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OBJECTIF1, -IVE, adj.
A. − Vieilli. Qui a rapport à un objet donné.
1. ART MILIT.
Ligne objective. Ligne qui tend vers un point déterminé qui constitue le but d'une opération militaire. (Ds Ac. Compl. 1842, Besch. 1845, Lar. 19e, Littré, DG).
Point objectif. Synon. mod. objectif (v. objectif3A). (Ds DG, Rob.).
2. OPT. Verre objectif. Synon. mod. objectif (v. objectif2A). (Dict. xixeet xxes.).
B. − PHILOS. [Correspond à objet II A]
1. Qui existe en soi, indépendamment du sujet pensant. L'inévitable problème des universaux: il fallait prononcer sur la réalité objective des conceptions rationnelles, établir l'équation des idées et des choses (Ozanam, Philos. Dante,1838, p.48).C'est ce pouvoir [des idées ou concepts] dont les traditionnalistes, les kantistes et les positivistes contestaient la valeur objective aux cartésiens, aux rationalistes comme Wegscheider et Jules Simon, enfin aux théologiens catholiques (Théol. cath.t.4, 11920, p.845):
1. ... dire que la bonté du vouloir dépend de l'intention de la fin, c'est exiger qu'elle s'ordonne du dedans, sinon constamment, du moins réellement et intentionnellement, vers le bien suprême transcendant qui est Dieu. Ce souverain bien objectif et distinct de nous, c'est la volonté divine, à laquelle l'homme doit avoir l'intention de conformer la sienne. Gilson, Espr. philos. médiév.,1932, p.154.
Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. La principale force de notre raison consiste, au contraire, à subordonner assez le subjectif à l'objectif, pour que nos opérations intérieures puissent représenter le monde extérieur, autant que l'exigent nos relations, actives et passives, avec son immuable prépondérance (Comte, Catéch. posit.,1852, p.181).La tendance incoercible que nous avons tous depuis Kant à penser l'objectif sous la forme de la légalité, de la «Gesetzmassigkeit» (G. Marcel, Journal,1919, p.200).
2. Vieilli, rare. [Chez Descartes, repris par Renouvier] Qui existe en tant que pensé ou représenté par l'esprit, indépendamment de toute réalité lui correspondant et indépendamment du sujet ou de l'acte par lequel il est pensé ou représenté:
2. ... l'existence d'une vaste lacune qui, pour la critique philosophique, s'étend sur le terrain des sciences de l'organisation, entre l'ordre mécanique et physique du monde, et l'ordre intellectuel et moral de l'homme, à reporter sur le monde. L'un est abstrait, quoique objectif, plus exactement connu par cela même; l'autre est donné immédiatement à la conscience, mais sans que les fonctions profondes qui l'unissent au premier aient dépassé de beaucoup, dans ce que nous savons, les témoignages de l'expérience la plus ancienne et la plus commune. Renouvier, Essais crit. gén.,3eessai, 1864, p.113.
C. − Usuel. Qui fait référence à la réalité extérieure indépendante des consciences.
1. [En fonction de la nature de l'objet]
a) Qui relève d'une réalité indépendante, extérieure à l'esprit et susceptible d'être connue par les sens. Existence objective; conditions, données, réalités objectives; événement objectif. Dirigeant vainement nos yeux vers ce qu'on nomme le ciel, soit vers le ciel objectif que nous offre le firmament, soit vers le ciel mystique dont on parle sans s'en faire et sans pouvoir s'en faire aucune idée (P. Leroux, Humanité,1840, p.228).Il est, en effet, bien difficile de nier tout caractère objectif à une onde qui se propage dans l'espace au cours du temps suivant certaines lois, qui se réfléchit sur les miroirs, qui interfère et se diffracte quand elle rencontre des obstacles (L. de Broglie, Bases de l'interprétation actuelle de la mécan. ondul.,1963, p.9):
3. Ses yeux noirs brillaient et, comme je ne savais pas alors, ni ne l'ai appris depuis, réduire en ses éléments objectifs une impression forte, comme je n'avais pas, ainsi qu'on dit, assez «d'esprit d'observation» pour dégager la notion de leur couleur, pendant longtemps, chaque fois que je repensai à elle, le souvenir de leur éclat se présentait aussitôt à moi comme celui d'un vif azur, puisqu'elle était blonde... Proust, Swann,1913, p.141.
