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NÔTRE, sing.,NÔTRES, plur., adj. poss. tonique, pron. poss. et subst.
Adjectif possessif, de forme tonique, pronom possessif et substantif, de la première personne du pluriel des deux genres, correspondant au pronom personnel nous et à l'adjectif possessif atone notre, nos; le possesseur est un pluriel, toujours de l'animé; lorsque le possesseur est un singulier, on emploie mien(s), mienne(s).
I. − Adj. poss. tonique. [Sert à exprimer l'appartenance, la possession, la référence à nous] Qui est à nous, qui nous appartient ou qui nous concerne.
A. − Vx ou littér. [En fonction d'épithète, le plus souvent postposé au subst.] De nous, à nous. Mais tandis que la cellule occupe un point déterminé de l'organisme, une idée vraiment nôtre remplit notre moi tout entier (Bergson, Essai donn. imm., 1889, p.109):
1. ... nous croirons finalement avoir choisi une opinion toute nôtre, en oubliant que ce choix ne s'est exercé que sur une collection d'opinions qui est l'oeuvre, plus ou moins aveugle, du reste des hommes et du hasard. Valéry, Variété V, 1944, p.131.
Rare, antéposé. Chaque moment est donc le noeud d'une infinité de racines qui plongent à une profondeur inconnue (...) dans la secrète structure de cette nôtre machine à sentir et à combiner, qui se remet incessamment au présent (Valéry, Variété [I], 1924, p.143).
B. − Littér. [En fonction d'attribut]
1. [Attribut du suj.] À nous.
a) [Le suj. désigne une chose] Être nôtre. Nous appartenir, être à nous. Le mal qui nous vient des vices qui sont nôtres Est pire que le mal que nous font ceux des autres (Hugo, Ruy Blas, 1838, iv, 5, p.433):
2. Cette image que la lecture du poème nous offre, la voici qui devient vraiment nôtre (...). Elle devient un être nouveau de notre langage, elle nous exprime en nous faisant ce qu'elle exprime, (...) elle est à la fois un devenir d'expression et un devenir de notre être. Bachelard, Poét. espace, 1957, p.7.
b) [Le suj. désigne une pers.] Être nôtre. Être à nous; être de notre parti; nous être dévoué. Souvent, c'est à force de penser toujours à ceux qui sont nôtres qu'on ne leur écrit pas (Hugo, Corresp., 1863, p.441).«Botticellina était mienne... Faudra-t-il donc qu'elle soit, désormais, tienne?» −Elle sera nôtre! répliqua le poète (Mirbeau, Journal femme ch., 1900, p.205).
2. [Attribut du compl. d'obj., notamment après un verbe factitif] Faire nôtre. Nous approprier, adopter. Nous considérons comme nôtre votre succès; nous regardons cette terre comme nôtre; nous avons fait nôtre cette proposition. Nous le revendiquons pour nôtre, cet étendard, contre ceux de l'armée de Condé qui le canonnèrent (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.237):
3. ... dans l'ordre moral, nous faisons nôtre le magnifique programme des quatre libertés humaines, que le Président des États-Unis a proposé aux peuples du monde comme contrepartie de leurs peines et comme but de leurs espérances. De Gaulle, Mém. guerre, 1954, p.67.
C. − Littér., rare. [Précédé d'un adv. de compar., pour former un adj. au compar. ou au superl.] Ce à côté de quoi la vie non encore vécue, la vie relativement future, nous semble une vie plus lointaine, plus détachée, moins intime, moins nôtre (Proust, Prisonn., 1922, p.98):
4. Nous sentons «venir de nous» (...) des modifications −des valeurs −des grandeurs, des «sensations» −des «accélérations» qui sont à la fois le plus nôtres [it. ds le texte] et le plus étrangères, nos maîtres, nos nous du moment, et du moment-venant. Valéry, Soirée avec M. Teste, 1895, p.128.
