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PASSIF, -IVE, adj. et subst. masc.
A. − PHILOS. et dans la lang. usuelle, vieilli. Qui a pour caractère de subir une action, d'éprouver une impression, sans agir soi-même. Anton. actif, agissant.
1. [En parlant d'une pers. ou, p.méton., d'un élément de son caractère ou de son comportement] Intellect passif; faculté, habitude, impression passive. Une autre opinion de Locke (...), savoir, que l'esprit est passif dans l'acquisition des idées simples, et actif dans celle des idées complexes (Cousin,Hist. philos. XVIIIes.,t.2, 1829, p.291).Tandis que dans la sensibilité je suis passif, dans l'attention je déploie une activité qui m'est propre (Cousin,Philos. Kant,1857, p.336):
1. La volonté est donc active par elle-même; elle se détermine; l'effet ou sujet est passif [it. ds le texte], il est déterminé; les organes sont passifs et actifs à la fois; passifs, à l'égard de la volonté qui détermine leur action... Bonald,Législ. primit.,t.1, 1802, p.260.
PSYCHOL., CARACTÉROL. Anton. de actif.Certains tempéraments passifs ne recherchent dans la collaboration qu'à se décharger soit de l'initiative, soit de la peine (Mounier,Traité caract.,1946, p.521).V. actif ex. 17.
Empl. subst. masc. Ceux qui conquièrent, qui commandent, et qui combattent, se nourrissent surtout de viandes et de boissons fermentées, tandis que les pacifiques, les faibles, les passifs se contentent de lait, de légumes, de fruits et de céréales (Carrel,L'Homme,1935, p.101).
2. [En parlant d'une chose] Corps, état, phénomène, principe passif; fonction, qualité passive. La Nature, puissance passive, toute de fatalité, inspire le paysage, la représentation des formes humaines en tant que formes (Barlet, Lejay,Art de demain,1897, p.111).V. actif ex. 12, 13, 14:
2. ... [chez Maine de Biran] la vue a ceci de remarquable que les impressions passives y sont très peu affectives; l'effort y est presque nul (...) la perception simple ou objective atteint son maximum de pureté quand l'affection tend vers zéro et quand l'effort est presque nul. Ricoeur,Philos. volonté,1949, p.317.
B. −
1. [En parlant d'une pers.] Qui se contente de subir les événements, de suivre les impulsions extérieures, qui ne fait preuve d'aucune initiative; qui n'accomplit aucune action personnelle; qui manque d'énergie. Anton. actif.Enfant, sujet passif; élève passif en classe; pays, peuple passif; population passive; passif et résigné; passif et soumis; se tenir passif. Elle acceptait d'être passive, spectatrice d'une souffrance qu'elle savait en gros, dont elle n'aimait pas deviner le détail (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.504).L'homme (...) crée moins. Il s'est transformé en un consommateur passif qui absorbe des produits culturels standardisés de plus en plus médiocres et vulgaires (Dumazedier, Ripert,Loisir et cult.,1966, p.47):
3. [La Biologie] inclinerait à faire du vivant le témoin passif et impuissant de transformations qu'il subit sans en être responsable, et sans pouvoir les influencer. Teilhard de Ch.,Phénom. hum.,1955, p.249.
[P. méton.] Intelligence passive; rôle passif. Mes approbateurs n'oseraient sans doute pas me soutenir dans cette circonstance, leur secours devait être purement passif (Balzac,Méd. camp.,1833, p.26).Cette attitude passive flattait sa paresse. Élisabeth bouillait sous cape (Cocteau,Enfants,1929, p.65):
4. La machine remplace l'homme mais elle lui permet d'être libéré de travaux purement passifs pour s'attacher à des travaux où le libre choix, la responsabilité et la valeur personnelle sont irremplaçables. Univers écon. et soc.,1960, p.52-8.
Obéissance passive. Obéissance pure et simple, qui s'exerce sans objection à l'ordre donné. L'auteur y déplore l'obéissance passive du soldat et l'asservissement des volontés à la règle (A. France,Vie littér.,1888, p.81).L'obéissance passive n'est jamais l'abaissement d'un homme devant un autre homme. C'est l'effacement volontaire d'un individu devant une fonction (Maurois,Dialog. commandement,1924, p.54).
2. Citoyens passifs (hist.). V. citoyen A 1 b.Défense passive. V. défense1A 2.Résistance* passive. Sécurité* passive.
C. − Spécialement
1.
a) LING., GRAMM. [En parlant d'une forme verbale] Qui présente l'action comme étant subie par le sujet grammatical au lieu d'être faite par lui. Anton. actif.Conjugaison, forme, voix passive. L'autre à grand labeur apprend la vérité, Sur les verbes tant actifs que passifs (Claudel,Feuilles Saints,1925, p.608).Le rhéteur ne connaît que le tropos, le trope lui-même, c'est-à-dire, au participe passé passif, dictio translata, l'expression toute tournée, déjà transférée (Jankél.,Je-ne-sais-quoi,1957, p.10).V. actif ex. 38, 40:
5. Ce qui est «agi» (...) c'est la transformation même de mon environnement, c'est le factum réciproque du facere, le «fait» comme parfait passif, le «étant fait par moi», le pragma. Ricoeur,Philos. volonté,1949p.196.
