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PUBLIC2, subst. masc.
A. −
1. L'ensemble de la population, la masse des gens, la foule. Mettre qqc. à la disposition du public; bureau ouvert au public; interdit au public. Le seul commerce de vin vole au public de France annuellement cinquante millions de francs, sur la vente de l'eau, en mixtion d'eau pure avec variantes, eau de bois d'Inde pour les vins rouges, eau de réglisse pour les vins blancs (Fourier,Nouv. monde industr., 1830, p. 64).Il y a une tentation, ma chère Geneviève, contre laquelle tu dois lutter de toutes tes forces: c'est la tentation du placement à tout prix, si enracinée dans le public français (Mauriac,Nœud vip., 1932, p. 306).À 9 heures, lorsque les guichets seront accessibles au public, le personnel aura été prendre aux coffres-forts du trésor les provisions d'espèces, les titres et les autres valeurs devant sortir dans la journée (Baudhuin,Crédit et banque, 1945, p. 133).
Locutions
Le gros du public. La majeure partie des gens. Il y a un fonds de bon sens et de droiture − j'allais dire d'honnêteté − dans notre pays, qui répugne à ce rôle de dupeurs et de dupés. Le gros du public passe indifférent devant les tréteaux des uns et l'ébahissement des autres; on se contente de lever les épaules (Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p. 398).
Le grand public, le gros public. La masse des gens dont les goûts et les idées ne sont pas très précis, qui manque généralement de culture et de finesse d'esprit. Les idées qui ont cours, dans le grand public, au sujet de la violence prolétarienne, ne sont point fondées sur l'observation des faits contemporains et sur une interprétation raisonnée du mouvement syndical actuel (Sorel,Réflex. violence, 1908, p. 133).Mais le public visé (...) doit être une petite fraction du grand public, qu'on se sera donné la peine de préparer: un public expérimental, lui aussi (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p. 199).V. gros ex. 27.
En public (loc. adv.). Devant tout le monde, en présence de nombreuses personnes. Synon. publiquement, officiellement; anton. en privé, en particulier.Parler, paraître en public; outrager qqn en public. L'amiral Collingwood, qui, en public, me traitait avec tant de bienveillance, ne m'avait parlé qu'un instant en particulier (Vigny,Serv. grand. milit., 1835, p. 173).Le Gouvernement avait dit que les séances secrètes étaient nécessaires parce qu'il y avait des inconvénients à dire certaines choses en public, et que pourtant il faut des explications entre le Gouvernement et le Parlement (Barrès,Cahiers, t. 11, 1916, p. 191).
2. [Précédé de l'art. indéf.] Catégorie de personnes de même tendance, de même goût, ou de même couche sociale. Le tricot à lui seul retient un public et achalande plusieurs revues (Civilis. écr., 1939, p. 34-5).Une opinion assez répandue prétend que la publicité ne convient qu'aux produits bon marché ou à ceux qui s'adressent à un public populaire (Brunerie,Industr. alim., 1949, p. 205).
Au plur. Certaines catégories de personnes réunies ou non, diverses couches de population. Son funeste journal [le Constitutionnel, journal du parti libéral], qui eut alors l'esprit d'être aussi plat, aussi calomniateur, aussi crédule, aussi niaisement perfide que tous les publics qui composent les masses populaires, a peut-être commis autant de ravages dans les intérêts privés que dans l'Église (Balzac,Paysans, 1844, p. 151).Certaines écoles d'équitation l'ont réhabilité [le polo], encouragé; il continuera d'enthousiasmer tous les publics (Jeux et sports, 1967, p. 1614).Plus on voudra toucher des publics peu scolarisés, avec eux plus qu'avec tout autre, les méthodes pédagogiques ayant échoué, il faudra être inventif et l'élément dominant des efforts devra donc être l'interrogation pédagogique (B. Schwartz,Pour éduc. perman., 1969, p. 79).
B. − En partic.
1. L'ensemble des gens intéressés, touchés par une manifestation intellectuelle ou artistique. Un vaste public; un public cultivé, populaire. Ce sont d'autres raisons que des raisons d'esthétique qui ont fait la fortune des Rougon-Macquart: ce que goûte le public dans M. Zola, c'est beaucoup moins l'artiste que le descripteur sans vergogne (Lemaitre,Contemp., 1885, p. 82).La Storia do Mogor, un livre d'une telle nouveauté par son sujet qu'il mit l'orientalisme à la mode, à la Cour et à la ville, et eut un tel succès à Paris et parmi le public lettré de toute l'Europe qu'il n'eut pas moins de six éditions en France et à La Haye (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p. 14).
Au plur. Ce sont les publics (les publics intelligents bien entendu) qui sont romantiques, tandis que les maîtres (même les maîtres dits romantiques, les maîtres préférés des publics romantiques) sont classiques (Proust,Past. et mél., 1919, p. 267):
Mieux vaut parler de sociologie des publics, car dès que l'on a essayé de cerner la notion de public, elle éclate à travers la morphologie sociale et à travers la durée. L'objet littéraire est rarement un objet de valeur simultanément pour tous les publics à la fois. Il peut avoir un public aux contours bien affirmés, fidèle et reconnaissant... Traité sociol., 1968, p. 312.
