| ![]() ![]() ![]() ![]() MULE2, subst. fém. A.− Chaussure d'intérieur avec ou sans talon, et qui laisse l'arrière du pied découvert. Enfiler, passer, porter des mules; mules en toile, en velours. Un pied jouant sans cesse avec une mule rouge toujours prête à s'envoler (Goncourt, Ch. Demailly,1860, p. 220).Les pieds nus de Juliette se cachaient dans des mules à talons dorés (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 51): Cinq minutes suffirent à Baccarat pour remplacer par une toilette de nuit sa fraîche toilette de jour. Elle enveloppa ses cheveux dans un grand foulard bleu, passa une robe de chambre, chaussa de petites mules de satin à talons rouges...
Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 9. − En partic. Mule du pape. Pantoufle blanche brodée d'une croix, qui est portée par le pape. Les rois venaient baiser la mule du pontife (Chateaubr., Mém.,t. 3, 1848, p. 534).Isotta entre, fait trois génuflexions, baise la mule du pape, et reste à genoux (Montherl., Malatesta,1946, III, 5, p. 497). ♦ [Employé comme interj., pour marquer la surprise, le mécontentement] Gérard!... Mule du pape! Que fait encore mon fils dans cette ridicule affaire? (Theuriet, Mar. Gérard,1875, p. 177). B.− Au plur., MÉD. 1. Vx. Engelures localisées aux talons. (Dict. xixes., Nouv. Lar. ill.). Avoir les mules aux talons (Ac.1798-1878). 2. MÉD. VÉTÉR. Mules traversières ou traversines. Crevasses situées à l'arrière du boulet, chez le cheval. (Dict. xixes., Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). Prononc. et Orth. : [myl]. Homon. mulle. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1556 [éd.] « pantoufle de femme laissant le talon découvert » (Historiale description de l'Afrique, Lyon, J. Temporal, p. 144); b) 1680 baiser la mule du pape (Rich.); 2. 1314 mules plur. « engelures aux talons » (Henri de Mondeville, Chirurgie, 1431 ds T.-L. : avoir mules es pies); 1530 sing. « id. » (Palsgr., p. 236a). Si l'on admet que mule « pantoufle » a existé en a. fr. malgré l'absence d'attest. dans la litt. médiév., peut-être parce qu'il s'agit d'une chaussure d'intérieur des plus grossières, du lat. mulleus « sorte de brodequin rouge », att. sous la forme mule, vers 700 (cf. CGL t. 5, p. 224, 6), substantivation de l'adj. mulleus « de couleur rouge », que l'on trouve dès l'époque class. dans mulleus calceus « brodequin rouge porté par les sénateurs qui avaient exercé la magistrature curule ». Il est possible aussi que le mot soit empr. au m. néerl. muil « pantoufle », lui-même empr. à un représentant fr., non att., du lat. mulleus, le sens de « pantoufle » ayant disparu en fr. avec l'apparition du sens second. de « engelures aux talons ». Cf. FEW t. 6, 3, p. 201a-b. STAT. − Mule1 et 2. Fréq. abs. littér. : 410. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 602, b) 595; xxes. : a) 353, b) 697. |