Sens passif
Empl. pronominal* à sens passif.
Adjectif ou substantif à sens passif. Adjectif ou substantif équivalant à une forme verbale passive. Appendice et factice ont un sens passif (W. Zwanenburg,Productivité morphol. et empr., Amsterdam/Philadelphia, J. Benjamin,1983,p.181).
GRAMM. GÉNÉRATIVE. Transformation* passive.
Subst. masc. Le passif. Anton. l'actif.
L'ensemble des formes verbales passives. Passif d'un verbe; conjuguer, mettre un verbe au passif; verbe qui n'a pas de passif; désinences du passif en grec ancien, en latin; les temps du passif; verbe pronominal à valeur de passif, à sens passif.
La forme passive d'un verbe. Un lycéen (...) muait les sujets en attributs et l'actif au passif (M. Bloch, Apol. pour hist.,1944, p.56).
Passif grammatical. Il faut (...) distinguer le passif réel et le passif grammatical. Le premier est celui de l'action subie, par opposition à l'action faite (...). Le passif grammatical, −celui qui s'énonce par la voix passive, −est non le seul, mais le principal dont la syntaxe ait à s'occuper (Le Bidois1967, p.47).
Passif impersonnel, impersonnel passif. Il faut éviter l'impersonnel passif cher à l'administration qui aime le prudent anonymat et même à certains conférenciers: il a été décidé. Ces formes se justifient cependant quand il n'y a pas intérêt à savoir qui a fait l'action et qu'elle peut rester anonyme: Il fut donné (à Cromwell) de tromper les peuples (R. Georgin, 29, p.14 ds Dupré 1972).Des verbes transitifs, intransitifs, pronominaux se prêtent à un impersonnel passif: Il est arrivé du renfort (cf.: Du renfort est arrivé). Il se débite bien des sottises (cf.: Bien des sottises se débitent). Il est rappelé au public que... (cf.: L'administration rappelle...) (Grev.1975, p.603).
b) LEXICOL. Vocabulaire* passif.
2. DR. COMM., COMPTAB. Qui est dû. Anton. actif.Dette passive (v. actif I C 7).
Empl. subst. masc. ,,Ensemble des dettes et charges, évaluables en argent, qui grèvent un patrimoine ou une universalité juridique`` (Cap. 1936); total des dettes passives, figurant sur la colonne de droite d'un bilan. Synon. débit, doit; anton. actif, avoir2.Actif et passif d'une succession, d'un patrimoine; comparer l'actif et le passif; passif qui excède l'actif; passif exigible; passif réel; passif fictif. Notre père avait laissé un passif qui dépassait de beaucoup la valeur de notre maison paternelle (Renan,Ma soeur,1862, p.24).V. actif ex. 56, 59:
6. Au bout d'un mois, la liquidation du passif de la maison Nucingen était opérée, sans autres procédés que les lettres par lesquelles chacun demandait l'emploi de son argent en valeurs désignées... Balzac,Mais. Nucingen,1838, p.648.
Au fig. Aspect négatif d'une entreprise; ensemble des actes personnels d'une vie, des faits vécus, considérés comme négatifs. Colonne du passif; avoir qqc. à son passif; mettre qqc. au passif de qqn; lourd passif. Dans le mystérieux bilan de ce Jean Valjean que Marius pensif dressait, il constatait l'actif, il constatait le passif, et il tâchait d'arriver à une balance (Hugo,Misér.,t.2, 1862, p.677).Ces quelques semaines heureuses, rapides, la bénignité des jours, la brièveté des fraîches nuits, cela a donc suffi pour porter à mon passif un an de plus? (Colette,Belles sais.,1945, p.35).V. actif ex. 60.
3. CHIM. [En parlant de certains métaux oxydables] Doué de passivité, rendu inattaquable par les acides nitriques après traitement par l'acide nitrique à une concentration différente. Fer passif. Si on le touche [le bismuth] avec une lame de platine, il devient passif (Wurtz,Dict.chim.,t.1, vol. 1, 1869, p.606).
4. PHYS. Propre à recevoir l'impression d'un agent physique ou qui est travaillé par cet agent. Principe passif; qualité passive; état passif (synon. passivité). [Dans l'horloge] pour combattre les résistances passives (...), on emprunte à la force du rouage (...) l'énergie d'une impulsion réparatrice (Andrade,Horlog.,1924, p.58).
ÉLECTR. Qui est dépourvu d'énergie électrique. Circuit passif. Électrode passive (Méd. Biol. t.2 1971). Dipôle passif (Sarm. Phys. 1978). Résonateur. −L'appareil est passif; sa résonance est excitée par un oscillateur auxiliaire de mesure (Decaux,Mesure temps,1959, p.96).