[Précédé d'un adj. poss.] Catégorie de personnes qui apprécie habituellement un artiste, un auteur, ou que l'artiste, l'auteur souhaite atteindre. Goethe, le plus insouciant de tous les hommes, parce qu'il est sûr de gouverner son public, ne s'est pas donné la peine de mettre sa pièce en vers (Staël,Allemagne, t. 3, 1810, p. 29).Comme Le Potomak, en 1913, ce livre a été écrit, en 1939, la veille de la guerre (...). C'est donc sous cet éclairage fatal que le livre doit être lu. Notre vrai public est aux armées. Il exige de la lecture (Cocteau,Fin Potomak, 1940, p. 7).[Dickens] se déprécie à mes yeux lorsqu'il cherche à flatter son public par un déploiement de sensibilité facile (Gide,Journal, 1943, p. 256).
2. L'ensemble des personnes qui assistent à un spectacle, à une manifestation artistique, culturelle ou sportive. Applaudissements du public. Savez-vous ce qu'il faut pour le succès aux Boulevards? C'est que le public devine tout ce qui va arriver. Je me suis trouvé une fois à côté de deux femmes qui, de scène en scène, racontaient la scène suivante: elles faisaient la pièce à mesure (Goncourt,Journal, 1860, p. 685).À la représentation, on avait cru bon d'avertir le public que l'artiste qui interprétait le rôle de l'enfant avait dix-sept ans révolus. L'essentiel est qu'elle en paraissait onze (Breton,Nadja, 1928, p. 43).V. aficionado ex. 2.
[Précédé de l'art. indéf.] Une certaine catégorie de spectateurs. La mise en scène mise nécessairement sur un public, sinon sur le public. Un style de théâtre doit rencontrer un public qui lui soit accordé (Serrière,T.N.P., 1959, p. 175).
Un public de + subst.[Le compl. prép. indique de quelle catégorie de personnes il s'agit] Nous avons voulu avoir un public de bourgeois pour juger de l'effet naïf de l'œuvre (Flaub.,Corresp., 1863, p. 121).Au fond, je constate que ma bouffonnerie est accueillie assez froidement; mais on veut bien me dire qu'il en est ainsi de toutes les pièces jouées dans les salons, et devant un public de femmes qui n'osent pas manifester leurs sensations (Goncourt,Journal, 1894, p. 560).
Empl. attribut. Être bon public. Être bien disposé à applaudir, aimer, apprécier un spectacle sans songer à le critiquer. Quand on a disséqué des animaux vivants, on n'est plus guère sensible aux cris de la chair palpitante. J'aurais été bon public dans un combat de gladiateurs (About,Roi mont., 1857, p. 42).Chevalier disait très drôlement le Duel dans la Savane. Il m'a beaucoup amusé ce soir-là. Il est vrai que je suis bon public. J'adore le théâtre (A. France,Hist. comique, 1903, p. 124).Je suis très bon public. Au théâtre, au cinématographe, je pleure ou je ris sans que mon esprit critique se mette en branle. Rien ne me dégoûte si une force me bouscule, me fait toucher des épaules, m'oblige à me laisser aller (Cocteau,Diff. d'être, 1947, p. 167).
P. anal. Les personnes devant lesquelles on parle, les personnes présentes à un moment donné. Je suis descendu exprès pour te dire bonjour; j'espérais que le beau monde serait parti. C'est devant ça que tu as parlé et que Claudie veut que je parle? − Ce n'est pas un mauvais public, dit Volange qui s'était rapproché d'un pas nonchalant. Il distribua à la ronde un petit sourire hautain (Beauvoir,Mandarins, 1954, p. 267).
Fam., en empl. adj. avec valeur attributive. [Souvent précédé d'un intensif très, plus] Être public, faire public. Agréable au public, qui attire le public (d'apr. Giraud 1956). Quelques-uns (des films de Louis Delluc) ne sont, effectivement, pas du tout publics (Daniel-Rops,C.M., 1925, p. 233 ds Giraud 1956).
Prononc. et Orth.: [pyblik]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1320 en public « devant un certain nombre de personnes » (doc. ds Gdf. Compl.); b) 1391 le publique « les gens » (doc., ibid.); de nouv. 1626 public (A. Hardy, Scédase, 1142 d'apr. FEW t. 9, p. 507b); 2. 1559 [éd.] « État, nation » (Amyot, Vie des hommes illustres gr. et romains, f oa II); 3. a) 1671 donner un livre au public (Pomey); b) 1751 [éd.] « ensemble des personnes réunies en un lieu pour assister à un spectacle, à une réunion, à une manifestation » (Duclos, Considérations sur les mœurs, p. 120). Empl. subst. de public1; cf. aussi le lat. publicum « domaine public, propriété de l'État; intérêt public; foule », neutre subst. de publicus, v. public1.
STAT.Public1 et 2. Fréq. abs. littér.: 14 737. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 28 963, b) 20 274; xxes.: a) 20 511, b) 14 758.