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OREILLE, subst. fém.
I. − Organe sensoriel.
A. − ANAT., PHYSIOL. L'un des deux organes de l'audition et de l'équilibration des Vertébrés, constitué d'éléments logés dans la boîte crânienne et, dans certaines classes, d'éléments visibles. Oreille droite, gauche:
1. L'oreille nous apparaît, telle que nous la voyons s'exercer dans sa fonction auditive, comme un complexe capable de percevoir et d'analyser les pressions acoustiques (...). Elle défie, dans sa précision et sa rapidité d'exécution, toutes les possibilités des machines de laboratoire, si perfectionnées soient-elles. A. Tomatis,L'Oreille et le lang.,1978, p.60.
Oreille interne. Cavité située dans le rocher, composée de deux parties anatomiquement et physiologiquement distinctes: la cochlée qui transforme le message sonore physique en influx nerveux, le vestibule et les canaux semi-circulaires intervenant dans l'équilibration. Ces engins [des champs de foire] dépasseraient évidemment leur but, s'il ne s'agissait que d'affoler les organes de l'oreille interne, dont dépend le sens de l'équilibre (Jeux et sports,1967, p.172).L'appareil stato-acoustique [des Poissons] est représenté par l'oreille interne constituée comme chez les Tétrapodes (Encyclop. univ.t.131978, p.209).
Oreille moyenne. Cavité remplie d'air, limitée vers l'extérieur par le tympan qui, par l'intermédiaire de la chaîne des osselets, transmet les vibrations sonores à l'oreille interne. Certains des malades privés du dispositif de l'oreille moyenne n'entendent que des bruits dépourvus de tonalité et indépendants de la fréquence des oscillations (Piéron,Sensation,1945, p.185).
Oreille externe. Partie visible de l'oreille assurant la réception des vibrations sonores. L'oreille externe −C'est une nouveauté mammalienne. Le tympan, primitivement à fleur de peau, s'enfonce dans un conduit auditif externe, orné en dehors par un pavillon orientable par des muscles peauciers (qui peuvent être atrophiés comme dans l'espèce humaine) (Zool.,t.3, 1972, p.644 [Encyclop. de la Pléiade]).
B. − Cour. [Chez l'homme]
1. Organe de l'ouïe. Par suite d'un refroidissement, il lui vint une angine; peu de temps après, un mal d'oreilles (Flaub.,Coeur simple,1877, p.56).Ah! ce que je souffre dans ce moment de ma superesthésie dans l'oreille (...). Sans doute un déplacement du tympan, un jour que je me suis mouché trop fort (Goncourt,Journal,1894, p.670).
[P. allus. à l'École des Femmes de Molière] Georgette n'en était plus, comme Agnès, à croire que les enfants se font par l'oreille, mais ce mystère ne l'en inquiétait pas moins (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p.174).
a) [L'oreille, siège de sensations sonores dues à des phénomènes internes] Avoir des bourdonnements, des bruissements, des tintements d'oreilles/dans les oreilles; avoir les oreilles bourdonnantes, sifflantes; mes/tes oreilles bourdonnent, cornent, sifflent. La nuit (...) est troublée par des rêvasseries d'halluciné, les oreilles tintent, la tête tourne, le délire commence (Vallès,Réfract.,1865, p.41).Il a couru si vite qu'il ne peut plus respirer. Son coeur bat, son sang bruit dans ses oreilles: un chemin de fer, qui roule sous un tunnel (Rolland,J.-Chr., Nouv. journée, 1912, p.1591).
Expr. fam. Les oreilles ont dû vous tinter, vous siffler. On a beaucoup parlé de vous en votre absence. Les oreilles ont dû vous tinter ce soir. −Pourquoi donc, madame? −On a beaucoup parlé de vous chez moi (Augier,Effrontés,1861, p.402).
b) Ensemble de l'appareil auditif envisagé dans sa fonction de perception, d'identification des sons, de compréhension des messages sonores et p. méton. ouïe. Ne pas en croire* ses oreilles; ouïr, entendre* de ses deux oreilles; avoir des oreilles et ne pas entendre*. Je tire le voile sur des horreurs, dont mes oreilles seules furent à demi témoins (Restif de La Bret.,M. Nicolas,1796, p.115).Des mots, des formules bizarres frappaient ses oreilles. «Avez-vous vu Dick?» «Mes bijoux» «Maman... maman» (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.226).On nous annonça qu'il ne s'était rien passé et que nos oreilles avaient mal entendu (Camus,État de siège,1948, 1repart., p.204).
Aller, venir aux oreilles de qqn. Être entendu et p. méton. parvenir à la connaissance de quelqu'un (alors qu'on ne le souhaite pas). Trois ans plus tard, elle était sourde (...). Un seul bruit arrivait maintenant à ses oreilles, la voix du perroquet (Flaub.,Coeur simple,1877, p.56).Le motif du duel avorté étant purement imaginaire, il fallait empêcher qu'il parvînt aux oreilles de l'officier arbitrairement mis en cause (Proust,Sodome,1922, p.1073).
[Avec des verbes exprimant la nature ou l'intensité des sons] Résonner, retentir, sonner à l'oreille/aux oreilles. Une cloche de bois tintait à ses oreilles, en syllabes sourdes, «pour toujours» (Verlaine,OEuvres compl., t.4, Louise Leclercq, 1886, p.145).La vitesse faisait siffler à nos oreilles une légère brise (Benoit,Atlant.,1919, p.293).
