Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
PIEUX, PIEUSE, adj.
A. − [En parlant de qqn]
1. Qui est animé par un réel attachement à Dieu et observe les pratiques de la religion. Âme pieuse. Je convoque à l'autel les maisons d'alentour; Des vieillards, des enfants, quelques pieuses femmes, Ceux qui sentent de Dieu plus de soif dans leurs âmes D'un cercle rétréci m'entourent à genoux (Lamart.,Jocelyn, 1836, p.706).Madame de Tècle (...) n'était pas dévote, elle était pieuse (Feuillet,Camors, 1867, p.149).V. indécence ex.2:
1. Un jour, il résolut de décider Cheudaine à entrer dans la congrégation. Cheudaine s'excusa de son mieux: −Je ne suis pas assez pieux. Il faudrait se confesser fréquemment et réciter des offices. Estaunié,Empreinte, 1896, p.65.
En empl. subst. La charité est une espèce de piété. Les dégoûts se taisent tellement devant elle, qu'on peut dire que, pour les pieux, toutes les afflictions ont de l'attrait (Joubert,Pensées, 1824, p.108).Nous entendions tous les matins la messe, à sept heures; nous retournions à l'église à quatre heures et nous y passions une demi-heure, consacrée pour les pieuses à la méditation, à la prière ou à quelque sainte lecture. Les autres bâillaient, sommeillaient ou chuchotaient (Sand,Hist. vie, t.3, 1855, p.178).
HIST. (Prénom +) le Pieux.Surnom donné à certains princes ou personnages importants de l'histoire reconnus comme ayant été particulièrement pieux. L'autorité des premiers Capétiens était surtout une autorité morale. Elle fut portée très haut chez le successeur de Hugues. Robert le Pieux sentit surtout le caractère religieux de la royauté (Bainville,Hist. Fr., t.1, 1924, p.55).
2. Qui est attaché aux dieux, à un être supérieur. Les pères oblats y conservaient (...) une pierre votive, hommage rendu à la déesse païenne par de pieux Gallo-Romains dont elle avait guéri le fils (Barrès,Colline insp., 1913, p.79).V. piété ex.2:
2. On se plaint souvent de ne pas trouver dans Énée l'audace, l'élan, la passion. On se fatigue de cette épithète de pieux qui revient sans cesse. On s'étonne de voir ce guerrier consulter ses pénates avec un soin si scrupuleux, invoquer à tout propos quelque divinité, lever les bras au ciel quand il s'agit de combattre, se laisser ballotter par les oracles à travers toutes les mers... Fustel de Coul.,Cité antique, 1864, p.179.
3. Qui éprouve des sentiments élevés d'affection et de respect pour ses parents, pour les morts, pour la patrie. On reconnoissoit cette pieuse fille qui nourrit son père dans la prison, et devint la mère de celui dont elle avoit reçu la vie (Chateaubr.,Martyrs, t.3, 1810, p.155).Il y avait des gens pieux à Rome qui remplissaient auprès de Jupiter capitolin ce singulier office de lui dire les heures (Nerval,Filles feu, Isis, 1854, p.651).
B. − [En parlant de qqc.]
1. Qui dénote, révèle un attachement profond à Dieu et une observance fidèle des pratiques religieuses.
a) [En parlant d'un trait de la personnalité, du comportement] L'idée de son baptême, par lequel il avait été fait enfant de Dieu, pénétrait son coeur d'un pieux souvenir, et l'église où il avait reçu ce sacrement de la vie véritable formait pour lui, avec tout son territoire, une patrie spirituelle qui ne lui était pas moins chère que la patrie temporelle (Lacord.,Éloge fun. Drouot, 1847, p.45).Avait-il le droit de la recevoir, cette confession qui ne lui était pas destinée? Ce pieux scrupule le retint quelques minutes hésitant (Bourget,Actes suivent, 1926, p.9).
[P. méton.] Pieuse enfance; pieux soupir. C'est elle, dont la main pieuse remplace les lambeaux qui pourrissent aux grilles, renouvelle les couronnes d'immortelles et les myosotis (...) sur la tombe voisine (Lorrain,Âmes automne, 1898, p.133).D'une voix pieuse, attendrie du respect qu'elle prenait de sa propre situation, elle interrogea sa belle-soeur (Noailles,Nouv. espér., 1903, p.130).
b) [En parlant de qqc. fait par l'homme] Les traducteurs du Nouveau-Testament de Mons, M. Pavillon avec son rituel d'Aleth, M. Le Tourneux avec l'ensemble de ses pieux et prudents écrits (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.5, 1859, p.83).Elles choisissent dans Victor Hugo les pièces pieuses, mais ne peuvent pas dire ce que c'est qu'une madone de pierre, ni comment s'appelle le Dieu qui s'est fait homme (Renard,Journal, 1905, p.975).
2. Qui incite l'âme, l'être à se tourner vers Dieu, vers les choses de la religion. Image pieuse; livres pieux; pieuse lecture. C'est l'angélus qui tinte, et rappelle en tout lieu Que le matin des jours et le soir sont à Dieu; À ce pieux appel le laboureur s'arrête, Il se tourne au clocher, il découvre sa tête (Lamart.,Jocelyn, 1836, p.749).Lorsqu'on pénètre dans ces petites villes situées dans les grandes, et si placides et si recueillies, dans ces pieux et avenants béguinages, aux façades si gaies, avec leurs murs de briques roses (Huysmans,Oblat, t.2, 1903, p.143).
