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* Dans l'article "FIER, FIÈRE,, adj."
FIER, FIÈRE, adj.
I.− Vieux
A.− Rare [En parlant d'un animal] Qui est difficilement apprivoisable, qui manifeste, pratique une sauvagerie instinctive. Synon. farouche, indomptable, sauvage.Les fiers taureaux, les chevaux indomptés (Bern. de St-Pierre, Harm. nat.,1814, p. 280).Le fier léopard, que les jeunes Sylvains Attachent rugissant au char du dieu des vins (Vigny, Poèmes ant. et mod.,1837, p. 126).Le fier lion s'élance Sur sa victime avec de grands bonds souverains (Banville, Exilés,1874, p. 69).
CHASSE. Perdrix fière. ,,Qui ne se laisse guère approcher`` (Ac. 1932; ds Littré, DG, Lar. Lang. fr.).
HÉRALD. Lion fier. ,,Lion à la crinière hérissée`` (Ac. 1798-1932; ds Lar. 19e-Lar. Lang. fr., Littré, DG).
B.− P. anal. [En parlant d'une pers. ou de sa nature] Qui est rude et intraitable comme un animal sauvage. Synon. barbare, cruel, féroce.S'il [le peuple] est fier, impétueux, inconstant, que son gouvernement soit doux, modéré, invariable (Chateaubr., Génie,t. 2, 1803, p. 562).Plus terrible et plus fier Vous m'avez vu jadis sous un rempart de fer Dans les périls sanglants signaler mon adresse (Baour-Lormian, Ossian,1827, p. 17).Cet âpre individualisme, avec cet orgueil forcené qui sont bien le côté « mauvais bougre » de l'homme, son côté « fier, féroce » (Barrès, Cahiers,t. 12, 1919-20, p. 247).
P. méton. [En parlant de l'aspect physique, du comportement d'une pers.] Qui dénote la rudesse de caractère. Il s'arrêta en plein élan, pour regarder les assistants, d'un air fier et terrible (Camus, Exil et Roy.,1957, p. 1673).
C.− Emplois spéc.
1. [En parlant d'une pierre] Qui se taille difficilement en raison de sa dureté. Marbre fier. Ce sont [les agates] des pierres dures, fières sous le burin (Ch. Blanc, Gramm. arts dessin,1876, p. 461).
2. Région. (Est, Franche-Comté, Suisse). [En parlant d'un comestible] Qui est âpre au goût. Pomme fière. Synon. acide, aigre (cf. Collinet, Région. hte-montagne, 1925).
II.− Usuel. [En parlant d'une pers.]
A.− [Sans nuance péj.]
1. Qui a le souci de sa dignité, qui se respecte. Caractère, cœur, homme fier; âme fière. Synon. digne, noble.Je suis trop fier pour mentir (Flaub., Smarh,1839, p. 114).Il n'est pas inutile qu'on sache de quelle manière la génération des vaincus de 1870 a pu traiter un écrivain fier qui ne voulait pas se prostituer (Bloy, Journal,1892-1907, av.-pr., p. 13).Elle était fière. Elle endurait leur pauvreté avec assez de courage à condition qu'elle n'eût pas des gens de la famille pour témoins. Aller leur montrer ses enfants en guenilles! Non, elle ne s'y résignerait jamais (Roy, Bonheur occas.,1945, p. 211).
P. méton. [En parlant de l'aspect physique, du comportement d'une pers.] Qui dénote un tel souci, une telle qualité. Démarche fière, regard fier. Leur physionomie, quoique douce et bienveillante, a quelque chose de septentrional, d'énergique, de fier, qui rappelle tout de suite à l'œil un peuple déjà libre, digne de l'être tout à fait (Lamart., Voy. Orient,t. 2, 1835, p. 454).Son air fier de femme sans reproche (Zola, Terre,1887, p. 420).
Locutions
a) Fier comme un gueux. Qui est digne, comme un gueux peut l'être dans sa misère. Tel guerrier se présentait, fier comme un gueux (Psichari, Voy. centur.,1914, 1914, p. 38).
b) Ne pas être fier. Avoir honte. Je baissais la tête; je n'étais pas fier (Duhamel, Confess. min.,1920, p. 185).
Fam. Pas fier. Qui n'a pas la conscience tranquille. Synon. penaud.J'allais reprendre la nuit, pas fier, parce que comme ma mère, je n'arrivais jamais à me sentir entièrement innocent des malheurs qui arrivaient (Céline, Voyage,1932, p. 345).