MÉD. [En parlant d'un symptôme] Qui peut être perçu par un observateur autre que le malade (d'apr. Méd. Biol. t.3). Aux arthroses et plus spécialement aux polyarthroses se rattachent des états douloureux arthralgiques, polyarticulaires, dont la symptomatologie objective est très discrète et qui le plus souvent s'avèrent comme des états préarthrosiques (Ravault, Vignon, Rhumatol.,1956, p.16).
[Dans la terminologie marxiste ou p. réf. à cette théorie] Dont la nature se révèle dans les faits quelle que soit la conscience qu'on peut en avoir. Allié objectif, complicité objective:
4. Tout homme est un criminel qui s'ignore. Le criminel objectif est celui qui, justement, croyait être innocent. Son action, il la jugeait subjectivement inoffensive, ou même favorable à l'avenir de la justice. Mais on lui démontre qu'objectivement elle a nui à cet avenir. Camus, Homme rév.,1951, p.299.
b) [P. méton.]
α) Qui est fondé sur l'expérience, sur l'observation des réalités extérieures. Méthode, vérité objective; psychologie objective. La science est une connaissance objective fondée sur l'analyse, la synthèse, la comparaison réelles; la vue directe des objets guide le savant et lui dicte les questions à poser (Langlois, Seignobos, Introd. ét. hist.,1898, p.185).Le nombre retrouve sa vertu magique dans la science de l'homme. Or tel était justement le point de départ du système de l'imitation et de cette psychologie nominaliste que la sociologie objective critiquait à son principe (J. Vuillemin, Être et trav.,1949, p.144).La recherche se concentre sur l'analyse objective des gestes et des actes, sur les attitudes qui constituent le comportement d'un individu en face d'une situation donnée (Hist. sc.,1957, p.1523).
Spécialement
DR. Droit objectif. V. droit3I B 2.
GRAMM. GR. Négation objective. Négation qui marque que l'affirmation posée ne s'accorde pas avec la réalité (ou ce qui est considéré comme tel). Une proposition de temps, quand elle se rapporte à un fait unique et réel, comporte l'emploi de la négation objective oυ ̓ ; en revanche, toute spéculation dans le temps −que l'on suppute la généralité d'une série de faits, ou que l'on s'attende à voir se produire un fait particulier −entraîne nécessairement l'usage de la négation subjective μ η ́ (J. Humbert, Synt. gr.,Paris, Klincksieck, 1960, pp.353-354).
β) [En parlant d'un artiste ou d'un art] Qui s'attache au seul rendu de la réalité décrite. Il [Maurras] s'astreint à une discipline précise d'art objectif (Barrès, Cahiers,t.10, 1913, p.27).L'étrange est que presque toujours les écrivains «objectifs», ceux qui ne se livrent pas dans leurs ouvrages, ne bénéficient pas moins de cette discrétion (Mauriac, Journal 2,1937, p.243).V. élégiaque ex. 2:
5. Notre art musical possède deux sortes de peintures: l'objective et la subjective. La première est une imitation physique, au moyen de combinaisons sonores, des éléments de la nature: l'orage, le chant des oiseaux, le vent... etc. Rougnon1935, p.286.
2. [En fonction de l'attitude du suj.] Qui manifeste un souci d'exactitude, faisant abstraction de toutes préférences, idées ou sentiments personnels. Synon. impartial.
a) [En parlant d'une activité essentiellement cognitive ou de son résultat] Exposé, jugement objectif; lecture objective; article, compte rendu, ouvrage objectif. Il se mêle à tous ses récits: le narré simple et objectif du fait lui est impossible; il ne sait point l'isoler du jugement qu'il en a porté et de l'impression personnelle qui lui en est restée (Renan, Avenir sc.,1890, p.263).L'examen auquel je me suis livré est parfaitement objectif (Duhamel, Notaire Havre,1933, p.9):
6. Une page intérieure est consacrée aux éditoriaux. Là seulement le journal prend position sur les grands problèmes, ceux de la politique notamment. Dans tout le reste du journal, l'information est objective et neutre. Civilis. écr.,1939, p.40-3.
b) [En parlant d'une pers.] Dès que nous sommes affaiblis, nous cessons d'être objectifs (Amiel, Journal,1866, p.283).Henri sourit: Tâche de ne pas être trop injuste. −Je serai objectif, dit Lambert (Beauvoir, Mandarins,1954, p.464).Il faut être, en tout, attentif, objectif, se refuser aux longues discussions et se garder des déclarations qui n'ont pas été soigneusement écrites et pesées à l'avance (De Gaulle, Mém. guerre,1959, p.506).
