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PATARIN, subst. masc.
HIST. RELIG. Membre d'une secte de chrétiens hérétiques dualistes de l'Italie du Nord, aux xiie-xiiies., héritiers du manichéisme. Un valet: Monseigneur, un de ces moines noirs et blancs qui brûlent les patarins s'avance pour parler à Votre Altesse (Renan, Drames philos., Caliban, 1878, IV, 4, p.426).La Baronne, avec rage: C'est trop fort. Ah! prêtres, cardinaux, papes, vous me le payerez! Ma foi, vivent les patarins! Pauvres gens! Étais-je assez folle de tant me donner de peine pour les faire brûler? (Renan, Drames philos., Eau jouvence, 1881, I, 2, p.449).
[Empl. comme terme d'injure] Hérétique. Aoh! hurla du haut de la plate-forme le grognard de la troupe en levant ses poings énormes au ciel, lâche, cafard, polisson, fourbe, patarin (Cladel, Ompdrailles, 1879, p.74).
REM.
Patérin, subst. masc.Hérétique. [Ces hérétiques ne priaient qu'avec la prière du Pater] À partir de ce moment [1255], persécutions sans nombre dans Paris; (...) en 1375, contre les turlupins; puis contre les jureurs, les patérins et les réformateurs (Hugo, Paris, 1867, p.27).
Prononc. et Orth.: [pataʀ ε ̃]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist.1. Ca 1280 patelin [var. palatin, patarin] «hérétique» (Livre au roi ds Assises de Jérusalem, éd. A. Beugnot, t.1, p.620); 2emoitié xiiies. Paterins (Assisae mss. Siculae Caroli I Regis, cap. 1 ds Du Cange, s.v. Paterinus); 2. 1732 Paterin «au xies., membre d'une association de chrétiens de Milan qui luttaient contre la simonie et le mariage des prêtres» (Trév.). Du lat. médiév. patarini (av. 1080, Arnulfus de Milan ds Du Cange, loc. cit.), paterini (fin xies., Bonizo de Sutri ds Blaise Latin. Med. Aev. et Théol. cath. t.11, s.v. Patarins) «membres de la Pataria, mouvement religieux de la 2emoitié du xies. à Milan, qui luttait contre les vices du clergé de l'époque, en partic. le mariage des prêtres et la simonie». P. ext., le mot a été appliqué, à partir du xiies. à diverses hérésies (Pathareni «bogomiles» fin xiies., Huges Éthérien ds Encyclop. Univ. t.19; «cathares» 1179 au Concile de Latran, ibid. et ds Théol. cath. t.11; patareni «vaudois» 1254 ds Du Cange). L'orig. du mot patarinus n'est pas bien assurée. L'hyp. la plus vraisemblable semble celle d'une dér. de l'ital. Pattaria, nom d'un quartier pauvre de Milan où a pris naissance le mouvement des Patarins, et qui signifie «quartier des fripiers» (Du Cange, Littré, Gde Encyclop.). Pattaria est dér. du milanais patee «fripier» (corresp. à l'a. ital. pattière) et celui-ci de pata «chiffon, guenille, haillon» (Du Cange, s.v. Pataria, DEI, s.v. pattière), qui correspond au fr. dial. et région. patte «chiffon» (cf. patte2). P. ext., pataria a également désigné le mouvement des Patarins de Milan (Du Cange, s.v. Patarea, Théol. cath. t.11, Blaise Latin. Med. Aev., Encyclop. Univ. t.19). Une autre hyp., suggérée par une glose de Bonizo de Sutri (xies.), permettrait de rattacher patarin directement à l'ital. pata «guenille, haillon» mentionné ci-dessus (Théol. cath. t.11: «Le nom de patarin avait été donné aux zélotes milanais par leurs adversaires, comme une appellation injurieuse: eis paupertatem improperantes, Paterinos, id est pannosos vocabant, dit Bonizo de Sutri») [pannosos = «déguenillés, haillonneux»]. Mais il s'agit prob. ici d'une étymol. pop. Selon DEI, s.v. paterini, le nom de patarin serait peut-être dér. du nom de la ville de Patara en Asie Mineure, la connexion avec la Pattaria (quartier des fripiers) de Milan semblant secondaire.