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PÈRE, subst. masc.
I.− Ce qui est la source, l'origine.
A.− Celui qui a engendré.
1. [Dans l'ordre naturel]
a) Homme qui a engendré, qui a un ou plusieurs enfants. Synon. littér., vx ou plais., fam. papa, auteur des jours, géniteur, procréateur; très fam. ou pop. paternel, vieux; arg. dab(e), daron.Ah! c'est moi qui suis l'auteur de ta joie, comme je suis l'auteur de tes jours. Les pères doivent toujours donner pour être heureux. Donner toujours, c'est ce qui fait qu'on est père (Balzac, Goriot,1835, p. 235).Bref, je serais un père comme les autres, alors que je n'ai voulu redevenir père que pour être un père différent des autres. Mais pourquoi un père comme les autres? Parce que tu auras été un enfant comme les autres, au lieu d'être supérieur aux autres (Montherl., Fils personne,1943, iii, 4, p. 331).En exerçant à l'égard de l'enfant ce rôle tutélaire du père, je renouvelle en moi l'assurance d'avoir moi-même reçu l'être de mes parents : filialité et paternité forment en effet un unique rapport à deux pôles qui est pressenti dans sa totalité quand j'aborde ce lien vivant par l'une ou l'autre de ses extrémités (Ricœur, Philos. volonté,1949, p. 414).V. aussi auteur ex. 3, 4 et géniteur ex. :
1. Quelqu'un a soufflé la bougie qui éclairait pour moi le doux visage maternel penché sur le repas du soir. Quelqu'un a éteint la lampe autour de laquelle nous étions une famille heureuse, à la nuit, lorsque mon père avait accroché les volets de bois aux portes vitrées. Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p. 14.
SYNT. Un bon, un tendre père; un père autoritaire, barbare, dénaturé; un amour, une tendresse, un cœur de père; l'autorité, la puissance du père; les devoirs, les responsabilités du père; être père, devenir père; être bon père, bon époux; bon mari, bon père; aimer, honorer, respecter son père; obéir à son père; succéder à son père. [Domaine de la psychanal.] L'image du père, la fixation au père.
En compos. Beau-père*, grand-père*, arrière-grand-père*.
Loc., expr. et proverbes
De père en fils. D'une génération à l'autre. Depuis toujours, de père en fils, on a remué la terre d'ici et soigné le vignoble (Hamp, Champagne,1909, p. 122).Si le caractère artisanal a disparu, le règne de la grande industrie ne s'est pas instauré dans le cuir. La plupart des usines sont des entreprises de famille transmises de père en fils où chaque génération apporte sa contribution au progrès scientifique et à la prospérité commerciale de l'affaire (Bérard, Gobilliard, Cuirs et peaux,1947, p. 10).
Père et mère
Ses père et mère. ,,Locution usitée et blâmée à tort par quelques grammairiens pour désigner collectivement le père et la mère de quelqu'un`` (Littré). Tes père et mère honoreras (commandement de Dieu). V. honorer ex. 3.Cet enfant a perdu ses père et mère (Ac.1878, 1935).Cet autre-là, on ne l'appelait que Raboliot : à tel point qu'on avait oublié le nom de ses père et mère, qui était Fouques (Genevoix, Raboliot,1925, p. 25).
Comme père et mère. Comme des grandes personnes. [Avec simple valeur d'intensif] Grand comme père et mère. ,,Tout à fait grand, ayant la taille d'un homme`` (Lar. 19e-20e). Cécile, te voilà dégommée. Sais-tu qu'on a découvert un petit gosse de trois ans qui compose de la musique et joue comme père et mère? (Duhamel, Terre promise,1934, p. 11).Une petite fille qui, la veille encore, mangeait son lieu séché, buvait l'eau du ciel, aussi bien que père et mère (Queffélec, Recteur,1944, p. 119).
(Il faut) avoir tué père et mère. S'être rendu coupable, être capable des pires actions. Comment peut-on trouver des hommes pour accomplir un pareil métier? − On a donc raison de dire qu'il faut avoir tué père et mère pour faire partie de la Police (Macé, Joli monde,1887, p. 52).Les Courvoisier se faisaient de l'intelligence une idée moins favorable et, pour peu qu'on ne fût pas de leur monde, être intelligent n'était pas loin de signifier « avoir probablement assassiné père et mère » (Proust, Guermantes 2,1921, p. 442).
Montrer à son père à faire des enfants. En remontrer à plus fort que soi. Mais lui, lui... qu'est-ce qu'il est? Un têtard, un rien du tout!... R'garde-moi c't'air, comment qu'ça marche! Ça voudrait peut-êt'e apprendre à son père à faire un enfant! (Benjamin, Gaspard,1915, p. 158).
Être le fils de son père. V. fils I A 1 b.
Tel père, tel fils. V. fils ibid.
À père avare, fils prodigue. Le fils prend souvent le contrepied des attitudes de son père. [P. réf. à ce proverbe] Les deux Dumas ont renversé la théorie de l'économie. C'est le père qui fut le prodigue, et le fils qui fut l'avare (Renard, Journal,1890, p. 62).
[Pour noter le rapport de parenté dans les relations soc. ou dans la conversation]
[Pour s'adresser à son père ou parler de lui] Père, mon père. Synon. fam. et plus usuel dans la lang. mod. papa.J'ai pitié de toi, père, de ta grande souffrance passée!... Je veux te la faire oublier! (Lenormand, Simoun,1921, 9etabl., p. 103).Il y a que notre père est parti, depuis quatre jours. − Parti? Père est en voyage? (Duhamel, Combat ombres,1939, p. 153).
[À la campagne, comme appellation utilisée par les enfants parlant de leur père ou par la mère parlant de leur père aux enfants] Le père. Elle toucha le bras de la mère, qui s'éveilla : − Estelle? Hein? Ah... oui. Ah mon Dieu! Elle se levait, passait ses pantoufles, suppliait : − Pas de bruit... Le père, n'éveille pas le père... Elle suivit sa fille dans les ténèbres (Van der Meersch, Invas. 14,1935, p. 24).
Région. (Canada). [Comme appellation dont une femme se sert en s'adressant à son mari ou en parlant de lui] Son père. Elle pencha la tête et hasarda timidement : − Son père, as-tu pensé à la dépense? − Oui, sa mère, c'est tout arrangé (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 210).
[Dans les formules de politesse] Monsieur votre père. Je viens, mon cher Monsieur, d'apprendre ces nouvelles macabres. Je voudrais en signe de sympathie serrer la main à Monsieur votre père (Proust, Guermantes 2,1921p. 336).
[Précédé du nom de famille, pour distinguer le père de ses fils] M. Untel père ou le père. Même dans Lyon, M. Léniot père était une notabilité, et Joanny, comme fils unique, avait sa part de cette renommée (Larbaud, F. Marquez,1911, p. 201).Les drames romantiques de Dumas père poursuivent pendant ce temps − et jusqu'à nos jours − leur carrière hasardeuse (Arts et litt.,1935, p. 76-04).V. aussi fils I A 1 a.
