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RABÂCHER, verbe
A. − Empl. intrans.
1. Fam. Synon. radoter.Tenir sans cesse les mêmes propos, traiter inlassablement les mêmes sujets. Survient Abbatucci, qui rabâche sans une idée et, qui pis est, sans une nouvelle (Goncourt, Journal, 1870, p. 588).Nous rabâchons. Nous ressassons. Nous avons l'air de nous acharner (L. Febvre, Et l'homme dans tout cela?[1941] ds Combats, 1953, p. 99).
P. métaph. Il arrive quelquefois qu'un malade auquel on a hermétiquement bouché les oreilles n'entende plus le bruit d'un feu pareil à celui qui rabâchait en ce moment dans la cheminée de Saint-Loup (Proust, Guermantes 1, 1920, p. 75).
Rare, empl. pronom. [P. méton. du suj.] On était alors en plein naturalisme; mais cette école (...) était condamnée à se rabâcher, en piétinant sur place (Huysmans, À rebours, 1903, préf., p. ii).
Rabâcher de qqn, sur qqc., vx.Faire de quelqu'un, de quelque chose un sujet sur lequel on revient continuellement. Vos journaux continuent à rabâcher de moi (Chateaubr., Mém., t. 3, 1848, p. 468).On a rabâché sur la contagion de leur corruption [de ces fillasses] (Goncourt, Journal, 1868, p. 450).
Rabâcher autour de qqc., rare.Même sens. Est-ce que vous m'avez jamais, toi et tes frères, entendue rabâcher autour de l'amour comme ces gens font dans les livres? (Colette, Mais. Cl., 1922, p. 59).
2. VÉN. [En parlant de certains chiens courants] Crier continuellement et en arrière de la meute (d'apr. Vén. 1974).
B. − Empl. trans., fam.
1.
a) Répéter continuellement. Synon. ressasser.Rabâcher une histoire, les mêmes choses.
[Le compl. désigne des propos] Sous les traits de vieillards catarrheux et maniaques, rabâchant d'insipides discours, de centenaires phrases (Huysmans, À rebours, 1884, p. 6).Je me rabattais sur les sujets qui touchaient encore à Gilberte, je rabâchais sans fin les mêmes paroles (Proust, Swann, 1913, p. 413).
P. anal. Il jouait de la flûte à ses heures de poésie, rabâchant insatiablement les mêmes airs (Gide, Caves, 1914, p. 758).
[Le compl. désigne ce dont on parle, une idée, un thème] Il me rabâche sa parenté dix fois par jour (Balzac, Cous. Pons, 1847, p. 180).On nous rabâche constamment la grandeur des cénobites de Saint-Maur (Huysmans, Oblat, t. 1, 1903, p. 88).On lui avait rabâché la consigne: « Tu tireras sur les avions... » (Saint-Exup., Pilote guerre, 1942, p. 341):
Je ne sentais plus autour de moi de présences fraternelles. Mon seul recours, c'était mon journal intime; quand j'y avais rabâché mon ennui, ma tristesse, je recommençais à m'ennuyer, tristement. Beauvoir, Mém. j. fille, 1958, p. 206.
Rabâcher que.Je vous rabâche que vous serez contents, quand vous lirez (Hugo, Corresp., 1866, p. 525).Je vois bien que vous croyez pouvoir produire sans avoir amassé: je vous ai rabâché, je vous rabâche que, pour faire un pain de miel, il faut avoir sucé toutes les fleurs de la prairie (Sand, Corresp., t. 6, 1876, p. 387).
Empl. pronom. réfl. indir. Se rabâcher qqc.Au fond, il ne savait même plus, à force de s'être rabâché cette histoire, s'il aimait mieux sa chimère (...) ou cette Hyacinthe (Huysmans, Là-bas, t. 1, 1891, p. 173).Pour la vingtième fois, je me rabâche, à moi toute seule, ces choses pas gaies (Colette, Vagab., 1910, p. 47).
b) Loc. Rabâcher les oreilles à qqn de qqc. Synon. de rebattre les oreilles (s.v. oreille).L'amour, comme dit Frédie, si c'est la même chose que l'amour de Dieu dont on nous rabâche les oreilles depuis des années, ça ne doit être encore qu'une fichue blague (H. Bazin, Vipère, 1948, p. 204).
c) Apprendre en répétant souvent. Élève qui rabâche ses leçons. Il y a des leçons qu'on ne retient qu'en les rabâchant (Dub.).
2. Rare. [Le compl. désigne une activité] Recommencer. Alors il se réveilla pour de bon; et il se mit à faire réellement ce qu'il avait rêvé. C'était si exactement la même chose qu'il ne sut pas au juste s'il rabâchait un rêve ou s'il recommençait une action (Romains, Copains, 1913, p. 77).
REM.
Rabâché, -ée, part. passé en empl. adj.Dénué d'originalité. Que vais-je écrire à mon retour? Voilà ce que je me demande sans cesse. J'ai beaucoup songé à ma Nuit de Don Juan, à cheval, ces jours-ci. Mais ça me semble bien commun et bien rabâché (Flaub., Corresp., 1851, p. 295).Ce serait un voyage peu coûteux, nullement vulgaire et rabâché (Mallarmé, Corresp., 1865, p. 151).
Prononc. et Orth.: [ʀabaʃe], [-bɑ-], (il) rabâche [-baʃ], [-bɑ:ʃ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. a) 1611 rabascher « faire du bruit comme un lutin » (Cotgr.); b) 1876 vén. (Lar. 19e); 2. 1735, 12 juin rabâcher de qqn « s'occuper sans cesse de quelqu'un » (Voltaire, Œuvres compl., éd. L. Moland, Corresp., t. 1, p. 498, à Thieriot); 3. déb. xviiies. verbe trans. (Saint-Simon, Mémoires, 17, 205 cité ds Adam, p. 35); 4. 1762 « revenir sans cesse sur ce qu'on a déjà dit » (Ac.); 5. 1867 se rabâcher (Sand, Corresp., t. 5, p. 195). Dér. du rad. *rabb, d'orig. prérom. ou peut-être germ. (v. FEW t. 10, p. 6b) qui exprime l'idée de faire du bruit; suff. -âcher. Cf. du même rad., l'a. fr. rabaster « faire du bruit, du vacarme » ca 1175, Benoît de Ste-Maure, Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 35037. Fréq. abs. littér.: 136. Bbg. Alessio (G.). Saggio di etimologie francesi. R. Ling. rom. 1950, t. 17, pp. 197-199. − Quem. DDL t. 9.