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PATAUGER, verbe intrans.
A. − Piétiner; marcher péniblement, avec difficulté
1. dans un endroit bourbeux, sur un sol détrempé par la pluie, la neige ou dans ce qui détrempe le sol. Synon. barboter, patouiller (fam.).Patauger dans la boue (gluante, grasse, ruisselante), dans la neige (boueuse); patauger dans les rizières. On a pataugé dans des champs marécageux; on s'est perdus dans des zones silencieuses où la vase nous saisissait par les pieds (Barbusse,Feu, 1916, p.225).Le soleil rayonne de la montagne et illumine ces terres aqueuses, où pataugent des troupeaux de buffles (Barrès,Pays Lev., t.2, 1923, p.25):
1. C'est ainsi que Dan Yack le vit s'éloigner pataugeant péniblement dans la glace spongieuse, franchissant maladroitement des fissures, zigzagant, contournant des icebergs, disparaissant derrière une bosse, s'engouffrant dans un long vallonnement blanc. Cendrars,Dan Yack, Plan de l'Aiguille, 1929, p.101.
Empl. abs. Patauger pesamment. [Ils] auraient eu avantage à se servir de bateaux, mais ils se contentent de traverser les gués en pataugeant (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.179).
2. dans un liquide généralement malpropre ou insolite ou encore dans une matière plus ou moins molle et, p.méton., dans la saleté, la pourriture. Patauger dans l'eau bourbeuse, la crotte, la fange, la pluie; patauger dans les flaques, les mares, les ruisseaux. Ainsi, cet homme [Louis Bonaparte] un beau matin (...) a empoigné le peuple dans la personne de ses représentants (...) il a fait patauger sa cavalerie dans le sang des vieillards et des femmes (Hugo,Nap. le Pt, 1852, p.131).Le lendemain il apprit qu'un petit engagement s'était livré en cet endroit, et que deux hommes avaient été tués. Sous l'impression de l'effroi et de la nuit il s'était imaginé patauger dans une bouillie sanglante quand il marchait dans une terre détrempée (Tharaud,Dingley, 1906, p.80).
P. anal. et p.métaph. [À table, en parlant de sauce, de jus, de crème] Il jette sa serviette au milieu du dîner, il s'en va comme un hébété, après avoir pataugé dans son assiette (Zola,Conquête Plassans, 1874, p.1122).Ils commandèrent (...) des glaces et des sardines, et puis des steaks, des frites, des huîtres et encore des glaces (...) pataugeant à pleine bouche dans l'huile et dans la crème (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.29).Les moules servies, Zazie se jette dessus, plonge dans la sauce, patauge dans le jus (Queneau,Zazie, 1959, p.66).
P. exagér. [Notamment chez Giono] Faire le bruit que fait l'eau quand on y patauge. Ces places d'où les marécages étaient encore en train de se retirer gauchement en pataugeant à droite et à gauche, avec leur gros ventres gras tout hérissés de joncs (Giono,Batailles dans mont., 1937, p.334).La route tourna au bord d'un vallon étroit au fond duquel pataugeait le torrent (Giono,Eau vive, 1943, p.110).
B. − P. ext.
1. [Notamment en parlant des enfants] Remuer, barboter dans l'eau en essayant d'y nager. Oh! dit Estelle, toute petite j'ai pataugé (...). L'eau me connaît bien. Nous sommes de vieilles amies (Zola,Coquill. M. Chabre, 1884, p.264).
2. Marcher dehors par temps de pluie ou de neige. Patauger dans les chemins, les rues. J'ai pataugé dans Rouen, sous la pluie, pendant une heure, avec un paquet de bouquins sur le bras, sans pouvoir trouver de fiacre (Flaub.,Corresp., 1879, p.182).
[P. méton.] Ils entendaient, anéantis, la rumeur du dimanche parisien pataugeant dans la rue (A. Daudet,Sapho, 1884, p.163).
C. − Au fig., fam. [P. allus. à la difficulté, à la peine, voire à la crainte que l'on éprouve en se frayant un chemin dans un endroit peu sûr, bourbeux, malsain] Ne pas parvenir à se tirer d'un mauvais pas, à se sortir d'une difficulté, à résoudre un problème, à exprimer clairement sa pensée. Synon. se perdre, nager (fam.), vasouiller (fam.).Patauger dans la détresse, la misère, les difficultés; patauger en pleine barbarie, médiocrité; patauger dans l'inconnu, les suppositions. Le pauvre homme pataugeait dans sa confidence. Il se tamponna le front (Gide,Faux-monn., 1925, p.116).Invités [interprètes] à prêter serment, ils répètent stupidement: «Dis: je le jure», aux grands rires de l'auditoire. Et lorsqu'ils transmettent les dépositions des témoins, on patauge dans l'à-peu-près (Gide,Voy. Congo, 1927, p.693).Il bafouillait, lui aussi, quelques mots, pataugeait dans une réponse qui avait évidemment pour but de rasséréner Maman Sou (Arnoux,Solde, 1958, p.59):
2. Tant qu'on ne s'inclinera pas devant les mandarins, tant que l'Académie des sciences ne sera pas le remplaçant du pape, la politique tout entière et la société, jusque dans ses racines, ne sera qu'un ramassis de blagues écoeurantes. Nous pataugeons dans l'arrière-faix de la Révolution, qui a été un avortement, une chose ratée, un four, «quoi qu'on dise». Flaub.,Corresp., 1871, p.281.
