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PAREIL, -EILLE, adj., subst. et adv.
I. − Adjectif
A. − Qui présente une identité ou une ressemblance plus ou moins totale.
1. [Pour introd. une compar. implicite] Semblable (à une autre personne ou une autre chose) par l'aspect, la grandeur, la nature, la valeur ou tout autre point de vue considéré. Synon. identique, même, semblable, similaire.Ce fauteuil, c'était un cadeau du fils pour la mère quand elle serait vieille (...). Et l'on brûlait le bois, et on gardait pieusement l'étoffe. Plus tard, peut-être pourrait-on refaire un fauteuil pareil (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.335).Il se trouvait laid depuis qu'il avait constaté qu'il avait un oeil plus petit que l'autre, et le visage pas pareil des deux côtés (Aragon,Beaux quart., 1936, p.84):
1. Pour exciter le jeune héros à la défense de son pays, il appelle toutes les passions, touche toutes les cordes du coeur. Ce fut sans doute un pareil chant qui ramena une troisième fois à la charge les Lacédémoniens vaincus, et leur fit conquérir la victoire, en dépit de la destinée. Chateaubr.,Essai Révol., t.1, 1797, p.148.
Expr. À pareil jour, à pareille heure (qu'aujourd'hui, que demain, etc.). Le même jour, à la même heure. À pareil jour que demain, je partis, je dis adieu, pour toujours apparemment, à Saint-Martin; mais que j'étais loin de penser que le maître du lieu en sortirait aussi bientôt! (E. de Guérin,Lettres, 1841, p.446):
2. À cinq heures du soir (...) nous nous trouvâmes tous réunis au bord du lac; et cela le 14 juillet 1788. On sait que l'année suivante la Bastille fut prise à pareil jour, à pareille heure; de sorte que le reste de notre voyage correspond à l'époque la plus fameuse de notre histoire. Dusaulx,Voy. Barège, t.1, 1796, p.199.
Loc. adv. C'est (absolument, exactement, toujours, tout) pareil. C'est (absolument, exactement, toujours, tout à fait) la même chose. Aujourd'hui, ça n'est pas pareil. Merci pour Verhaeren. Tu as touché du premier coup le défaut de la cuirasse. Manque de variété. C'est tout pareil. Quand on en a lu un, on en a lu mille (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1905, p.138).−Eh bien, et toi? fit-il. Qu'est-ce que tu deviens? (...): −Toujours pareil... je travaille; mais la littérature, c'est terriblement difficile... (Martin du G.,Devenir, 1909, p.166):
3. −Tra la la la!... se corriger!... répétait la vieille mère, en prenant son air mauvais. Tra la la la, ma fille!... se corriger!... c'est la tête de son père, c'est la même chose, c'est tout pareil, et vous n'avez pas fini d'en voir avec lui; moi, je vous le dis. Loti,Mon frère Yves, 1883, p.255.
2. [Pour introd. une compar. explicite] Pareil à.Comparable, semblable à une autre personne, ou à une autre chose. Le désir des choses défendues, pareil à une hirondelle infatigable, volerait toujours au-dessus de leurs têtes sans jamais y poser son aile (Theuriet,Mais. deux barbeaux, 1879, p.98).J'affectai en tous lieux d'être pareil aux autres, et je ne m'interrompis jamais de les dédaigner secrètement (Barrès,Homme libre, 1889, p.12).À travers cette brume le soleil monte pareil à une grenade (Giono,Colline, 1929, p.64).
Rem. Dans la lang. correcte, pareil n'admet que la prép. à comme corrélatif; dans la lang. pop., en partic. dans la lang. parlée, on rencontre le tour pareil que: Chez lui c'est pareil que chez moi.
Expr. littér. À nul(le) autre pareil(le) ou (vieilli) non pareil(le). Sans égal, incomparable. Le chevalier incomparable et son non pareil écuyer (A. France,Bonnard, 1881, p.379).Je rêvais d'une tragédie à l'antique qui se déroulerait (...) dans ce décor non pareil: Stamboul et le Bosphore (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.47):
4. Une des ambitions les plus amusantes chez des gens peuple (...) c'est de faire une femme du monde quelconque. Cette conquête est pour leur vanité de démocrate un chatouillement à nul autre pareil... Goncourt,Journal, 1890, p.1167.
