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NUIRE, verbe trans. indir.
A. − Nuire à (un être vivant).Causer du tort, du dommage, du mal à; porter préjudice à. V. léser, discréditer.
1. [Le suj. désigne un être vivant] Tous deux se meuvent dans des réalités trop différentes pour que l'un puisse nuire à l'autre (Giraudoux,Intermezzo, 1933, ii, 5, p.133):
1. Comme une veuve indienne, pleine d'équité, met dans ses balances le reste des richesses de son époux et l'objet offert en échange par l'Européen: elle égalise les deux poids dans toute la sincérité de son coeur, ne voulant ni nuire à ses enfants, ni à l'étranger qui se confie en elle... Chateaubr.,Natchez, 1826, p.191.
Emploi pronom. réfl. Je sais bien que les animaux aussi se grattent, et jusqu'à se nuire à eux-mêmes (Alain,Propos, 1923, p.485).
Emploi pronom. réciproque:
2. [Les vieux travailleurs] ne se servaient de leurs ultimes et chevrotantes énergies que pour se nuire encore un petit peu et se détruire dans ce qui leur restait de plaisir et de souffle. Céline,Voyage, 1932, p.111.
Emploi abs. Désir, intention, pouvoir, volonté de nuire; chercher à nuire. [Les lois de la guerre] défendent d'aggraver les maux de la nature, et de détruire l'homme lorsqu'on l'a mis hors d'état de nuire (Bonald,Législ. primit., t. 2, 1802, p. 97).
2. [Le suj. désigne une chose] Nous voyons, par l'exemple de la Grèce, à quel point l'esprit systématique peut nuire aux hommes (Chateaubr.,Essai Révol., t. 2, 1797, p.294).Seulement elle refusait d'en témoigner, parce qu'on lui avait dit que cela pouvait nuire à son fils, candidat aux bourses de Chaptal (Clemenceau,Iniquité, 1899, p.429):
3. Je ne vois point, dit-il, la nécessité de faire intervenir le père Mathieu en tout ceci. Je l'ai dit à M. de Marquet, mais les propos meurtriers de cet homme lui ont évidemment nui dans l'esprit de M. le juge d'instruction. G. Leroux,Myst. ch. jaune, 1907, p.127.
Emploi pronom. réciproque. C'est vouloir blesser les yeux du visiteur le mieux disposé et compromettre l'opération, que d'affronter des tableaux sombres et des tableaux éclaircis, qui ne peuvent que se nuire mutuellement (Lhote,Peint. d'abord, 1942, p.41).
Emploi abs. (très souvent forme négative à valeur de litote). Être utile à, servir. J'approuve ton idée de faire venir «quelques amateurs» dans ton atelier pour leur soumettre ton oeuvre. Présente-toi à la Vie moderne. Ça ne peut pas nuire (Flaub.,Corresp., 1880, p.405).
Proverbes. Abondance de biens ne nuit pas. V. abondance I A.Trop gratter cuit, trop parler nuit. V. cuire II C.
B. − Nuire à (une chose)
1. Porter atteinte à. Nuire à la réputation, à la santé de qqn. Les revers des Turcs ont nui à notre prestige militaire (Joffre,Mém., t. 1, 1931, p.89).Il m'a promis une chaîne pour que je donne ce billet à sa dame, au risque de nuire à son honneur, à sa modestie et sa bonne réputation (Camus,Chev. Olmedo, 1957, p.730):
4. Le pacifisme à prétention patriotique, je veux dire qui prétend exalter l'humanitarisme, prêcher le relâchement de l'esprit militaire, de la passion nationale et cependant ne pas nuire à l'intérêt de la nation, ne pas compromettre sa force de résistance en face de l'étranger. Benda,Trahis. clercs, 1927, p. 230.
2. Faire obstacle à; gêner, contrarier le bon développement de. Comme la mousson du nord-est était encore très-forte, le sacrifice de trois ou quatre jours ne pouvait nuire au succès de l'expédition (Voy. La Pérouse, t. 2, 1797, p.363).Cette misérable ambition a plus nui aux progrès de l'agriculture et du commerce en France que les maîtrises et la taille même (Tocqueville,Anc. Rég. et Révol., 1856, p.171):
5. Il est probable que le succès obtenu dans cette recherche de la miniaturisation de l'arme atomique a, dans une certaine mesure, nui à la réussite du programme spatial américain dans sa course avec l'Union Soviétique... Goldschmidt,Avent. atom., 1962, p.176.
Prononc. et Orth.: [nɥi:ʀ], (il) nuit [nɥi]. Homon. nuit. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1119 nuisir «faire du tort, causer du dommage (à)» (Ph. de Thaon, Comput, éd. E. Mall, 289); ca 1160 nuire (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 2538); 2. a) ca 1228 emploi abs. «être néfaste, dommageable» (Gerbert de Montreuil, Violette, 5569 ds T.-L.); b) 1587 il ne nuira de rien de + inf. «il ne sera pas mauvais, il sera utile ou bon de» (La Noue, Discours politiques et militaires, 61 ds Littré); 3. a) 1690 pronom. réciproque (Fléchier, Duc de Montansier, ibid.); b) 1769 pronom. réfl. (S. Delisle de Sales, Philosophie de la nature, t. 1, p.269). D'un lat. pop. *nocĕre, altération du lat. class. nocēre «causer du tort, faire du mal», intrans., qui a donné l'a. fr. nuisir, employé parfois transitivement en lat. tardif comme nuire en a. fr. (cf. T.-L.). Fréq. abs. littér.: 1746. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3423, b) 2356; xxes.: a) 2120, b) 1960.