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RÉGENT, -ENTE, adj. et subst.
I. − Adj. Qui exerce la régence. À l'Hôtel de Ville (...) fut proclamé un gouvernement de la Défense nationale, tandis que l'impératrice-régente quittait les Tuileries dans un fiacre (Bainville, Hist. Fr., t. 2, 1924, p. 215).La reine régente reconnaît son erreur; elle déclare que les pastoureaux seront traités en excommuniés (Faral, Vie temps st Louis, 1942, p. 264).
Prince Régent. Prince de Galles, qui gouverna l'Angleterre de 1811 à 1820, durant la démence de son père George III auquel il succéda sous le nom de George IV. Mais la lettre même de l'empereur au prince régent met hors de doute les intentions de la croyance réciproque (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t. 2, 1823, p. 417).
II. − Substantif
A. − Personne qui gouverne.
1. Celui, celle qui exerce le pouvoir, qui gouverne un état durant la minorité du souverain ou dans certaines circonstances exceptionnelles où il en est empêché (incapacité, absence). Le premier qui vint en France fut envoyé en ambassade près de la régente pendant la captivité de François Ier(Vigny, Mém. inéd., 1863, p. 43).Antoine de Vergy, gouverneur de Champagne, reçut, le 22 juin, du duc de Bedford, régent de France au nom de Henri VI, commission d'équiper mille hommes d'armes (A. France, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 80).
P. métaph. Ceux que l'Apôtre appelle « le prince de ce monde », « les régents de ces ténèbres », « les esprits de malice » (Cendrars, Bourlinguer, 1948, p. 101).
2. HISTOIRE
a) Absol. [Avec une majuscule] . Philippe d'Orléans, régent de France pendant la minorité de Louis XV. Pour sceller la réconciliation des maisons de France et d'Espagne, Dubois et le Régent avaient arrangé un mariage entre Louis XV et une infante de cinq ans (Bainville, Hist. Fr., t. 1, 1924, p. 276).
Le Régent. Le plus beau diamant de la Couronne de France, acquis par Philippe d'Orléans alors qu'il était régent:
Le Régent (137 carats) est lui aussi originaire de Golconde et il pesait plus de 400 carats à l'état brut. (...) l'opération [la taille] dura deux ans et fournit une pierre magnifique, un peu teintée, mais dont l'eau égale en perfection la taille. Metta, Pierres préc., 1960, p. 68.
b) (Titre du) chef de l'état hongrois depuis la fin de l'Empire austro-hongrois jusqu'à celle de la Deuxième Guerre mondiale. La Hongrie avait été sur le point de se rendre aux alliés. Mais les Allemands, l'ayant appris, − « je ne sais comment », dit Staline, − avaient arrêté le régent Horthy (De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p. 67).
c) Au fém. [Titre de la Vierge Marie au Moyen-Âge] V. commandement ex. de Péguy.
B. − Personne qui administre.
1. Vieilli. Celui qui dirige, administre (un établissement, un service). Les critiques littéraires et dramatiques de René Doumic, le régent de l'Académie Française (L. Daudet, Brév. journ., 1936, p. 133).
2. En partic.
Régent de la Banque de France. Membre du Conseil général de la Banque de France, élu par l'Assemblée générale des actionnaires, avant la nationalisation, et qui siégeait aux côtés des gouverneur, sous-gouverneurs et censeurs. Le plus jeune était le baron Noël Schoudler, régent de la Banque de France, l'un des grands-pères du nouveau-né et le mari de la petite femme aux cheveux gris et au teint frais (Druon, Gdes fam., t. 1, 1948, p. 13).
Officier de chancellerie romaine. Les cardinaux, les patriarches, les archevêques (...) les protonotaires apostoliques participants et honoraires, le régent de la chancellerie (...) tout un peuple ecclésiastique et toute l'innombrable « famille pontificale » (Goncourt, MmeGervaisais, 1869, p. 81).V. garde1ex. 6.
