem. Rager peut être empl., p. anal. syntaxique, trans.: Et l'orgue rage Son quadrille sauvage (Verhaeren, Camp. halluc., 1893, p. 68).
Prononc. et Orth.: [ʀaʒe], (il) rage [ʀa:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. Fin xiies. « devenir enragé » (Brut de Munich, 3326 ds T.-L.); 2. 1228 « folâtrer » (Jean Renart, Guillaume de Dole, éd. F. Lecoy, 1814); 3. 1702 « être en proie à la mauvaise humeur » (Saint-Simon, Mém., éd. Ad. Regnier, t. 10, p. 272); 4. 1842 faire rager (Sue, Myst. Paris, t. 3, p. 142). Dér. de rage*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 170.