[Dans des loc. évoquant l'attention de la pers. qui écoute ou au contraire l'inattention]
Avoir l'oreille au guet*, aux aguets*; avoir l'oreille en campagne (rare). Je demandais à Nieuwerkerke l'adresse de la princesse Julie. La princesse Mathilde, qui a toujours l'oreille en campagne, nous dit: «Hein? Qu'est-ce que vous demandez?» (Goncourt,Journal,1864, p.37).
Écouter de toutes ses oreilles, n'écouter que d'une oreille; être (tout yeux) tout oreilles (cf. être tout ouïe*). S'enfonçant dans son fauteuil avec le ramassement de l'homme qui se dispose à écouter, qui devient tout oreilles, il mit son menton dans sa main (A. Daudet, Nabab,1877, p.143).
Prêter, tendre l'oreille (à qqc.); dresser l'oreille; oreille tendue. Quand on prêtait l'oreille, on entendait aussi un tout petit bruit comme celui d'un ruisseau dans sa rigole (Ramuz,Gde peur mont.,1926, p.51).V. fouiner ex. 2.
Avoir l'oreille à qqc. Fixer son attention sur un objet capable d'émettre un son. Chez les autres l'ennui commence avec la tâche, ils font juste, jusqu'au point où la réprimande sévirait, ils ont l'oeil sur le soleil et l'oreille à la cloche (Pesquidoux,Livre raison,1928, p.262).
P. anal., expr. Les murs* ont des oreilles.
Entrer* par une oreille et sortir par l'autre.
Ouvrir*, fermer* l'oreille/les oreilles; se boucher* les oreilles.
Ne pas avoir d'oreille(s). Refuser d'entendre, de savoir, de comprendre. Mary-Ann essaya de calmer sa mère, mais la bonne dame n'avait pas d'oreilles (About,Roi mont.,1857, p.60).Il constatait la surdité des hauts lieux. Les privilégiés n'ont pas d'oreille du côté des déshérités (Hugo,Homme qui rit, t.3, 1869, p.186).Proverbe. Ventre affamé* n'a pas d'oreilles.
Ne pas mettre ses oreilles dans sa poche. Ne rien perdre de ce qui se dit. Il s'assit, sans souffler, sur le sable, et ne mit pas ses oreilles dans sa poche (Sand,F. le Champi,1848, p.208).
[Avec adj. exprimant l'attitude, l'état d'esprit de la pers. qui écoute] Prêter une oreille indulgente, complaisante; tendre une oreille avide. [Les Français] sont incapables de se plaire à des oeuvres issues d'une esthétique inconnue. Ils ne feraient pourtant que leur devoir, s'ils les écoutaient quelquefois d'une oreille et d'un esprit moins fermés (P. Lalo, Mus.,1899, p.389).Mon camarade (...) prête maintenant une oreille amusée au «phénomène vocal», une dame brune qui file des contre-mi presque insaisissables (Colette,Music-hall,1913, p.17).
[Dans des loc. évoquant une manière de parler à la pers. qui vous écoute] Chuchoter, glisser, murmurer à l'oreille, dans le creux de l'oreille, dans le cornet de l'oreille; crier aux oreilles. La Templinerie, aussi sourd qu'un pot, essayant en vain d'entendre ce qu'on lui cornait aux oreilles (Cladel,Ompdrailles,1879, p.48).Boulingrin, souffla la duchesse à son vieil ami dans le tuyau de l'oreille, est-ce que cette affaire ne vous paraît pas louche? (A. France,Hist. duchesse de Cigogne,1909, p.153).
Au fig. J'ai reçu avec un extrême plaisir votre lettre confidentielle du 1erjuillet. J'en avais besoin, car depuis longtemps nous ne nous étions rien dit à l'oreille (J. de Maistre, Corresp., t.4, 1812, p.246).
De bouche* à oreille ou d'oreille à oreille. Confidentiellement. Les plus grands chagrins ont accablé madame de B... (...). Je ne puis rien vous en dire; ce sont de ces choses dont on se parle d'oreille à oreille (Balzac,Lettres Étr., t.1, 1834, p.161).
[Dans des empl. ou loc. évoquant les capacités de l'oreille, la sensibilité de l'ouïe]
α) [La capacité de percevoir simplement les sons] Avoir bonne oreille, avoir l'oreille fine; c'est ma bonne, ma mauvaise oreille; avoir l'oreille dure, être dur d'oreille, être sourd d'une oreille/des deux oreilles; l'oreille durcit. [Charles X] s'assit auprès de la même table, penchant vers moi sa bonne oreille pour mieux entendre (Chateaubr.,Mém., t.4, 1848, p.217).Si j'ai une oreille paresseuse, je dois regarder plus attentivement de ce côté-là en traversant les rues (Alain,Propos,1921, p.342).
Au fig. Faire la sourde* oreille; ne pas tomber dans l'oreille d'un sourd*; ne pas l'entendre* de cette oreille.
β) [La capacité naturelle ou acquise par l'éducation, l'habitude, de distinguer les moindres nuances des sons, d'en goûter l'harmonie] Un bruit de grelots et le petit trot d'un cheval firent sursauter Séryeuse. Son oreille ne pouvait s'y tromper; c'était la voiture de sa mère (Radiguet,Bal,1923, p.124).
MUS. Avoir l'oreille juste, musicale, sensible, fausse; affiner, éduquer, exercer, former l'oreille; gâter l'oreille; jouer d'oreille. Dans mon enfance, j'avais l'oreille très délicate et l'on s'amusait souvent à me faire désigner la note produite par tel ou tel objet sonore (Saint-Saëns,Harm. et mélod.,1885, p.241).L'autre danger que dénonce Igor Strawinsky dans ses mémoires: «L'habitude continue d'écouter des timbres altérés et parfois défigurés, abîme l'oreille, laquelle désapprend ainsi à jouir du son musical naturel» (Mauriac,Journal 2,1937, p.129).