[Dans un nom comm.] Un tel père et fils. Le journal que, deux ans auparavant, les Séchard père et fils avaient vendu vingt-deux mille francs, rapportait alors dix-huit mille francs par an (Balzac, Illus. perdues,1843, p. 556).
DR. ,,Ascendant mâle au premier degré`` (Cap. 1936).
α) Père de famille. Homme marié ou veuf ayant des enfants qu'il élève; chef de famille. Les allocations aux familles reconnues nécessiteuses sont accordées d'abord aux familles des jeunes gens appelés qui sont mariés et pères de famille (J.O., Loi rel. recrut. arm., 1928, art. 24, p. 3813).Les jeunes filles peuvent être admises dans les cours complémentaires de garçons lorsque, le Conseil municipal ayant présenté une demande dans ce sens à l'administration, le Conseil départemental a donné un avis favorable. Toutefois, les pères de famille, en personnes responsables, doivent présenter au directeur une demande d'admission écrite (Encyclop. éduc.,1960, p. 107).
Rem. Dans les textes ayant trait aux instit. romaines la loc. apparaît avec le sens de « paterfamilias* ». Si le père de famille, à Rome, jouit d'un pouvoir absolu, ce n'est pas parce qu'il est le plus ancien, ou le plus sage ou le plus expérimenté, mais c'est que, par suite des circonstances où s'est trouvée la famille romaine, il a incarné le vieux communisme familial (Durkheim, Divis. trav., 1893, p. 173).
Locutions
(User de qqc., administrer qqc.) en bon père de famille. Avec soin, vigilance et économie. L'emprunteur est tenu de veiller, en bon père de famille, à la garde et à la conservation de la chose prêtée (Code civil,1804, art. 1880, p. 341).Le propriétaire a trouvé plus simple ensuite de louer meublé (...). Je serai peut-être en principe un peu moins libre, car j'ai promis de jouir des lieux « en bon père de famille », ce qui pour un célibataire, tout en paraissant cocasse, revêt un sens très précis. Je n'ai pas l'intention de faire défiler chez moi des « créatures ». Mais d'avoir dû prendre un engagement pareil m'agace un peu (Romains, Hommes bonne vol.,1939, p. 47).
Placements, valeurs de père de famille. Placements, valeurs qui ne comportent pas de risque, qui sont d'un rapport modeste mais sûr. Ils ont voulu faire un placement de père de famille analogue à la rente, et peu leur chaut la gestion du réseau (Chardon, Trav. publ.,1904, p. 251).
β) Père légitime. Père d'un enfant né d'un mariage légitime. (Dict. xixeet xxes.). V. infra ex. 3.
γ) Père naturel. Père d'un enfant né hors mariage. Bouvard montra les lignes suivantes : étude de MeTardivel notaire (...). « Monsieur, je vous prie de vous rendre en mon étude, pour y prendre connaissance du testament de votre père naturel, M. François-Denys-Bartholomée Bouvard » (Flaub., Bouvard,t. 1, 1880, p. 12).La famille naturelle n'est pas juridiquement une véritable famille. Elle est simplement une série de liens existant, d'une part entre l'enfant et la mère naturelle, d'autre part entre l'enfant et son père naturel. C'est une famille incomplète puisqu'elle se fonde exclusivement sur un lien du sang (Réau-Rond.1951, p. 611, s.v. famille).
δ) (Né, enfant) de père inconnu. Qui n'a pas été reconnu par le père réel. Il se vante volontiers de ne pas appartenir aux gens d'ici, d'être né à Boulogne par hasard d'une maman bretonne et d'un père inconnu (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1276).
ε) Père seul. ,,Celui qui, ordinairement par suite de la mort de sa femme ou d'un divorce, devrait, au foyer et auprès des enfants, assumer des fonctions qui sont du ressort de la mère`` (Foulq. Sc. soc. 1978).
ζ) Père célibataire (p. anal. avec mère célibataire*). Père célibataire, 35 a., ing., cherche charmante célibataire, éventuellement mère (Le Nouvel Observateur,2 févr. 1981, p. 74, col. 2).
η) Père au foyer. « La première fois que j'ai dû changer les couches de ma fille, » avoue-t-il, « ça m'a fait quelque chose. » C'est un père d'un type nouveau qui parle, un père au foyer : maman travaille, papa reste à la maison. Une révolution encore limitée. Mais sait-on jamais? (Le Point,29 nov. 1976, p. 119).
b) P. anal.
α) Dans la lang. cour.
Le mâle (considéré par rapport à l'animal qu'il a engendré). Le père de ce cheval est normand (Ac.1835-1935).Va! va! crie la mère. Alors excité, le père s'envole, fait un cercle, sans bruit, vers Mistigris et revient à l'arbre. Mistigris effrayé ne bouge pas et, malgré ses prunelles qui ne veulent pas, il voit l'oiseau! (Frapié, Maternelle,1904, p. 136).
Plante dont sont issues d'autres plantes. L'arbre et la plante ont tout intérêt à ce que leur progéniture ne pousse point trop près d'eux, parce qu'ils seraient étouffés par elle, − ou si vous préférez : la progéniture d'un arbre a tout intérêt à ne point pousser trop près de l'arbre père, parce qu'elle serait étouffée par lui (Gide, Feuillets,1925, p. 809).Les fleurs châtrées, on les féconde. On prélève, sur le cep considéré comme père, la grappe de fleurs la plus opulente aussi, et on vient la secouer au-dessus de la vigne amputée, dont le temps de réceptivité est arrivé (Pesquidoux, Livre raison,1925, p. 86).
Au fig., région. [Antéposé ou en empl. attribut et déterminant un nom de plante (au masc.) dont il exprime la grosseur] Ce concombre-là, c'est un père (Canada1930).Un peu plus haut, sous un père sapin d'où se découvrait tout le pays, Gaspard fit faire la pause à l'enfant (Pourrat, Gaspard,1931, p. 181).
β) BIOL. Parent mâle (de tout organisme sexué). Maintenant il faudrait savoir si la fécondation ne fait qu'imprimer à l'œuf un mouvement nutritif déterminé et si le développement sans fécondation serait possible dans des cas déterminés. Mais comment alors expliquer l'influence du père sur le produit de la fécondation; car le père transmet ses qualités caractéristiques comme la mère (Cl. Bernard, Princ. méd. exp.,1878, p. 284).Cette expérience de l'androgenèse hybride est du plus haut intérêt théorique; car elle peut nous éclairer sur le rôle respectif du cytoplasme et des chromosomes. Le produit, qui tiendra son cytoplasme de la mère et ses gènes du père, ne montrera aucune influence du cytoplasme maternel sur les caractères spécifiques (Cuénot, J. Rostand, Introd. génét.,1936, p. 51).
c) P. ext.
