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PHILTRE, subst. masc.
Mixture, breuvage auquel on attribue des vertus magiques et que l'on utilise notamment pour inspirer l'amour. Tu ne sais composer ni philtres noirs ni charmes Pour parler aux absents ou réveiller les morts (A. France, Poés., Idylles et lég., 1896, p.103).Elle but quelques gorgées [de vin chaud] avec recueillement comme si elle eût interrogé un philtre de vérité (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.176).V. aimant2ex. 2, diabolique B 2 a ex. de Beauvoir, érotogène ex. de Louys rem. s.v. érogène:
1. ... [la courtisane antique] connaît les philtres qui font aimer et les boissons qui font mourir; les mères en épouvantent leurs fils et les rois languissent pour elle d'amour. Flaub., 1reÉduc. sent., 1845, p.155.
SYNT. Philtre d'amour, de mort; le philtre de Tristan et Isolde; philtre magique, subtil; philtre bienfaisant, malfaisant; philtre empoisonneur, guérisseur; philtre affaiblissant, aphrodisiaque, léthargique, narcotique; recourir aux philtres; préparer, donner, verser, faire boire un philtre à qqn; boire un philtre.
P. plaisant. Cette laide servante apporte, sur le petit plateau, écaillé, dans la tasse fumante, «le philtre qui abolit les années!...» Il sent le chocolat, ce philtre (Colette, Cl. ménage, 1902, p.261).
P. ext. Breuvage ayant certains effets, drogue. Grantaire (...) dormait depuis la veille dans la salle haute du cabaret, assis sur une chaise, affaissé sur une table. Il réalisait, dans toute son énergie, la vieille métaphore: ivre mort. Le hideux philtre absinthe-stout-alcool l'avait jeté en léthargie (Hugo, Misér., t.2, 1862, p.500).Le docteur aux philtres, qui avait chez lui toute la pharmacopée thessalienne, composa une drogue, écrivit dessus pour l'usage externe, et tendit le flacon au marquis. −«Dans un verre d'eau sucrée, sommeil de six heures.» (Péladan, Vice supr., 1884, p.272).
P. métaph. Philtre d'exaltation, de fierté, d'insensibilité; le philtre des regrets. Rien de l'Occident ne m'a donné cela; il n'y a que là-bas [à Alger], où j'ai bu cet air de paradis, ce philtre d'oubli magique, ce Léthé de la patrie parisienne qui coule si doucement de toutes choses! (Goncourt, Journal, 1854, p.131).Ambitieux et rebelle, agressif et charmant, brutal et tendre, (...) [Lloyd George] excellait à mêler en ses philtres oratoires l'âpreté et la séduction (Maurois, Édouard VII, 1933, p.261):
2. [Aux esprits que tant d'austérités effrayaient], Barrès offrit ses philtres précieux, ses charmes de traverse, (...) sa tactique des batailles engagées sans conviction, par hygiène et dandysme. J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.108.
Prononc. et Orth.: [filtʀ ̭]. Homon. filtre. Ac. 1694, 1718: philtre; 1740-1878: philtre, filtre; 1935: philtre. Étymol. et Hist. 1381 (Pénalités anciennes, éd. Ch. Desmaze, p.333); 1523 phyltre (Parthenice Mariane, trad. J. de Mortieres, 33a ds Rom. Forsch. t.32, p.126). Empr. au lat. philtrum, -i «id.», du gr. φ ι ́ λ τ ρ ο ν «id.» dér. de φ ι λ ε ́ ω «aimer». Fréq. abs. littér.: 153. Bbg. Quem. DDL t.7.