B. − [En parlant d'une pers.] (Demeurer, être, rester) pareil (à soi-même). (Rester) inchangé, en dépit de l'évolution temporelle. Il tapota ma joue après m'avoir donné l'absolution, pour me calmer. J'entends le ton de sa voix devenue douce et me disant: «Puisses-tu rester toujours pareil!...» (Bourget,Disciple, 1889, p.86).Notre regard, borné à un petit nombre de siècles, peut reconnaître dans le passé l'homme toujours pareil à lui-même, admirer qu'il n'ait point changé depuis le temps des pharaons (Gide,Nouv. Nourr., 1935, p.291):
5. ... les yeux de M. Baslèvre parcoururent la chevelure et la barbe de Gustave (...). −Tu es vraiment changé, −achevat-il, peut-être pour dire quelque chose. Gustave eut un mouvement d'épaules indifférent: −Si tu te figures que tu es resté pareil!... Estaunié,Ascension M. Baslèvre, 1919, p.12.
C. − [Avec une valeur dém.] De cette nature, de cette sorte.
1. [Pour marquer la ressemblance, la similitude] Synon. de tel(le).En un pareil moment; en une pareille circonstance, occasion; rien de pareil ne s'était produit. Avec ses maîtresses d'avant, jamais il n'avait connu rien de pareil; non, ceci était différent (Loti,Pêch. Isl., 1886, p.270).Le rapport qu'ils jugent décisif a été rédigé en octobre ou novembre 1897 (...). Que signifie un pareil document, sinon que l'état-major lui-même a dû reconnaître que le premier était sans valeur? (Clemenceau,Iniquité, 1899, p.428):
6. Un autre tableau (...) intitulé: L'Éternel l'avait donné, l'Éternel l'a ôté (...). Une femme assise pleure devant un berceau vide; une autre debout, silencieuse, la regarde, les larmes aux yeux. −Donnez un pareil sujet à un peintre de France et voyez comme il le traiterait; ce serait, à coup sûr, la vignette de romance... Huysmans,Art mod., 1883, p.169.
Expr. En pareil cas. Dans des circonstances analogues (à celles dans lesquelles on se trouve, auxquelles on fait allusion). En pareil cas, il faut être prudent. Ils passaient en titubant, s'accrochant pour ne pas tomber, et heurtant de la tête ceux qui dormaient: chacun pour soi en pareil cas, on ne prend plus garde à personne (Loti,Mon frère Yves, 1883, p.140):
7. −Eh bien! enfants, une forte journée devant nous! si l'héritage est tout labouré ce soir, je paye une tournée de vin rouge!... qui va me rentrer mes foins avant l'orage? (...) En pareil cas, Gilbert était le premier à partir, à revenir, à se proposer... R. Bazin,Blé, 1907, p.51.
2. [Pour marquer l'intensité]
a) [Avec une valeur emphatique, laudative] Dès sept heures du matin, elle m'apportait elle-même une tasse de chocolat. Je n'en ai jamais bu de pareil. Un chocolat à s'en faire mourir (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Morin, 1882, p.853).C'est insensé de me faire un pareil présent (Hermant,M. de Courpière, 1907, p.9):
8. ... si vous aviez consenti à m'écouter pendant le dîner, je vous aurais démontré que le groupe d'hommes politiques auquel j'appartiens est à deux doigts du pouvoir. Ce n'est pas dans un pareil moment que vous devez renoncer à vos devoirs de maîtresse de maison. A. France,Lys rouge, 1894, p.91.
b) [Avec une valeur péj.] Voyons, chéri, tiens-toi tranquille... vrai, je ne peux pas... Steiner est là-haut. Mais il était fou; jamais elle n'avait vu un homme dans un état pareil (Zola,Nana, 1880, p.1243).Qu'est-ce qui m'a foutu un canasson pareil? Ça serait bien capable de vous ruer par la gueule... (Aragon,Beaux quart., 1936, p.62):
9. Qui est-ce qui m'a bâti un polichinelle pareil! Tu vas voir, tout à l'heure, si je ne vais pas me lever et t'aller rappeler, à coups de bottes dans les fesses, au sentiment des convenances! Courteline,Train 8 h 47, 1888, 1repart., 5, p.49.