Avoir de l'oreille. Avoir l'oreille juste. Êtes-vous capable de me dire si le troisième violon a fait une fausse note à l'ouverture du troisième acte? −Non. −Alors taisez-vous. Vous n'avez pas d'oreille (Maupass.,Mt-Oriol,1887, p.166).
Oreille absolue. ,,On dit qu'un sujet a une oreille absolue quand il est apte à reconnaître ou à reproduire la hauteur de sons isolés, sans les mettre en rapport avec d'autres sons de hauteur connue`` (Éduc. 1979).
P. anal. [En poésie ou dans la prose] Rime pour l'oreille. Feriez-vous rimer trône et couronne? L'oreille, il faut l'avouer, n'est pas très satisfaite de cette rime (A. France,Servien,1882, p.163).Racine écrivait pour les oreilles; son vers est remarquablement plein; la faute de l'e muet est rare dans son oeuvre (Gourmont,Esthét. lang. fr.,1899, p.234).
[Pour une époque, un groupe social particulier] Qui de nous se fait une idée de l'harmonie de la prose de Démosthène et de Cicéron, de la cadence des vers d'Alcée et d'Horace, telles qu'elles étaient saisies par une oreille grecque et latine? (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.509).On a cru noter (...) que l'oreille moderne n'entendait plus certaines tonalités discernables jadis (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.51).
[Dans des empl. ou loc. évoquant la manière dont l'oreille, la sensibilité de l'auditeur est affectée par les sons] Charmer, satisfaire l'oreille/les oreilles; blesser, choquer, déchirer, écorcher l'oreille/les oreilles; assourdir, étourdir les oreilles. Du banc des officiers partirent des huées et des sifflets à fendre les oreilles (Mérimée,Mosaïque,1833, p.122).Lucien avait réellement l'oreille offensée par la voix éclatante de ce bel homme (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.31).
Fam. Casser les oreilles. Faire beaucoup de bruit et p.ext. importuner. Non, mais, Paule! Est-ce que tu vas nous foutre la paix, oui! −Vous dites? (...) −Je dis que tu nous casses les oreilles. Laisse ces enfants tranquilles (H. Bazin, Vipère,1948, p.70).
Battre, rebattre les oreilles et aussi rabattre les oreilles. Ennuyer en répétant toujours la même chose. Une vieille rengaine de Massenet, dont la petite nous rebat les oreilles (Proust,Prisonn.,1922, p.11).
Rem. Les grammairiens normatifs condamnent rabattre les oreilles. ,,On rebat (et non rabat) les oreilles de quelqu'un (...). L'expression rebattre les oreilles est évidemment l'expression correcte. Il est certain que dans l'usage parlé on utilise parfois −mais pour rire −l'expression rabattre les oreilles, qui prend une valeur imagée plus expressive`` (Dupré 1972).
En partic. [À propos de mots choquants, crus] Terme qui choque, offense l'oreille. [Rimbaud] venait à la bibliothèque de ladite ville et y demandait des ouvrages malsonnants aux oreilles du bibliothécaire en chef (Verlaine,OEuvres compl., t.4, Poètes maud., 1884, p.19).−Patron... commença l'inspecteur. Le magistrat tressaille toujours à ce mot grossier auquel son oreille ne peut se faire (Bernanos,Crime,1935, p.829).
[Suivi d'un adj. qualifiant la pers. qui écoute] Choquer les oreilles innocentes, sensibles de qqn; avoir l'oreille prude. La mère de Georgette était venue seule, ne se souciant pas d'exposer les chastes oreilles de sa fille aux plaisanteries un peu crues d'un déjeuner de chasseurs (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p.140).Dans la bouche de Milan, elle [la crudité du langage] avait un naturel qui blessait les oreilles civilisées (Aymé,Travelingue,1941, p.61).
c) Mémoire de l'oreille [et empl. évoquant la mémoire auditive]. L'oreille encore pleine des applaudissements tarasconnais (A. Daudet, Tartarin de T.,1872, p.49).Anaïs, Luce, quelques autres, ont heureusement une bonne mémoire de l'oreille, et me suivent de la voix dès la troisième fois (Colette,Cl. école,1900, p.247).
Avoir dans l'oreille. Se souvenir (de sons, de paroles). J'ai encore dans l'oreille cette voix spéciale que tu prenais alors, lorsque ta vanité était en jeu (Mauriac,Noeud vip.,1932, p.66).
2. P. méton. Personne qui écoute. Se garer des oreilles curieuses; les oreilles ennemies écoutent. Il se tuait à faire comprendre à la marquise d'Espard, à madame de Nucingen et à la comtesse, dans une conversation à huit oreilles, qu'elles devaient admettre madame Rabourdin dans leur coalition (Balzac,Employés,1837, p.210).Prudemment, la Pierronne se taisait, à présent qu'il y avait trop d'oreilles (Zola,Germinal,1885, p.1226):
2. L'homme se remit à parler, avec cette volubilité des solitaires qui pensent avoir enfin rencontré une oreille bienveillante... Duhamel,Confess. min.,1920, p.135.
Avoir une oreille dans (un lieu). Connaître une personne qui vous rapporte tout ce qu'il s'y passe. Valérie (...) voulant avoir une oreille dans la famille Hulot, caressait beaucoup la vieille fille (Balzac,Cous. Bette,1846, p.92).
Être l'oreille de qqn. Recueillir des informations pour son compte. Basile: Semen est un habile ministre, zélé pour le bien public (...). Il est l'oreille de notre glorieux tsar. Fedor: Plût au ciel que notre glorieux tsar eût une oreille moins avide à recueillir les dénonciations! (Mérimée,Débuts aventur.,1853, p.317).
