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* Dans l'article "OBJECTIVER,, verbe trans."
OBJECTIVER, verbe trans.
A. − Faire passer de l'état de donnée intérieure à celui d'une réalité extérieure correspondante, susceptible d'étude objective. Objectiver le subjectif. L'humanité, dans ces âges pesamment réalistes (...) objectivait la voix de sa conscience en une voix émanée du ciel (Renan, Hist. peuple Isr., t.2, 1889, p.362).Au fur et à mesure que l'habitude nous dispense de sentir, nous supprimons les éléments nocifs de couleur, de dimension et d'odeur qui objectivaient notre malaise (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.926):
. Comme nous parlons plutôt que nous ne pensons, comme aussi les objets extérieurs, qui sont du domaine commun, ont plus d'importance pour nous que les états subjectifs par lesquels nous passons, nous avons tout intérêt à objectiver ces états en y introduisant, dans la plus large mesure possible la représentation de leur cause extérieure. Bergson, Essai donn. imm., 1889, p.63.
Emploi abs. J'ai pensé au début de l'exposition de ma doctrine où je commencerai par objectiver, en parlant comme tout le monde de l'âme et du corps (Maine de Biran, Journal, 1817, p.20).
Emploi pronom. réfl. Ce précoce pouvoir de s'objectiver, de se considérer comme un objet de méditation métaphysique (Béguin, Âme romant., 1939, p.177).
Emploi pronom. passif. [Une situation] apparaît à une réflexion approfondie comme non susceptible de s'objectiver intégralement; si elle était entièrement objective pour moi, elle cesserait d'être mienne (G. Marcel, Journal, 1918, p.137).
PSYCHOL. Rapporter à un objet extérieur. La femme devra aussi à travers le narcissisme objectiver sur l'homme sa libido (Beauvoir, Deux. sexe, t.1, 1949, p.79).
B. − [En parlant d'états ou d'actes subjectifs] Traduire par des manifestations extérieures. Synon. extérioriser.Ce grand monologue récitatif, suivi d'un long air da capo, dont l'emploi était alors dépassé et suranné, est sa suprême tentative [de Beethoven] pour objectiver sa pensée, en la mettant en scène (Rolland, Beethoven, t.1, 1937, p.165).
REM.
Objectivant, -ante, part. prés. en emploi adj.[Correspond à supra A] L'attitude naturelle est à coup sûr objectivante (Piéron, Sensation, 1945, p.210).Le regard coupé de l'expression, le regard objectivant n'établit qu'un échec du dialogue et tranforme l'intentionnalité de révélation en intentionnalité d'objectivation d'autrui (J. Vuillemin, Être et trav., 1949, p.44).
Prononc.: [ɔbʒ εktive], (il) objective [-ʒ εkti:v]. Étymol. et Hist. 1. a) 1817 «donner une réalité; considérer comme un objet réel» (Maine de Biran, loc. cit.); b) 1840 pronom. «prendre le caractère d'une réalité indépendante du sujet» (Fichte, Destination de l'homme, trad. de l'all. par Barchou de Penhoën, Paris, Paulin, p.236 ds Quem. DDL t.25: une modification de moi-même produite en moi par ma pensée dans l'acte même où elle s'objective); 2. 1832 «considérer comme objectif ce qui est subjectif» (Ac. Compl. 1842); 3. 1889 pronom. «s'exprimer sur une forme communicable à tous» (Bergson, op. cit., p.159). Dér. de objectif1*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 115.
DÉR. 1.
Objectivable, adj.[Correspond à objectiver A] Qui peut être objectivé. [L'administrateur] les traite surtout [les hommes] dans leur rapport aux choses et dans leurs échanges fonctionnels, qui sont jusqu'à un certain point objectivables (Mounier, Traité caract., 1946, p.465).Il faut voir que cette identité ne peut porter que sur les éléments les plus extérieurs du réel, les éléments objectifs ou mieux objectivables, à propos desquels un accord peut s'établir, fondé sur la vérification expérimentale (Marrou, Connaiss. hist., 1954, p.130). [ɔbʒ εktivabl̥]. 1resattest. 1909 (Lar. pour tous), cf. 1923 (G. Marcel, Journal, 1920, p.243); de objectiver, suff. -able*.
2.
Objectivation, subst. fém.Action d'objectiver. a) [Correspond à objectiver A] Ces paysages du rêve, toujours les mêmes, du moins pour moi en qui leur aspect étrange n'était que l'objectivation dans mon sommeil de l'effort que je faisais pendant la veille (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.718).L'objectivation de la sensation de choc, qui peut également ne reposer sur aucune réalité objective, parvient aisément à créer un pseudo-phénomène −ou un phénomène illusoirement paranormal, −qui ne sollicite point le parapsychologue (Amadou, Parapsychol., 1954, p.23).b) [Correspond à objectiver B] Les Balinais réalisent, avec la plus extrême rigueur, l'idée du théâtre pur, où tout, conception comme réalisation, ne vaut, n'a d'existence que par son degré d'objectivation sur la scène (Artaud, Théâtre et son double, 1938, p.65). [ɔbʒ εktivasjɔ ̃]. 1resattest. a) α) 1845 «action de réaliser sous forme d'objet ce qui était dans la pensée» (Besch.), β) 1874 «résultat de cette action» (Lar. 19e), b) 1925 «processus par lequel la connaissance tend vers l'objectivité, prend une valeur universelle» (Du Bos, Journal, p.312: l'objectivation, la généralisation de l'événement intérieur), c) 1951 psychol. (Lalande); de objectiver, suff. -(a)tion*. Fréq. abs. littér.: 114.