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ÔTER, verbe trans.
I. − [Le compl. d'obj. désigne une chose]
A. −
1. Enlever (une chose concrète) de l'endroit où elle se trouve pour la mettre ailleurs. Ôter les assiettes, le couvert, la nappe; ôter le couvercle d'une boîte; ôter ses mains des poches, sa tête de l'épaule de qqn; ôter sa cigarette, sa pipe de la bouche; ôter une arme des mains de qqn. La vigne et son vigneron infatigable, ôtant l'échalas à l'automne pour le remettre au printemps (Michelet,Journal,1839, p.293).Il ôta ses doigts de l'arçon, lâcha la selle (...). La selle le fessait (Adam,Enf. Aust.,1902, p.250).V. chocolat ex. 2:
1. [Il] se déshabilla (...), puis ôtant de son lit une couverture, il s'en enveloppa et s'étendit sur le plancher... Green,Moïra,1950, p.148.
2. En partic.
a) Enlever (une chose que l'on porte sur soi). Allons, page, ôte-moi mes bottes, mon armure, et vite mon pourpoint de velours (Barbier,Satires,1865, p.245).Elizabeth ôta de son doigt l'anneau d'ébène qu'elle enveloppa dans un papier et tendit à miss Llewelyn (Green,Journal,1934, p.258).
SYNT. Ôter ses bas, son bonnet, son casque, son châle, son chapeau, ses chaussures, sa chemise, sa cravate, son épée, ses gants, ses habits, ses lunettes, son manteau, son masque (v. aussi infra), son pantalon, son pardessus, sa robe, son tablier, ses vêtements, sa veste; ôter ses chaînes à qqn; ôter un pansement.
Ôter à qqn le pain de la bouche*, s'ôter le pain de la bouche*; s'ôter les morceaux* de la bouche.
Loc. fig., vieilli. Ôter son/un masque. Se faire connaître en tant que tel, ne plus cacher ce que l'on est. Synon. mod. jeter, lever le masque*.Leur ôter ce masque de désintéressement dont ils se servent si bien (Staël,Lettres jeun.,1790, p.378).Quand le vrai tout à coup paraît, quand la vie ôte Son masque, et dit: «Je suis la mort!» (Hugo,Contempl., t.2, 1856, p.263):
2. ... quand elle se tut, sa physionomie changea, ses traits se décomposèrent et sa figure exprima la fatigue. Elle venait d'ôter un masque; actrice, son rôle était fini. Balzac,Peau chagr.,1831, p.159.
En partic. Enlever (une coiffure) pour saluer. Le battant s'ouvrit; Pierre se leva, ôta respectueusement son béret, et le nouveau venu fit son apparition dans la salle (Gautier,Fracasse,1863, p.13).Il avait un feutre mou à la calotte ronde et aux ailes larges (il l'a ôté quand la bière a passé la porte) (Camus,Étranger,1942, p.1133).
Loc., vx. Ôter son chapeau à qqn. Synon. mod. tirer* son chapeau à qqn.Elle (...) voyait des espions dans tous les gens mal vêtus qui lui ôtaient leur chapeau (Stendhal,Nouv. inéd., t.1, 1842, p.140).
b) Enlever (une chose qui gêne, qui salit). Ôter les mauvaises herbes, la poussière. Aimé lui passait les habits qu'elle plia avec grand soin et lissa de la main, de manière à ôter les plis (Ramuz,A. Pache,1911, p.104).Blaise (...) donna des pichenettes sur sa culotte nankin pour en ôter les grains de tabac (A. France,Dieux ont soif,1912, p.40):
3. Leuwen (...) tâchait, à l'aide du grand couteau du cuisinier, d'ôter le plus de boue fétide dont les manches de son habit étaient couvertes. Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1836, p.48.
B. −
1. Enlever (à quelqu'un, plus rarement à quelque chose) la possession, l'usage de quelque chose d'avantageux. On lui a ôté son emploi, sa place, la moitié de ses appointements. Ôter la santé et la paix de l'âme, vous ôtez tous les plaisirs de la vie (Ac.). Ne m'ôtez pas la bonne opinion que j'ai de vous (Ac.1935).Les ouvertures des travées supérieures (...) sont d'un vilain effet et ôtent à ce monument toute élégance et toute grandeur (Delécluze,Journal,1825, p.194).Depuis la veille, elle était dans une stupeur qui lui ôtait la conscience même de ses actes (Zola,Page amour,1878, p.1069).Pourquoi m'a-t-on ôté ma brosse à dents? (Sartre,Huis clos,1944, i, p.116).V. agilité ex. 33, désavantage, ex. 1, gratis, ex. 2:
4. Père! Je ne puis parler! (...) La mort (...) m'ôte toute voix pour te répondre, toute vie pour te connaître et m'arrache l'âme qui t'aurait obéi... Camus,Dév. croix,1953, 3ejournée, p.589.