D. − GRAMM. [Correspond à objet II B 3] Qui a rapport au complément d'objet (direct).
Complément déterminatif objectif, génitif objectif. Complément déterminatif, génitif équivalant, dans le système nominal, au complément d'objet (direct) dans la phrase verbale active correspondante. Elle [l'opposition nominatif-accusatif] se reflète dans la distinction logico-sémantique du «génitif subjectif» et «génitif objectif» (E. Benveniste, Problèmes de ling. gén.,Paris, Gallimard, t.1, 1966, p.147).
Sens objectif. Sens qui est celui du complément déterminatif objectif. Voir P. Chantraine, Gramm. homérique, Paris, Klincksieck, t.2, 1963, p.61.
Conjugaison objective, forme verbale objective. [Surtout dans les lang. finno-ougriennes] Conjugaison, forme verbale, ,,propre au verbe transitif, qui comporte l'addition au thème d'un élément possessif`` (Mar. Lex. 1951, s.v. conjugaison). Que (...) en hongrois, la forme de conjugaison objective varo-m, «je l'attends», soit superposable à la forme nominale possessive karo-m, «mon bras», (...) c'est un trait notable en soi (E. Benveniste, Problèmes de ling. gén.,Paris, Gallimard, t.1, 1966p.155).
Verbe objectif. Verbe qui a un complément d'objet. Une erreur très répandue consiste à considérer les verbes objectifs comme une classe fermée. La différence entre les verbes objectifs et les autres n'est pas une différence de nature, mais d'emploi (BrunotPensée1953, p.311).
Prononc. et Orth.: [ɔbʒ εktif], fém. [-i:v]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. I. 1. 1642 «qui constitue un concept, une représentation de l'esprit et non une réalité formelle» (Descartes, Lettre, A. Mersenne, mars ds OEuvres et lettres, éd. A. Bridoux, p.1145: Car bien que l'être objectif de l'idée doive avoir une cause réelle, il n'est pas toujours besoin que cette cause la contienne formaliter...); 2. 1810 «qui a une réalité en lui-même, indépendamment de la connaissance, de la volonté d'un sujet» (Staël, Allemagne, t.4, p.124); 3. 1814 «qui repose sur l'observation et l'étude des phénomènes objectives, sur l'expérience» points de vue subjectif et objectif (Maine de Biran, Journal, p.33); a) 1950 psychol. méthode objective (Choisy, Psychanal., p.16); b) 1958 symptômes objectifs (Garnier-Del.); 4. 1815 «qui est valable pour tous les êtres pensants, qui peut faire l'objet d'une connaissance universelle» sens objectif (Maine de Biran, op. cit., p.39); cf. 1823 des lois objectives (Id., ibid., p.408); 5. 1866 «qui juge, décrit les êtres et les choses sans faire appel à des préférences individuelles» (Amiel, loc. cit.); 6. 1890 «qui est conforme à la réalité, qui manifeste un souci d'exactitude et d'impartialité [une] critique objective (A. France, Vie littér., p.176). II. Ca 1680 opt. verres objectifs (Cassini, Anecdotes de la vie de J. D. Cassini rapportées par lui-même, 3epart., p.295). III. 1868 ling. cas objectif «cas qui exprime le complément direct des verbes» (Littré); 1933 génitif objectif (Mar. Lex., p.130). Empr. au lat. médiév. objectivus, terme de scolast. qui signifie «appartenant à l'objet de la pensée» et chez Duns Scot «qui constitue une idée, une représentation de l'esprit» (Blaise Lat. Med. Aev.) formé sur objectum, v. objet. Objectif est attesté bien av. 1642 étant donné la date du dér. objectivement*; d'abord terme de scolast. et de philos. opposé à subjectif*, il a pris des sens plus étendus à partir du xviies., surtout dans la lang. de l'optique. Fréq. abs. littér.: 1469. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 204, b) 952; xxes.: a) 1236, b) 4820. Bbg. Baldensperger (F.). Notes lexicol. Fr. mod. 1938, t.6, p.255. _Quem. DDL t.21, 22.