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PIS1, adv., adj. et subst.
I. − [Compar. de supériorité de l'adv. mal, dans qq. expr. et loc. de la lang. soutenue, et surtout dans l'ordre moral] Synon. usuels plus mal* (v. mal2), pire; anton. mieux.
Rem. 1. Pis1ne s'emploie pas avec des verbes tels que parler, aller, agir, se conduire (d'apr. Hanse 1949). 2. Pis1est de plus en plus supplanté par pire dans la lang. usuelle. 3. Pis1ne modifie jamais un part. passé, à l'encontre de mieux.
A. − Adverbe
1. Vx ou littér. Plus mal. Pis qu'avant, que jamais, qu'ailleurs. Ça ne va pas mieux, ça ne va pas pis, disait-elle. Il a encore toussé pendant toute cette nuit à rendre l'âme (Balzac, Peau chagr., 1831, p.285).
2. Loc. adv.
Ni mieux ni pis, ni pis ni mieux, ni mieux ni plus mal. V. mieux I A 4 c.
De mal en pis (v. mal2I A 1), de pis en pis (vx ou littér.). En empirant; de plus en plus mal. Anton. de mieux* en mieux.−Quelle dame? dit Camusot. −Une de ses pénitentes... Une marquise, répondit Monsieur Gault. −De pis en pis! (Balzac, Splend. et mis., 1847, p.607).
Pis que + adj.Plus que, dans le degré du mal ou du laid. Des pensées médiocres, et pis que médiocres (Alain, Propos, 1929, p.856).
3. Tant pis, loc. adv. et interj. [L'empl. de tant pis marque gén. que le locuteur accepte un état de fait]
a) [Se rapporte à l'acte]
Vx. La chose est d'autant plus regrettable. Quand elles [nos productions littéraires] ont d'autres effets, c'est par hasard et c'est tant pis (Joubert, Pensées, t.2, 1824, p.148).
Empl. adj. Médecin* tant pis.
[Marque le regret, le dépit, la résignation, l'indifférence] C'est fâcheux; c'est ennuyeux; c'est dommage. Ah! tant pis! Bah! tant pis! Eh bien! tant pis! Enfin, tant pis! Ma foi, tant pis! Tant pis, advienne que pourra. Nous ferons ce beau raisonnement de mon beau-père: «Il pleut, tant pis! Il fait beau, tant pis encore!» (Stendhal, L. Leuwen, t.2, 1835, p.284):
1. marianne: Vous oubliez qu'il n'est pas dans la maison: vous lui avez permis de coucher au village. virelade: Tant pis... Je vais l'attendre. Mauriac, Mal Aimés, 1945, III, 7, p.249.
Rem. En fin de prop., souvent suivi de deux points annonçant une vérité gén. exprimée au prés. gnomique: Je préférai rester toujours dans ma maison. Ce n'était pas bon pour le succès de la musique, mais tant pis: le succès est peu de chose, auprès d'une conscience en repos (Vercors, Sil. mer, 1942, p.53).
b) [Se rapporte à l'acte d'énonciation, porte sur le dire, marque le défi aux bienséances] Ah ciel! Eh bien oui! Je le dis tout haut, tant pis! Fabiano est innocent! (Hugo, M. Tudor, 1833, 3ejournée, 1repart., 9, p.178).
c) Locutions
Tant pis, tant mieux, loc. adv., vx, fam. [Pour marquer que la pers. ne se soucie guère de la chose, qu'elle ne s'en attriste, ni ne s'en réjouit] Je ne l'aime plus, elle peut aimer qui elle veut, tant pis, tant mieux, j'en rirai au contraire (Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p.96).
Tant pis pour. C'est ennuyeux pour; c'est dommage pour.
Tant pis pour + pron. pers., subst. de l'animé ou pron. rel. Quand ils nous prennent, ils nous brûlent le plus doucement qu'ils peuvent. On fait peu d'attention à cela: tant pis pour qui se laisse prendre (Courier, Lettres Fr. et Ital., 1806, p.703).Si nous sommes laids, tant pis pour nous, les autres n'auront qu'à ne pas nous regarder: nous ne nous aimons pas pour les autres (Champfl., Avent. MlleMariette, 1853, p.123).