α) Celui qui est à l'origine d'une longue suite de descendants, d'une race, d'une nation ou d'un ensemble de nations. Les Israélites revendiquent souvent comme pères, c'est-à-dire comme fondateurs de leur nation, Abraham (...), Jacob (...), Isaac (...), et même David (Bible1912).Comme la maison d'Abraham... il y avait des milliers et des milliers d'années, le Seigneur, désireux de visiter le patriarche, de bénir ses tentes errantes, et de lui révéler la naissance d'un fils, père futur d'un peuple immense (Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 169).
Notre premier père. Adam. On raconte que notre premier père a vécu plus de mille ans. Gageons qu'avant sa mort il a bien dû finir par désigner, entre tant d'enfants, ceux qui laboureraient la terre et ceux aussi, en bien plus petit nombre, qui la défendraient contre les voleurs. Ainsi sont nés les gentilshommes (Bernanos, Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 6, p. 1622).
Au plur. Nos premiers pères. Nos premiers parents, Adam et Ève. Qu'il devait être autre, le dais nuptial de nos premiers pères, d'Adam et Ève! Toute cette voûte flambait neuf! Les étoiles étaient toutes jeunes. L'azur ressemblait à des yeux bleus de quinze ans (Goncourt, Journal,1862, p. 1095).
Celui qui est le fondateur d'une famille spirituelle. Le père des croyants, le père des fidèles : Abraham. Il [Bossuet] s'arrête sur Abraham et sur cette alliance mystique de l'Éternel avec le patriarche, père et tige de tous les croyants (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 9, 1864, p. 225).
β) Au pluriel. Ancêtres, aïeux; les générations antérieures, plus ou moins éloignées dans le temps, suivant une filiation directe ou non. Du temps de nos pères. C'est un homme aimable, ce que nos pères appelaient l'honnête homme (Proust, Guermantes 2,1921, p. 418).Chacune de nos patries défend la terre des pères et le bien des pères en employant des moyens qui nous sont dictés par la technique et par l'industrie du XXesiècle (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 190):
2. Il est plaisant que la noblesse ait accaparé ce mot [pères] à son profit, comme si l'artisan et le paysan n'avaient pas une lignée de pères derrière eux, comme si on ne pouvait porter le titre sacré de père à moins d'avoir un blason, comme si enfin les pères légitimes se trouvaient moins rares dans une classe que dans l'autre. Sand, Hist. vie,t. 1, 1855, p. 23.
2. [Dans l'ordre mystique]
a) THÉOL. CHRÉT. Le Père. Dieu ,,de qui toute paternité au ciel et sur la terre, tire son nom`` (Saint Paul, Épître aux Éph., 3, 15).
α) [Vis à vis du Fils] Première personne de la Sainte Trinité (v. dieu 1resection I B 2 a en partic.). Dieu le Père, Dieu Père, le Fils du Père égal au Père, consubstantialité du Père et du Fils. C'est lui [Jésus-Christ] qui nous a fait connaître et aimer le Père, qui nous a révélé son amour. Il l'a nommé le Père Céleste. En lui, Dieu est venu à nous. En lui, le Fils, le Verbe s'est incarné; il s'est nommé le Sauveur, le Fils de l'homme. Par lui, le Saint-Esprit nous a été donné; il l'a nommé le Consolateur (Dupanloup, Journal,1863, p. 241).Le Père communique au Fils l'existence en même temps qu'il lui communique sa nature, et cependant le Fils est Dieu. Car le Fils, à l'inverse de la créature qui est tirée du néant, est engendré de la substance du Père (Théol. cath.t. 4, 11920, p. 1236):
3. Voici l'Épiphanie, voici l'Épiphanie! À genoux, Clarice! Car le voici, Lui, Lui Père dans les cieux sans fin, Fils sur la terre bornée, Esprit de Vérité, amour du Père au Fils, amour du Fils au Père, amour de l'Amour! Milosz, Amour. init.,1910, p. 89.
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. V. fils I A 1 c α.
β) [Vis à vis des créatures] Dieu créateur et souverain maître, associant le chrétien à la filiation divine par l'intermédiaire du Fils. Notre Père. Lorsque nous prions, nous prions Notre Père, parce qu'il est vrai que nous sommes les enfants du même Père... Ô joie, ô grandeur infinie!... Dieu tout-puissant, Dieu saint, Dieu juste, − mais il est aussi le Père, il est Notre Père, il est le Père qui nous aime, qui a confiance en nous, qui nous veut libres et joyeux (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 227).Jésus a apporté au monde la certitude que Dieu était vraiment père pour les hommes, et que les hommes pouvaient devenir réellement ses fils. Par conséquent, de même que, dans l'ordre de la nature, les mots père et fils signifient l'amour le plus fort et le plus intime avec réciprocité de devoirs et d'obligations, ainsi dans le royaume de Dieu que Jésus venait fonder sur terre, il devait exister entre Dieu et l'humanité des relations d'amour paternel et filial et les membres de ce royaume avaient la puissance de devenir fils de Dieu (Théol. cath.t. 4, 11920p. 1017) :
4. Il me semble pourtant que la Pentecôte est une fête inconnue, la fête de ceux que tourmente le désir d'adorer en esprit et en vérité, et qui sont restés sur leur faim, et qui savent que ce vocable « Dieu » qui s'applique aussi bien à Jupiter qu'à Osiris et qu'au « Bon Dieu » de M. le curé, n'est pas le vrai nom de leur amour. Son nom est Amour simplement, ou Père, et c'est sa fête aujourd'hui. Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 341.
(Un, le) Notre Père. Prière enseignée par Jésus comme la prière par excellence (v. Matth. VI, 9-13). Synon. pater, oraison dominicale*.D'un autre ton, impersonnel, presque hâtif, il ajoutait : − « Vous direz un Notre Père pour votre pénitence. » (Martin du G., In memor.,1921, p. 567).Combien de temps? Une heure ou deux minutes. − Sais pas. Le temps d'un Pater. − D'un Pater? Tâche de t'exprimer en français. − Il veut dire d'un Notre Père (Bernanos, Crime,1935, p. 778).
b) [Dans le lang. biblique] Le père du mensonge, le père du mal. Le diable, le démon. Au sens mystique, le diable est le serpent de la genèse; il règne sur la terre. L'iniquité le presse sur la terre (...). Il a été menteur dès le commencement et père du mensonge. Il est le prince de l'air, où il habite, car il n'habite pas dans le ciel (Théol. cath.t. 4, 11920p. 366).M. Godeau ne savait à quels abîmes pouvaient aboutir encore ces chemins hérissés d'arbres inconnus où son esprit s'aventurait conduit par le père du mal (Jouhandeau, M. Godeau,1926, p. 261).
c) [Dans les relig. antiques et les myth. ou p. réf. à elles; gén. suivi d'un compl.] Dieu créateur; source, principe de la création, de la vie ou de certains éléments de la vie. Ce Dieu [de Platon] est le père du monde (Cousin, Hist. philos. mod., t. 2, 1846, p. 110).Chez lui c'était donc un culte du divin soleil, le père de notre monde, le créateur et le régulateur, qui, après avoir tiré les êtres du limon, les a réchauffés, les a fait se développer et s'épandre; les a nourris des fruits de la terre (Zola, Travail,t. 2, 1901, p. 298).V. aussi dieu ex. 32 :
5. La sainte eau du Nil, conservée dans la cruche sacrée, était aussi à la fête d'Isis le plus vivant symbole du père des vivants et des morts. Isis ne pouvait être honorée sans Osiris. − Le fidèle croyait même à la présence réelle d'Osiris dans l'eau du Nil... Nerval, Filles feu,Isis, 1854, p. 652.