II. − Pron. poss. [Avec l'art. déf., le nôtre, masc. sing., la nôtre, fém. sing., les nôtres, plur. des deux genres; contracté avec à et de pour former au(x) nôtre(s), du nôtre, des nôtres; renvoie à un subst. précédemment exprimé] Ce, celui, ceux, celles qui est (sont) à nous (plusieurs possesseurs dont le locuteur), qui nous appartient ou qui nous concerne.
A. − Valeurs sém.
1. [Sert à exprimer un rapport d'appartenance, de parenté, de possession, d'appropriation plus ou moins lâche, d'intérêt entre l'être ou l'objet représenté et deux ou plusieurs pers. dont le locuteur] :
5. Ils vivront, ils seront frère et soeur des cinq autres. Quand il verra qu'il faut nourrir avec les nôtres Cette petite fille et ce petit garçon, Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson. Hugo, Légende, t.2, 1859, p.776.
2. [Sert à exprimer le même rapport entre l'être ou l'objet représenté et un groupe social qui inclut le locuteur ou la généralité des hommes] On m'a parlé d'un travail, un parallèle entre la constitution anglaise et la nôtre... Je pourrai peut-être vous fournir des documents (Zola, E. Rougon, 1876, p.170):
6. Vous savez, les femmes, un rien les trouble! la mienne surtout! Et l'on aurait tort de se révolter là contre, puisque leur organisation nerveuse est beaucoup plus malléable que la nôtre. Flaub., MmeBovary, t.1, 1857, p.138.
3. Par syllepse de la pers.
a) Plur. de majesté ou plur. officiel. [Le suj. est une seule pers. qui dit nous au lieu de je; forme employée par les souverains, les chefs d'État, certains personnages officiels dans l'exercice de leur fonction] L'intérêt des Français se confond avec le nôtre (Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., Paris, Hachette, 1968, p.141).
b) Plur. de modestie. [Forme employée parfois par les écrivains dans leurs ouvrages, notamment dans leurs préfaces, ou par les orateurs dans leurs discours] D'autres traités sont historiques; le nôtre essaie de décrire l'état présent du pays (Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., Paris, Hachette, 1968, p.141).
B. − Fonctionnement syntaxique
1. [En fonction de suj.] Les médecins de Molière parlaient latin, les nôtres parlent grec (Gourmont, Esthét. lang. fr., 1899, p.36).
[Après le présentatif c'est] Ce n'est pas votre faute, mon bon Christophe. Ce n'est ni votre faute, ni la nôtre (Rolland, J.-Chr., Amies, 1910, p.1229).
2. [En fonction d'attribut du suj. ou de l'obj.] De la première femme aimée, nous aimons tout: ses enfants sont les nôtres, sa maison est la nôtre, ses intérêts sont nos intérêts (Balzac, Lys, 1836, p.110).Votre prix sera le nôtre (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.128).
3. [En fonction de compl. d'obj. dir.] Ils ont perdu leur temps, et ils nous ont fait perdre le nôtre (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.304).Leur mère prévint délicatement la nôtre qu'elle n'accepterait pour brus que des filles dotées (Beauvoir, Mém. j.fille, 1958, p.273).
4. [En fonction de compl. prép.] Jésus fait passer sa croix de ses épaules sur les nôtres et de nos épaules sur les siennes, en sorte qu'on pleure toujours de douleur ou de compassion (Bloy, Journal, 1903, p.154).
5. [En fonction de compl. de compar.] Dans une petite maison comme la nôtre il faut mettre la main à tout (Simenon, Vac. Maigret, 1948, p.140).
6. [En phrase ell.] Vous me dites que vous faites passer ces documents par l'ambassade. Quelle ambassade? La nôtre ou la vôtre? (Tocqueville, Corresp.[avec Reeve], 1845, p.88).
7. [Employé avec chacun(e), lorsque ce dernier évoque la 1repers.] Nos rôles sont tracés, gardons chacun le nôtre (Dumas père, Caligula, 1837, iii, 3, p.83).
