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PIANISTE, subst.
A. − Celui, celle qui joue du piano, surtout à titre professionnel. Bon, médiocre pianiste; jeu, talent d'un pianiste. La charmante pianiste se trouve aussi contente de son esprit que de ses doigts (Taine, Notes Paris, 1867, p.56).Comme un pianiste dont la main droite tour à tour, écoute la main gauche ou fait semblant de l'ignorer (Claudel, Poète regarde Croix, 1938, p.97):
1. Tel pour un grand musicien (...) son jeu est d'un si grand pianiste qu'on ne sait même plus du tout si cet artiste est pianiste, parce que (n'interposant pas tout cet appareil d'efforts digitaux, çà et là couronnés de brillants effets, toute cette éclaboussure de notes où du moins l'auditeur qui ne sait où se prendre croit trouver le talent dans sa réalité matérielle, tangible) ce jeu est devenu si transparent, si rempli de ce qu'il interprète que lui-même on ne le voit plus, et qu'il n'est plus qu'une fenêtre qui donne sur un chef-d'oeuvre. Proust, Guermantes1, 1920, p.47.
Main de pianiste. Les cheveux roulés sur la nuque en chignon abondant. Des bras forts, et des mains de pianiste, grandes, au pouce écarté, aux bouts carrés (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1132):
2. ... un moulage de la main de Chopin. Cette main de plâtre, il la regarde attentivement, la retourne, regrette qu'on ne voie pas de lignes dans la paume, admire l'extrême finesse des doigts et la vigueur de l'attache; alors que la main elle-même est d'une délicatesse féminine, le poignet est un poignet d'homme; (...) toute la force s'est réfugiée là. Au reste, me dit Gide, ce n'est pas une main de pianiste: pas d'écart entre les doigts. Green, Journal, 1948, p.168.
Ne tirez pas sur le pianiste (ou var.). [Oscar Wilde] nous fait un tableau amusant d'une ville du Texas avec sa population de convicts, ses moeurs au revolver, ses lieux de plaisir, où on lit sur une pancarte: Prière de ne pas tirer sur le pianiste, qui fait de son mieux (Goncourt, Journal, 1883, p.255).
P. plaisant. [Pour réclamer l'indulgence à l'égard de qqn] (Dict.xxes.).
P. allus.:
3. le coulissier: Je m'appelle Georges Chopin. Aucune parenté avec la musicien. Mais je lui dois mon surnom. Sans lui, il ne m'aurait pas été donné d'entendre toute ma vie sur mon passage des phrases de ce genre: le pianiste vous a vendus, ou bien: le pianiste en a pour deux ans, ou bien: tirez sur le pianiste. Giraudoux, Folle, 1944, I, p.48.
B. − P. anal., arg. professionnels
1. Rare. [Corresp. à piano à bretelles, v. piano2A 2] Pianiste à bretelles. Accordéoniste. V. piano2ex. 3.
2. Personne qui manipule le clavier d'une machine, surtout d'une machine automatique. Les ouvriers eux-mêmes se comparent à des conducteurs de camions. Un opérateur de cisailles est surnommé le «pianiste» par ses camarades. Ces images sont éclairantes: responsables de la marche d'une énorme machine, surveillant un champ complexe de signaux, et manipulant un clavier de commandes, ces ouvriers de l'industrie lourde dessinent la figure d'une nouvelle qualification (Traité sociol., 1967, p.450).
REM.
Pianisme, subst. masc.,rare. a) Péj. Fait, ou même manie, de jouer du piano. On substitue aux visites bavardantes les après-midi de musique. Mais quelle cruelle innovation! N'avions-nous pas assez des concerts, et faut-il que le pianisme nous attaque en plein jour! (Le Journ. amusant, 12 avr. 1890, p.2b ds Quem. DDL t.17, s.v. bavardant).b) Art du pianiste, manière de jouer du piano. Alicia de Larrocha: un pianisme rayonnant (Télérama, 22 avr. 1981, p.25).
Prononc. et Orth.: [pjanist]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1807 (Journ. des gourmands, 4etrim., p.108, note 1 ds Quem. DDL t.3). Dér. de piano2*; suff. -iste*. Fréq. abs. littér.: 211. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 49, b) 269; xxes.: a) 395, b) 472.