Le père des eaux. Le Nil. Hôpi-Mou, le Père des eaux, recouvre régulièrement de sa vase féconde tes domaines (Gautier, Rom. momie,1858, p. 202).Une eau nauséabonde − c'était pourtant de l'eau du Nil, le Père des eaux − qui gargouillait dans les tuyaux (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 198).
P. métaph. Tout s'éclaire, s'illumine. La face rayonnante du père des saisons paraît enfin, comme du fond d'une vaste fournaise, entre deux promontoirs embrâsés (Dusaulx, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 338).Les sons nombreux des syllabes antiques, Où règnent tour à tour le père des chansons, Phoebus, et le grand Pan, le seigneur des moissons (Baudel., Fl. du Mal,1857, p. 22).
3. P. anal. ou au fig.
a) [Désigne une pers.]
α) Celui qui fait naître à tel type de vie morale, intellectuelle ou spirituelle; celui qui est le fondateur d'une lignée, dans un certain genre de vie ou d'activité. J'ai dit que M. Vinet était éloquent : écoutons-le sur Rotrou, sur ce poëte généreux que Corneille, modeste cette fois, appelait son père en matière de théâtre (Sainte-Beuve, Nouv. lundis,t. 7, 1864, p. 214).On pense au premier inventeur, père des artistes, qui tâcha de donner à des choses durables la forme de ce qu'il voyait et l'âme de ce qu'il ressentait (Barbusse, Feu,1916, p. 48):
6. Pour moi, le mot patron veut toujours dire modèle et surtout père, c'est-à-dire celui qui protège et même celui qui engendre. Duhamel, Maîtres,1937, p. 32.
Père spirituel. Celui qui assure la formation, le développement spirituel (d'une personne ou d'un ensemble de personnes). Il viendra peut-être un temps où l'on trouvera que c'étoit pour-tant une grande idée, une magnifique institution que celle de ce père spirituel, placé au milieu des peuples, pour unir ensemble les diverses parties de la chrétienté. Quel beau rôle que celui d'un pape vraiment animé de l'esprit apostolique! (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 537).Un pronostic (...) vient de la personne même de ses fondateurs [de Port-Royal], de ses parents spirituels, Eudes de Sully et Mathilde de Garlande. Il appartient aux pères spirituels, comme aux pères selon la chair, de léguer par leurs vertus une longue bénédiction à leurs enfants (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 1, 1840, p. 43).
En partic. Directeur de conscience, confesseur. Enfin, Monsieur le curé, je vous le demande : êtes-vous, oui ou non, le père spirituel de ma fille? Et si vous l'êtes, n'est-ce pas votre devoir d'intervenir? (Mauriac, Asmodée,1938, iv, 6, p. 155).
β) Celui qui est le créateur d'une œuvre, l'auteur d'une découverte, l'inventeur ou l'inspirateur d'une doctrine, d'un système, d'une technique, etc. Avec une grâce tout à fait aristocratique, le père de Candide s'avança vers l'auteur des Confessions (Coppée, Bonne souffr.,1898, p. 123).C'est à un ingénieur français, Charles Tellier (1828-1913), justement surnommé le « père du froid », que nous devons l'emploi du froid artificiel pour la conservation des aliments (Brunerie, Industr. alim.,1949, p. 92):
7. Dans le même temps, une étonnante production philosophique et musicale naît du sein de l'Allemagne. Ceux qui seront les pères profonds de la pensée du siècle xixe, Kant, Fichte, Hegel, et ceux qui seront les pères sublimes de la musique, vivent et travaillent non loin de Goethe. Valéry, Variété IV,1938, p. 103.
b) [Désigne une chose] Ce dont est issu quelque chose; cause, source, principe. Des gens dont la vie tout entière s'emploie à des choses louables, et de qui l'existence est fondée sur le travail, père des bonnes mœurs, la foi dans les contrats, la confiance publique, l'observation des lois (Courier, Pamphlets pol.,Au réd. « Censeur », 1820, p. 31).Parfois on est las de l'art et de la littérature, dégoûté des chefs-d'œuvre, car les chefs-d'œuvre sont les pères des rengaines et des livres méprisables (Lemaitre, Contemp.,1885, p. 333).Tel fut ce fameux calendrier égyptien, issu du calendrier chaldéen, père du calendrier romain de Jules César, et qui contient déjà la charpente astronomique de notre propre calendrier, moins la semaine (Chauve-Bertrand, Question calendrier,1920, p. 38).
TECHNOL. ,,Empreinte négative d'un disque original, obtenue par galvanoplastie`` (Pir. 1964). Le flan, ainsi argenté, est plongé dans un bain électrolytique qui dépose à sa surface une mince feuille de cuivre. On la décolle prudemment et c'est ce qu'on appelle : le père, qui est en relief. On pourrait se servir du père comme de moule pour presser les disques, mais on ne s'arrête pas à ce stade. Le « père » est considéré comme l'original du disque et c'est lui qu'on garde dans les archives des maisons d'édition. À partir du « père », on tire, toujours par galvanoplastie, une nouvelle épreuve, en creux, cette fois : la mère, en nickel à la surface (Disque Fr.,1963, p. 8).
B.− P. anal. Celui qui joue le rôle d'un père ou un rôle comparable à celui d'un père; celui qui a le comportement, les attributions, les responsabilités d'un père. Être un père pour qqn. [Un bon soldat] a (...) éprouvé qu'en gardant toujours la politesse, on se fait écouter du colonel qui est le père de ses hommes, qui les comprend, et qui est juste (Alain, Propos,1921, p. 329).L'ambassadeur, comme autrefois, reste « le père de la colonie », qui, « rassemblée autour de lui à l'occasion du nouvel an (ou de la fête nationale), le prie de transmettre ses vœux » au ministre et au chef de l'État (Chazelle, Diplom.,1962, p. 42).V. aussi maître I A 3 ex. de Mounier et colonel A.
1. Spécialement
a) DROIT
Père adoptif. Celui qui est uni à un enfant par les liens de l'adoption. Au XVIesiècle, elle [la parenté adoptive] ne donnait plus droit à la succession ab intestat du père adoptif. Notre code a rétabli ce droit; mais la parenté à laquelle donne lieu l'adoption ne s'étend pas au delà de l'adoptant et de l'adopté (Durkheim, Divis. trav.,1893, p. 186).V. aussi adoptif ex. 4.