Tant pis pour + subst. de l'inanimé. Tant pis pour les écheveaux qui restent. Finissons seulement celui-ci (Martin du G., Thib., Épil., 1940, p.881).
Tant pis si. Dommage si; peu importe si. Nous ferions mieux de rectifier la position, tant pis si les mouches nous chatouillent le nez (Sartre, Mouches, 1943, ii, 2etabl., 2, p.70).
B. − Adj., littér. [Qualifiant un neutre, un indéf., un indéterminé, en empl. épithète ou attribut] Plus mauvais, plus fâcheux, plus nuisible. Synon. pire.C'est (bien) pis (que); quelque chose/quoi/rien de pis; ce qu'il y a de pis; ce qui est pis (encore). Il n'y a rien de pis que de s'affadir et de se fondre dans un lit (M. de Guérin, Corresp., 1839, p.372):
2. ... être ridicule, c'est pis que d'être infâme; ne servir à rien dans l'univers, c'est plus méprisable que de servir aux derniers usages. Sand, Lélia, 1833, p.152.
[En incise]
Vieilli ou littér. (Et/ou) qui pis est. Ce qui est pire, plus grave. Une personne (...) avec qui on a cessé depuis lors toutes relations parce qu'elle a mené une vie de débauches, épousé un forçat ou, qui pis est, un homme divorcé (Proust, Guermantes 1, 1920, p.152).
Pis! Pis que cela! (Et) bien pis (encore)! Et elle m'a traité comme un chien; pis que cela, comme un laquais; je dirai mieux, comme un détenu politique! (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.110).
C. − Subst. non déterminé. (Une) chose pire, plus mauvaise. Il y a pis; (par) crainte de pis; faire pis que cela. J'en suis pour mon argent et ma réputation; et je me tiendrai heureux s'il ne m'arrive pas pis (Courier, Lettre à M. Renouard, 1810, p.252).
[Dans des loc. verb.]
Dire (à qqn) pis que pendre de qqn. Dire (à quelqu'un) tout le mal possible de quelqu'un. Cela fut cause d'une haine profonde entre ces deux dames. Elles disaient pis que pendre l'une de l'autre (Sand, Hist. vie, t.2, 1855, p.325).
Dire à qqn pis que son nom, que son âge (vieilli). Injurier quelqu'un. Il y a des gens à qui l'on ne peut dire pis que leur nom, mais il y en a beaucoup d'autres à qui l'on ne peut dire pis que leur âge (Jouy, Hermite, t.1, 1811, p.28).
Mettre qqn à pis faire (vx). Défier quelqu'un; ne pas craindre quelqu'un de dangereux. Synon. mettre qqn au pis, au pis faire (vx) (infra II A).Plus tard, sa hauteur dédaigneuse saura bien se venger. Je la mets à pis faire. Quelle différence avec ce que j'ai perdu! (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.299).
Rem. Pis1peut être renforcé par bien, encore (mais jamais par beaucoup ni par plus) ou par une loc. adv. multiplicative cent fois, mille fois...: Il avait beaucoup neigé pendant la nuit; et ce qui était pis encore, un brouillard épais couvrait la montagne du volcan (Voy. La Pérouse, t.3, 1797, p.132). Il se venge. C'est son droit. Cela ne compte pas: je souffre cent fois pis (Estaunié, Empreinte, 1896, p.244).