8. [Renforcé par propre (réfl.), par seul, par un adj. numéral cardinal, par à + subst. ou pron. pers., par à tous, pour préciser le genre des possesseurs ou pour énumérer les éléments du référent plur.] La littérature qui est la nôtre, à Daudet et à moi (Goncourt, Journal, 1891, p.11).Nous croyons à son existence [d'un personnage de roman] aussi fermement qu'à la nôtre propre (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.115).
[Par un compl. de reprise avec de pour nommer l'obj. possédé] Aujourd'hui, ce matin, tu le verras, le nôtre, de berger (Audiberti, Femmes Boeuf, 1948, p.118).
III. − Substantif
A. − Au sing.
1. Au masc. à valeur de neutre (le plus souvent en emploi partitif). Ce qui nous appartient en propre, notre bien personnel; au fig. l'effort de chacun, notre part personnelle. Donner du nôtre. Il n'y a rien du nôtre. Le vôtre et le nôtre, chacun le sien (Ac.).
En/y être du nôtre (vx). Perdre une partie de notre bien; ne pas être récompensés en proportion de nos efforts. Il ne faut pas que ça nous coûte un sou, et nous y serons encore joliment du nôtre (Zola, Vérité, 1902, p.55).
Y mettre du nôtre. Apporter notre contribution personnelle à un effort commun, faire des efforts; nous montrer conciliants. Je ferai mon possible. Si ça tournait mal, ça ne serait pas de ma faute. (...) j'ai trop envie d'être heureuse... Enfin, c'est fait, n'est-ce pas? C'est à lui et à moi de nous entendre et d'y mettre du nôtre (Zola, Assommoir, 1877, p.437).
2. Au fém., fam. À la nôtre! À notre santé! (pour trinquer, sur le modèle de à la tienne*! à la (bonne) vôtre*!). Boubouroche: À la nôtre! Potasse: À la nôtre! On trinque (Courteline, Boubouroche, 1893, i, 2, p.25).
B. − Au plur.
1. Au masc. Les nôtres. Nos parents, nos proches, nos amis, les membres du groupe auquel nous appartenons (par exemple nos concitoyens, nos compatriotes, ceux de notre parti, nos soldats, nos contemporains). On s'est battu; cinq ou six des nôtres ont été tués (Renan, Drames philos., Prêtre Némi, 1885, iii, 1, p.570).Elle s'installera ici... elle prendra ses repas... voudra renouer ses relations... connaître les nôtres (H.Bataille, Maman Colibri, 1904, iv, 6, p.29).
Être des nôtres
Être de notre parti, de notre bord. Je sais qu'avec vous je n'ai rien à craindre; car nous sommes du même bord, nous nous entendons... vous êtes des nôtres (Scribe, Bertrand, 1833, iv, p.209).
Participer avec nous, chez nous (à un dîner, une fête, un séjour). Serez-vous des nôtres dimanche? Voulez-vous bien être des nôtres?:
7. Jenny! (...) une bonne nouvelle: Jacques est des nôtres pour tout l'été! Cela promet quelques bonnes parties de tennis, j'imagine?... Martin du G., Thib., Belle sais., 1923, p.920.
2. Au fém. dans la loc. faire des nôtres. Faire des folies de notre façon, nos fredaines habituelles:
8. chiffinch: (...) nous avons donc fait des nôtres à Londres, (...) mac allan: Moi, j'ai fait des miennes? chiffinch: (...) vous meniez un train de prince. Dumas père, Laird de Dumbiky, 1844, II, 9, p.50.
Prononc. et Orth.: [no:tʀ ̭]. Ac. 1694, 1718: nostre, nostres; dep. 1740: nôtre, nôtres. Étymol. et Hist. V. notre, nos III. Fréq. abs. littér.: 3412. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 5476, b) 3881; xxes.: a) 4113, b) 5283.