Père légal. Celui qui est reconnu par la loi comme le père d'un enfant, qu'il soit ou non le père réel. Les femmes-peintres de la Rotonde qui devaient épouser un baron balte pour assurer un père légal à leur enfant (Giraudoux, Siegfried et Lim.,1922, p. 26).La qualité officielle de « père » des enfants est établie par un rituel. Après entente, l'un des maris célèbre ce rituel et devient le père légal de tous les enfants de la femme jusqu'au jour où un autre homme accomplira la même cérémonie (Lowie, Anthropol. cult.,trad. par E. Métraux, 1936, p. 270).
Père putatif. Celui qui est réputé légalement le père d'un enfant qu'il n'a pas engendré. Lorsque, de Trézène où j'avais vécu jusqu'alors, je dus rejoindre mon père putatif en Athènes, je ne voulus point écouter les conseils, pour sages qu'ils fussent, de m'embarquer (Gide, Thésée,1946, p. 1418).
b) Père nourricier
Vx. ,,Mari de la nourrice d'un enfant`` (Ac. 1798-1878).
Celui qui élève un enfant, subvient à ses besoins. Et le voyage de Pâques, chaque année. Quels soins de l'enfant Jésus le long du chemin. Puis, lorsqu'il eut grandi, quel soin ne prit-il pas de Marie et de son père nourricier? (Dupanloup, Journal,1855, p. 179).Je voudrais savoir chez qui elle est, pour l'aller voir de temps en temps, qu'elle sache que son bon père nourricier est là, qu'il veille sur elle (Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 504).
Au fig. V. nourricier I B.
c) THÉÂTRE. Père noble. Rôle du père dans la tragédie et la haute comédie. Jouer les pères nobles. Sans jouer une fois la comédie, le pauvre homme avait glissé des jeunes premiers, aux grands premiers rôles, puis aux financiers, puis aux pères nobles, puis aux ganaches (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 24).Voici quels étaient les emplois pour la tragédie : pères nobles, premiers rôles, jeunes premiers, deuxièmes rôles, rois, troisièmes rôles, grands confidents, confidents, utilités, accessoires (Arts et litt.,1936, p. 64-11).
P. anal. Personnage grandiloquent et solennel. L'agressivité latente que suscite le professeur traditionnel, père noble et lointain (Antoine, Passeron, Réforme Univ.,1966, p. 212).
d) CIRQUE. Père d'élève. ,,Professeur qui initie un enfant à la voltige, l'équilibrisme, l'art du funambule, etc.`` (Riv.-Car. 1969). Un saut de cette espèce, s'il est manqué, peut être mortel. Les banquistes d'antan s'y entraînaient dès leur plus jeune âge et très progressivement sous la direction de leurs parents, de leurs aînés, ou de leur « père d'élève » (terme de métier par lequel on désigne un artiste qui enseigne le métier à un plus jeune) (Hist. spect.,1965, p. 1531).
e) [Dans le lang. du compagnonnage] Hôte qui loge et nourrit des compagnons. [Cet arrêt du Parlement du 7 septembre 1778 sur les associations ouvrières] enjoint à tous ceux qui logent au mois ou à la nuit et sont connus sous le nom de Pères ou de Mères de déclarer les noms de leurs locataires (Martin Saint-Léon, Compagn.,1901, p. 47).
f) PSYCHANAL. Quand on songe au nom de « père » que les psychanalysés donnent sérieusement ou ironiquement à leur analyste, il semble bien que le tabou de l'inceste a inspiré quelque peu la codification du transfert (Choisy, Psychanal.,1950, p. 188).
2. [Comme qualification élogieuse ou comme surnom honorifique accordé à celui qui agit pour le bien d'une communauté, d'un groupe social, qui a encouragé tel ou tel type d'activité] François Iera été surnommé le Père des lettres (Ac.1835-1935).N'est-il pas vrai que si Charles-Quint et Philippe II avaient pu, par un moyen quelconque, forcer l'Espagne à travailler, ils eussent été pour elle de vrais dieux tutélaires, des pères de la patrie? (Proudhon, Syst. contrad. écon.,t. 2, 1846, p. 55).La France brillante et heureuse qui pleura le « père du peuple » [Louis XII] oublia de se dire ce qu'elle doit se dire toujours : « Souviens-toi que tu peux être envahie. » (Bainville, Hist. Fr.,t. 1, 1924, p. 142).V. peuple B 2 b :
8. Les curateurs populaires doivent remplir le rôle dont chacun prend le masque, celui de pères du peuple. Or quel est le devoir d'un père? C'est de procurer à ses enfants l'entretien, l'éducation, la dotation, jusqu'à ce qu'ils puissent d'eux-mêmes se soutenir. Par analogie, les pères collectifs ou curateurs populaires doivent procurer à la classe pauvre, qui ne peut ni tenir ménage ni se soutenir par elle-même, une ferme d'asile dans les campagnes, un ménage d'asile dans les villes. Fourier, Nouv. monde industr.,1830, p. 61.
Spécialement
HIST. ROMAINE. Père de la patrie. Titre honorifique décerné sous la République à des citoyens, à la suite de services éminents rendus à l'État, et porté ensuite par Auguste et de nombreux empereurs (d'apr. Pell. 1972).
[En Russie et en U.R.S.S.] L'autorité et l'âge ont été autrefois inséparables, et l'on en trouve la preuve dans le langage [russe] (...) aujourd'hui même, un paysan sexagénaire, en parlant à son seigneur âgé de vingt ans, le traitera de petit père (Mérimée, Ét. litt. russe,t. 2, 1870, p. 218).
En partic. Le Petit Père. Le chef suprême de l'État (notamment Staline). Il me répondit qu'il allait se faire traîner bien tranquillement dans tous les quartiers de la ville pour montrer aux Moscovites qu'on n'intimide pas facilement un gouverneur nommé selon la loi par le Petit Père (G. Leroux, Roul. tsar,1912, p. 16).Staline arpentait la pièce sans mot dire, comme s'il avait complètement oublié la présence d'Abakoumov (...). Quand Abakoumov le vit passer devant lui de profil, il constata que les épaules du Patron commençaient à se voûter, ce qui le faisait paraître moins grand, petit même. Et Abakoumov se dit en lui-même (...) que le Petit Père ne vivrait pas dix ans de plus, qu'il allait mourir. Pour Abakoumov, le plus tôt serait le mieux (Soljenitsyne, Le Premier cercle,trad. par H.-G. Kybarthi, 1975, p. 114).
II.− [Comme titre de respect ou comme appellation fam.]
A.− [Comme titre de respect]
1. HIST. ROMAINE. Les Pères conscrits ou, absol., les Pères. Les sénateurs romains. Eudore s'incline devant Auguste et César (...), il parle en ces mots : « Auguste, César, pères conscrits, peuple romain, au nom de ces hommes victimes d'une haine injuste, moi, Eudore, fils de Lasthénès, natif de Mégalopolis en Arcadie, et chrétien, salut! (...) » (Chateaubr., Martyrs,t. 3, 1810, p. 18).Ma photographie (...) où je suis représenté le menton bien rasé (...) « l'air d'un père conscrit sur sa chaise curule! » comme disait notre doyen, M. Chalmette (A. Daudet, Nabab,1877, p. 56).
