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NAÏVETÉ, subst. fém.
A. − Simplicité naturelle, sans apprêt. Naïveté charmante, touchante; naïveté d'enfant. Sara paraissait l'innocence même, et sa timidité augmentait la naïveté de ses charmes (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.18).Le gazon étroit qui leur servait de première couche prenait une naïveté de berceau (Zola, Faute Abbé Mouret, 1875, p.1373):
1. Le xviiesiècle anglais avait la même naïveté que le français, cette simplicité de coeur que nous avons perdue, comme les ricaneurs que nous sommes, des gens «à qui on ne la fait pas»... Green, Journal, 1949, p.265.
En partic.
[Dans une description, une oeuvre d'art, un moyen d'expression ou chez un artiste] Caractère de ce qui décrit, de ce qui représente la réalité telle qu'elle est ou en la simplifiant, sans rechercher d'effet. Synon. naturel, simplicité.Naïveté de style, de langage, de pinceau (Ac.). M. de Nivernois n'a ni la simplicité d'Ésope ni la naïveté de La Fontaine (Chateaubr., Essai Révol., t.1, 1797, p.134).Deux petits tableaux de Raphaël appartenant à sa première manière toute charmante et se ressentant encore de la naïveté de l'art avant la Renaissance (Gautier, Guide, 1872, p.35):
2. Les images d'Épinal (...). C'est simple et franc, plein de caractère. Produisent plus d'effet que des vignettes habilement dessinées (...). Naïveté rustique parente de la Bibliothèque bleue et des gravures sur bois qui décorent les légendes populaires. Barrès, Cahiers, t.9, 1912, p.265.
P. méton. Ce qui décrit, ce qui représente la réalité telle qu'elle est ou en la simplifiant, sans rechercher d'effet. J'ai acheté (...) des dessins japonais (...) des poses, des toilettes, des visages, des femmes qui ont l'air de venir d'un rêve; des naïvetés d'école primitive, ravissantes et d'un caractère qui dépasse Albert Dürer (Goncourt, Journal, 1861, p.931):
3. ... la gloire, on la veut pure, vraie, solide comme celle de ces demi-dieux [Byron, Shakespeare]; l'on se hausse et l'on se guinde pour arriver à eux; on émonde de son talent les naïvetés capricieuses et les fantaisies instinctives pour les faire rentrer dans un type convenu, dans un moule tout fait. Flaub., Corresp., 1846, p.386.
Caractère de ce qui est préalable à tout système formalisé. Il est arrivé aux mathématiciens de faire la reprise des structures (...), de la finitude dénombrée et plus encore de celle de l'infinité proprement dite. L'assimilation des classes de la logique aux «ensembles» de la mathématique n'est pas autre chose. On sait les inconvénients logico-mathématiques de cette «naïveté» mathématicienne et qu'il a fallu, dans la fondation moderne de la théorie des ensembles, poser quelque part un principe de distinction entre les collectifs susceptibles d'être traités comme des ensembles et ceux qui ne l'étaient pas (D. Dubarleds Log. et connaissance sc., 1967, p.351 [Encyclop. de la Pléiade]).
B. − Ingénuité, confiance, crédulité (excessive). Naïveté d'une question, d'une réponse; rire de la naïveté de qqn; être d'une grande, d'une incroyable naïveté; avoir la naïveté de + inf. Son orgueil est d'une naïveté comique, d'un naïveté risible (Ac.). L'ignorance et la naïveté d'un provincial fraîchement débarqué de sa province (Lemaitre, Contemp., 1885, p.193).Une naïveté à accepter pour de la bonne viande les contes qu'il plaisait à Pierre et à Paul de lui faire (Pourrat, Gaspard, 1922, p.157):
4. Les hommes n'aiment point être dupés, ils n'ont pas tous une naïveté assez considérable pour croire qu'un agrégé de philosophie est en vertu de sa fonction un terre-neuve ou même une personne respectable. Nizan, Chiens garde, 1932, p.15.
P. méton. Propos ou écrit qui dénote une ingénuité, une confiance, une crédulité qui peut être excessive. Quand elle lâchait une naïveté, il riait si fort, qu'elle entrait en colère: au lieu de rire, est-ce qu'il n'aurait pas mieux fait de lui montrer son erreur? (Zola, Joie de vivre, 1884, p.867).Nul ne songe à défendre les naïvetés (...) des finalistes, ni même à soutenir qu'une explication par la cause finale puisse être une explication scientifique (Gilson, Espr. philos. médiév., 1931, p.108):
5. Souvent le ménage Disraëli allait passer quelques jours à la campagne, dans de nobles maisons où les naïvetés de Mrs Dizzy avaient grand succès. À des dames qui discutaient la beauté de certaines statues grecques, elle répondait: «Oh! vous devriez voir mon Dizzy dans son bain!» Maurois, Disraëli, 1927, p.138.
Prononc. et Orth.: [naivte]. Ac. 1694: naiveté, dep. 1718: naïveté. Étymol. et Hist. 1. 1240-80 «caractère naturel, véritable; vérité» (Baudouin de Condé, Dits et contes, 151, 7 ds T.-L.); 2. 1579 «caractère de ce qui est pur, simple; pureté, simplicité» en parlant du langage (Estienne, Precellence, Au lecteur, p.21 ds Hug.); 1580 (Montaigne, Essais, II, IV, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.344: Je donne ... la palme à Jacques Amiot ... pour la naïfveté et la pureté du lang.); 3. 1615 «caractère, qualité d'une personne naturelle, simple et sans artifice» (Malherbe, Poésies, XV, Paraphrase du psaume VIII, 10 ds Œuvres, éd. L. Lalanne, t.1, p.62). 4. 1680 «simplicité niaise» (Rich.); id. dire des naïvetez (ibid.). Dér. de naïf*; suff. -eté*. Fréq. abs. littér.: 1105. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1534, b) 1476; xxes.: a) 1491, b) 1701. Bbg. Atkinson (J. B). Montaigne and naïveté. Rom. R. 1973, t.64, pp.245-257.