Expr. À une (des) heure(s) pareille(s), à pareille heure. À une heure aussi inhabituelle (matinale ou tardive). −Qui vous a laissée venir ici, maman, pourquoi? dit M. de Clergerie. À une heure pareille! de si bon matin (Bernanos,Joie, 1929, p.533).Nous sommes trop faibles avec elle, Eugénie. Une fille de quinze ans ne doit pas courir les forêts, à pareille heure (Giraudoux,Ondine, 1939, i, 1, p.12):
10. Il s'assit à côté d'elle (...): −Eh bien! dit-elle, vous voilà... quelle heure est-il? −Celle d'aller se coucher. C'est honteux d'être debout, à nos âges, à des heures pareilles. Qu'est-ce que vous en pensez, Juliette?... Miomandre,Écrit sur eau, 1908, p.70.
II. − Substantif
A. − Masc. ou fém.
1. Chose identique ou équivalente à une autre chose prise comme élément de comparaison. Ce manteau à pèlerine dont j'avais tant désiré porter le pareil (Proust,J. filles en fleurs, 1918, p.539).Chères demoiselles, qui vivez dans cette demeure dont on ne voit pas la pareille à l'étranger pensez aux grandes oeuvres de la France (Valéry,Variété IV, 1938, p.156):
11. −Un beau couple tout de même, faut vous marier ensemble, mes enfants, pour conserver l'espèce. Il continua: −Les gens, c'est comme les bêtes, sauf vot' respect. Une supposition, un cheval vaut huit cents francs; si on trouve son pareil, chacun des deux en vaut mille. Moselly,Terres lorr., 1907, p.43.
2. [Souvent précédé d'un adj. poss.] Personne semblable par la condition, le rang social, le caractère, la mentalité. Tout ce que nous demandons, c'est que le plus indigne ne soit pas mis, et laissé, à la tête, et qu'ensuite on ne le remplace pas par un pareil à lui (Péguy,Argent, 1913, p.1202).Je sais que la police l'a à l'oeil, et c'est du reste ce qui peut lui arriver de plus heureux pour ne pas finir comme tous ses pareils, assassiné par des apaches (Proust,Prisonn., 1922, p.311).Jupiter: Tu vois bien que nous sommes pareils. Égisthe: Pareils? Par quelle ironie un dieu se dirait-il mon pareil? (Sartre,Mouches, 1943, ii, tabl. 2, 5, p.77):
12. ... l'on rencontre ici, dans les rues, des marchands dont toute l'industrie consiste à vendre des allumettes fabriquées à Vienne et qu'ils crient sous le nom de koughesta féringhi! (allumettes européennes!) avec toute la bonne grâce que pourraient y mettre leurs pareils d'Europe. Gobineau,Corresp.[avec Tocqueville], 1856, p.248.
3. Expr. [Avec une valeur emphatique] N'avoir pas son pareil, sa pareille.
a) [En parlant d'une pers.] Être remarquable dans un domaine particulier. Couturière qui n'a pas sa pareille. Pour sûr, il n'avait pas son pareil, et quand il avait un verre dans le nez, il aurait fait rire un tas de cailloux, avec ses histoires (Moselly,Terres lorr., 1907, p.103).Il n'y avait pas son pareil, dans un incendie, pour arracher un enfant des flammes et le rapporter à sa mère (A. France,Pt Pierre, 1918, p.75).
b) [En parlant d'une chose] Être unique en son genre, sans équivalent. Panorama qui n'a pas son pareil:
13. Vous planteriez, ô Melbournois! Sur vos coteaux barbares, Les plus fins de nos ceps gaulois, Nos «pineaux» les plus rares, En vain! (...) Ils ont besoin de ce soleil Qui couve notre France Et n'a nulle part son pareil Ponchon,Muse cabaret, 1920, p.86.
4. Loc. adj. [En parlant d'une pers. ou d'une chose] Sans pareil(le). Incomparable. [Wagner] C'est vraiment le plus étonnant des hommes, et un génie sans pareil (Villiers de L'I.-A.,Corresp., 1870, p.156).C'est un rôle principal à cette heure que celui d'un médecin dans les hôpitaux de la France. Un rôle sans pareil (Barrès,Cahiers, t.10, 1914, p.110):
14. ... plutôt que de le pousser dans un bar, rue de Rivoli, boire des cocktails, je le menai chez la veuve Moreau (...), place de l'École. −Tenez, lui dis-je. Voici ce que la France produit de plus raffiné. C'est un bistro unique au monde, sans pareil, vous n'avez pas ça à Londres. Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.310.