3. Au fig.
a) L'oreille du coeur, l'oreille intérieure. La sensibilité. Renan, dans la Prière sur l'Acropole, en tira [du voyage de Grèce] le cantique de l'esprit, un lied de l'intelligence, léger et fait de rien, mais que notre oreille intérieure ne peut plus écarter (Thibaudet,Réflex. crit.,1936, p.9).Je savais avec ce mot que je trouverais l'oreille de votre coeur (Claudel,Soulier,1944, 1repart., 2ejournée, 3, p.1008).
b) Confiance que l'on accorde à quelqu'un. [L'évêque] commençait à retirer chaque jour un peu plus de son oreille aux religieux (Fabre,Lucifer,1884, p.70).
Avoir l'oreille de qqn. Avoir toute sa confiance, en être écouté favorablement. Avoir l'oreille du roi, c'est tirer et pousser à sa fantaisie le verrou de la conscience royale, et fourrer dans cette conscience ce qu'on veut (Hugo,Homme qui rit, t.2, 1869, p.28).Donc passons sur l'Écho de Paris (...) mais n'as-tu pas l'oreille de quelques autres journaux où je pourrais travailler? (Verlaine,Corresp., t.1, 1890, p.233).
C. − En partic. Oreille externe et principalement pavillon de l'oreille.
1. [Chez l'homme] La conversation générale des femmes sur la plage: leurs oreilles, qu'elles se sont fait percer pour mettre des boucles d'oreille (Goncourt,Journal,1864, p.66).Un petit morvandiau, tout brun? (...) qui a les oreilles sans ourlet et la peau tannée? (R. Bazin, Blé,1907, p.29):
3. ... il passait et repassait la main sur les oreilles décollées, qui pliaient le long de la joue et se redressaient comme des ressorts, et devenaient brûlantes... Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.673.
SYNT. Hélix, lobe, lobule, tragus de l'oreille; oreille(s) grande(s), petite(s), bien contournée(s), bordée(s), ourlée(s), rouge(s), transparente(s); oreilles broussailleuses, poilues, velues; oreilles détachées, écartées, en feuilles de choux, en chou-fleur; (se) laver les oreilles, mettre du coton dans ses oreilles; se frotter, se gratter l'oreille; enfoncer son chapeau jusqu'aux oreilles, remonter son col jusqu'aux oreilles; mettre son crayon sur l'oreille; appliquer, coller son oreille contre une porte; anneaux, pendants d'oreilles.
Avoir, mettre, poser (son chapeau) sur l'oreille. [Signe de détermination ou d'insouciance, de laisser-aller] Alfred avait le canotier sur l'oreille. Loin de sa femme, ce petit quadragénaire gras reprenait du poil de la bête (Mauriac,Noeud vip.,1932, p.215).Il marchait en balançant les poings, son chapeau mou crânement posé sur l'oreille (Van der Meersch,Invas. 14,1935, p.205).
Couper une oreille, les oreilles. [Pour châtier les malfaiteurs, les voleurs autrefois, ou pour menacer] Jeune homme, j'ai eu le bonheur, à Bristol, de n'avoir qu'une oreille coupée quand je méritais qu'il ne m'en restât pas une (Janin,Âne mort,1829, p.68).
Frotter* les oreilles, donner* sur les oreilles, secouer les oreilles à qqn. Donner une correction. Je vais te secouer les oreilles, fumiste! Filou! (Audiberti,Quoat,1946, 2etabl., p.51).
Pincer, tirer les oreilles; prendre par l'oreille. [Pour châtier, surtout pour punir un enfant] Spinello, tu es bien ignorant pour ton âge. J'ai grande envie de te tirer les oreilles comme à un mauvais écolier (A. France,Puits ste Claire,1895, p.79).J'aurais pris le gamin par les oreilles et je vous l'aurais fouetté avec une bonne poignée d'orties (Bernanos,Crime,1935, p.815).
Loc. fam. Avoir la puce* à l'oreille. Dépendre* les oreilles. Dormir* sur ses deux oreilles, sur l'une ou l'autre oreille; ne dormir* que d'une oreille. Fendre* l'oreille. Pendre* à l'oreille.
En avoir sur l'oreille (vieilli). ,,Être fatigué, abattu`` (Littré).
Ne pas avoir de coton dans les oreilles. Ne rien perdre de ce qui se dit. Certain Boniface (...) s'était vanté jadis de n'avoir jamais eu de la cire aux yeux, ni les prunelles à la poche, ni du coton dans les oreilles (Cladel,Ompdrailles,1879, p.310).
Chauffer*, échauffer les oreilles. Agacer. Avoir chaud aux oreilles. Être agacé. C'était la seconde fois, cet après-midi là, qu'on autorisait ainsi quelqu'un à lui parler. Et ce n'était pas seulement parce que (...) il était en vacances. C'était une question de caste, en quelque sorte, et le commissaire commençait à en avoir chaud aux oreilles (Simenon,Vac. Maigret,1948, p.119).
Se faire tirer l'oreille. Se faire prier, être peu enclin à faire quelque chose. La main leste à la poche, ne se faisant jamais tirer l'oreille pour payer des glaces ou du punch, il prêtait cinquante francs sans jamais les redemander (Balzac,Employés,1837, p.88).
P. métaph. Sa destination avait toujours été d'être magnifique; mais ses rentes se faisaient un peu tirer l'oreille (Montherl.,Bestiaires,1926, p.389).