3. Qui est inspiré, dicté par un sentiment élevé d'affection, de respect, d'humanité. Dessein pieux; fondation, oeuvre pieuse; soin pieux; avoir une pieuse pensée pour qqn. Oh! que cela m'a touchée, monsieur, et que vous vous êtes acquis ma pieuse reconnaissance en produisant ces écrits pieux de mon frère! (E. de Guérin,Lettres, 1841, p.440).MmeCommanville (...) m'annonce qu'elle part le lendemain pour Nice avec le pieux désir de voir, de consoler la mère de Maupassant, qui est dans un état inquiétant de chagrin (Goncourt,Journal, 1893, p.427):
3. Un brancardier désigné par son brassard de la Croix-Rouge, la tête fendue, tenant encore une bêche à la main. Le brancardier a été tué comme il essayait d'accomplir son pieux devoir funèbre. Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, p.68.
Legs pieux. Legs destiné à (soutenir) une oeuvre pieuse. Hélas! soupira M. Monnoyer, chanoine de Saint-Maël, en recevant ce legs pieux, il était grand temps qu'une généreuse fondatrice subvînt à nos nécessités (A. France,Île ping., 1908, p.391).Le curé de cette église et les pauvres de la paroisse devaient percevoir [des biens] annuellement des habitants d'Orgaz. Mais (...) ceux-ci croyaient qu'avec le temps ce droit serait aboli, et (...) ces dernières années ils s'étaient refusés à satisfaire ce pieux legs (Barrès,Greco, 1911, p.12).
Pieuse croyance. ,,Opinion qu'adoptent des personnes pieuses, quoiqu'elle ne soit pas prescrite par la foi`` (Ac. 1835-1935):
4. La légende contait que les Hautecoeur devaient ce pouvoir à l'intervention de sainte Agnès, dont ils étaient fort dévots; et de là l'usage antique, à la date anniversaire, de sortir la vieille statue de la sainte, que l'on promenait solennellement au travers des rues de la ville, dans la pieuse croyance qu'elle continuait à en écarter tous les maux. Zola,Rêve, 1888, p.90.
P. iron., fam. Opinion adoptée sans examen, sans réflexion personnelle. Je le laissai dans sa pieuse croyance (Ac.).
[Dans une antithèse à valeur plaisante] Pieux mensonge. Ces clercs ne regardaient qu'au but, qui était la paix du royaume et de l'Église (...). Ne soyons pas trop émus de découvrir ces fraudes pieuses (A. France,J. d'Arc, t.1, 1908, p.207).Le mensonge même pieux n'en reste pas moins un mensonge, l'expédient de l'impuissance à donner la vérité qui guérit et qui sauve (Massis,Jugements, 1924, p.191).C'est sans doute ce qu'on appelle un pieux larcin (Green,Journal, 1949, p.264).
C. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Ce qui est pieux. Le docteur avait je ne sais quoi de pieux et d'attendri dans les paroles et dans les manières (Balzac,Lys, 1836, p.211).
REM. 1.
Pieusard, -arde, subst.,rare., synon. péj.Si en tant que traducteur, Hello se révélait tel (...) qu'un pieusard, il est juste d'affirmer qu'il était (...) un analyste vraiment fort (Huysmans,À rebours,1903,p.XVI).
2.
Pieusarderie, subst. fém.,rare. Synon. péj. de piété.À cette heure, l'école [des bénédictins auteurs de l'album du Chemin de Croix de Fribourg-en-Brisgau], à peu près morte, ne produisait plus que de débiles images de pieusarderie, fabriquées par des convers (Huysmans,Cathédr., 1898, p.378).La passion des dévotionnettes [v. dévotion A rem.], la prière sans liturgie, la suppression des offices soi-disant compensés par de grands Saluts en musique, le manque de nourriture substantielle, le régime lacté des âmes, c'est des pères de la Compagnie de Jésus que nous les tenons. Les idées de ces irréconciliables ennemis ont fini par se fondre dans nos âmes, en cet étrange amalgame d'intolérance sectaire et de pieusarderie féminine dans lequel nous nous désagrégeons (Huysmans,Oblat, t.2, 1903, p.201).
3.
Pieuseté. V. rem. s.v. piété.
Prononc. et Orth.: [pjø], fém. [-ø:z]. Homon. pieu1, 2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Fin du xes. «bon, miséricordieux (en parlant de Dieu)» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 259: Jesus li pius); b) fin du xes. piu manjer «la Cène» (S. Brendan, éd. I. Short et Br. Merrilees, 36); 1656 «qui est inspiré par des sentiments de piété» (Pascal, Provinciales, VIII ds OEuvres compl., éd. L. Lafuma, 1963, p.407b: pieuse réflexion); 3. 1644 «qui est inspiré par un sentiment de respectueuse affection (envers quelqu'un)» (Corneille, Pompée, V, 1 ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.4, p.88); 1704 «(personne) pleine d'une respectueuse affection» (Trév.); 4. 1798 croyance pieuse (Ac.); 5. 1842 pieux mensonge (Balzac, Rabouill., p.339). Issu du lat. pius «qui reconnaît et remplit ses devoirs envers les dieux, les parents, la patrie», l'a. fr. piu(s), pieu(s) a été refait en pieux, pieuse d'apr. les adj. en -eux*, -euse (pieux est att. dans le 1erquart du xves. [date du ms.] ds E. Deschamps, OEuvres compl., éd. De Queux de Saint-Hilaire, t.6, p.129, 11). Fréq. abs. littér.: 2473. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4689, b) 3310; xxes.: a) 4064, b) 2297. Bbg. Quem. DDL t.6.