P. méton. Il avait à l'adresse de Maigret un regard pas fier qui signifiait : « − Qu'est-ce que vous voulez que je fasse d'autre? » (Simenon, Vac. Maigret,1948, p. 97).
2. Qui éprouve une satisfaction d'amour-propre souvent fondée. Les gens autour de nous admiraient ma précocité et mon père était très fier (Guéhenno, Journal homme 40 ans,1934, p. 40).
a) Fier de + subst. ou inf.Moi si calme naguère, si fier de ma sérénité (Flaub., Corresp.,1846, p. 219).J'étais fière d'avoir conquis leur estime (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 295).
En partic. Être fier de soi. Être satisfait de soi-même. Existe-t-il en vous, comme chez beaucoup de femmes fières d'elles-mêmes, amoureuses de leurs perfections, un sentiment d'égoïsme raffiné (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 128):
1. Un pénitent c'est un monsieur qui n'est pas très fier de soi. Qui n'est pas très fier de ce qu'il a fait. Parce que ce qu'il a fait, il faut le dire, c'est le péché. Un pénitent c'est un monsieur qui a honte de soi et de son péché. Péguy, Porche Myst.,1911, p. 246.
b) Fier + complétive introd. par la conj. que.Il était fier qu'on le traitât en homme, et il s'acquittait de sa tâche gravement (Rolland, J.-Chr.,Aube, 1904, p. 32).
c) Fam. Il n'y a pas de quoi être fier. Il est préférable de ne pas s'en vanter. Dora. − (...) J'ai appris à être calme au moment où j'ai le plus peur. Il n'y a pas de quoi être fière. Annenkov. − Sois fière, au contraire. Moi, je n'ai rien dominé (Camus, Justes,1950, II, p. 328).Il n'y a pas de quoi être fier, répliqua M. Tuck, plus acerbe (Green, Moïra,1950, p. 92).
3. P. ext.
a) [En parlant d'une pers., de son caractère] Qui a de la trempe, du cran; qui fait preuve d'audace et d'énergie. Synon. fougueux, impétueux.Ce frère Goulven, comme il avait l'air décidé et fier! (Loti, Mon frère Yves,1883, p. 35).Pour des êtres fiers et énergiques la discipline demande un tel sacrifice de toutes les heures, qu'on ne peut pas perdre l'habitude de l'estimer au prix qu'elle coûte (Martin du G., J. Barois,1913, p. 430).Que je l'aimais ainsi! Beau, fier, insoumis (Gide, Thésée,1946, p. 1449)
Loc. Ne pas être fier. Ne pas être rassuré, avoir peur de + inf. Un bélier extraordinaire qu'on ne serait pas fier de rencontrer dans un bois (Renard, Journal,1902, p. 739).J'avoue qu'hier soir je n'étais pas fier. En général, quand l'expectoration cesse aussi brusquement... (...). Il ne s'agit plus que d'éviter l'endocardite (Martin du G., Thib.,Belle sais., 1923, p. 860).
P. méton. [En parlant du comportement ou des attitudes d'une pers.] Qui manifeste courage et détermination. C'est Émile Zola qui le premier demande des comptes. Il le fait avec une telle crânerie, ses accusations sont si nettes et d'une si fière audace qu'il est impossible que le gouvernement esquive l'obligation de le poursuivre (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 129).Il avait dans son geste on ne savait quoi de fier, d'impatient. Ses yeux le disaient prêt à tout oser selon l'honneur (Pourrat, Gaspard,1925, p. 177).
En partic., B.-A. [En parlant d'un artiste, p. méton. d'une œuvre ou de l'instrument d'exécution] Qui manifeste, par sa hardiesse ou son ampleur, une grande vigueur créatrice. Composition, touche fière. Cette façade (...) où se dressent, (...) taillés du ciseau le plus fier, neuf palatins, deux rois et cinq empereurs (Hugo, Rhin,1842, p. 330).C'était d'un fier coloriste, d'un beau peintre (Proust, Sodome,1922, p. 938):
2. À l'aspect de cette peinture étrange [l'Officier de chasseurs, de Géricault], si violente, si mouvementée, si fière de dessin et de couleur, David, effaré, s'écria : « D'où cela sort-il (...) » Gautier, Guide Louvre,1872, p. 21.
b) [En parlant de l'aspect physique d'une pers.] Qui force l'admiration, en impose, par une allure noble, une apparente autorité. Allure fière. Sa démarche fière, son port majestueux, le sourire de sa bouche, le pouvoir de ses yeux (Nerval, Faust,1840, 2epart., p. 140).En ce moment il lui paraissait beau, fier et puissant comme un dieu (Dumas père, Monte-Cristo,t. 1, 1846, p. 458).