SYNT. Ôter (à qqn) l'appétit, l'honneur, la joie de vivre, (l'usage de) la parole, la raison, le repos, la respiration, le sommeil, la vie; ôter (à qqn) le désir, le droit, l'envie, l'espoir, la faculté, la force, le goût, les moyens, le plaisir, la possibilité, le pouvoir de + subst. ou inf.; ôter (à qqn) tout courage, tout espoir, toute énergie, toute espérance, toute liberté; ôter (à qqc.) toute signification; ôter son amitié, son amour, sa confiance à qqn; obstacle qui ôte la vue.
Ne pas ôter à qqn de l'esprit/de l'idée/de la tête que + complétive. Ne pas empêcher quelqu'un de croire que + complétive. On ne t'ôtera pas de l'esprit que le monde tout entier est à toi parce que tu es au centre (Claudel,Feuilles Saints,1925, p.664).Rien n'ôtera de la tête d'un paysan comme moi que le militaire a toujours faim et soif (Bernanos,Journal curé camp.,1936, p.1213).
Empl. pronom. réfl. indir. Le Sénat (...) s'est ôté tout le mérite de l'action qu'il venait de faire en prononçant légalement une déchéance que la force des armes avait déjà décidée (Maine de Biran,Journal,1814, p.10).Je m'ôte tout droit d'affirmer la transcendance divine pour autant que je n'ai plus foi en elle (G. Marcel, Journal,1914, p.67).V. démanteler C, ex. de Flaubert.
2. Faire disparaître, faire cesser une chose désagréable, une gêne, un défaut. Ôter (à qqn) toute crainte de + subst. ou inf.; ôter un poids à qqn. Ôtez-moi cette inquiétude, cette incertitude (Ac.). Ces cachets sont ce qu'il y a de meilleur pour ôter la fièvre (Ac.1935).Il faut se garder d'ôter les défauts des pierres précieuses dans la crainte de nuire à la valeur de l'ensemble (Barrès,Cahiers, t.9, 1911, p.8).
Empl. pronom. réfl. indir. Il se passa la main sur la face, comme pour s'en ôter la cuisson qui le brûlait (Zola,Bête hum.,1890, p.17).Vexé parce que je lui ai dit qu'il sent l'aïl, Philippe a acheté un gros cigare pour s'ôter l'odeur (Renard,Journal,1903, p.832).
3. Retrancher d'un ensemble en séparant, en coupant. Ôter les arêtes d'un poisson, une branche d'un arbre, un nom d'une liste. Avant de les faire cuire [des moineaux], elle leur ôte le gésier (Giono,Regain,1930, p.52):
5. Une autre pièce de Rotrou, (...) Venceslas, (...) fut retouchée au dix-huitième siècle par Marmontel, qui en ôta quelques mauvais vers, quelques expressions trop vieilles, et en substitua de plus pâles... Sainte-Beuve,Port-Royal, t.1, 1840, p.182.
En partic. Retrancher (une valeur numérique) d'un total. Ce nombre de 950 ans étant ôté de 3000, il reste 2050ans pour l'humanité d'Adam jusqu'à Noé (P. Leroux, Humanité,1840, p.597).
II. − [Le compl. d'obj. désigne une pers.]
A. − Faire partir (quelqu'un) de l'endroit où il se trouve. Ôter cet enfant d'auprès du feu (Ac.).Auguste avait eu, à la vue de sa femme, un grand geste de protestation, comme pour l'ôter de son chemin (Zola,Pot-Bouille,1882, p.331):
6. ... à la montagne, n'ai-je pas vu mon ami L. (...) faire ôter son jeune fils qui (...) longeait le précipice (...) parce qu'il y avait une vague tentation chez le père de pousser son fils en bas. Amiel,Journal,1866, p.85.
Empl. pronom. réfl. dir. Ôtez-vous de devant moi, de devant mes yeux. Ôtez-vous de mon soleil (Ac.). Va-t'en! Ôte-toi de là! (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1572).Ôte-toi vite de mon chemin (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.213):
7. On me presse d'aller à Gaillac. Non, je ne puis m'ôter d'ici; ma vie se plaît toute petite au plus petit endroit possible, là où j'ai mes chers vivants et mes morts. E. de Guérin,Journal,1840, p.339.