[Le suj. est un inanimé abstr., ici le siècle où l'on vit, le destin d'un homme] Dans la corruption notre siècle patauge (Pommier,Colères, 1844, p.55).Pas facile à jauger, ce lascar! Carmélie, Thiroine (...) Oui, voilà deux types dont le destin patauge dans la même ornière, où s'enlisent l'aisance de l'un, la misère de l'autre (H. Bazin,Lève-toi, 1952, p.70).
Empl. abs. Avoir du mal à se tirer d'affaire; bredouiller, tâtonner; s'enliser. Vous pataugez lamentablement! Les novices procèdent à cette opération capitale avec (...) une lenteur et des efforts qui excitent chez les personnes expérimentées (...) le sourire ou la compassion. Ceux qui sourient en voyant les novices patauger (...), se disent qu'eux-mêmes ont passé jadis par des épreuves analogues (Langlois, Seignobos,Introd. ét. hist., 1898, p.16).Ses amis connaissant de longue date le fatal dégonflage du géant et du paresseux, ne s'étaient pas dérangés [pour sa conférence] (...) et le pauvre Arthur pataugeait, pataugeait, se sentant mal à l'aise, pas soutenu, intimidé malgré ses forfanteries, ses loufoqueries (Cendrars,Lotiss. ciel, 1949, p.228):
3. C'étaient toutes nuances et finesses où je n'y voyais goutte moi-même, et il est fort difficile de rendre clair par les mots ce qui est obscur encore dans votre pensée. J'ai esquissé, gâché, pataugé, tâtonné. Je m'y retrouverai peut-être maintenant. Oh! quelle polissonne de chose que le style! Flaub.,Corresp., 1852, p.361.
Empl. part. prés. à valeur adj. Qui patauge. Ce trimardeur avait le front de prétendre au crachoir, de se mêler aux discussions d'une académie pataugeante (Arnoux,Rhône, 1944, p.408).
REM. 1.
Pataugas, subst. masc. plur.,[P. réf. au nom de marque] Chaussures de marche particulièrement souples et à semelles épaisses. Servier veut chausser ses hommes de pataugas, bien connus des fellaghas mais pas encore de l'intendance militaire qui en est encore aux godillots des stocks de 40! (Y. Courrière,La Guerre d'Algérie, L'Heure des colonels, Paris, Fayard, 1970, p.37).Ils sautent. De chaque camion un homme tous les dix mètres. En souplesse sur leurs pataugas (P. Bonnecarrère,La Guerre cruelle, Paris, Fayard, 1972, p.114).
2.
Pataugeoire, subst. fém.[Corresp. à patauger B 1] Bassin de faible profondeur, spécialement conçu pour le bain des enfants. Pataugeoire pour enfants. Des enfants qu'on a mis à rafraîchir dans la pataugeoire (M. Bernard,Sarcellopolis, 1964ds Gilb. 1980).
Prononc. et Orth.: [patoʒe], (il) patauge [-to:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1653-55 «marcher sur un terrain boueux, détrempé» (Cyrano de Bergerac, L'Autre Monde. Les États et Empires du Soleil, éd. F. Lachèvre, Paris, 1933, p.148: des crapauds qui pataugeoient dans la vase); 2. 1738 fig. (Voltaire, Lettre à Helvétius, 11 sept. ds OEuvres complètes, Paris, Garnier, t.34, 1880, p.576: le diable de Milton pataugeant dans le chaos). Dér. de patte* au moyen d'un suff. -auger d'orig. obsc. Bl.-W., s.v. patte voit dans patauger une var. dial. de patouiller*. Fréq. abs. littér.: 252. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 87, b) 625; xxes.: a) 493, b) 360.
DÉR. 1.
Pataugeur, -euse, adj. et subst.a) Rare. [Corresp. à supra A et B, en parlant d'un être animé] (Celui, celle) qui patauge. Dans les flaques du bord, des enfants pataugeurs capturaient un fretin brillant qu'ils jetaient dans des seaux pleins d'eau claire (Gide,Immor., 1902, p.412).C'est ma mère qui (...) essuyait les pattes du chien pataugeur (Colette,Sido, 1929, p.98).[P. méton.] Le murmure de Volpatte reprit dans le fatras du déambulement et les remous des pas pataugeurs (Barbusse,Feu, 1916, p.127).b) Théâtre. [Corresp. à supra C] ,,Acteur qui n'apprend pas ou qui apprend mal ses rôles, ce qui fait que −ne sachant jamais au juste quand il doit parler, il coupe souvent les répliques de ses partenaires, ou parle en même temps qu'eux (...) à tort et à travers`` (Genin, Lang. planches, 1911, p.53). [patoʒoe:ʀ]. 1resattest. a) 1892 subst. «qui perd le fil de son discours» (Guérin), b) 1902 adj. «qui patauge» (Gide, loc. cit.), 1906 subst. (Pt Lar.); de patauger, suff. -eur2*.
2.
Pataugis, subst. masc.,rare, au propre et au fig. a) Le fait de patauger; confusion extrême, embrouillamini. Dans cette liberté qui nous était tout à coup offerte, de nous exprimer directement, naïvement, nous flottions comme des collégiens dans des capotes trop grandes. Ce fut un beau pataugis. Les questions les plus oiseuses furent posées, sur un rythme pénible, essouflé, au travers desquelles des assistants auraient eu beaucoup de peine à reconnaître les intellectuels éminents que nous devions être (J.-R. Bloch, Moscou-Paris, Paris, 1947, p.93).b) ,,Matière molle dans laquelle on patauge`` (Diot, Pat. briard, 1930, p.84). [patoʒi]. 1resattest. a) 1930 dial. «matière molle dans laquelle on patauge» id., b) 1947 fig. «fait de patauger» (J.-R. Bloch, loc. cit.); de patauger, suff. -is*.