II. − [Superl. abs. de l'adv. mal]
A. − Dans la lang. soutenue. Le pis, subst. masc. sing. à valeur de neutre. La pire chose, ce qu'il y a, ce qui peut arriver de plus mauvais. Synon. le pire; anton. le mieux.Le pis, c'est de + inf., c'est que + ind. ou subj.; le pis de l'affaire, de l'aventure, de l'histoire, de tout; être acculé au pis; le pis qu'on puisse faire; faire du pis qu'on peut. Le pis, c'est que la terre morcelée, une fois dans les mains de la gent corvéable, n'en sort plus (Courier, Pamphlets pol., Disc. souscr. acquis. de Chambord, 1821, p.87).Et lequel est le pis, de la tourmente qui ôte le repos ou de la quiétude qui engourdit l'activité? (Amiel, Journal, 1866, p.442):
3. Je lui conseille de se présenter demain matin à MmeAurélie, la première. Le pis qui puisse lui arriver, c'est de n'être pas acceptée. Zola, Bonh. dames, 1883, p.405.
Loc. verb.
Faire du/le pis qu'on peut (vx). Faire tout le mal qu'on peut; faire le plus de mal possible. Les habitans (...) qui ne croyaient pas que leur malheur pût croître, devenaient tous comme insensés de désespoir (...). «Que devenir? disaient-ils; il vaut mieux nous mettre en la main du diable, et faire partout du pis que nous pourrons» (Barante, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.349).
Mettre/prendre les choses au pis, mettre les choses au pis aller (infra B). Synon. mettre les choses au pire (v. chose1II B 2 b loc.).Si elle avait paru indifférente il en aurait eu assez déjà... En mettant les choses au pis, il descendrait pour le dîner (Mauriac, Génitrix, 1923, p.346).
Mettre qqn au pis, au pis faire, à pis faire (vx). Synon. de mettre qqn à pis faire (vx) (supra I C).Vous vous mettez au pis faire. Vous devenez maladroit, insolent (Leclercq, Prov. dram., Manie prov., 1835, 2, p.20).
Proverbe. Qui trop choisit prend le pis. Synon. qui trop choisit prend le pire.V. choisir.
B. − Loc. adv., usuel. Au pis(-)aller, au pis. En envisageant l'éventualité la plus mauvaise, la plus grave. Vous êtes un jeune cavalier de belle mine, vous vous êtes fait aimer d'elle, elle s'est donnée à vous, au pis-aller, vous l'épouseriez (Hugo, M. Tudor, 1833, 1rejournée, 6, p.48).Au pis, je veux bien que ma page sente l'homme, mais je ne veux pas qu'elle le pue (Sainte-Beuve, Poisons, 1869, p.27).
P. ext. Dans le cas le moins favorable, et ne pouvant agir autrement. Synon. à la rigueur, en dernière ressource*, à défaut d'autre* chose, faute* de mieux.Nous allons nous sauver au Havre, de là, au pis aller, nous irons passer quinze jours en Angleterre (Stendhal, Lamiel, 1842, p.115).
Prononc. et Orth.: [pi]. Homon. pi, pie1 et 2, pis2. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. a) 2emoitié xes. adj. (compar. de mal empl. comme attribut ou épith. d'un suj. neutre ou indéf.) peis (St Léger, éd. J. Linskill, 192); ca 1160 pis (Enéas, 6572 ds T.-L.); 1450-65 que pis est «ce qui est pis, plus fâcheux» (Ch. d'Orléans, Ballades, XXIII, 10 ds OEuvres, éd. P. Champion, I, 41); 1611 dire pis que pendre de qqn (Cotgr.); b) ca 1160 id. (en fonction nom., sans art.) avoir pis (Énéas, 6572 ds T.-L.); c) 1160-74 id. (en fonction adv.) (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 838); 1245 aller de mal en pis (Vie Édouard le Confesseur, éd. H. Richards Luard, 3401); [ca 1165 entrer de mal en pis (Benoît de Ste-Maure, Troie, 13636 ds T.-L.)]; 2. a) 1155 (superl. de mal) «la pire chose» ici «la défaite» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 12180); b) ca 1500 au piz venir (Ph. de Commynes, Mémoires, II, XII, éd. J. Calmette, I, 155); c) 1714 mettre les choses au pis (Dancourt, Fêtes du cours, sc. 19 ds Littré). Du lat. pejus, neutre de pejor «pire» (v. ce mot); s'emploie auj. dans des loc. où la lang. pop. tend parfois à substituer pire.