5. MÉDECINE
a) PATHOL. ,,Se dit d'un phénomène ou d'un processus qui est le résultat indirect, secondaire, d'une cause agissante. Ex. congestion passive`` (Méd. Biol. t.3 1972; v. aussi congestion syntagmes).
b) PHYSIOL. [En parlant d'un mouvement] Qui n'est pas volontaire, mais qui est provoqué par autrui. Mouvement passif, tremblement de repos passif (Méd. Biol. t.2 1971). La méthode de massage dans les fractures (...) comprend (...) l'ensemble des mouvements actifs et passifs des articulations voisines de la fracture (Judet,Fractures membres,1948, p.18).
c) PSYCHOL. [En parlant du comportement sexuel] Homosexualité passive ou hétérosexualité féminine (Rycr.1972).
6. THÉOL. Qui se manifeste sous forme de contemplation mystique où sont suspendues toutes activités émotionnelles pour laisser agir entièrement sur l'âme la grâce, l'action divine dans l'âme. État passif; oraison passive. L'Esprit Saint agira par une effusion en nous; il nous transmuera, nous rénovera l'âme, par une sorte de purgation passive, pour parler la langue théologique (Huysmans,Là-bas,t.2, 1891, p.195).Les uns imitent le Christ, les autres s'exposent (...) à Lui, opèrent, se meuvent en Lui. Ascèse à demi-passive, où l'activité humaine n'a pas d'autre rôle que de «se joindre» à l'activité divine et de s'effacer devant elle (Bremond,Hist. sent. relig.,t.3, 1921, p.150).
Âme passive. Âme se trouvant dans cette forme d'union mystique. (Dict.xixeet xxes.).
REM. 1.
Passivisme, subst. masc.a) Rare. Attitude ou forme de pensée tendant à systématiser la passivité, l'anéantissement de la volonté. Toutes ces lâchetés ont un but: l'immense soulagement d'abdiquer toute activité, le nirvana du passivisme; un désintéressement complet de la dignité de la vie, le pliage définitif du respect humain; en un mot, l'hypocrite prétexte que veut le lâche pour se déclarer irresponsable (Péladan,Vice supr.,1884, p.48).b) Psychanal. Synon. de masochisme (v. ce mot B). (Ds Porot 1960, 1975).c) Pol. ,,Position opposée à l'activisme (s'est dit en particulier d'un mouvement flamingant)`` (Rob. 1985).
2.
Passiviste, adj.Qui relève du passivisme. Une conception dangereusement passiviste de la création littéraire, selon laquelle l'oeuvre serait le lieu du déchaînement des obsessions de l'auteur (R. Picard, Nouv. critique ou nouv. imposture,1965, p.142 ds Quem. DDL t.7).
Prononc. et Orth.: [pasif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. Ca 1225 «qui subit» (Gautier de Coinci, Mir. Vierge, éd. V. F. Koenig, I Mir 11, 1276); spéc. xives. gramm. subst. (Extrait ms. S. G. 1460 ds Thurot, p.185); 1550 adj. (Meigret, Traité, éd. W. Foerster, p.83); 1495 fin. adj. (Extrait des coutumes de Sens, 58 ds Z. fr. Spr. Lit. t.67, p.34); 1775 subst. (Beaumarchais, Mém., II, 86); 2. ca 1480 «qui n'agit point, ne prend pas une part active à quelque chose» (Le roi René, Mortifiement de vaine plaisance ds OEuvres compl., éd. de Quatrebarbes, t.4, p.14); 1751 obéissance passive (Voltaire, Siècle de Louis XIV ds OEuvres hist., éd. R. Pomeau, p.871). Empr. au lat. eccl. passivus «susceptible de subir, souffrir» att. dès le iies. en ce sens chez Apulée, et comme terme de gramm. dès le ives., formé sur passus, v. passible. Fréq. abs. littér.: 1058. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1794, b) 1119; xxes.: a) 947, b) 1799. Bbg. Blanche-Benveniste (Cl.). À quoi se réduit ce qu'on appelle «passif» en fr. Leuvense bijdragen. 1978, t.67, no2, pp.147-162. _ Bondy (L.). Déf. d'abord, nomenclature ensuite. Fr. mod. 1960, t.28, pp.125-141. _ Dubois (J.). Gramm. struct. du fr.: le verbe. Paris, 1967, pp.80-131. _ Dubois (J.), Dubois-Charlier (F.). Le Passif. Journal de psychol. normale et pathol. 1973, t.70, pp.31-55. _ Hupet (M.), Costermans (J.). Des Fonctions sém. du passif. Cah. Inst. Ling. Louvain. 1973-74, t.2, no4/5, pp.211-243; Un Passif: pour quoi faire?... Linguistique. Paris. 1976, t.12, no2, pp.3-26. _ Leduc-Adine (J.-P.). Actif et passif des manuels. Langue fr. 1977, no33, pp.90-101. _ Le Goffic (P.). Ling. et enseign. des lang.: à propos du passif en fr. Lang. fr. 1970, no8, pp.78-89. _ Vernay (H.). Syntaxe et Sém. Tübingen, 1980, pp.41-46, 116-126.