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OUTRAGER, verbe trans.
A. −
1. [Le suj. désigne une pers., un acte, des propos; le compl. désigne une pers.] Offenser, injurier gravement. Synon. faire outrage* à, insulter.Vous avez injurié, outragé un agent dans l'exercice de ses fonctions. Vous l'avez traité de v... (A. France,Crainquebille,1905,2etabl.):
1. Placé comme tu l'es, riche, de bonne famille, aller songer à une créature sans nom et sans fortune... On peut avoir avec de telles personnes une liaison, mais on ne les épouse pas. Ce propos de mon parrain, qui me semblait outrager la jeune fille dont la timide pudeur m'avait surtout ému, me mit hors de moi. Toepffer,Nouv. genev., 1839, p.299.
Empl. passif. Dans la révolution française, le peuple a constamment été enchaîné, outragé, ruiné, mutilé par toutes les factions (J. de Maistre,Consid. sur Fr., 1796, p.117).Le colonel a été gravement outragé par un de ses inférieurs qui l'accuse de s'être vendu pour soustraire à la justice du pays un traître (Clemenceau,Iniquité, 1899, p.28).
Empl. abs. La vie outrage et sépare (Arnoux,Calendr. Fl., 1946, p.178):
2. ... pour adorer ce qu'on vient de maudire et caresser ce qu'on a brisé, il faut une rare puissance. J'ai vu cent fois ma mère outrager jusqu'au sang, et puis tout à coup reconnaître qu'elle allait trop loin, fondre en larmes et relever jusqu'à l'adoration ce qu'elle avait injustement foulé aux pieds. Sand,Hist.vie, t.2, 1855, p.247.
Empl. pronom. réciproque. Cavaignac, Boisdeffre et Brisson nous paraissent victimes de sentiments misérables, mais pourquoi les haïr? Pourquoi s'exécrer, s'outrager, se couper mutuellement la tête, comme le veut cet horrible moine qui prétend dire la parole de bonté? (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p.24).
Outrager qqn dans + subst. (désignant un sentiment).Outrager qqn dans sa dignité, dans son honneur. Tout ce qui peut outrager un homme dans son orgueil, dans sa tendresse et dans ses sentiments les plus chers, je le dis au roi des montagnes (About,Roi mont., 1857, p.234).
Outrager qqc. de qqn.Outrager la mémoire de qqn. N'outrageons point la réputation de finesse cauteleuse de cet homme célèbre (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.266).
2. En partic., rare. [Le compl. désigne une pers. du sexe fém.] Avoir des relations sexuelles avec une femme généralement contre son gré. Synon. violer.La Jimbre, en chantant, offrait son corps aux trois amants qui l'outrageaient d'une manière superficielle, à cause de leur grand âge (Aymé,Rue sans nom, 1930, p.231).
B. −
1. Contrevenir gravement, porter atteinte à ce qui est traditionnellement respecté. Outrager le bon sens, la justice, les moeurs, la morale, la raison, la religion, la vérité. Les femmes (...) ayant quitté par degrés les corps ferrés et baleinés, elles outragent la nature jusqu'à pouvoir respirer et manger quoique habillées (Senancour,Obermann, t.2, 1840, p.25).Je fais remarquer aux honorables membres qui m'interrompent en ce moment qu'ils outragent deux libertés à la fois, la liberté de la presse, que je défends, et la liberté de la tribune, que j'invoque (Hugo,Actes et par. 1, 1875, p.243).Les gens de Venise supplièrent Moore de faire de la morale à Byron, qui outrageait le code local en vivant avec sa maîtresse (Maurois,Byron, t.2, 1930, p.171).
Empl. passif. Quoiqu'il y ait dans cette histoire [de Port-Royal] moins de fautes de français que dans Volupté, où elles fourmillent, la langue y est tout aussi constamment outragée (Balzac,OEuvres div., t.3, 1840, p.309).
2. Littér., rare. Porter atteinte, endommager. Quoique le comte d'Hérouville eût à peine cinquante ans, au premier abord on pouvait lui en donner soixante, tant les fatigues de la guerre, sans altérer sa constitution robuste, avaient outragé sa physionomie; mais il se souciait fort peu de passer pour un mignon (Balzac,Enf. maudit, 1831-36, p.339).
En partic. Faire subir les atteintes de l'âge:
3. Le temps n'outrage que l'homme: quand les rochers s'écroulent, quand les montagnes s'abîment dans les vallées, la terre change seulement de face; un aspect nouveau excite dans notre esprit de nouvelles pensées, et la force vivifiante subit une métamorphose, mais non un dépérissement... Staël,Allemagne, t.5, 1810, p.184.
Prononc. et Orth.: [utʀaʒe], (il) outrage [utʀa:ʒ]. Att.ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. et part. passé 1. xives. «blesser (quelqu'un)» (Arch. Nord B 1719, fol. 40 ds IGLF : Ce veant, le dit suppliant ... pour soy revengher seulement qu'il ne feust oultraigié a mort par icelui Troisolz, lui lancea ung espieu qu'il portoit en sorte qu'il le actaindit au ventre); 2. ca 1485 «offencer gravement» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 47662); 3. 1604 littér. «porter atteinte à» (Montchrestien, Hector, III ds Tragédies, éd. L. Petit de Julleville, p.31); 4. 1922 air outragé (Colette, Mais. Cl., p.260); B. Part. prés. 1579 [éd.] «humiliant» (R. Garnier, La Troade, acte I, fo6 vo). Dér. de outrage*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 340. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 817, b) 476; xxes.: a) 621, b) 123.