Y laisser ses oreilles. ,,Être maltraité`` (Littré). Rapporter ses deux oreilles. Revenir sain et sauf d'une aventure, d'une entreprise dangereuse. Après avoir été la dupe d'une femme, il devait être la dupe du monde et des fausses amitiés. L'expérience qu'il a gagnée est chèrement payée, voilà tout. Nos ancêtres disaient: pourvu qu'un fils de famille revienne avec ses deux oreilles et l'honneur sauf, tout est bien (Balzac,Illus. perdues,1843, p.576).Croyez-vous mon fils capable de s'afficher avec cette ouvrière? −Et quand cela serait, répondit le barbier en riant, pourvu qu'un garçon rapporte au logis ses deux oreilles, il n'y a pas à s'inquiéter du reste (Theuriet,Mariage Gérard,1875, p.24).
Pédaler avec les oreilles. ,,Dodeliner de la tête en pédalant, signe extérieur d'une grande fatigue`` (Glossaire du sport cycliste ds Vie Lang. 1966 no173, p.452).
P. exagér. [À propos d'un rire, d'une grimace] Rire d'une oreille à l'autre. Et Pierrot d'élargir jusqu'aux oreilles une grimace enfarinée (Bertrand,Gaspard,1841, p.84).Un rire d'allégresse fendait sa bouche jusqu'aux oreilles, ses yeux tout ronds s'illuminaient (A. France,Pt Pierre,1918, p.120).
Loc. adv. fam. à valeur intensive
Jusqu'aux oreilles. Entièrement. Être crotté jusqu'aux oreilles. Elle rencontre son regard et rougit jusqu'aux oreilles (Bernanos,M. Ouine,1943, p.1478).
Au fig. Synon. jusqu'au cou.Être dans une affaire jusqu'aux oreilles. Oh! Oh! comme je vais être seul maintenant! Et me voilà dans le malheur jusqu'aux oreilles! (Maeterl.,Maleine,1889, p.221).
Par-dessus les oreilles
Autant que l'on peut, à l'excès. Si l'on avait pu voir dans toutes les chambres, on aurait assisté à quelque chose de drôle, le petit monde s'en donnant par-dessus les oreilles (Zola,Nana,1880, p.1314).Pour neuf lecteurs sur dix, un roman est un plat dont ils s'empiffrent et dont ils veulent avoir par-dessus les oreilles (A. France,Vie littér.,1892, p.318).
En avoir par-dessus les oreilles. En avoir assez, être accablé. Synon. en avoir par-dessus la tête.Quant à la Cibo, j'en ai par-dessus les oreilles: hier encore, il a fallu l'avoir sur le dos pendant toute la chasse (Musset,Lorenzaccio,1834, iv, 1, p.214).
En loc. adj., vieilli. Vin d'une oreille. Bon vin (,,parce que le bon vin fait pencher la tête de celui qui le goûte d'un côté seulement``, (Littré);) vin de deux oreilles. Mauvais vin (,,parce qu'on secoue la tête et par conséquent les deux oreilles``, (Littré).)
Rem. Explication différente chez A. France (Rabelais, 1909, p.3): Et, quand il s'écrie que le pineau est à une oreille, c'est que les Chinonais mettaient le bon vin dans des cruchons à une oreille, ou (...) à une seule anse.
2. [Chez les animaux] L'âne qui marche en tête, l'âne coronel, a toujours un petit plumet qui marque sa supériorité dans la hiérarchie de la gent à longues oreilles (Gautier,Tra los montes,1843, p.70).Les oreilles [du taureau] pointaient, tantôt l'une, tantôt l'autre, tantôt les deux à la fois, dans un mouvement sans repos (Montherl.,Bestiaires,1926, p.526):
4. [Le lièvre] dort, les oreilles soigneusement rabattues sur le dos, pareil à une grosse pierre terne (...) et les bouts noirs et blancs de ses oreilles frémissent quand un bruit étrange aux rumeurs coutumières de la forêt heurte ses notes discordantes au concert monotone qui berce son sommeil. Pergaud,De Goupil,1910, p.127.
SYNT. Oreilles larges, petites, pointues, rondes; oreilles mobiles; oreilles aplaties, couchées, droites, pendantes; coucher, dresser, remuer les oreilles; chauvir des oreilles; couper, tailler les oreilles d'un chien.
[Chez le cheval] Les oreilles sont un élément important de la beauté de la tête quand elles sont hardies, c'est-à-dire quand leur taille, leur forme, leur port sont corrects. Trop grandes, ce sont des oreilles d'âne (...). Si les oreilles sont ballottantes pendant la marche, on dit que le cheval a des oreilles de cochon ou qu'il a les oreilles plaquées (Larousse du cheval,1975, p.195).
[P. allus. au conte du Petit Chaperon Rouge] Léo: Tais-toi, Yvonne approche... Georges: −Tu as de grandes oreilles, Léo. Léo: −C'est pour mieux empêcher qu'on te dévore, mon enfant! (Cocteau,Parents,1938, i, 8, p.219).
Oreilles d'âne. [Symbole de l'ignorance] Cette tombe, si mon souvenir est exact, était située près du lavabo surmonté d'une tête de moine à oreilles d'âne, ces oreilles-là me reviennent de droit si j'ai cité de travers (Hugo,Corresp.,1862, p.394).[P. allus. à Midas] Certaines nuits, j'étais naïvement effrayé par mon intelligence, sachant que si l'artiste métamorphose tout en or, il ne saurait se passer d'oreilles d'âne. Je me tâtais les tempes, je me mêlais les cheveux, je cherchais des oreilles d'âne. J'en trouvais dans mon manque de culture et dans ma prétention même (Cocteau,Potomak,1919, p.22).
