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ORACLE, subst. masc.
A. − HIST. ANC.
1. Réponse d'une divinité à la personne qui la consulte. Prononcer, recevoir des oracles. Il était allé à Cumes sur les lieux où la Sibylle rendait ses oracles (Barrès,Cahiers,t.12, 1920, p.312):
1. Nicias monte à la tribune et déclare que ses prêtres et son devin annoncent des présages qui s'opposent à l'expédition. Il est vrai qu'Alcibiade a d'autres devins qui débitent des oracles en sens contraire (...). Surviennent des hommes qui arrivent d'Égypte; ils ont consulté le dieu d'Ammon (...) et ils en rapportent cet oracle: les Athéniens prendront tous les Syracusains. Fustel de Coul.,Cité antique,1864, p.280.
Oracles sibyllins.*
2. P. méton.
a) Divinité consultée; personnalité religieuse qui la consulte et qui transmet ses réponses. Interroger un oracle; l'oracle dit; réponse de l'oracle. Chacune [des armées] a ses oracles qui lui ont promis le succès, ses augures et ses devins qui lui assurent la victoire (Fustel de Coul.,Cité antique,1864, p.263).C'est de l'Oracle de Delphes que Socrate lui-même a recueilli le célèbre précepte: «Connais-toi toi-même», et l'Oracle n'enseignait pas la philosophie (Gilson,Espr. philos. médiév.,1932, p.2).
P. compar. À la maison, je vois ça d'ici, tu étais le jeune homme instruit qu'on écoutait comme un oracle (Aymé,Uranus,1948, p.82).
Parler comme un oracle. Bien parler, avec bon sens. (Dict. xixeet xxes.).
[En parlant d'un attribut de la pers.] D'oracle.Qui présente certaines caractéristiques (autorité, solennité, prédiction) propres à un oracle. Paroles, voix d'oracle. Tholomyès (...) fit un geste d'oracle (Hugo,Misér.,t.1, 1862, p.157).
En partic. Ton d'oracle. Ton solennel qui en impose. Il faut que lui-même renonce à donner aux siens, d'un ton d'oracle et de Mentor, des leçons comme celle-ci (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.3, 1862, p.44).
b) Lieu, sanctuaire où se passe cette consultation. La terre (...) avait un temple à Athenes et à Sparte; son autel et son oracle à Olympie (Dupuis,Orig. cultes,1796, p.28).
B. − RELIG. JUDÉO-CHRÉT.
1. Parole de Dieu, de ses prophètes. Il avait les audaces d'images, les éclairs, les retentissements des oracles de Jéhovah (Lamart.,Confid.,1851, p.295).
2. P. méton., rare. Synon. de propitiatoire:
2. Pourquoi le prêtre, dans l'ancienne loi, faisoit-il brûler des parfums? Le lévitique nous l'apprend: c'étoit afin que leur vapeur couvrît l'oracle qui étoit sur l'autel du témoignage, et que le prêtre ne mourût pas. Saint-Martin,Homme désir,1790, p.205.
C. − P. anal.
1. Parole divinatoire inspirée par une puissance supérieure, propice ou néfaste. [Macbeth] apprend que l'oracle des sorcières s'est accompli (Staël,Corinne,t.2, 1807, p.75).D'autres peuplades essayent d'exploiter les esprits (...). On s'efforce parfois de leur tirer quelques oracles (Valéry,Variété III, 1936, p.191).
2. Littér. et/ou iron.
a) Message interprété à partir d'un événement, d'un objet; ce qui sert de support à cette interprétation. Les souffrances sont des oracles. Que signifie donc cette palpitation douloureuse qui soulève mon sein? (Staël,Corinne,t.3, 1807, p.22).Les noisetiers murmuraient et je comprenais leur oracle; j'étais attendue: par moi-même (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.148).
b) Parole, écrit, opinion, décision faisant autorité, émanant d'une personne, d'une institution faisant autorité. Les oracles de la justice. L'Esprit des Lois fut l'oracle des philosophes du grand monde (Bonald,Législ. primit.,t.1, 1802, p.92).Victor Legrand y rendait ses oracles sur toutes les questions de philosophie biologique (Duhamel,Nuit St-Jean,1935, p.102).
En emploi adj. Vers le tard, pas un mot qu'il ne dît qui ne devint oracle (Valéry,Variété IV,1938, p.125).
P. méton. Personne ayant du crédit, faisant autorité. La première fois (...) je considérai avec une véritable émotion cet oracle trapu, aux yeux bleus, à la barbe blanche [V. Hugo] (L. Daudet, Fant. et viv.,1914, p.12).
[Suivi d'un compl. prép. ou d'un adj. indiquant le lieu, le temps, le domaine où s'exerce cette autorité] Oracle du goût, de la médecine; oracle d'un quartier, d'un salon; oracle en matière de... Un vieillard qui était l'oracle du bourg (Mérimée,Colomba,1840, p.70).Si vous avez une discrétion à toute épreuve, vous serez notre oracle financier (Balzac,Initié,1848, p.424).
En emploi adj. Boileau (...) si agréable, si considérable, si oracle à bon droit dans sa sphère (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.1, 1861, p.302).[Taha Hussein] est oracle et simple (Cocteau,Maalesh,1949, p.54).
Loc. rare. Faire oracle. Faire autorité. Le dernier grand théologien reconnu et qui fasse oracle! (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.5, 1859, p.211).
Prononc. et Orth.: [ɔ ʀ ɑ:kḽ] et [-a-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1165 «lieu où la divinité donnait ses réponses» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 28828); b) début xives. «oratoire, lieu de prière» (Ovide moralisé, éd. C. de Boer, IV, 2341 et VIII, 3133); 2. a) 1275-80 «parole divine» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 17664); b) av. 1613 p. ext. «parole infaillible» (Régnier, Sat., VI ds Littré); 3. 1549 «personne qui fait autorité (dans un domaine)» (Du Bellay, Deffence et illustration, éd. H. Chamard, p.98); 4. 1552 «la divinité ou son interprète» (Ronsard, Odes ds OEuvres, éd. P. Laumonier, t.3, p.148); 1668 parler comme un oracle (Molière, L'Avare, I, 5). Empr. au lat. oraculum (de orare «parler» et «prier») dont le sens premier serait «lieu où l'on fait requête au dieu» (cf. auguraculum de même sens) puis «réponse de l'oracle» (v. Ern.-Meillet); au sens 1 cf. lat. chrét. oraculum «oratoire» et «partie intérieure du sanctuaire où se trouvait l'arche d'alliance et où l'on venait consulter» (v. Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér.: 720. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1534, b) 1079; xxes.: a) 728, b) 735.