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MUTUEL, -ELLE, adj. et subst. fém.
I. − Adjectif
A. −
1. [Parfois antéposé] Qui comporte ou manifeste un rapport d'échange ou de réciprocité entre deux ou plusieurs personnes.
a) [En parlant d'un sentiment, d'un affect] Synon. partagé.Amour, désir mutuel; admiration, affection, estime, sympathie mutuelle; haine mutuelle. Il n'y a ni sécurité, ni abandon, ni respect proprement dits, dans cette liaison de surface et de circonstance [l'amitié entre deux femmes]. On se fera mille caresses, mais sans confiance mutuelle (Amiel,Journal,1866, p.325).Ainsi naquit entre lui et nous (...) cette amitié parfaitement échangée, parfaitement mutuelle (Péguy,Notre jeun.,1910, p.83).Ils se disaient leur mutuelle tendresse dans le langage de Julie et de Saint-Preux (A. France,Dieux ont soif,1912, p.101).
b) [En parlant d'une action, d'un comportement] Consentement, engagement mutuel; services mutuels; concessions, promesses mutuelles. Ils avaient échangé un mutuel coup de coude (Courteline,Train 8 h 47,1888, 1repart., vii, p.86).L'on se prêtait aide mutuelle de toit en toit (Pesquidoux,Livre raison,1925, p.45):
1. Des métayers aux petits propriétaires paysans, il y a le même échange de services. Et il n'y a pas seulement prêt mutuel du travail des bras, il y a prêt du bétail. Jaurès,Ét. soc.,1901, p.15.
Enseignement mutuel. Méthode d'enseignement, en usage surtout au dix-neuvième siècle, dans laquelle les élèves les plus avancés étaient chargés d'instruire leurs camarades sous la direction de l'instituteur. C'est avec lui que je vais passer toute ma vie (...) au fond de quelque province où nous propagerons l'enseignement mutuel et la vaccine (Stendhal,Armance,1827, p.292).Les gouvernements seraient d'autant plus inexcusables de négliger l'instruction élémentaire (...) qu'ils peuvent, au moyen d'un procédé maintenant éprouvé, celui de l'enseignement mutuel, répandre cette instruction parmi la presque totalité de la classe indigente (Say,Écon. pol.,1832, p.491).V. enseignement ex. de France, Bonnard, 1881, p.408.
École mutuelle, p. ell. emploi subst. fém. sing., fam. (parfois avec une majuscule), la mutuelle. Établissement où cette méthode était appliquée. Eh bien! ces enfants sont-ils bien savants? D'où vient qu'ils ne sont pas à l'école? (...) dans mon pays on les met aux écoles mutuelles dès le berceau (Nerval,Voy. Orient,t.1, 1851, p.61).Élevé au hasard, mis pour toute école à la mutuelle (Sainte-Beuve,Nouv. lundis,t.1, 1861, p.46).Grandi dans les copeaux de l'établi paternel jusqu'à dix ans, de dix à quinze élevé par la Mutuelle et par la rue (A. Daudet, Rois en exil,1879, p.246).
2. Qui implique une réciprocité d'actions et de réactions entre deux ou plusieurs choses. Il faut (...) que l'historien rende compte de l'influence mutuelle, de la pénétration réciproque de ces diverses séries d'événements (Cournot,Fond. connaiss.,1851, p.462).Elle [la connaissance] a pris la mesure des corps, étudié leur structure, leurs rapports mutuels, leurs actions réciproques, action mécanique de leurs masses, action chimique de leur substance matérielle (Huyghe,Dialog. avec visible,1955, p.144).
B. − Spéc. [En parlant d'une entreprise, d'un groupement]
1. DR. SOC. Qui est fondé sur les principes de la mutualité (v. ce mot B). Synon. mutualiste.Des cours organisés par les conseils d'administration des Caisses mutuelles d'allocations familiales agricoles (Encyclop. éduc.,1960, p.191).L'affiliation à une société mutuelle permet de compléter les allocations de la Sécurité Sociale ou de faire couvrir certains risques non prévus par ce régime (Lemeunier1969).
(Compagnie, société d')assurance mutuelle. Société, à but non lucratif, dont les adhérents s'assurent les uns les autres contre certains risques, moyennant le versement d'une cotisation; assurance proposée par ce type de société. L'État ne peut nullement s'opposer à la coopération, ni à l'assistance mutuelle, ni à l'assurance mutuelle (Alain,Propos,1923, p.463):
2. Il existe également des assurances mutuelles contre l'incendie, les pertes maritimes, les dommages de guerre, etc., par lesquelles les intéressés mettent en commun risques et chances, partageant les deux sur des bases déterminées. Baudhuin1968.
Société de secours mutuel(s) (vieilli). Société d'assurance et d'assistance mutuelles. Les sociétés de secours mutuels sont des associations de prévoyance qui se proposent d'atteindre un ou plusieurs des buts suivants: assurer à leurs membres participants et à leurs familles des secours en cas de maladie, blessures ou infirmités, leur constituer des pensions de retraite, contracter à leur profit des assurances individuelles ou collectives (...), pourvoir aux frais des funérailles (Nouv. Lar. ill. Suppl.1907).Quarante francs que j'ai pris à la maison, alléguant une cotisation pour la société de secours mutuel (Duhamel,Journal Salav.,1927, p.41).