ART CULIN. Oreilles de veau, de porc farcies, frites, grillées, à la Mirepoix. −Voulez-vous du thé? −Du thé? parle-moi d'une bonne soupe aux oignons, à la bonne heure; et puis, attends... −Une oreille de veau à la vinaigrette? −Oui, c'est cela, une oreille à la vinaigrette (Erckm.-Chatr.,Ami Fritz,1864, p.38).
TAUROM. Récompense accordée au matador. Si le public a particulièrement apprécié le travail du matador, il demandera au président l'octroi de l'oreille du toro (...). L'octroi de la deuxième oreille, éventuellement de la queue, est de la compétence exclusive du président qui n'a pas à se ranger à une pétition du public (Cas.-DupuyTaurom.1981).
Loc. fig.
Tenir le loup par les oreilles. ,,Être aux prises avec une situation difficile sans savoir comment en sortir`` (Ac. 1935).
[À propos de pers., p. anal. avec les attitudes, les possibilités des oreilles de certains animaux]
Avoir l'oreille basse. Être honteux, humilié. Aussitôt qu'il paraissait avec ses souliers ferrés, ses bas de laine bleue (...), on affectait de mettre la conversation sur un ton de cour: ne sachant quelle contenance tenir, Stamply se retirait confus, humilié et l'oreille basse (Sandeau,Mllede La Seiglière,1848, p.90).−Avez-vous eu souvent l'oreille basse, dans la vie? vous demande-t-il (Villiers de l'I.-A.,Contes cruels,1883, p.348).
[P. allus. à la fable de La Fontaine, L'Âne vêtu de la peau du lion] Laisser passer, montrer (le bout de) l'oreille. Se dévoiler involontairement, laisser deviner ses intentions. Je ne réussis plus à me prendre au sérieux dans mon rôle turc; Loti passe le bout de l'oreille sous le turban d'Arif, et je retombe sottement sur moi-même (Loti,Aziyadé,1879, p.106).Le bout de l'oreille. Ce qui révèle quelque chose. Le bon Dieu est cruel de ne pas laisser entrevoir aux sous-préfets le petit bout de l'oreille de l'avenir (Hugo,Hist. crime,1877, p.191).
Secouer les oreilles. Ne plus se soucier de quelque chose. Il faut que je retrouve l'homme qui m'a insulté, répétait Leuwen (...). −Dans le métier que nous faisons, vous et moi, répondit enfin Coffe d'un fort grand sans-froid, il faut secouer les oreilles et aller en avant (Stendhal,L. Leuwen, t.3, 1835, p.49).
Proverbe. Chien* hargneux a toujours l'oreille déchirée.
P. compar. ou p. métaph.
Serviette nouée en oreilles de lapin. Le muguet: deux longues oreilles vertes et un petit bouton blanc (Renard,Journal,1900, p.581).Une grande consoude, aux feuilles en oreilles d'âne (Genevoix,Rroû,1931, p.112).
(Cheveux coupés en) oreilles de chien. Coiffure, à la mode, sous le Directoire, dans laquelle deux longues mèches de cheveux encadraient le visage. Deconinck déclamait entre ses oreilles de chien envolées par-dessus le haut collet de son habit, et il brandissait son chapeau à la Robinson (Adam,Enf. Aust.,1902, p.266).
II. − P. anal.
A. P. anal. de fonction
1. Oreille artificielle. ,,Dispositif utilisé pour étalonner les écouteurs, comportant un microphone destiné à mesurer la pression acoustique et un coupleur tel que l'impédance acoustique de l'ensemble soit sensiblement égale à celle de l'oreille humaine moyenne`` (Piéron 1973).
2. Oreille électronique. ,,Appareil composé d'un microphone, d'amplificateurs, de filtres et d'écouteurs, employé pour la rééducation des troubles phonatoires et de la dyslexie`` (Lafon 1969).
B. − P. anal. de forme ou de position
1. Partie latérale ou partie saillante d'un objet.
a) Vx. ,,Pli qu'on fait à un feuillet de livre, au coin d'en haut ou d'en bas, pour marquer l'endroit où l'on a interrompu sa lecture`` (Ac. 1935). Synon. corne.
b) Un des coins d'une pièce de tissu nouée, qui dépasse du noeud. Il portait sous son bras une toilette verte (...) puis, défaisant les quatre oreilles de la toilette, il découvrit un tas de petits livres jaunes (A. France,Bonnard,1881, p.269).Beaube (...) amenait les meubles sur une brouette; deux ballots dans des draps noués à grandes oreilles, un sac de jute bossué de casseroles (Hamp.,Champagne,1909, p.92).
c) [Dans des pièces d'habillement]
Une des deux parties d'un bonnet, d'une casquette qui servent à couvrir les oreilles. Synon. oreillette, oreillon.Le plus petit était coiffé d'une casquette militaire, à oreilles rabattues (Vercel,Cap. Conan,1934, p.122).
Une des attaches d'un pantalon, d'une culotte. Il attacha les boucles d'or aux oreilles de son ample culotte de soie (Balzac,Mais. chat,1830, p.30).
