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NARGUER, verbe trans.
A. − Narguer qqn.Railler quelqu'un avec mépris ou insolence pour le taquiner ou se moquer de lui par défi. Des femmes venaient danser la farandole autour de la voiture pour narguer l'empereur (Barrès, Cahiers, t.3, 1904, p.302):
1. Fumer la cigarette, se mettre de l'eau sucrée sur les cheveux pour qu'ils frisent, embrasser les filles du cours supplémentaire dans les chemins et crier «À la cornette!» derrière la haie pour narguer la religieuse qui passe, c'était la joie de tous les mauvais drôles du pays. Alain-Fournier, Meaulnes, 1913, p.213.
Emploi pronom. Se narguer de qqn.Tant que l'homme méconnaîtra son créateur et se narguera de lui (...) en y mêlant du mépris, ton règne sera assuré (Lautréam., Chants Maldoror, 1869, p.187).
B. − Narguer qqc.Braver, faire la nique à quelque chose par défi ou moquerie. Ma présence ce soir chez la princesse de Guermantes (...) paraissait narguer la déclaration solennelle: «On n'entre dans ces salons-là que par moi.» (Proust, Sodome, 1922, p.639):
2. Madame Cornoiller eut sur ses contemporaines un immense avantage. Quoiqu'elle eût cinquante-neuf ans, elle ne paraissait pas en avoir plus de quarante. (...) elle narguait la vieillesse par un teint coloré, par une santé de fer. Balzac, E. Grandet, 1834, p.226.
REM.
Nargueur, -euse, adj.Qui nargue. Soudain on apprit que le train des Parisiens venait d'entrer en gare. Les Normands ricanèrent: − Un Parigot et un Parigot, ça vaut jamais deux gars des champs! (...) Dès que le train eut stoppé, on entendit une acclamation. Enthousiaste ou ironique? Salut joyeux ou bonjour nargueur? (Benjamin, Gaspard, 1915, p.8).
Prononc. et Orth.: [naʀge], (il) nargue [naʀg̥]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. [1552, le dér. nargue*] 1. 1562 se narguer de «se moquer de» (Lettre de Jeanne d'Albret à Catherine de Médicis ds Lettres d'Antoine de Bourbon, éd. Rochambeau, 1877, p.252); 2. 1740-55 «braver avec mépris» (Saint-Simon, Mém., éd. G. Truc, t.1, LII, p.757). Prob. issu d'un lat. vulg. *naricare, dér. du class. naris, plus fréquemment nares, narium, plur. «narines, nez» (A. Horning ds Z. rom. Philol. t.28, p.609; L. Spitzer, ibid., t.44, p.200: hyp. reprise par FEW t.7, p.14 a), cf. le lat. médiév. naricare «être morveux» 1483 ds Latham. Narguer, non att. dans la lang. littér. av. le xvies., semble parvenu en fr. par l'intermédiaire du fr.-prov. et de l'occitan dont les représentants offrent des sens proches de celui de l'étymon: stéphanois nargoussâ «nasiller» (P. Duplay, La cla do parla gaga, 1896, p.312), haut-dauph. nargusyé «id.» (FEW, loc. cit., p.13b), dér. du dauph. nàrgèi «morve au nez» (Dur., no6669), narga «id.» (J.-B. Martin et G. Tuaillon, Atlas ling. du Jura et des Alpes du nord, t.3, 1978, carte 1405 morve, point 70); dial. de Vinzelles [Puy-de-Dôme] narseḽya «nasiller» (A. Dauzat, Gloss. pat. Vinzelles, no2994); cf. le prov. nargous «qui nasille (xviiies. A. Peyrol ds Mistral). De «nasiller», seraient issus les sens de «se moquer; narguer», encore largement attestés dans les domaines fr.-prov. et occitan (FEW, ibid., p.13b et 14a; Mistral s.v. narga); cf. l'évolution sém. parallèle de narchard «moqueur, railleur» (d'où nacharder «se moquer de», FEW, loc. cit. p.26a), dér. dial. de l'a. fr. nascier «renifler, flairer» (1260-80 Guillaume d'Amiens, Dit d'amour, 135 éd. A. Jeanroy ds Romania t.22, 1893, p.61a) et «nasiller» (fin xiiies. Gautier de Bibbesworth, 1074-75 ds T.-L.; du lat. vulg. *nasicare, dér. de nasus, v. nez). Fréq. abs. littér.: 196. Bbg. Delb. Matér. 1880, p.210.