P. plaisant. ou péj. Sénateurs ou notables d'un pays, d'une ville. Rabaut de Saint-Étienne, faux patriote, l'un des coopérateurs des plus funestes décrets des pères conscrits constituants (Marat, Pamphlets,Aux amis de la Patrie, 1792, p. 310).Les pères conscrits du conseil général ont émis un vœu de pure galanterie (Feuillet, Pte ctesse,1856, p. 4).
P. métaph. [L'Italie] a autour d'elle ses poëtes (...) ses philosophes (...) tous ces pères conscrits de l'intelligence universelle (Hugo, Actes et par.,2, 1875, p. 50).
2. RELIG. [P. réf. à l'idée de fécondité et d'autorité spirituelles, parfois aussi d'ancienneté]
a) HIST. ECCL.
α) Les Pères de l'Église ou, absol., les Pères. Théologiens des premiers siècles (du ierau vie), pour la plupart canonisés, remarquables par la valeur de leur doctrine et la sainteté de leur vie, et reconnus par l'Église comme des témoins d'une autorité exceptionnelle. Les Pères de l'Église grecque, de l'Église latine; les Pères orientaux ou pères syriaques. L'Écriture et les Pères demeurent ensevelis dans leur poussière. La fable, la spéculation audacieuse, s'insinuent jusque dans la chaire sacrée (Ozanam, Philos. Dante,1838, p. 114).Une doctrine traditionnelle, esquissée jadis par Origène, plaçant dans l'invocation de la Trinité la puissance purificatrice du baptême, accentuée par les Pères grecs et latins du IVesiècle, notamment Basile et Grégoire de Nazianze (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 522).
P. anal. Écrivain chrétien ou considéré comme tel, d'une autorité reconnue ou d'un grand renom. À l'apparition de ce livre [le Génie du Christianisme], on était si ignorant en France de tout ce qui constitue la religion catholique, ou même chrétienne, on avait tellement oublié ce que sont ses dogmes, sa discipline, et ses pratiques, que, loin de s'apercevoir de la teinte d'hérésie qui couvre tout cet ouvrage, on vit dans son auteur un nouveau père de l'Église, un confesseur de la foi, un véritable chrétien (Delécluze, Journal,1827, p. 370).Bossuet, dans la sphère supérieure de l'épiscopat, demeurait l'oracle, le docteur, un Père moderne de l'Église, le grand orateur qui intervenait aux heures funèbres et majestueuses (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 10, 1854, p. 209).
β) Les Pères du désert. Anciens anachorètes d'Égypte, de Syrie, de Palestine (considérés comme des maîtres de vie spirituelle). Dès notre plus jeune âge, nous avons été bronzés, trempés dans les eaux du Styx et rendus tous aussi incapables de subir les séductions de l'amour que les plus rigides parmi les pères du désert. Le diable qui tenta saint Antoine perdrait avec nous son latin, son grec et même son hébreu (Gobineau, Pléiades,1874, p. 81).
b) [Pour désigner certains membres du clergé]
α) Les Pères du concile. ,,Membres de droit d'un concile œcuménique; évêques, supérieurs d'Ordres religieux`` (Foi t. 1 1968). [Le duc de Bourgogne] avait, le 26 août précédent, envoyé de nouveaux ambassadeurs aux pères du concile de Constance (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 4, 1821-24, p. 148).Les termes de force, vertu choisis par les Pères de Trente s'entendent tout naturellement d'une réalité physique; la causalité morale serait mieux désignée par les mots : valeur, dignité, excellence, que le concile a cependant écartés (Théol. cath.t. 14, 11939, p. 619).
β) [Appellation donnée à certains prêtres, princ. dans le clergé régulier] Pères dominicains, pères jésuites; les pères de la Trappe. J'étais alors en quatrième chez les petits. Nous avions pour régents deux hommes auxquels nous donnions par tradition le nom de Pères, quoiqu'ils fussent séculiers. De mon temps, il n'existait plus à Vendôme que trois véritables oratoriens auxquels ce titre appartînt légitimement (Balzac, L. Lambert,1832, p. 33).Quand le Père supérieur proclamait les notes et les places, Édouard, s'il se jugeait mal loti, trépignait, en proie à la rage. Les autres classes entendaient ses hurlements. Il fallait que deux jésuites le prissent aux bras et aux jambes, l'emmenassent au dehors (Adam, Enf. Aust.,1902, p. 183).
[Suivi d'un nom propre] Le père, le révérend père Untel (en abr. P. au sing., PP. au plur., R.P. Révérend père). Le Père Lathuile suinta lentement. On le sentit venir avant de le voir; et on le vit peu à peu (...). Son costume était celui d'un moine, mais de quel ordre? On hésitait à le dire. Dominicain? Franciscain? Oratorien? (Romains, Copains,1913, p. 221).Vers 1635, les savants français prirent l'habitude de se réunir à titre privé comme l'avaient fait les créateurs de l'Académie française; leur animateur était le Père Mersenne et les réunions se tenaient souvent chez lui au couvent des Minimes de la place Royale (Encyclop. éduc.,1960, p. 244).
[Comme appellatif] Père, Mon père, Révérend père. Mon Père, dit-il [à un barnabite], si vous ne jugez pas cette occupation indigne du sacré caractère dont vous êtes revêtu, aidez-moi, je vous prie, à fabriquer des pantins (A. France, Dieux ont soif,1912, p. 180).
[À l'époque mod., pour s'adresser à un membre du clergé séculier] Quant à « Mon père » ou plus familièrement « Père », il a tendance à se généraliser depuis quelques années pour le clergé séculier; certains jeunes évêques lui manifestent leur préférence (Le Monde ds Colin1971).
[En s'adressant à son confesseur, prêtre régulier ou séculier] Mon père, aidez-moi. Voici bien longtemps que je ne me suis confessé (...). Il [le prêtre] soupire et dit : − C'est bien. Répétez avec moi : « Mon père, bénissez-moi parce que j'ai péché. » (Duhamel, Journal Salav.,1927, p. 155).
Père abbé. Supérieur d'un monastère, d'une communauté. Il a eu l'idée de se faire bénédictin, mais le Révérendissime Père Abbé de l'abbaye de Sainte-Madeleine-des-Sables le juge incapable, en raison de son âge, de s'adapter à l'austère discipline de ce couvent (Billy, Introïbo,1939, p. 222).V. aussi abbé ex. 9.
Pères blancs. Prêtres séculiers d'une congrégation missionnaire fondée en 1868 par le cardinal Lavigerie pour évangéliser l'Afrique. Enveloppé dans son immense burnous blanc, coiffé de la chéchia droite des spahis, avec, au cou, un grand chapelet à gros grains alternés, noirs et blancs, terminé par une croix de même, il réalisait le type parfait des Pères blancs du cardinal Lavigerie (Benoit, Atlant.,1919, p. 62).
Père procureur*.
Père temporel. [Dans les ordres mendiants] Séculier qui reçoit les aumônes. Un tel était le père temporel des capucins de cette ville (Ac.1798-1935).