P. anal. [En parlant d'un inanimé concr.] Belles forêts de sapins gigantesques, élancés, fiers (Sand, Lettres voy.,1837, p. 286).Un coteau dominé par de fières montagnes (Jammes, Mém.,1921, p. 3).Ce massif d'ormes, de frênes, de bouleaux, de tilleuls, tous d'un beau croît et d'une fière ampleur (Pourrat, Gaspard,1931, p. 174).
B.− Péj. Qui affiche une supériorité souvent illusoire; qui affecte des airs hautains et méprisants. Synon. arrogant, dédaigneux.Il était (...) fier et (...) arrogant (Barante, Hist. ducs Bourg.,t. 2, 1821-24, p. 60).Un être insupportable, toujours nerveux, et qui vous passerait sur le corps, tant il est fier! (Zola, Bonh. dames,1883, p. 543):
3. Avec les petits paysans des montagnes ou les petits pêcheurs de l'île je n'avais jamais été fier; (...) à l'occasion, j'avais joué avec eux comme avec des égaux. Tandis que j'étais fier avec ces enfants du collège, qui, eux, me trouvaient bizarre et poseur. Il m'a fallu bien des années pour corriger cet orgueil, pour redevenir simplement quelqu'un comme tout le monde; surtout pour comprendre qu'on n'est pas au-dessus de ses semblables... Loti, Rom. enf.,1890, p. 212.
Pop. Ne pas être fier. [En parlant gén. d'une pers. occupant une position sociale jugée élevée] Être d'un abord simple et facile. Delaherche n'était pas fier, comme on disait, aimant à causer avec les petits de ce monde, par un goût bavard de la popularité (Zola, Débâcle,1892, p. 187).Monsieur de Fonteneilles est mort. − Le vieux? − Non, le petit. − C'est dommage; c'était le meilleur des deux; il n'était pas fier (R. Bazin, Blé,1907, p. 346).Moi, j'ai voté pour lui, parce qu'il n'est pas fier (Camus, Révolte Asturies,1936, I, 2, p. 406).
1. P. méton. [En parlant du comportement ou des attitudes d'une pers.] Qui marque la condescendance, le mépris. Air fier; mine fière. Ils arrêtèrent sur Bayonne un regard fier et distant, qui appelait de très haut, avec condescendance (De Vogüé, Morts,1899, p. 20).
2. Loc. proverbiales et hist.
a) Fier, fière comme Artaban. Qui est sottement imbu de sa personne (comme le héros du roman de La Calprenède Cléopâtre). Tel encyclopédiste était fier comme Artaban d'avoir prouvé qu'il n'était qu'une brute, une plante, ou une machine (Amiel, Journal,1866, p. 118).Savigny, haut comme une botte, fier comme Artaban, qui se destinait à la marine et se refusait obstinément à étudier la géographie, alléguant qu'il l'apprendrait très bien en naviguant (France, Vie fleur,1922, p. 398).
b) Fier, fière comme un paon. Qui a l'allure hautaine du paon. Je voudrais être une reine Fière comme un paon, Dont on aurait grande peine À baiser le bout du gant! (Barb. d'Aurev., Memor. 1,1838, p. 190).Mon François était fier comme un paon... Allons ne dis pas le contraire... (Vailland, Drôle de jeu,1945, p. 59).
c) Fier Sicambre. [P. réf. à l'apostrophe de l'évêque saint Rémi à Clovis lors de son baptême : Courbe la tête, fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré] Homme qui a un sens très fort de son amour-propre. Voilà Goërres, le fier Sicambre, qui a vu le Vatican. Il a plié le genou, lui, l'audacieux! (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 52).Je ne suis pas un fier Sicambre, mais je brûle tout ce que j'ai adoré (Huysmans, Marthe,1876, p. 140).
3. Emploi subst., fam. Faire le fier, la fière. Marquer ses distances, faire des manières. Tu ne me tutoies plus, tu fais la fière... Est-ce parce que tu es bien nippée? (Zola, M. Férat,1868, p. 211).Avec, sur son armure, Son grand col de dentelle, il vient faire le fier! (Rostand, Cyrano,1898, IV, 3, p. 161).Tout de même, Armand faisait bien le fier : il méprisait son père (Aragon, Beaux quart.,1936, p. 374).