B. − Fém., dans l'expr. rendre, valoir la pareille (à qqn). Agir (en bien ou en mal) envers quelqu'un comme il a agi lui-même, en des circonstances semblables. En me tenant devant l'autel de Dieu, pécheur, mais prêtre, ton souvenir m'accompagne. Tu me rendras la pareille en m'aimant et me faisant participer à tes prières (Gilson,Espr. philos. médiév., 1932, p.10):
15. Pour le grec, l'édition devrait être soignée par quelqu'un qui l'entendît et qui voulût prendre la peine d'y ajouter les accents (...). M. Boissonade (...) pourrait se charger de cet ennui (...). J'hésite d'autant moins à l'en prier que je puis lui rendre la pareille, étant tout à son service pour quelque collation ou notice de manuscrits qu'il lui faille de Rome ou (...) de Florence. Courier,Lettres Fr. et Ital., 1808, p.780.
C. − Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre, dans l'expr. fam. c'est du pareil au même. V. même I B 2.
III. − Adverbe
A. − De la même façon (que). Deux jumelles habillées (tout) pareil. Je fais ce qu'on veut, je dis ce qu'on demande, on me tripote pareil une poupée en mastic (Bernanos,Imposture, 1927, p.476).Joseph est allé voir l'artilleur. Il est couché toujours pareil. Il a la figure dans la terre (Giono,Gd troupeau, 1931, p.56).
Expr. Faire pareil (que qqn). Agir de la même façon. Le brigadier, il tenait plus par la chaleur... Il a tombé la tunique... Les autres ils ont fait pareil... (Céline,Mort à crédit, 1936, p.650).
Rem. Cet empl., critiqué par la plupart des grammairiens, est fort répandu dans la lang. parlée.
B. − Région. (Canada)
1. Quand même, malgré tout. On a été malchanceux tout du long. Mais nous voilà revenus pareil, et ça fait toujours une «job» de faite (Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p.84).
2. Comme pareil, pareil comme. Tout comme. Et même dans les chantiers, à cette heure, ils sont nourris pareil comme dans les hôtels, avec de la viande et des patates tout l'hiver (Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p.74).L'année qu'il a fait si chaud, une année à puces qu'elles grouillaient sur les gens comme pareil aussi sur les bêtes (Aymé,Le Vin de Paris, Paris, Gallimard, 1947, p.103).
Prononc. et Orth.: [paʀ εj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Adj. 1. a) mil. xiies. «qui est semblable à quelqu'un» (le Jeu d'Adam, éd. W. Noomen, 265); 1399-1400 pareil de (Jean Froissart, Chroniques, I, 521, éd. Luce, VI, 128); ca 1500 pareil que (Philippe de Commynes, Mém., VIII, 13, éd. J. Calmette, III, 204); b) empl. en valeur adv. id. (Id., ibid., 10, ibid., II, 63); 2. 1181-90 «de cette nature» (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. W. Roach, 6532); ca 1590 en pareil cas (Montaigne, Essais, III, 5, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, 893); 3. 1580 «se dit de quelque chose qui reste le même à travers l'évolution temporelle» (Id., ibid., 12, ibid., 579); 4. 1599 à nulle autre pareil «sans égal» (Malherbe, Consolation à Monsieur Du Perier, 73); 5. 1666 «si grand, si extraordinaire» (Molière, Mélicerte, II, 6, p.429); 1838 à pareille heure (Hugo, Ruy Blas, V, 2, p.448). B. Subst.1. mil. xiies. «personne semblable à une autre» (Le Jeu d'Adam, éd. cit., 11); fin xiie-2emoitié xiiies. «personne de même sorte, compagnon» ([Estoire de] Floire et Blancheflor, éd. M. M. Pelan, 941 [mais v. la note éd. citée vers 602]); 2. 1188 n'avoir son paroil (Aimon de Varennes, Florimont, 3705 ds T.-L.); 3. 1204 sans pareil «sans égal» (Reclus de Molliens, Charité, 174, 6, ibid;); 4. ca 1559 subst. fém. rendre la pareille (Amyot, Pélop., 12 ds Littré); 5. 1866 fam. du pareil au même (Delvau, p.283). Du lat. pariculus (att. une fois sous la forme adj., dans les Remissoria de la Loi Salique, éd. Geffeken, 101 d'apr. FEW t.7, p.650b), élargissement du lat. class. par «égal». Fréq. abs. littér.: 13884. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 17391, b) 24617; xxes.: a)23720, b) 16749. Bbg. Grundt (L.-O.). Ét. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Transø, 1972, p.53, 80, 233. _ Quem. DDL t.16.