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RÔDEUR, -EUSE, subst. et adj.
A. − Subst. et adj.
1. Rare. (Celui, celle) qui flâne, se promène sans but précis et, p. ext., vagabond, chemineau. Je me suis fait rôdeur pour pouvoir frôler tout ce qui rôde: je me suis épris de tendresse pour tout ce qui ne sait où se chauffer, et j'ai passionnément aimé tout ce qui vagabonde (Gide,Nourr. terr.,1897, p. 206).Les rôdeurs, accoutumés à suivre leur cure de raisins, ne manquaient pas. Ils grapillaient ou cherchaient l'embauchage pour se régaler plus tranquillement (Hamp,Champagne,1909, p. 133).
2. Péj. (Celui, celle) qui rôde, qui erre avec des intentions malhonnêtes et, p. ext., brigand. Quand elle fut dans la cour, elle rampa pour n'être point vue par quelque goujat rôdeur, car la lune, près de disparaître, jetait une lueur claire dans les champs (Maupass.,Contes et nouv., t. 1, Hist. fille de ferme, 1881, p. 34).La foule était toujours plus dense; Christophe était frappé du nombre de figures vicieuses, de louches rôdeurs, de gueux avilis, de filles plâtrées aux odeurs écœurantes (Rolland,J.-Chr., Foire, 1908, p. 645).
3. P. anal. (Animal) qui rôde, vagabonde en quête de nourriture. [L'araignée] a peur même d'une fourmi. Celle-ci, souvent mauvaise tête, inquiète et âpre rôdeuse, qui n'a peur de rien, s'obstine parfois à explorer cette toile dont elle ne peut rien faire (Michelet,Insecte,1857, p. 209).Le fourmillement vague des nuits africaines, branches frôlées, pas de velours d'animaux rôdeurs, aboiements grêles des chacals (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p. 122).
B. − Substantif
1. Rôdeur de + subst.Celui, celle qui rôde, qui aime à aller en certains lieux. Rôdeur de buissons, de routes, de rochers, de déserts. Comme ils étaient descendus dans le parc, ils aperçurent (...) la face hideuse de Vert-de-Gris, qui les suivait de ses yeux troubles. Un hasard avait sans doute poussé jusqu'à Véteuil cette rôdeuse de grands chemins (Zola,M. Férat,1868, p. 250).Leurs cheveux étaient coupés derrière à la mode des rôdeurs de bastringues et rasés sur la nuque (Carco,Équipe,1919, p. 112).
En partic., vieilli, péj. Rôdeur de barrière, de nuit. Malfaiteur, voyou qui attaque et dévalise les passants. Il y a un mois à peine, M. Boucly, procureur du roi, reconnaissait dans son discours de rentrée, que l'ordre social actuel présente des plaies sans nom (...) qu'on y marche continuellement entre les fourneaux allumés des recéleurs et les poignards des rôdeurs de nuit (L. Blanc, Organ. trav.,1845, p. 33).Dans le royaume de Dieu, la reine et l'impératrice seront heureuses de s'asseoir aux pieds de la rôdeuse de barrière (A. France,Lys rouge,1894, p. 205).V. barrière ex. 6.
2. P. anal. Animal qui rôde ou vagabonde à certains endroits. Des chiens jaunes, rôdeurs de bornes, vivant d'ordures (Maupass.,Contes et nouv., t. 2, Hist. chien, 1881, p. 765).De plus, les grands rôdeurs des mers tropicales, squales, cachalots, ont contribué par leurs dents et leurs arêtes à hérisser les massues, lances et harpons (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum.,1921, p. 127).
3. Subst. fém., vieilli et pop. Prostituée qui exerce son métier dans la rue. De temps en temps, une rôdeuse s'arrêtait, puis demandait avec un sourire banal: « M'offrez-vous quelque chose, monsieur? » (Maupass.,Bel-Ami,1885, p. 18).Un soir, une de ces rôdeuses, grasse et molle, que j'avais déjà brutalement éconduite, parvint à m'entraîner dans un café du rond-point où elle m'offrit un verre de chartreuse (Mirbeau,Journal femme ch.,1900, p. 292).
C. − Adjectif
1. [En parlant du comportement d'une pers.] Louche, inquiétant, qui est le fait d'une personne qui rôde. J'en arrive à arpenter, le soir, les boulevards extérieurs, à m'intéresser au guet rôdeur des filles (Lorrain,Phocas,1901, p. 283).La rue des plâtriers, le boulevard de Ménilmontant avec leurs ombres; leurs projections blafardes de débits empoisonneurs et ces gens à démarche rôdeuse qui ne vont nulle part (Frapié,Maternelle,1904, p. 150).
2. [En parlant d'un fiacre] En maraude. Robert Le Ménil fit signe à un fiacre rôdeur et (...) entra avec Thérèse dans la voiture (A. France,Lys rouge,1894, p. 29).
Prononc. et Orth.: [ʀodœ:ʀ], fém. [-ø:z]. Ac. 1694-1740: rodeur; dep. 1762: rô-; 1694-1878 au masc.; 1935 au masc. et au fém. Étymol. et Hist. 1. 1538 subst. « personne qui rôde » (Est.); 2. 1690 rodeur de nuit « gens de débauche ou de mauvaise vie » (Fur.); 1844 rôdeur de barrières (Vidocq, Vrais myst. Paris, t. 3, pp. 117-118); 1845 rôdeurs de nuit « malfaiteurs qui guettent les passants pour les dévaliser » (supra ex.); 3. 1764 adj. « se dit d'animaux qui cherchent leur nourriture en rôdant dans la campagne » (C. Bonnet, Contempl. nat., XII, 42 ds Littré); 4. 1885 subst. fém. « prostituée qui racole dans les rues » (Maupass., loc. cit.). Dér. de rôder*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 182.