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OIE, subst. fém.
A. −
1. ZOOL. Grand oiseau palmipède de la famille des Anatidés (s.v. -idés), dont certaines espèces sont domestiques. Garder les oies; troupeau d'oies; gaver, plumer une oie; duvet d'oie. Des oies, blanches comme des cygnes, lustrent leurs plumes à coups de bec (Du Camp,Hollande,1859, p.152).Chacun a vu des triangles d'oies dans le ciel, et voici la saison des changements, qui va nous ramener cette géométrie volante (Alain,Propos,1934, p.1224):
1. Les doigts experts de la gorgeuse vont et viennent le long du cou (...). Le gésier plein, l'oie est lâchée. Une autre lui succède. L'opération se répète trois fois par jour. Elle est délicate. L'oie engraisse et s'alourdit. Au bout d'un mois, elle ne marche plus qu'à peine. Pesquidoux,Chez nous,1921, p.48.
Oie domestique (oie séquanienne, oie de Toulouse). (Dict. xixes. et xxes.).
Oie sauvage (oie cendrée, oie des moissons, oie rieuse) (Dict. xixes. et xxes.).
Plume d'oie. Plume provenant de l'aile d'une oie, taillée en pointe et utilisée autrefois pour écrire ou dessiner. Écrire avec une plume d'oie. Le maraud étant unique à (...) préparer les plumes d'oie, dont son maître usait communément (Bourges,Crépusc. dieux,1884, p.68).
2. [P. anal. avec l'oie ou avec certains de ses traits caractéristiques]
Oie à duvet. Eider. Voici la fameuse oie à duvet ou canard eider, sous l'édredon de laquelle dorment nos petites-maîtresses; (...) qui n'admirerait ce petit ventre d'un blanc rougeâtre, ce bec vert? (Balzac,Peau chagr.,1831, p.231).
Oie de mer. Dauphin (dont le museau long et plat rappelle le bec de l'oie). V. dauphin1ex. 1.
Oie noire. ,,Macreuse`` (DG).
3. Expressions.
a) [P. allus. hist.] Les oies du Capitole. Oies consacrées à Junon sur le Capitole, à Rome, et dont les cris sauvèrent les Romains d'une attaque nocturne des Gaulois. L'histoire où l'on voit que les oies du Capitole sentirent l'approche nocturne des Gaulois et par ainsi sauvèrent Rome (Gautier,Fracasse,1863, p.159).
b) [P. allus. à un recueil de contes de Ch. Perrault] Contes de ma mère l'oie. Contes destinés aux enfants, contes de fées. Le passé émeut (...) le petit enfant et l'aïeule; il n'en faut pour preuve que les Contes de ma mère l'Oie, les contes du temps que Berthe filait, les fables du temps que les bêtes parlaient (A. France,Vie fleur,1922, p.322).
Au fig. Histoire qui n'est pas vraisemblable:
2. Ainsi s'expliqueraient les deux mille francs par mois de M.de Schwarzkoppen, ainsi que l'aventure du bordereau, qui serait en effet de la main d'Esterhazy, celui-ci l'ayant copié dans une ambassade qui tenait le document de Dreyfus. Voilà un joli conte de la mère l'oie. Clemenceau,Iniquité,1899, p.444.
c) JEUX
Jeu de l'oie. Jeu qui se joue à plusieurs avec des dés et un tableau constitué de soixante-trois cases, illustrées et numérotées, disposées en spirale, dont certaines, placées de neuf en neuf et représentant une oie, permettent au joueur qui y parvient de doubler les points qu'il a faits:
3. ... le noble jeu de l'oie renouvelé des Grecs me ravissait. Dans le jeu de l'oie, tout vit, tout parle, c'est la nature et la destinée: tout y est merveilleux et tout y est vrai, tout y est ordonné et tout y est hasardeux. Les oies fatidiques placées de 9 en 9 m'apparaissaient ainsi que des divinités... A. France,Pt Pierre,1918, p.145.
Tirer l'oie, des oies. Exercice qui consistait à suspendre une oie vivante à un pieu et à lancer des bâtons contre ce but, jusqu'à ce que le cou de l'animal ait été rompu et détaché. J'ai envie de tirer des oies, comme à la fête de chez nous, avec un grand bâton (Goncourt,Ch. Demailly,1860, p.64).
B. − P. méton.
1. Chair de cet oiseau, que l'on utilise dans l'alimentation:
4. Il fit asseoir l'empereur (...) autour de sa table chargée de cerfs, de sangliers, de grues, d'oies sauvages et de paons roulés dans le poivre. A. France,Contes Tournebroche,1908, p.4.
SYNT. Oie confite (v. confit II A), rôtie; oie aux marrons; oie de Noël (engraissée pour être mangée à Noël); pâté de foie d'oie ou foie gras (v.foie B 1); graisse d'oie (au fig. boniments à la graisse d'oie, v. graisse A 1 b α).
2. Vx. Petite oie. Abattis de l'oie que l'on apprête de diverses manières. Petite oie. Faites cuire en hoche-pot (Dumas1873).
P. anal. ou au fig.
Garnitures qui agrémentaient les habits au xviies. La Corbinière avait des chausses de petit velours noir, avec le pourpoint de toile d'argent blanc, le manteau pareil (...) et la petite oie d'argent (Nerval,Filles feu,1854, p.550).
Faveurs préliminaires qu'une femme accorde à un amant. V. octroyer A 1 ex. de Balzac.
