| ![]() ![]() ![]() ![]() NUANCÉ, -ÉE, part. passé et adj. I. − Part. passé de nuancer*. II. − Adjectif A. − Domaine perceptif 1. [En parlant d'une couleur] Qui présente d'insensibles gradations d'intensité ou de teinte. Anton. cru, franc, vif.Tache nuancée; l'aube nuancée. Et voici le Gave. Sous le soir nuancé, il court rapide et lumineux entre les hautes berges (Toulet, Tendres mén., 1904, p.13).Au bout des rues [à Rochefort], les arbres des remparts se détachaient en festons opulents dans une lumière nuancée en transparence comme par les reflets d'un arc-en-ciel invisible (Chardonne, Attach., 1943, p.154): 1. Les épreuves sont fort belles, finement nuancées, les tons sont chauds et vigoureux, mais les opérations sont encore délicates et le matériel encombrant.
Prinet, Phot., 1945, p.17. ♦ Nuancé de + subst.C'étaient des perroquets rouges agitant leurs ailes d'un noir velouté, des flamands roses, des colibris nuancés d'or et d'azur (Sue, Atar-Gull, 1831, p.4). ♦ Nuancé par + subst.Sa peau fine comme du papier de Chine et d'une chaude couleur d'ambre nuancée par des veines rouges, était luisante sans sécheresse, douce sans moiteur (Balzac, Splend. et mis., 1844, p.51). 2. [En parlant d'un son] Qui présente divers degrés d'intensité. Anton. égal, monocorde, monotone.La voix du prêtre articule nettement les mots, mais elle a en même temps un timbre nuancé qui lui donne quelque chose de plastique et force presque l'esprit à se représenter les scènes (Lacretelle, Hts ponts, t. 4, 1935, p.208). 3. [En parlant de formes plastiques] Rare. Qui présente des gradations dans le volume. Depuis les Syracusains, on n'avait plus revu cette fermeté dans la frappe, ce modelé savoureux et nuancé (Faure, Hist. art, 1914, p.428). B. − Domaine cognitif.Qui présente des nuances (v. ce mot II A), qui n'est pas sans contraste. Synon. différencié; anton. carré. − [Sans compl.] Réponse nuancée; ton nuancé. La politesse allemande est plus cordiale, mais moins nuancée que la politesse française; il y a plus d'égards pour le rang et de précautions en tout (Staël, Allemagne, t.1, 1810, p.183).On en fit à Huchon de grands compliments; mais il demeura quand même un peu déçu. Il avait espéré des appréciations plus nuancées, plus techniques (Romains, Copains, 1913, p.279): 2. Sans doute, cela aura-t-il lieu sous forme de questions posées, et deviendra bien vite infiniment plus nuancé que je ne le marque ici...
Du Bos, Journal, 1923, p.285. ♦ Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Tourner le dos à tout ce que l'art français a produit de délicat, de nuancé, de subtil? (Gide, Journal, 1940, p.27). ♦ [P. méton.] Ces gens de Metz sont de vieux civilisés, modérés, nuancés (Barrès, C. Baudoche, 1909, p.1). − [Avec un compl.] ♦ Nuancé de + subst.Ton nuancé d'amertume. Il me répondit, avec une insouciance nuancée d'une certaine tristesse (Baudel., Poèmes prose, 1867, p.142).Paul Bourget certainement aurait conquis cette réputation nuancée de légende, de séduction, d'enchantement dont Barrès a savouré, de son vivant, l'éblouissante ferveur (Carco, Montmartre, 1938, p.124): 3. Et c'est cette victoire nuancée de conciliations qui explique les traits essentiels du régime américain.
Vedel, Dr. constit., 1949, p.58. ♦ Nuancé par + subst.Toutes ces intelligences d'élite ont salué le nouveau livre d'un seul cri (...) à peine nuancée par quelques regrets des couleurs peut être un peu trop sombres (M. de Guérin, Corresp., 1834, p.150). Prononc.: [nɥ
ɑ
̃se], [ny-]. Fréq. abs. littér.: 253. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 239, b) 301; xxes.: a) 417, b) 459. |