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PARIA, subst. masc.
A. − SOCIOL., RELIG. [Dans la civilisation traditionnelle des Indes] Individu n'appartenant à aucune caste, considéré comme un être impur dont le contact est une souillure et rejeté de ce fait par l'ensemble de la société. Synon. intouchable.Les castes inférieures [dans l'Inde], les parias, sont des êtres vils par nature; ils sont la chose des castes supérieures, dont les membres ont seuls conscience de la dignité de la personne (Cousin, Hist. philos. mod., t.3, 1847, p.321).Brahmes affinés et superbes, dédaigneux des costumes et des parures, vont moins vêtus encore que les hommes de moyenne caste ou que les parias (Loti, Inde sans Angl., 1903, p.65):
1. Ces hommes fondent des hospices pour des éperviers, des serpens, des rats; et ils ont en horreur leurs semblables! Ils se purifient avec la fiente et l'urine de la vache; et ils se croient souillés du contact d'un homme! Ils portent un rézeau sur la bouche, de peur d'avaler, dans une mouche, une ame en souffrance; et ils laissent mourir de faim un paria! Volney, Ruines, 1791, p.154.
B. − P. anal. Personne méprisée, mise au ban de la collectivité. Synon. exclu, réprouvé.Traiter qqn en paria. Que fait M. Bonaparte? Il persécute et étouffe partout l'enseignement. Il y a un paria dans notre France d'aujourd'hui, c'est le maître d'école (Hugo, Nap. le Pt, 1852, p.61).Ces enfants du premier lit sont toujours des parias (A. Daudet, Jack, t.1, 1876, p.263):
2. Quand un élève interne, dans un lycée, est gouverné, pendant des années, qui sont des siècles, du matin jusqu'au soir et du soir jusqu'au lendemain, par un paria de la civilisation, qui a constamment les yeux sur lui, il sent les flots tumultueux d'une haine vivace, monter comme une épaisse fumée, à son cerveau, qui lui paraît près d'éclater. Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p.152.
En paria.À l'écart. Vivre en paria. Cette galerie (...) était une façon de trait d'union reliant les différents services avec la Comptabilité, reléguée, celle-ci, en paria, à l'autre bout de la maison, sans qu'il fût possible de comprendre pourquoi (Courteline, Ronds-de-Cuir, 1893, 5etabl., III, p.190).
P. métaph. Le crapaud est-il assez souvent là-bas [au Japon] reproduit, en ivoire, en bronze, en porcelaine? Pourquoi cette affinité de l'homme de l'Extrême-Orient pour le paria des animaux ? (E. de Goncourt, Mais. artiste, t.2, 1881, p.217).
Rem. Dans ce sens, paria peut être fém., empl. rare. J'étais restée anéantie. Paria dans mon pays, j'avais cru qu'en mettant entre la France et moi l'immensité des mers je pourrais recouvrer une ombre de liberté. Impossible! Dans le Nouveau-Monde j'étais encore paria comme dans l'autre (Fl. Tristan, Les Pérégrinations d'une paria, Paris, éd. Maspéro, 1979 [1838], p.77).
Prononc. et Orth.: [paʀja]. Att. ds Ac. dep. 1835. Plur. des parias. Étymol. et Hist. 1. 1575 Pareaz «homme hors caste aux Indes» (Belleforest, La Cosmographie universelle [trad. de la version ital. d'un ouvrage port.], II, col. 1657 ds Arv., p.396); 1655 [éd.] Paria (Pelleprat, Relation des missions, 2epart., p.108); 2. 1824 fig. «personne méprisée, écartée d'un groupe ou exclue de la société» (Scribe, Le Coiffeur et le Perruquier, p.29 ds Fr. mod. t.17, 1949, p.298). Empr., par l'intermédiaire du port. paria (1607 ds Dalg.), au tamoul parayan (plur. paraiyar), proprement «joueur de tambour» puis «homme de la dernière caste», prob. en raison d'une confusion (due aux Européens) avec le tamoul pulliyar «homme de la dernière caste», v. Arv., pp.395-396, Dalg. et König. Le sens 2 peut s'expliquer par le fait que paria s'est répandu, dans les milieux bourgeois, grâce au succès de la tragédie de C. Delavigne (1821, Le Paria), où le mot n'apparaît qu'avec le sens de «individu hors caste» (acte I, scène 1, p.4, p.5 et 9; acte IV, scène 4, p.84 et scène 5, p.89). Fréq. abs. littér.: 191. Bbg. Arv. 1963, pp.395-396. _Dub. Pol. 1962, p.364. _Dufrenoy (M.-L.). Le Robert et le vocab. exotique. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. Québec, 1976, t.2, pp.36-37. _Vardar Soc. pol. 1973 [1970], p.280.