γ) [Pour désigner le pape] Le Saint-Père, notre Saint-Père, notre très Saint-Père, le Père des fidèles. Il était député de l'Université de Paris qui reconnaissait le pape du Concile, Félix, pour le vrai père des fidèles (A. France, J. d'Arc,t. 2, 1908, p. 440).Le Saint-Père m'offre le chapeau rouge. Dieu veut que je l'accepte et je l'accepte (Salacrou, Terre ronde,1938, ii, 2, p. 193).
δ) P. anal. [Chez les saint-simoniens] Les pères. Ceux qui ont les plus hauts grades. Je devais croire que les gros bonnets du saint-simonisme, ceux qu'on nommait les pères, seraient flattés d'ouvrir leurs rangs à un homme aussi littéraire que je l'étais. J'avais compté, monsieur, sans l'économie politique et la philosophie transcendante (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 11).
Le Père. Chef suprême, grand prêtre de la religion saint-simonienne. Cette harmonie se réalisera, non par la théocratie, non par la suppression des individus, non par ce père-roi des saint-simoniens qui réglait la croyance comme tout le reste, mais par l'aspiration commune et libre, comme cela a lieu pour les élus dans le ciel (Renan, Avenir sc.,1890, p. 409).
B.− [Comme appellation fam.]
1. [Suivi d'un nom propre]
a) [Pour désigner un homme d'âge mûr et de condition modeste] Il aperçut (...) son garde champêtre, le père Hochedur, debout et surveillant d'un air sévère un couple de bourgeois mûrs (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Bois, 1886, p. 553).Je savais très bien qui on appelait « père untel » dans ma famille : les jardiniers, les facteurs, le père de la bonne, bref les vieux pauvres (Sartre, Mots,1964, p. 63):
9. Énumérons maintenant nos serfs. D'abord le père [it. ds le texte] Perrault. (Le titre de père, en Craonnais, est obligatoirement accolé au nom des hommes, même célibataires, qui ont dépassé la quarantaine et n'ont pas droit, de naissance, à s'entendre appeler « monsieur » (...)). H. Bazin, Vipère,1948, p. 43.
[En appellatif] C'est tout à fait une bonne petite femme de ménage; elle fera la satisfaction de vos vieux jours, père Christel. − Dieu le veuille, monsieur Kobus, Dieu le veuille, pour son bonheur et pour le nôtre! (Erckm.-Chatr., Ami Fritz,1864, p. 54).
b) [Pour désigner familièrement ou avec une désinvolture affectée un homme jouissant d'une certaine considération, de quelque notoriété, voire d'une grande célébrité] Le père Bugeaud. L'inauguration d'une statue du petit père Combes devait avoir lieu à Pons (L. Daudet, Brév. journ.,1936, p. 61).Le commandant (...) fit rassembler tout le monde en cercle autour de lui, et, le képi rejeté en arrière (...), se réclama fougueusement du nom du « père de Gaulle » (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 374):
10. La sottise du père Hugo me fait assez de peine sans qu'on l'insulte dans son génie. Quand nos maîtres s'avilissent, il faut faire comme les enfants de Noé, voiler leur turpitude. Gardons au moins le respect de ce qui fut grand. N'ajoutons pas à nos ruines. Flaub., Corresp.,1871, p. 244.
c) Locutions
Père Fouettard*. Père Noël. V. noël A 2.
(Un) père Duchesne. [P. réf. aux pamphlets révolutionnaires, notamment ceux d'Hébert, et au personnage pop. ayant donné son nom à ces pamphlets] Braillard démagogue et vulgaire. Regarde les batailles qui se livrent sur le dos de Beethoven. Les uns font de lui un Jacobin, les autres un calotin, ceux-là un père Duchesne, ceux-ci un valet de prince (Rolland, J.-Chr.,Amies, 1910, p. 1097).
Argot
Arg. des voleurs. Coup du père François. Type d'agression où l'un des attaquants serre une courroie autour du cou de la victime et la maintient sur son dos tandis que son complice la fouille. Faire le coup du père François, p. ell., la faire au père François. D'étranges jeunes garçons, mal venus, aux gestes imprévus et rapides, simulaient entre eux des attaques de savate, des gestes d'étrangleurs et le coup du père François (Barrès, Sang,1893, p. 113).
Arg. milit. Le père Cent. Le centième jour avant la libération. Casser la gueule au père Cent. ,,L'arroser par des libations`` (Riv.-Car. 1969). V. cent I C ex. de Dorgelès.
[Dans l'arg. de Saint-Cyr] Père Système. Celui qui est incorporé le premier, c'est-à-dire celui qui a le numéro matricule le plus bas d'une promotion. Le premier élève qui fut immatriculé à Saint-Cyr et que nous pouvons à juste titre dénommer le Doyen des Pères Systèmes, ou encore le Père Système général ([Saint-Cyr],Centenaire St-Cyr,1908,p. 9).
2. [Constr. avec un adj. ou un groupe nom. à valeur caractérisante]
a) Locutions
Pop. Un gros père. Gros homme à l'allure bonasse et placide; enfant robuste et dodu. Synon. bonhomme, pépère.Pierrot se joignit à un groupe de commentateurs parmi lesquels il reconnut quelques philosophes. Un gros père disait à un petit vieux : − C'est une véritable catastrophe! (Queneau, Pierrot,1942, p. 136).
[Comme appellatif avec une nuance de condescendance ou d'affection] (Mon) petit père, (mon) gros père. Mon gros père, que penses-tu de ce Brésilien? (Balzac, Cous. Bette,1846, p. 188).Oh! mais, tu m'as pas regardée, mon petit père!... je suis habituée à ce qu'on ait des égards avec les femmes!... (Feydeau, Dame Maxim's,1914, i, 6, p. 10).
Père tranquille. Homme qui aime la tranquillité, ne se fait pas de soucis. Il (...) met sur les dents hommes et bêtes. Je crois même qu'à trop bien surveiller et dépister l'ennemi, il a dérangé les plans de nos généraux, deux pères tranquilles qui n'aiment pas se lever matin (A. Daudet, Pte paroisse,1895, p. 177).
Père douillet (vieilli). ,,Homme qui se plaint dès qu'il n'a pas toutes ses aises`` (Ac. 1835, 1878).
Loc. adv. En père peinard, pénard. Tranquillement; sans s'en faire, sans se presser. On les attend [les Allemands] en pères peinards, avec le sourire (Genevoix, Nuits de guerre,1917, p. 74).[Un bateau] naviguait en Pèr' Pénard Sur la grand-mare des canards Et s'appelait Les Copains d'abord Les Copains d'abord (Brassens, Les Copains d'abordds A. Bonnafé, G. Brassens, 1963, p. 174).
Père aux écus. Homme riche, souvent avare. Eh oui, vous êtes le père aux écus. M. Rabourdin, l'ancien drapier de la place du Marché (...) diantre! il a dû se retirer avec dix mille francs de rentes (Zola, Hérit. Rabourdin,1874, i, 1, p. 138).