Une des deux parties d'une chaussure qui couvrent le cou de pied et dans lesquelles on passe les lacets. Des souliers dont les oreilles étaient attachées avec des rubans à noeuds barbotants (Balzac,Cous. Bette,1846, p.263).
d) Une des deux pièces qui reviennent de chaque côté du dossier dans certains fauteuils pour soutenir la tête. Synon. oreillard, oreillette, oreillon.Bergère à oreilles. Tout y sent les précautions contre les courants d'air; de grands rideaux, deux fauteuils à oreilles (Butor,Passage Milan,1954, p.122).
e) Appendice ou l'un des appendices pleins ou évidés d'un objet, placés de chaque côté de cet objet et qui servent généralement à le saisir commodément, à le fixer. Oreilles d'une écuelle, d'un pot, d'une soupière; cruchon à oreille. L'écrou à oreilles ou à poignée destiné à être serré à la main (Gorgeu,Machines-outils,1928, p.47).La mère accrocha son écumoire à l'oreille de la marmite (Aymé,Jument,1933, p.176).Il existe (...) des bandes en papier, munies d'oreilles ou d'autres dispositifs permettant de les attacher à leurs voisines (Jolley,Trait. inform.,1968, p.197).
f) Dans d'autres domaines
AGRIC. Oreille (d'une charrue). Synon. de versoir.Le versoir ou oreille a pour but de retourner la bande de terre qui vient d'être découpée verticalement par le coutre et horizontalement par le soc (Passelègue,Mach. agric.,1930, p.16).
ARCHIT. Partie saillante d'un appui de fenêtre ou d'un seuil de porte, encastrée de chaque côté dans le tableau de la baie (v. Chabat 1881 et Noël 1968).
MAR. Oreille (d'une ancre). Partie large et saillante de la patte d'une ancre qui sert à la maintenir à la même place (v. Bonn.-Paris 1859 et Soé-Dup. 1906).
MUS. ,,Dans les jeux d'orgues, petites lames que l'on soude à la bouche des tuyaux et qui servent à les accorder`` (Jossier 1881).
2. En comp. Oreille + subst. désignant le plus souvent un animal et précisant l'analogie
a) BOT. [Nom populaire de certains végétaux]
Oreille de + subst. désignant un animé
Oreille d'âne. Consoude. (v. supra I C 2). Synon. oreille de vache.Les banquettes [d'un chemin] étaient mangées par des bardanes, le sol même de la route était jonché d'oreilles d'âne, de pieds d'alouette, de dents de lion (Giono,Chron., Noé, 1947, p.236).V. consoude ex.
Oreille d'homme. Asaret d'Europe ou cabaret. C'est une substance solide qui est contenue dans la racine du cabaret ou oreille d'homme (Wurtz,Dict. chim., t.1, 1ervol., 1869, p.428).
Oreille de Judas. ,,Champignon noir, translucide, veiné, souvent consommé dans les restaurants chinois`` (Lar. encyclop.). L'oreille de Judas (...) champignon en forme de lame (Plantefol,Bot. et biol. végét., t.2, 1931, p.134).
Oreille de lièvre. Buplèvre en faux (v. D. Aichele, Quelle est donc cette plante, Paris, Nathan, 1975, p.128). Pézize. Synon. oreille d'âne.L'oreille de lièvre (...) est une belle Pézize dissymétrique, en pavillon dressé, fixé latéralement par un pied velu, blanc, très court. Elle simule une longue oreille jaune ocre, on la trouve en automne dans les bois (C. Lemoine, G. Claustres, Connaître et reconnaître les champignons,1977, p.226).Plantain lancéolé (v. D. Aichele, op. cit., p.378).
Oreille d'ours. Primevère auricule. Madame Granson (...) avait arboré son chapeau vert à bouquets d'oreilles d'ours (Balzac,Vieille fille,1836, p.334).
Oreille de souris. Myosotis (v. Gatin 1924). Piloselle. Synon. oreille de rat.
Oreille de + subst. désignant une plante, le plus souvent un arbre.[Nom populaire des pleurotes qui poussent généralement sur le bois] Oreille de l'olivier, de l'orme. Le Pleurote du Panicaut ou oreille de chardon (...) pousse en fin d'été et en automne sur les vieilles souches de chardons panicauts, dans les jachères, les landes sèches, pierreuses, les lieux secs herbeux (C. Lemoine, G. Claustres, Connaître et reconnaître les champignons,1977p.136).
b) ZOOL. Nom populaire de coquillages marins.
Oreille de mer ou oreille de Saint-Pierre. Haliotide ou ormeau. De superbes oreilles de mer, dont la nacre est du plus bel orient; elles ont jusqu'à neuf pouces de longueur, sur quatre de largeur (Voy. La Pérouse,t.2, 1797, p.282).
Oreille de Midas. [Les naturels] nous apportèrent quelques coquilles et entre autres une grande quantité de celles dites oreilles de Midas, dont le débit était toujours assuré parmi nos matelots conchyliologistes (Dumont d'Urville,Voy. Pôle Sud, t.6, 1844, p. 121).
c) MARINE
Oreille d'âne. ,,Sorte de cuillère en tôle légère, comportant une partie tubulaire, qu'on insère dans un hublot ouvert, dans le sens du vent, pour que la partie extérieure fasse résistance à l'air et que la partie tubulaire amène cet air à l'intérieur`` (Le Clère 1960).
Oreille de lièvre. Voile latine triangulaire. Montrer ses oreilles de lièvre. ,,Porter les voiles en ciseau`` (Gruss 1978).
d) CH. DE FER. Oreille de cochon. Appareil servant à la remise sur rails des véhicules déraillés, constitué par une plaque triangulaire formant rampe qui guide la roue déraillée jusqu'à la table de roulement du rail (d'apr. Lar. encyclop.).
e) TECHNOL. Oreille d'âne. ,,Outil méplat que l'on passe dans l'anneau d'une clef pour la fixer sur l'étau lorsqu'on lime le panneton`` (Chabat t.2 1876).
REM. 1. [En compos.] V. couvre-oreille, cure-oreille, perce-oreille et aussi gratte-oreilles, subst. masc.[La chatte] choisit longuement dans le jardin une branche taillée en biseau (...) pour s'en servir en guise de brosse à dents d'abord, puis de gratte-oreilles (Colette,Mais. Cl.,1922,p.246).2.