Fam. Ôte-toi de là que je m'y mette. [Expression résumant l'attitude d'une personne qui prend la place de quelqu'un d'autre avec sans-gêne]
Empl. subst. Personne ayant une telle attitude. Nous ne sommes des vieux ni l'un ni l'autre (...) et pourtant un jour on s'aperçoit que les enfants poussent, que ce sont des ôte-toi-de-là-que-je-m'y-mette (Cocteau,Parents,1938, iii, 3, p.282).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Attitude d'une telle personne. La bataille parlementaire, [le] (...) jeu charmant qui s'appelle le: «ôte-toi de là que je m'y mette» (L. Marcellin, Politique et politiciens pendant la guerre,av. 1918, p.284 ds Quem. DDL t.17).
Au fig., souvent vx ou littér.
[Le compl. secondaire introd. par de désigne une fonction ou son symbole] Faire partir (quelqu'un) de la fonction, de la charge qu'il occupe. Le duc de Berri avait été ôté du gouvernement de Languedoc (Barante,Hist. ducs Bourg., t.2, 1821-24, p.5).Nous avons ôté du trône l'avorton (Hugo,Légende, t.1, 1859, p.278).
Délivrer (quelqu'un) d'une situation désagréable. Synon. mod. tirer.Ôter de doute, d'incertitude (Ac. 1835, 1878). Ôter quelqu'un de peine, d'inquiétude (Ac.). Notre explication sera courte et simple, et j'espère qu'elle m'ôtera de l'amertume affreuse qui me tue (Staël,Lettres L. de Narbonne,1794, p.222).Vous arrivez à point pour m'ôter d'un doute dans lequel je suis ligoté depuis un bon moment (Camus,Dév. croix,1953, 2ejournée, p.558).
B. − Priver (quelqu'un) d'un être qui lui est cher. Ôter un enfant à ses parents. Ce fut le 14 février de cette année que la mort m'ôta mon ami, dont elle seule pouvait me séparer (Michelet,Journal,1821, p.166).Des larmes, vite séchées, d'enfant à qui on a ôté sa nourrice (Proust,Prisonn.,1922, p.408):
8. ... le pouvoir public seul peut par la force dont il dispose, ôter à une famille un père coupable... Bonald,Législ. primit., t.1, 1802, p.337.
Prononc. et Orth.: [ote], (il) ôte [o:t]. Homon. de (il) ôte: haute. Ac. 1694, 1718: oster; dep. 1740: ôter. Étymol. et Hist. 1. a) 1119 «enlever (une somme d'une autre)» (Philippe de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 3500); b) ca 1155 «enlever (une partie d'un ensemble) en coupant, en séparant» (Wace, Brut, 1634 ds T.-L.); 2. a) ca 1145 «faire cesser (quelque chose d'indésirable)» (Wace, Conception Notre Dame, 522, ibid.); b) début du xives. «faire disparaître (ce qui gêne, salit)» (Propriétés des choses, I, 24, 7, ibid.); 3. a) 1160-74 «enlever (un objet) de la place qu'il occupait» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 2009); b) ca 1165 pronom. «quitter la place qu'on occupait» (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 27430: Mandé li ... que il s'ost Del païs e de la contree); c) ca 1797 ôtes-toi de la que je m'y mètte [titre] (Dalinville ds Quem. DDL t.19); 4. ca 1165 «enlever (ce qui vêt, couvre, protège)» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 10220 ds T.-L.); 5. a) 1170 «enlever (une chose morale, intellectuelle) à quelqu'un» (Rois, éd. E. R. Curtius, p.107); b) 1176-1181 ôter à qqn qqc. de l'esprit (Chrétien de Troyes, Chevalier lion, éd. M. Roques, 2945); 6) a) ca 1275 ôter la vie du corps «tuer» (Adenet Le Roi, Berte, éd. A. Henry, 2315); b) ca 1485 ôter la vie «tuer» (Myst. V. Testament, éd. J. de Rothschild, 2825); 7. 1306 «mettre hors de la portée, du pouvoir ou de la possession de quelqu'un» (Joinville, Saint Louis, éd. N. L. Corbett, § 287). Du lat. obstare, intrans. en lat. class. «se tenir devant, faire obstacle», employé transitivement en b. lat. «empêcher quelqu'un de» (ves. ds Blaise Lat. chrét.), d'où «enlever» (ves., puis ixes., cf. FEW t.7, p.289a). Voir B. Löfstedt, Studien über die Sprache der langobardischen Gesetze, 1961, pp.329-333. Fréq. abs. littér. Ôter: 3718. Ôté: 597. Fréq. rel. littér. Ôter: xixes.: a) 7982, b) 6167; xxes.: a) 4134, b) 3207. Ôté: xixes.: a) 1176, b) 1119; xxes.: a) 607, b) 570.