Père la joie. ,,Rieur, homme qui excite les autres à la gaieté`` (Ac. 1798-1935).
Père la pudeur, père(-)la(-)vertu. Homme pudibond, volontiers moralisateur. Le père la Pudeur appartient généralement à l'une des nombreuses sectes protestantes où l'on s'effarouche du mot et où l'on se délecte en secret de la chose. C'est un fâcheux hypocrite et grotesque, un empêcheur de danser en rond (France1907).Il me déplaît de jouer les pères-la-vertu et je m'en garderai. Mais je pose la question : en quoi l'histoire du sexe de cette dame [du Repos du guerrier] intéresse-t-elle spécialement la nouvelle vague? (Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 154).
b) [Dans des surnoms] L'auteur [Malherbe] me plaît tant, avec son surnom de Père Luxure; sa vérole dont il était si fier; les mots-massues dont il assommait les petites affectations d'enthousiasme de ses disciples (Larbaud, Barnabooth,1913, p. 141).La Chambre debout fit une longue ovation au Père la Victoire [Clemenceau]... Il était bien beau, ce vieil homme transfiguré (Barrès, Cahiers,t. 12, 1919, p. 207).
Prononc. et Orth. : [pε:ʀ]. Homon. pair, paire, pers, formes de perdre. Ac. 1694 et 1718 : pere; dep. 1740 : père. Étymol. et Hist. I. 1. Fin xes. paire « Dieu en tant que Créateur et première personne de la Trinité » (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 514 : devant lo paire gloriae); ca 1100 perre « pour s'adresser à Dieu » Deu! perre (Roland, éd. J. Bédier, 2337); 2. début xiiies. « celui qui est à l'origine d'une longue suite de descendants » (Maurice de Sully, Homélies, éd. C. A. Robson, no17, p. 121 : Adam nostre premier pere); 1535 nos pères « nos ancêtres » (R. Olivetan, Bible, Gen. 31, 3); 3. 1erquart xiiies. « protecteur, défenseur d'une collectivité » (Reclus de Molliens, Charité, 110, 2-3 ds T.-L.); 4. 1519 « celui qui est considéré comme l'initiateur, le créateur, le fondateur de quelque chose » le Père du mensonge (d'apr. FEW t. 6, 1, p. 736a); 1679 le père de la philosophie morale (Boss., Hist., I, 8 ds Littré); 5. av. 1696 « ce qui est la source, le principe de quelque chose » (La Bruyère, Les Caractères, De l'Homme, 13 ds Œuvres, éd. G. Servois, t. III, p. 17). II. 1. Ca 1050 « celui qui a engendré plusieurs enfants » (Alexis, éd. Chr. Storey, 9 : Puis ad escole li bons pedre le mist); d'où a) ca 1150 pere et mere (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 922); b) 1260 de pere a fils (Etienne Boileau, Métiers, éd. Lespinasse et Bonnardot, titre XLVIII, XXII, p. 91); 1678 de pere en fils (La Fontaine, Fables, VII, XVI, 27 ds Œuvres, éd. H. Regnier, II, 187); c) 1283 dr. « ascendant mâle au premier degré » (Philippe de Beaumanoir, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, XVI, 565); d) 1380 peres de maignie « père de famille » (Roques t. 2, 8857); ca 1470 pere-famille (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, V, 74); 1487 père de famille (L. Garbin, Vocabulaire lat. fr.); e) 1505 pere naturel & legitime (Les coustumes ... de la ville de Bourges, Rubriche premiere, article premier ds Nouv. Coutumier génér., éd. Bourdot de Richebourg, III, 905); 2. ca 1120 « celui qui agit en père à l'égard d'un autre » (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 146); 3. ca 1180 « animal par rapport à celui qui l'a engendré » (Marie de France, Fables, 32, 10 ds T.-L.); 1550 en parlant d'un poulain (Journal du Sieur de Gouberville, 24, 5, 55 ds Poppe 1936, p. 143); 4. 1776 père noble (Journal de théâtre, numéro 7, juillet, p. 442). III 1. 1160-74 « titre donné aux membres d'une congrégation » (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 705); 1690 père temporel (Rich.); 2. a) ca 1350 « titre donné à des dignitaires de l'Église » le saint pere « le Pape » (Gilles le Muisit, Poésies, I, 324 ds T.-L.); 1690 pères d'un concile (Fur.); b) 1614 « écrivains ecclésiastiques dont on veut honorer la prééminence » (Homélie des simonies ds J. P. Camus, Homélies des États généraux, Droz, 1970, p. 227, § 100); 2. 1635 « nom donné à un vieillard » (Monet); en partic. 1764 suivi d'un nom propre, sert à désigner un homme d'un certain âge, avec une nuance de bonhomie ou de condescendance donnez, donnez, père Leroux (Sedaine, Rose et Colas, p. 171); 3. 1669 père de la patrie (Racine, Britannicus, acte I, sc. I, 47 ds Œuvres, éd. P. Mesnard, II, 258); 4. 1824 fam. mon petit père (Balzac, Annette, t. 1, p. 39); 1825 gros père (Mmede Genlis, Mém., t. II, p. 60 ds Pougens ds Littré). Du lat. class. pater « celui qui engendre; fondateur; vieillard », également comme épithète de vénération « divin, auguste », d'où en lat. chrét. a servi à désigner le dieu créateur, et, d'une manière honorifique, les évêques, les pères de l'Église faisant autorité dans les Conciles, les moines (v. Blaise Lat. chrét.); l'expr. pere-famille (supra II 1 d) est directement calquée sur le lat. pater familias. Fréq. abs. littér. : 43 672. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 70 280; b) 65 524; xxes. : a) 66 594, b) 50 596. Bbg. Brüch 1913, p. 182. − Carofiglio (V.). Pour une sém. de père et de patrie chez Rousseau et Marat. Mots. 1982, no5, pp. 51-66. − Cohen 1946, p. 67. − Dauzat (A.). Notes étymol. Fr. mod. 1940, t. 8, p. 354. − Dubois (J.), Irigaray (L.). Les Struct. ling. de la parenté. Cah. Lexicol. 1966, t. 8, p. 50, pp. 52-54. − Franckel (J.-J.). Un Papa, c'est un monsieur qui a des enfants avec la maman. B.U.L.A.G. 1982, no9, pp. 5-14. − Gak (V. G.). On the problem of general semantic laws. Linguistics. La Haye, 1976, no182, p. 50. − Hagnauer (R.). L'Expr. écrite et orale. Paris, 1972, p. 264. − Hantrais (L.). Le Vocab. de Georges Brassens. 1. Paris, 1976, p. 105. − Hasselrot 1957, p. 295. − Kuznecon (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye, 1974, no125, p. 8. − Quem. DDL t. 18. − Spence (N. C. W.), Merk (G.). Encore l'évolution de père, mère et frère. R. Ling. rom. 1984, t. 48, pp. 323-339. − Thomas (A.). Nouv. Essais, 1904, p. 144.