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RACINIEN, -IENNE, adj. et subst.
I. − Adjectif
A. − [En parlant d'une chose]
1. HIST. DE LA LITT. Qui est propre à J. Racine, qui caractérise son œuvre. Versification racinienne. Cette résistance de Racine a pour cause, soit la résistance même du public « bourgeois » qui sifflait Hernani, soit le caractère plus intime de la tragédie racinienne (Arts et litt., 1935, p. 76-3):
Racine, semble-t-il, ne voit profondément la passion qu'arrêtée, que refoulée. Il n'en prend conscience que comme d'une vague toujours furieuse, toujours vaincue. Il n'y sait voir que cette obstination aveugle, cette immense force inutile qui se résout en écume. Ses amants heureux n'existent guère et, n'était l'adorable vers racinien, nous souffririons mal tant de fadeur. Mauriac, Vie Racine, 1928, p. 115.
2. Qui a trait à J. Racine et/ou à son œuvre. Études raciniennes. Une heure se consuma insensiblement dans cette conversation unique et racinienne (Valéry, Variété IV, 1938, p. 42).La guerre a beau nous rendre indifférents à tout ce qui n'est pas elle, cette année sanglante demeure pour nous une année racinienne. Peut-être même dans les délices de la paix, aurions-nous été moins attentifs à cet anniversaire de Jean Racine (Mauriac, Journal 3, 1940, p. 296).
3. Qui fait penser à J. Racine et/ou à son œuvre. Fénelon est racinien de ton; il a la distinction et le fini des sentiments, il a plus rarement l'image. Elle lui vient pourtant, discrète, courante, familière (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 10, 1854, p. 33).J'ai honte d'être toujours au moment des larmes. Divine douceur de ce paysage racinien, si mol, chétif et si fort. Ce n'est point volupté, car c'est le désir de donner sa vie (Barrès, Cahiers, t. 3, 1902, p. 46).
B. − [En parlant d'une pers.] Qui est admirateur de J. Racine et de son œuvre, qui manifeste le même tempérament, les mêmes sentiments. Parny était demeuré à bien des égards, le premier élève de Voltaire; il est vrai qu'on doit vite ajouter, pour le définir, qu'il a été le plus racinien entre les voltairiens (Sainte-Beuve, Portr. contemp., t. 4, 1844, p. 468).[L'avocat] sentit croître sa sympathie pour ce gorille racinien capable d'écraser un goulot de bouteille entre ses dents et de s'émouvoir à la mélancolie d'Andromaque (Aymé, Uranus, 1948, p. 162).
II. − Subst.
A. − Connaisseur éclairé de J. Racine. Comme il n'y a que les Français qui soient assez fins pour être raciniens, il suit qu'en réalité il y a beaucoup moins de raciniens que de cornéliens (Péguy, V.-M., comte Hugo, 1910, p. 772).
B. − Personne possédant les qualités de finesse que l'on reconnaît à J. Racine. Mais chez nous tu demeures toute en nuances et, malgré ton indignité, une petite fille de style français, une racinienne (Barrès, Du sang, 1893, p. 144).
Prononc.: [ʀasinjε ̃], fém. [-jεn]. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. 1763 « de Racine » (Voltaire, Lettres inédites à son imprimeur G. Cramer, juin, p. 113: la Bérénice racinienne); 2. a) 1776 « qui présente une ressemblance avec l'œuvre de Racine » (Id., Lettr. Condorcet, 6 déc. ds Littré 1869); b) 1820 vers raciniens (Chênedollé, Journal, p. 103). B. Subst. 1782 (Mercier, Tabl. Paris, t. 1, p. 78: d'honnêtes bourgeois, (...) instruits des pièces de théâtre et bons Raciniens). Dér., à l'aide du suff. -ien*, du nom du poète dram. fr. Jean Racine [1639-1699]. Fréq. abs. littér.: 79.