C. − Personne qui enseigne.
1. HIST. ÉDUC.
a) Celui qui enseignait dans une université, dans un collège sous l'Ancien Régime. Les professeurs s'appellent alors des « régents ». Le chef d'établissement, le « principal », qui, pratiquement, les choisit et les destitue, exerce sur eux une autorité qu'il tient de son ordre, de son supérieur, des statuts de son université ou des règlements scolaires édictés par le Roi (Encyclop. éduc., 1960, p. 125).
b) Au xixes., celui qui enseignait dans les collèges communaux. Les principaux et régents des colléges communaux étaient au nombre de près de 2 000 avant les changements que l'application de la loi du 15 mars 1850 a introduits dans ces colléges (Vivien, Ét. admin., t. 1, 1859, p. 173).La même année, il [Jean Macé] est nommé régent de philosophie au collège d'Évreux (Cacérès, Hist. éduc. pop., 1964, p. 37).
c) Celui qui dirigeait une classe. S'élever au-dessus des hommes pour leur commander est le rôle agrandi d'un régent de classe (Balzac, L. Lambert, 1832, p. 130).L'abbé Égault, régent de troisième, devint mon maître de latin (Chateaubr., Mém., t. 1, 1848, p. 66).
2. Docteur Régent. ,,Titre qu'on donnait autrefois aux docteurs professeurs en théologie, en droit, en médecine`` (Ac. 1835-1935). Docteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris (Ac.1835-1935).
3. Région. [Belgique] ,,Agrégé de l'enseignement secondaire inférieur`` (Hanse Nouv. 1983). Région. [Suisse romande] Synon. de maître d'école*.Régent de village (Littré). Soupé chez les Joseph Hornung, avec MM. Jousserandot, Giraud, Oltramare, Longchamp; deux Français et quatre Genevois (dont deux professeurs et deux régents) (Amiel, Journal, 1866, p. 541).
4. P. anal. Celui qui exerce une profonde influence sur les goûts, les tendances de ses pairs, de ses contemporains. L'autorité de Chapelain, avant l'avénement de Racine et de Boileau, faisait loi, et Marolles, avait eu la maladresse d'offenser mortellement ce lourd régent du goût public (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t. 14, 1857, p. 136).Les régents intellectuels de notre âge: c'est un nom que Sainte-Beuve aimait à donner aux trois professeurs de Sorbonne, Guizot, Villemain et Cousin (Thibaudet, Hist. litt. fr., 1936, p. 262).
Prononc. et Orth.: [ʀeʒ ɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Ac. 1694, 1718: re-; 1740: ré-. Étymol. et Hist. A. 1261 « professeur d'université » (Serment des bourgeois et de l'université de Paris ds Doc. hist. inédits, éd. Champollion-Figeac, t. 2, 2epart., p. 69). B. 1. a) 1316 « celui qui gouverne pendant la minorité ou l'absence du souverain » (Traité du 1ersept. 1313 ds Isambert, Rec. gén. des anc. lois fr., t. 3, p. 147); b) 1662 en appos. à valeur adj. « qui gouverne pendant la minorité ou l'absence du souverain » (Mémoires de Monsieur le Duc de La Roche-Foucaut ds Rich. 1680: Déclarer une Reine Régente. Etablir une Reine Régente); 2. a) 1721 absol. le Régent « le Duc d'Orléans, régent pendant la minorité de Louis XV » (Montesquieu, Lettres persanes, t. 2, p. 44); b) 1842 le Régent « diamant de la couronne acheté par le Duc d'Orléans » (Ac. Compl.); 3. 1948 « chef de l'Etat hongrois (dep. 1919 et d'abord dans l'attente d'un éventuel rétablissement de la monarchie) » (Sartre, Mains sales, 2etabl., 1, p. 38). C. 1. a) Ca 1330 « celui qui dirige, gouverne, administre (un État, un pays, une cité, etc.) » (Guillaume de Digulleville, Pélerinage vie hum., 4262 ds T.-L.); b) 1835 spéc. Régent de la banque de France (Ac.); 2. 1550 adj. (Ronsard, Odes, III, XIV ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 2, p. 34). Empr. au lat.regens, -tis part. passé de regere (v. régir), empl. en partic. en lat. médiév. comme adj. pour qualifier ou subst. pour désigner un membre de l'université exerçant effectivement le droit d'enseigner (regere) acquis par ses titres (v. O. Weijers, Terminologie des universités au XIIIes., Rome, 1987, pp. 293-299). Fréq. abs. littér.: 491. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1 339, b) 451; xxes.: a) 332, b) 501.
DÉR.
Régendat, régentat, subst. masc.,région. (Belgique). Cycle d'études conduisant au diplôme de régent; le diplôme lui-même. Il a fait son régendat ou son régentat ou sa régence au lieu d'école normale moyenne (Hanse Nouv. 1983). [ʀeʒ ɑ ̃da], [-ta]. 1reattest. 1958 (M. Grevisse, Petit courrier faisant suite à sa chron. Propos sur la langue fr. ds la Libre Belgique, 22 déc.); de régent, suff. -at*.