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PENSEUR, -EUSE, subst. masc. et adj.
I. − Subst. masc.
A. − Celui qui réfléchit de manière profonde, soutenue, originale, à des problèmes généraux, occasionnellement ou dans le cadre de sa profession. Éminent, grand, illustre penseur; penseur engagé; penseur officiel d'un régime. Le XVIesiècle tout entier n'a pas produit un seul grand homme en philosophie, un vrai penseur, un philosophe original (Cousin, Fragm. philos., 1840, p.82).Tukachewsky, que Staline condamna à mort mais dont la mémoire est de nouveau honorée, a été l'un des penseurs militaires les plus originaux de la Russie soviétique (Billotte, Consid. strat., 1957, p.4009).V. exil ex. 5:
1. ... nous savons également ce que sont notre terre, notre sous-sol, notre empire, ce que nous valons, quand nous le voulons bien, comme agriculteurs, ouvriers, commerçants, techniciens, patrons, inventeurs, penseurs, pour peu que nous marchions ensemble, serrés en rangs fraternels, dans la discipline consentie d'un peuple fort. De Gaulle, Mém. guerre, 1959, p.309.
En empl. adj. C'est le dix-huitième siècle, s'écrie-t-on, qui est le siècle penseur par excellence (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.65).Monsieur de Bonald et (...) Monsieur de Maistre, ces deux aigles penseurs (Balzac, Illus. perdues, 1837, p.48).
B. − Celui qui réfléchit profondément. Grave penseur. L'auteur me paraît plutôt un sensitif, un rêveur, un musicien, qu'un penseur (Amiel, Journal, 1866, p.59).Il portait les tempes rasées, pour se faire un front de penseur (Flaub., Éduc. sent., t.1, 1869, p.202):
2. ... je veux dire tout ce que les méditations, au jour le jour, d'un septuagénaire qui a derrière lui une longue suite d'événements et d'expériences curieuses, comportent de vues personnelles sur la vie, les hommes, les idées, les institutions. (Encore ne dois-je guère m'illusionner sur la valeur de ces réflexions: je suis un piètre «penseur»...)... Martin du G., Souv. autobiogr., 1943, p.CCVIII.
Au fém., rare. [Équivalent de bel esprit, beau parleur] Il avait vu récemment une jeune femme de Neuchâtel, savante et bel esprit, et qui avait «la manie de s'afficher». Il crut avoir affaire à elle. Il répondit longuement, mais comme à une vaniteuse, à une belle penseuse (Guéhenno, Jean-Jacques, 1952, p.145).
Celle qui s'exprime par sentences. Georgette ne faisait pas de phrases. C'était une penseuse; elle parlait par apophtegmes. Elle était monosyllabique (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p.111).En empl. adj., avec une nuance péj. À propos du moribond qui continue d'agoniser et de refuser le prêtre, notre femme de ménage, tout à coup, se manifeste penseuse. Elle nous dit, avec un air de satisfaction, qu'il n'y a pas un mourant sur trente qui sente le besoin d'appeler un prêtre (Bloy, Journal, 1902, p.86).
II. − Adjectif
A. −
1. Synon. de préoccupé, songeur, pensif (v. ce mot A 1 a).Vous paraissez penseur et triste comme un amoureux (Borel, Champavert, 1833, p.173).Là-dessus, elles demeurèrent silencieuses, penseuses, rêveuses (Queneau, Zazie, 1959, p.190).
2. P. méton. [En parlant des traits d'une pers., de son expression ou de ses activités] Qui manifeste la méditation ou la préoccupation. Air penseur; front, yeux penseurs. Après deux ans passés dans la vie la plus heureuse, la plus sensuelle, la moins penseuse, la plus luxueuse, il se voyait face à face avec une inexorable misère, une impossibilité absolue d'avoir de l'argent (Balzac, Cabinet ant., 1839, p.88).Il déployait en tout une sorte de dignité qui venait sans doute de la conscience d'une vie occupée par quelque chose de grand et qui le rendait inabordable. Son regard était penseur. La méditation habitait sur son beau front noblement coupé (Balzac, Illus. perdues, 1839, p.225).
B. − Vieilli. Qui reflète la pensée. Dieu tout entier habite en ce marbre penseur (Chénier, Invention, 1794, p.6).
III. − Libre-penseur*, -euse.
REM.
Penseux, subst. masc.,région. Celui qui pense ou croit penser profondément. Nous autres, on est des penseux. On pense. Ça donne à rien de penser (Roy, Bonheur occas., 1945, p.75).
Prononc. et Orth.: [pɑ ̃soe:ʀ], fém. [-ø:z]. Att. ds Ac. dep.1762 (au masc.). Étymol. et Hist.1. Adj. fin xiies. [date du ms.] penseur «qui réfléchit» (Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, 8480, var. ms. A); 2. subst. xiiies. penseres «celui qui pense» (Bible ND, Ars. 3460, fo79 vods Gdf. Compl.); fin xives. penseur (Froissart, Chroniques, éd. G. Raynaud, II, § 107, t.9, p.175); 1762 «celui qui a des idées philosophiques profondes» (Ac.). Dér. de penser1*; suff. -eur2*. Fréq. abs. littér.: 1308. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1166, b) 2095; xxes.: a) 2290, b) 2067. Bbg. Gohin 1903, p.233, 242.