P. ext. Préliminaire d'une action quelconque. (Dict. xixes.).
C. − [P. anal. avec certaines caractéristiques de l'oie]
1. (Couleur) merde* d'oie, caca* d'oie.
2. Pas de l'oie. Pas de parade en usage dans certains pays, et en particulier dans l'armée allemande du IIIeReich. Et vous ne savez pas quel soldat est le soldat allemand, vous qui ne l'avez pas vu comme moi défiler au pas de parade, au pas de l'oie, Unter den Linden (Proust,Temps retr.,1922, p.808).
3. Patte d'oie. V. ce mot.
D. − P. compar. et au fig.
1. [P. réf. à la réputation de bêtise de l'oie] Loc. Être bête comme une oie; plus bête qu'une oie. Ah! ce gredin de Rougon! Plus bête qu'une oie sur toutes sortes de choses, et malin avec cela! (Zola,E. Rougon,1876, p.94).
Péj. Personne très bête. C'est une oie. La mère est une oie, dit la baronne (...) mais ce n'est pas la mère que tu épouserais (Feuillet,Honn. d'artiste,1890, p.49):
5. rosa: (...) (Allongeant son pied) Comment trouvez-vous ces petites pantoufles? alidor: Dame! je les trouve en maroquin. rosa: Monsieur le marquis, vous êtes une oie... alidor: Une oie? rosa: Apprenez que, lorsqu'une femme montre ses pantoufles (...) c'est pour qu'on lui parle de son pied! Labiche,Deux merles bl.,1858, III, 5, p.224.
Emploi adj. Elle gardait de l'entrevue (...) avec le nouveau magnat de la pellicule, un souvenir confus. Rien n'avait marqué (...) de cette conversation, où elle s'était sentie stupide, plus oie qu'il n'est possible (Vialar,Tournez,1956, p.50).
2. [P. assoc. entre la bêtise et la candeur] (Petite) oie blanche, petite oie. Jeune fille qui a reçu une éducation pudibonde, qui est niaise. Il y avait un point sur lequel mon éducation m'avait profondément marquée: en dépit de mes lectures, je restais une oie blanche (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.161):
6. Rosa vivait tout entière (...) dans un roman forgé par elle de toutes pièces: Christophe l'aimait en secret et n'osait le lui dire, par timidité, ou pour quelque inepte raison, romanesque et romantique, qui plaisait à l'imagination de cette petite oie sentimentale. Rolland,J.-Chr.,Adolesc., 1905, p.258.
3. Locutions
Marcher comme une oie. Avoir une démarche peu élégante. Il parle (...) de la femme anglaise, qu'il reconnaît ne savoir pas marcher, −oui, marcher comme une oie, −tandis que la grâce du marcher appartient à la Française (Goncourt,Journal,1889, p.979).
S'empiffrer (ou un autre verbe appartenant au même champ sém.) comme une oie. Manger de façon excessive. Comment, encore à bouffer! (...) Quand on a soixante jours de prison dans la peau ce n'est pas pour qu'on emploie le temps à s'empiffrer comme des oies? (Courteline,Train 8 h 47,1888, 3epart., 3, p.237).
REM.
Ouette, subst. fém.,ornith. ,,Bernache cravant ou bernache mouette`` (Duchartre 1973). Il y en avait déjà au moins trente [oiseaux] (...) un bruant tout en or, une ouette qui balançait sa crête rouge et frappait de droite et de gauche avec ses ailes noires (Giono,Que ma joie demeure,1935, p.73).
Prononc. et Orth.: [wa], [wɑ]. Martinet-Walter 1973 [wa], [wɑ] (9/8). Att. ds Ac. dep. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1175 zool. (Benoît de Ste-Maure, Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 28945); b)1669 jeu de l'oie (Molière, Avare, II, 1); c) 1907 pas de l'oie (Lar. d'apr. Lar. Lang. fr.); 1923 (Lar. univ.); 2. a) 1remoitié du xvies. petite oie «abattis tranchés d'oie, qu'on sert à manger» (Rec. de poés. fr. des XVeet XVIes., éd. A. de Montaiglon et J. de Rothschild, t.10, p.168); b)1620 «accessoires, menus détails» (A. d'Aubigné, Hist. univ., XI, 18 ds Hug.); c) 1637 «ensemble des rubans, garnitures ornant un habit» (Corneille, La Galerie du palais, IV, 13); d) 1665 «petites faveurs d'une femme à celui qu'elle aime» (La Fontaine, Contes ds OEuvres, éd. H. Régnier, t.4, p.265); 3. a) 1835 «personne très sotte, niaise» (Ac.); b) 1894 (M. Prévost, Demi-vierges, p.174 ds Rob.: car, pour blanche, cette petite oie est blanche); 1909 oie blanche (Martin du G., Devenir, p.158). Réfection, d'apr. oiseau*, de l'a. fr. oe, oue «oie» (xiies. ds T.-L.), issu du b. lat. auca «oie» (iv-ves. ds TLL), contraction de *avica, dér. de avis «oiseau». La forme avec -i- apparaît à la fin du xiies. dans le ms. T de la Chronique des ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 28945. Fréq. abs. littér.: 704. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 448, b)1611; xxes.: a) 1441, b) 880. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.51. _ Gamillscheg (E.). Z. fr. Spr. Lit. 1930, t.54, p.212 (s.v. ouette). _ Lenoble-Pinson (M.). Le Lang. de la chasse. Bruxelles, 1977, p.5, 16, 46, 47. _ Sain. Sources t.3 1972 [1930], pp.42-43, p.184 (s.v. ouette).