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PIQUÉ, -ÉE, part. passé, adj. et subst.
I. − Part. passé de piquer*.
II. − Empl. adj. et subst.
A. − [Corresp. à piquer I]
1. [Corresp. à piquer I A et B]
a) Empl. subst., rare. (Celui, celle) qui est légèrement blessé par quelque chose de pointu. On rit si une jeune fille cache une épingle (...) très piquante au milieu d'un bouquet de violettes et le présente à un admirateur qui l'ennuie. Le piqué aurait dû prévoir (...) la plaisanterie (Stendhal,Racine et Shakspeare,Paris, Champion, t.2, 1842, p.153).
b) Empl. adj., domaine des sc. et techn.
α) BEAUX-ARTS. Dont le contour est tracé au moyen de petits trous. Dessin piqué. (Ds Rob., Lar. Lang. fr.).
β) CUIS. [Le subst. désigne un aliment (pièce de viande, poisson, etc.)] Garni d'ingrédients (généralement de petites bandes de lard) introduits dans toute l'épaisseur. Un brochet piqué et farci (Brillat-Sav.,Physiol. goût,1825, p.334).Perdreaux gris piqués froids à la gelée (Mallarmé,Dern. mode,1874, p.735).
γ) BÂT. Moellon, parement piqué. Moellon, parement taillé, à arêtes vives, de façon à laisser visible chaque empreinte effectuée par l'outil. Les moellons piqués, taillés comme les précédents, mais avec plus de soin, de façon à en rendre les arêtes vives et bien droites (Bourde,Trav. publ.,1928, p.170).La meulière peut être taillée avant sa pose pour présenter sur le parement du mur une face absolument plane, les joints et les lits de chaque meulière également taillés pour constituer des arêtes vives. Cette façon constitue le parement piqué (Robinot,Vérif., métré et prat. trav. bât.,t.1, 1929, p.55).
c) Empl. adj. et subst., au fig., fam. (Personne) qui a le cerveau dérangé, qui n'a pas toute sa raison. Synon. pop. et fam. cinglé, sonné, timbré, toqué.L'est piqué c' mec-là! C'est quand même malheureux d'partir faire la guerre avec des mecs piqués! (Benjamin,Gaspard,1915, p.27).Elle habitait une petite chambre (...), parmi un peuple d'ouvriers qui (...) la prenaient pour une «piquée», avec ses histoires de cinéma (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.495):
1. «Quelle drôle de boîte!», se dit le valet de pied, qui demanda à ses camarades si le baron était farce ou marteau. «Ce sont des manières qu'il a comme ça, lui répondit le maître d'hôtel (qui le croyait un peu «piqué», un peu «dingo»)... Proust,Prisonn., 1922, p.227.
2. [Corresp. à piquer I C] Empl. adj. Parsemé de petits trous, de petites taches semblables à des piqûres. Armoire piquée; livre, miroir piqué. Ce qui causait ma surprise reposait (...) sur la console que surmontait une glace plombée et piquée (A. France,Bonnard,1881, p.364).Crispi (...) était un vieux monsieur, avec un gros nez tout piqué et vermiculé et de bons yeux un peu larmoyants (Cendrars,Bourlinguer,1948, p.123).Le réveil, piqué de rouille, que j'ai acheté à Saint-Mandé, grignote de bien gênantes secondes (H. Bazin, Mort pt cheval,1949, p.145).
Cidre, vin piqué. Cidre, vin qui a tourné au vinaigre ou est en train de le faire en raison d'une acidité volatile excessive (d'apr. A. Lichine, Encyclop. des vins et des alcools de tous les pays, Paris, R. Laffont, 1985).
PHOT. Image, pellicule piquée. Cliché dont le négatif est criblé de petits points dus à des grains de poussière. (Dict. xxes.).
Piqué des vers (fam.). V. piquer C 1 a.
3. [Corresp. à piquer I D; en parlant d'une pers., de son attitude, de son comportement] Empl. adj., au fig. Qui témoigne ou manifeste de l'irritation, de la vexation. On sait que Monsieur a beaucoup d'idées, dit le duc d'un air piqué en regardant l'interrupteur (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.377).Voyons, ne nous fâchons pas, ou du moins, pas encore... Vous êtes inquiet, irrité, piqué (Dumas père, Monte-Cristo,t.2, 1846, p.292):
2. Prenez ce qu'on vous offre, répondis-je sèchement, et ne posez plus de questions. Un peu de sang colora ses joues blettes. Il eut ce sourire piqué, par lequel il devait avoir l'habitude de répondre aux réprimandes du patron... Mauriac,Noeud vip.,1932, p.208.
