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NEIGER, verbe
I. − Emploi impers.
A. − [Le suj. réel, non exprimé, désigne la neige] Tomber du ciel sur terre. Il va neiger; il neige encore, toujours; il neige depuis (x temps). Il neigeait depuis six heures. Les maisons et les rues étaient ensevelies. L'air comme rembourré d'ouate (Rolland, J.-Chr., Buisson ard., 1911, p.1378):
. ... la neige abolissait les reliefs; elle unifiait toute la campagne dans une blanche immobilité. Il neigeait à plein temps. Ce n'était plus les plumes folles du dimanche précédent. La neige tombait fine, tombait dru, tombait abondante, pour régaler la terre. Guèvremont, Survenant, 1945, p.96.
Loc. Qu'il vente ou qu'il neige. Par tous les temps. Je préfère revenir à pied du cercle et cela qu'il vente ou qu'il neige (Lorrain, Sens. et souv., 1895, p.170).
B. − P.anal.
1. [Le suj. réel, non exprimé, désigne l'âge, etc.] Couvrir de blancheur. Elle (...) ne craint pas de laisser voir à son front et à ses tempes la racine argentée de ses cheveux où il a neigé un peu avant l'heure (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.9, 1865, p.435).
2. [Le suj. réel, introduit par de/des, désigne des choses menues] S'éparpiller, se répandre comme de la neige, avec grâce et légèreté. Au moindre souffle du vent, ils [les acacias] balançaient leurs branches comme pour un hommage: alors il neigeait des pétales parfumés (Loti, Désench., 1906, p.41).Il neige des pigeons sur les places (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.268).
C. − Au fig. [Le suj. réel, introduit par de/des, exprimé ou non, désigne des sentiments, des faits pénibles] Survenir en apportant la désolation, l'isolement, etc. Je me rends bien compte aujourd'hui qu'elle a dû souffrir de la vie, car il ne cessa de neiger dans son âme (Jammes, Mém., 1921, p.67).La nuit entra et s'accroupit. Ensuite il a neigé de l'oubli, de l'oubli (Montherl., Encore inst. bonh., 1934, p.732).
II. − Emploi pers. (intrans.).
A. − Rare. [Le suj. désigne la neige] Même sens que I A. Oui, mais la neige neigeant, C'est beau, petit: ça ressemble, Tournoyant et voltigeant (...) À des papillons d'argent (Richepin, Chemineau, 1907, p.49).
B. − P.anal.
1. [Le suj. désigne des choses blanches ou blanchissantes] Se couvrir de blancheur ou mettre une touche de blancheur. Le printemps chargea de blancheurs légères les rameaux des pommiers (...). Puis les fleurs des marronniers neigèrent dans les quinconces (Adam, Enf. Aust., 1902, p.297).
2. [Le suj. désigne des choses fines, vaporeuses, non obligatoirement blanches] Tomber comme de la neige, légèrement. Des tulles, des guipures tombant de haut, faisaient un ciel blanc (...). Autour des colonnes, descendaient des volants de malines (...) sur tous les comptoirs, le blanc neigeait (Zola, Bonh. dames, 1883, p.790).Les caisses et les paquets de papiers sur lesquels neige la poussière (Duhamel, Désert Bièvres, 1937, p.233).
Rare. Qqc.1neige qqc.2Déverser (sur quelque chose) une chose analogue à la neige. La lune neige sa lumière sur la couronne gothique de la tour (Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.285).
C. − Au fig. [Le suj. désigne des sentiments, des faits pénibles] Frapper de vieillesse, affliger de froideur morale, etc. Une espérance tiède, sur laquelle neigent tout à coup les désillusions, ces frimas du coeur (L. Daudet, Idées esthét., 1939, p.188).
REM.
Neigé, -ée, part. passé en emploi adj.Couvert de neige. La crète du Mont-Blanc ne se découvre pas de cet endroit, mais on a une vue distincte de sa croupe neigée, appelée le Dôme (Chateaubr., Voy. Amér., 1827, p.300).Et la neige tomba (...). On ne voyait au loin que chemins neigés (D'Esparbès, Lég. outil, 1903, p.42).
Prononc. et Orth.: [nε ʒe], [ne-], (il) neige [nε:ʒ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1165 neif negiee «neige récemment tombée» (Benoît de Ste-Maure, Troie, 5148 ds T.-L.); 1174-87 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 4142: Cele nuit ot il bien negié); 1180-90 (Alexandre de Paris, Alexandre, éd. E. C. Armstrong, t.III, 2478: Molt par fist grant froidure, assés plut et nega). D'un lat. vulg. *nivicare, fréquentatif du b. lat. nivere, ce dernier att. au ives. par le grammairien Nonius Marcellus sous la forme impers. nivit «il neige», puis au vies. par Venance Fortunat sous la forme pers. au sens fig. de «devenir blanc comme la neige» (Forc.), dér. de nix, nivis «neige»; de même orig. que neiger, l'ital. nevicare. La création de *nivicare à côté du verbe class. ninguere, forme à infixe nasal, est due au fait que le rapport entre ce dernier verbe et le subst. n'était plus perçu. Nivere est continué par le type nevre dans le domaine fr.-prov.; sa var. *nivare l'est par le type never att. dans différents dial. du domaine gallo-rom. (cf. m. fr. il noive «il neige» xives., Moamin et Ghatrif ds T.-L.; prov. nevar, v. neigée) et dans le cat., esp., port. nevar, FEW t.7, pp.153a-156a. Fréq. abs. littér.: 123.
DÉR.
Neigeoter, verbe impers.Neiger légèrement. Est-ce qu'il neige toujours? (...) il neigeote, chère madame! (...) Quelques vagues flocons dans l'air! (Feuillet, Voy., 1884, p.239). [nε ʒ ɔte], (il) neigeote [nε ʒ ɔt]. 1reattest. 1863 (Goncourt, Journal, p.1029); de neiger, par substitution du suff. -oter*.
BBG.Gohin 1903, p.247 (s.v. neigé). _Stefenelli (A.). Remotivationstendenzen in der Geschichte der französischen Wortschatzes. In: [Mél. Kuen (H.)]. Wiesbaden, 1979, p.184.