2. FIN. Fonds mutuels. Société de placement à capital variable. Après la Deuxième guerre mondiale, des institutions financières appelées fonds mutuels ont connu chez nous un essor prodigieux (L'Actualité terminol., vol.10, août-sept. 1977, no7, p.1).
3. HIPP. Pari* mutuel.
P. ell., emploi subst. masc. sing., fam. (avec une majuscule), le Mutuel. Jusqu'à nouvel ordre, c'est un atelier de peinture, ici, et pas encore une baraque du Mutuel (Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.142).
Rem. Littré établit une distinction entre mutuel qui désigne l'échange libre et spontané, l'action de donner et de recevoir et réciproque qui exprime le retour, l'action de donner selon que l'on reçoit. Dupré 1972 souligne la nécessité de maintenir vivante cette distinction qui est reprise par un certain nombre de dict. gén. mais qui n'est pas toujours observée dans l'usage cour. Il apparaît à l'examen de la docum. que mutuel est peu vivant dans le discours scientifique, ce qui n'est pas le cas de réciproque.
II. − Subst. fém. Association de personnes, à but non lucratif, qui se propose de mener une action sociale de prévoyance, de solidarité et d'entraide, au moyen des cotisations versées par ses membres (d'apr. Branc. Écon. 1978). Synon. société mutualiste*.Mutuelle d'assurances; Mutuelle générale de l'Éducation Nationale; mutuelle interprofessionnelle; mutuelle des petites et moyennes entreprises. La guerre froide qui oppose depuis des années le conseil [de l'Ordre des médecins] aux mutuelles et aux caisses de la Sécurité sociale (Le Monde,19janv. 1952, p.4, col.1-2):
3. Cerbelot fait partie d'une société pour laquelle il se prodigue: «Vous versez deux francs par mois, me dit-il, et, quand vous mourez, la mutuelle donne cinq mille francs pour vos funérailles. C'est avantageux». Duhamel,Journal Salav.,1927p.74.
Prononc. et Orth.: [mytɥ εl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1329 «qui est réciproque entre deux ou plusieurs personnes» (Arch. hospit. de Paris, II, 25 ds Gdf. Compl.); 2. 1827 enseignement mutuel (Stendhal, loc. cit.); 1841 subst. fém. «école où l'on pratique cet enseignement» (Dumersan et Dupeuty, La Descente de la Courtille, I, XV ds Quem. DDL t.6); 3. 1829 assurance mutuelle «société d'assurance à but non lucratif» (Boiste); 1868 subst. fém. «compagnie d'assurances» (Littré); 4. 1845-46 «société de secours mutuel» (Besch.); 1931 subst. fém. «société mutualiste» (Lar. 20e). Dér. sav. du lat. mutuus «réciproque, mutuel». Fréq. abs. littér.: 976. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2033, b) 1460; xxes.: a) 1038, b) 1008.
DÉR. 1.
Mutuellisme, subst. masc.,hist. a) Doctrine économique et sociale de Proudhon fondée sur des principes d'échange et de solidarité. (Ds Rob.). P. ext. Synon. vieilli de mutualisme (v. ce mot A). (Ds Lar. Lang. fr., Lexis 1975).P. méton. Acte qui relève de cette doctrine. Le crédit leur disais-je [aux membres du Comité des finances], au point de vue des relations privées, est tout simplement le prêt; au point de vue des relations sociales, c'est un mutuellisme, un échange (Proudhon,Confess. révol.,1849, p.196).b) Association des mutuellistes (v. ce mot infra a). (Ds Littré, Lar. 19e). [mytɥ εlism̭]. 1reattest. 1828 «société d'entraide des tisseurs de soie lyonnais» (ds Lar. 19e, s.v. mutuelliste); de mutuel, suff. -isme*.
2.
Mutuelliste, adj. et subst.a) Subst. masc., hist. Membre d'une association ouvrière d'entraide fondée à Lyon en 1828. (Ds Littré, Lar. Lang. fr.). b) (Personne) qui adhère à la doctrine du mutuellisme. Il s'endormit (...) avec le demi-projet de demander au colonel Malher d'être envoyé à vingt lieues de Nancy, à N..., où le régiment avait un détachement occupé à observer les ouvriers mutuellistes (Stendhal,L. Leuwen,t.1, 1835, p.347).La société des amis de l'ABC, affiliée aux mutuellistes d'Angers (...) se réunissait (...) au café Musain (Hugo,Misér.,t.2, 1862, p.39). [mytɥ εlist]. 1resattest. 1828 subst. masc. «membre d'une société d'entraide des tisseurs de soie lyonnais» (ds Lar. 19e), 1835 adj. ouvriers mutuellistes (Stendhal, loc. cit.); de mutuel, suff. -iste*.
BBG.Dub. Pol. 1962, p.349 (s.v. mutuellisme). _ Dupont (Ch.). D'où nous vient l'expr. fonds mutuels? Actual. terminol. 1977, t.10, no7, pp.1-3.