B. − [Corresp. à piquer II] COUT.
1. Empl. adj. [Le subst. désigne une étoffe, un vêtement ou une partie de vêtement] Qui est formé de deux épaisseurs d'étoffe superposées, maintenues par des piqûres formant un dessin régulier, et entre lesquelles peut s'intercaler un rembourrage. Coton piqué. Il mettait par-dessus son habit sa grande douillette de soie violette piquée et ouatée (Sand,Hist. vie,t.2, 1855, p.263).Elles portaient toutes un uniforme bleu marine d'allure presque monacale, mais qu'égayait un col piqué blanc (Daniel-Rops, Mort, 1934, p.51).
2. Empl. subst. masc.
a) Tissu épais façonné, généralement de coton, dont le tissage forme des dessins géométriques semblables à des piqûres. La reine de la société parisienne n'était plus, dans sa robe de piqué blanc (...) qu'une invitée pareille aux autres (Proust,Guermantes 1,1920, p.35).Quelques Américains aventureux, à lèvres rasées, à barbes carrées et cravates de piqué blanc (Morand,New-York,1930, p.116).
b) Point de piqué. Synon. de point de piqûre*.Ses points de piqué lui valurent les compliments de Romiche (Flaub.,Bouvard,t.2, 1880, p.185).
c) En compos.
Piqué-ouaté, subst. masc. ,,Étoffe brochée ou lamée, portant avec elle sa doublure ouatée et peluchée`` (Lar. encyclop.).
Piqué-retourné, subst. masc. ,,Procédé de montage d'articles en cuir, consistant à retourner la pièce après couture`` (Lar. encyclop.).
C. − [Corresp. à piquer III]
1. [Corresp. à piquer III B 1] Empl. subst. masc., AVIAT. Mode de vol (employé principalement lors de bombardements) consistant en une descente rapide et presque verticale de l'avion (suivie au dernier moment d'un brusque redressement). Attaque aérienne en piqué. Au cours d'un bombardement «en piqué» contre un aérodrome situé aux environs de Londres, un avion a été incendié au sol (L'OEuvre,6 févr. 1941).Une note officielle nous enjoignait, le plus sérieusement du monde, d'abattre les avions allemands qui descendaient en piqué (Ambrière,Gdes vac.,1946, p.25).
2. [Corresp. à piquer III B 2] Empl. adj. et subst. masc.
a) CHORÉGR. (Mouvement) consistant à piquer la pointe d'un pied en avant, de côté ou en arrière, l'autre pied étant à plat. Les danses [du Lac des Cygnes, de Tchaïkowsky] sont établies sur deux motifs, le piqué en arabesque (...) le pas de sissone (Levinson,Visages danse,1933, p.59).Giselle jette des fleurs sur des grands jetés, arabesques piquées, etc. (Lifar,Traité chorégr.,1952, p.111).
b) MUS. Note piquée, un piqué. (Note) surmontée d'un point sur la partition, et qui doit être jouée d'une manière rapide et nettement détachée. Une autre espèce de staccato qu'on nomme généralement Piqué indique qu'il faut attaquer la note avec encore plus de force et de chaleur; le piqué se désigne par un point allongé vers le bas (Kastner,Gramm. mus.,1837, p.108).La rieuse et railleuse désinvolture, avec laquelle, sur les notes prestes et piquées, l'amoureux fait sautiller, comme Berlioz, la mélodie de la bien-aimée (Rolland,Beethoven,t.2, 1937, p.436).
P. méton. Polka piquée. Hier, à la société des gens de lettres, Maël et Rameau, tous deux boiteux, mais d'une jambe différente, se complétaient fort bien pour danser la polka piquée (Renard,Journal,1894, p.225).
c) PHOT. Image piquée. Image très nette, très contrastée qui restitue bien les détails (d'apr. Lar. encyclop.). Empl. subst. Le piqué d'un cliché (Rob.1985).
Prononc. et Orth.: [pike]. Att. ds Ac. 1835, 1878. Étymol. et Hist.I. 1. 1690 «taché, abîmé par le temps (d'une marchandise)» (Fur.); 2. 1771 «taché de moisissure (du papier)» (Trév.); 3. 1888 «dont le cerveau est un peu dérangé» (Barrès, Barbares, p.192). II. 1. 1793 «étoffe de coton formée de deux tissus appliqués l'un sur l'autre» (Les La Trémoïlle, V, 179 ds IGLF); 2. 1837 mus. (Kastner, loc. cit.); 3. 1868 «deuxième opération qui conduit au poli d'une glace» (Littré); 4. 1919, déc. aviat. (De Belir, ex-aviateur ds Esnault, Notes compl. Poilu [1919] 1956); 5. 1924 danse (Levinson, Danse, p.212). Part. passé adjectivé et subst. de piquer*. Fréq. abs. littér.: 1059. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1285, b) 1809; xxes.: a) 1759, b) 1378. Bbg. Quem. DDL t.14, 16, 19.