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* Dans l'article "NIRVANA, NIRVÂNA,, subst. masc."
NIRVANA, NIRVÂNA, subst. masc.
A.− RELIG. HINDOUE. État de béatitude parfaite (pouvant être atteint par la contemplation et l'ascétisme) visant à l'absorption définitive de l'individu dans l'âme universelle et à la disparition du désir. Prêcher le nirvâna, entrer dans le nirvâna. Cependant les rois, les prêtres qui le bâtirent, ce prodigieux temple, dans quel nirvâna sont-ils aujourd'hui, ou dans quelle poussière? (Loti, Inde sans Angl.,1903, p. 30).V. aussi Karma(n) ex. de Bergson :
Le bouddhisme, dont l'essence est l'obtention d'un nirvana par l'annihilation des causes douloureuses de réincarnation au moyen d'une vie morale et méditative, fut introduit au Japon au VIesiècle. Philos., Relig., 1957, p. 54-11.
P. métaph. Donc je m'en vais flottant aux orgues sous-marins, (...) Dans la tourbillonnante éternelle agonie D'un nirvâna des Danaïdes du génie! (Laforgue, Complaintes,1885, p. 66).
PHILOS. ,,État de délivrance intellectuelle et affective qu'on obtient par le renoncement au vouloir-vivre, aux intérêts de son individualité, et aux illusions de la sensation`` (Lalande 1960).
B.− PSYCHANAL., dans la doctrine freudienne.Tendance de l'appareil psychique à supprimer toutes les tensions en vue d'atteindre la constance parfaite du psychisme, comme plaisir dernier. Le principe de Nirvana est la tendance (...) à atteindre la constance parfaite du psychisme (...) cette tendance (...) correspond à l'anéantissement progressif de l'individu, à son retour à l'inorganique, à la mort (Thinès-Lemp.1975).
Prononc. et Orth. : [niʀvana]. Littré nirvana; Rob., Lar. Lang. fr. : nirvana. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. 1971 : nirvana. Avec ou sans accent circonflexe dans la docum. Parfois avec long sanscrit (signe non intégré au syst. graph. fr. contrairement à l'accent circonflexe) -vā- (Lar. encyclop., Hachette 1980). Étymol. et Hist. 1826 relig. bouddhique nirwana (A. Balbi, Introd. à l'atlas ethnographique du globe, p. 122). Mot sanscrit, signifiant littéralement « extinction » spécialisé dans le bouddhisme pour désigner un « état qui échappe à la fatalité du devenir et où toute pensée, toute volonté, toute sensation sont abolies » (neutre de l'adj. verbal de nirva « souffler; cesser de souffler; s'éteindre » de va « souffler »), étendu au domaine philos. « état de délivrance intellectuelle et affective obtenu par le renoncement au vouloir-vivre » par A. Schopenhauer (v. Lar. 20eSuppl. et Lal.). Fréq. abs. littér. : 33.
DÉR. 1.
Nirvanien, nirvânien, subst. masc.Qui croit au nirvâna. Il était tolstoyen, nirvânien, évangéliste, bouddhiste, − il ne savait trop lui-même − (Rolland, J.-Chr.,Révolte, 1907, p. 419). [niʀvanjε ̃]. Supra prononc. et orth. 1reattest. 1907 id.; de nirvâna, suff. -ien*.
2.
Nirvanique, nirvânique, adj.Qui est propre au nirvâna ou qui évoque la paix, la béatitude de ceux qui accèdent au nirvâna. [Mallarmé] oublie que le philosophe [Kant] exalte cette inutilité au nom de l'ascétisme, alors que le poète la recherche au nom d'une jouissance nirvanique, qui en est juste le contraire (Benda, Fr. byz.,1945, p. 93). [niʀvanik]. Supra prononc. et orth. 1reattest. 1912 (Faure, Hist. art, p. 175); de nirvâna, suff. -ique*. L'angl. nirvanic de même sens est att. dep. 1893 ds NED.
3.
Nirvanisme, nirvânisme, subst. masc.Doctrine du nirvâna. Que l'homme de l'Orient, dont l'individualité est comme perdue, fondue, noyée dans le grand tout, en l'exubérance de végétalité et d'animalité, − et faisant de l'homme de là-bas la proie du nirvânisme, de cette lâche et souriante veulerie d'une volonté, qui semble avoir donné sa démission devant le rien qu'est l'humanité en ces contrées exotiques (Goncourt, Journal,1891, p. 64).La résignation du chrétien, le nirvanisme du bouddhiste, le fatalisme de l'Arabe, le traditionalisme du Chinois sont nés du même besoin pessimiste d'éviter l'effort (Faure,Hist. art,p. 152). [niʀvanism̭]. Supra prononc. et orth. 1reattest. 1890 (Lar. 19eSuppl.); de nirvâna, suff. -isme*.