Oreillé, -ée, adj.a) Pourvu d'oreilles. Ânes magnifiquement oreillés (Guérin 1892). b) Hérald. [En parlant de poissons, de coquilles] Dont les oreillettes sont d'une autre couleur. Dauphin d'argent oreillé de gueule (DG).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀ εj]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. a) Fin xes. aurelia «partie visible de l'organe de l'ouïe» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 160); b) ca 1100 oreille (d'un animal) (Roland, éd. J. Bédier, 732); 2. a) ca 1145 oreille «organe de l'ouïe (Wace, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 1804); 1636 oreille extérieure (Monet); 1690 oreille intérieure, interne, externe (Fur.); 1814 oreille moyenne (Nysten); b) ca 1155 «attention prêtée à un interlocuteur» (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 4784: surde oreille fist); c) 1547 mus. (J. Martin, Architecture, trad. de Vitruve, p.151: avec le jugement de l'oreille musicienne); 1630 (Malherbe, Poésies VI, Lxxiii, éd. J. Lavaud, p.203: une si juste oreille); 1690 avoir de l'oreille (Fur.); d) 1559 «confiance» (Du Bellay, Le poète courtisan ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.2, p.70: S'il gaigne comme toy des grands Princes l'oreille); e) 1660 «personne qui entend, qui écoute» (Bossuet, Sermons, Charité fraternelle ds Littré, § 9); 3. a) 1952 oreille électronique (Figaro, 19-20 janv., p.7); b) 1959 oreille artificielle (Electron.). B. P. anal. de forme 1. a) 1247 oraille «anse (d'un van)» (ds G. Espinas, Vie urbaine de Douai, III, 62 ds Fonds Barbier); b) 2emoitié xiiies. «partie de la chaussure où l'on passe les boucles, les lacets» (Gaufrey, éd. F. Guessard et P. Chabaille, 5648: l'oreille d'un souler); c) 1322 «anse d'un récipient» (Dehaisnes, Doc. et extr. divers concernant l'hist. de l'art dans les Flandres... t.1, p.247: paielle d'arain noeve a deus orelles); d) 1388 «pièce métallique» (B. Prost, Inventaires, t.2, p.347: grant caudiere à deux oreilles); e) 1478 «partie d'un couvre-chef» (Arnaud d'Agnel, Comptes du roi René, t.2, p.98: bonnetz à grans oreilles); f) xves. [date du ms.] «manche de charrue» (Gloss. de Garlande, éd. A. Scheler, p.307: Stiva [...] orille); g) 1606 mar. oreille de lievre «sorte de voile» (Nicot); h) 1636 mus. «lame de plomb, dans les jeux d'orgues» (Mersenne, Harmonie universelle, Livre des orgues, p.330); i) 1642 «pli fait à une page de livre» (Oudin Fr.-Ital.); j) 1678 mar. oreille de l'ancre (Guillet, Les Arts de l'homme d'épée); k) 1704 «coin de la toile qui enveloppe un ballot» (Trév.); l) 1721 agric. «versoir de charrue» (Liger, Nouv. maison rustique, t.1, 2epart., p.501); m) 1724 oreilles de chien terme de mode (Satyre nouvelle ... ds Brunot t.6, p.1104); 1797 sobriquet donné à la jeunesse dorée, pendant le Directoire (texte ds Brunot t.9, p.836) ; n) 1755 écrou à oreilles (Encyclop. t.5, s.v. écrou); o) 1830 «partie latérale d'un dossier de fauteuil» (Balzac, Bal Sceaux, p.95: fauteuil à oreilles), cf. oreillette; p) 1868 archit. «entaille au bout d'un appui de croisée ou d'un seuil» (Littré); q) 1876 oreille d'âne «outil passant dans l'anneau d'une clé» (Chabat); r) 1952 oreille d'âne «conduit cylindrique en tôle permettant l'aération d'une cabine de navire» (Gruss); 2. bot. a) 1546 oreille de souris (J. Martin, trad. [F. Colonna] Discours du songe de Poliphile, fo17 rods Quem. DDL t.12, s.v. adiante: Alsine ou oreille de soriz); b) 1552 oreille de Judas sorte de champignon (Rabelais, Quart livre, chap.LX, éd. R. Marichal, p.242: aureilles de Judas); c) 1570 oreille d'homme «asaret» (Pena et Lobel ds Roll. Flore t.9, p.217); d) 1591 oreille de souris «piloselle» (Lobelius, ibid. t.7, p.197); e) 1611 oreille de lièvre «myosotis» (Cotgr.); f) 1611 oreille d'âne «grande consoude» (ibid.); g) 1694 oreille de souris «myosotis» (Tournefort Bot. t.1, p.210); h) 1887 oreille de lièvre «pezize» (Joret ds Roll. Flore t.11, p.175); 3. zool. a) 1611 oreille de mer (Cotgr.); b) 1832 oreille de Saint-Pierre, oreille de boeuf (Raymond). Du lat. pop. auricula «oreille; ouïe; anse de cruche; en compos. dans quelques noms de plantes: auricula muris, etc.», dimin. en -icula (cf. suff. -ule*) du lat. class. auris «oreille; oreille attentive, attention; jugement de l'oreille; orillon d'une charrue», auquel il s'est substitué. Fréq. abs. littér.: 10602. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 13579, b) 18314; xxes.: a) 16023, b) 14052. Bbg. Långfors (A.). Notes lexicogr. Neuphilol. Mitt. 1940, t.41, pp.110-112. _Quem. DDL t.19, 20.