C.− Fam., antéposé. Qui est particulièrement remarquable; qui est de première importance. Synon. fameux, sacré (pop.).
1. [En parlant d'une pers.] Un fier luron! Ce petit-là... (Musset, Lorenzaccio,1834, I, 2, p. 93).N'empêche que le père Margaillan, tout crétin qu'il te semble, est un fier homme dans sa partie (Zola, Œuvre,1886, p. 171).
2. [En parlant d'un inanimé abstr., en partic. d'une qualité, d'une capacité] Elle lui trouvait [à Nana] un fier talent (Zola, Nana,1880, p. 1167).Monsieur, vous m'avez rendu un fier service (Maupass., Contes et nouv., t. 1, Colp., 1893, p. 1170).
Péj. [En parlant d'un défaut, d'une erreur, etc.] Ce mariage était une fière sottise (Constant, Journaux,1816, p. 462).Il faut un fier toupet pour oser proférer, à la face de l'Europe, une telle affirmation (Clemenceau, Iniquité,1899, p. 328).Le directeur, un nommé Braun qui parle de son « apostolat », me paraît avoir un fier culot (Bloy, Journal,1903, p. 155).
3. En partic. Fière chandelle*.
Prononc. et Orth. : [fjε:ʀ]. Ds Ac. 1694-1932. Avec cher fait exception à la liste d'adj. en -er, -ier (léger, altier) qui ont perdu du xviiieau xixes. la prononc. de l'r final du masc. ([leʒe], [altje]) rejoignant ainsi, peu à peu, les subst. de même finale. Comparer aussi avec l'inf. fier ([fje]). On rappelle que cher rime avec léger, fier avec altier dans Racine (cf. Mart. Comment prononce 1913, p. 293). Étymol. et Hist. A. Adj. 1. ca 1100 « farouche, terrible, redoutable » (Roland, éd. J. Bédier, 1111); 2. a) ca 1100 « orgueilleux » (ibid., 56); b) ca 1100 « qui a des sentiments nobles, élevés, le souci de sa dignité » (ibid., 118); 3. ca 1165 « grand, extraordinaire » (B. de Sainte-Maure, Troie, 7086 ds T.-L.). B. Subst. 1. 1666 se tenir sur son fier (Molière, Mélicerte, I, 4, 147); 2. 1693 faire le fier (Dancourt, Les Bourgeoises à la mode, III, 6 ds Littré). Du lat. class. ferus « sauvage, farouche, cruel ». Fréq. abs. littér. : 5 005. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 7 210, b) 9 589; xxes. : a) 6 947, b) 5 815.
DÉR.
Fiérot, o(t)te,(ote, otte) adj.,fam. a) [Correspond à fier II, B] Un peu fier. Tandis qu'ils sont froids et fiérots, Les vrais beaux fils des Parisiennes (Lorrain, Modern.,1885, p. 109).Les patrons les plus consommés, les plus fiérots n'avaient pas honte de le consulter (Arnoux, Rhône,1944, p. 189).Emploi subst. Ça sera [Claire] une fiérotte et une originale comme son père (A. Daudet, Fromont jeune,1874, p. 63).b) Qui manifeste le contentement de soi d'une manière un peu naïve. Synon. faraud (fam.), fat, glorieux.Il était content et fiérot comme un chien qui se promène avec une pomme de pin dans la gueule (Montherl., Célibataires,1934, p. 831). [fjeʀo], fém. [-øt]. 1resattest. a) adj. α) 1545 fierot « un peu fier » (Le Maçon, Le Décaméron de J. Boccace, VI Préambule ds Hug.), attest. isolée, β) 1808 « prétentieux, fat d'une manière puérile » (Hautel), b) subst. 1780 « personne un peu fière » (Beaumarchais, Mémoires, III, 83 ds Brunot t. 6, 1308); de fier, suff. -ot, ote*, cf. a. fr. fieret « un peu fier » 1remoitié du xiiies. (J. Érart, Poésies, éd. J. Newcombe, p. 56). Fréq. abs. littér. : 5.
BBG. − Burgess (G.S.). Orgueil and fierté in twelfth-century French. Z. rom. Philol. 1973, t. 89, pp. 103-122. − Pauli 1921, p. 15 (s.v. fiérot).Venck. 1975, pp. 211-232.