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MOURIR, verbe
I.− Emploi intrans.
A.− [Le suj. désigne un être vivant]
1. [Exprimant l'accompli] Cesser d'exister, perdre la vie.
a) [Le suj. désigne une pers.]
[Employé seul] Je ne veux emporter en mourant que l'espoir d'être regretté par toi (La Martelière, Robert,1793, v, 3, p. 60).Il faut que l'herbe pousse et que les enfants meurent; Je le sais, ô mon Dieu! (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 404):
1. Fut-ce à ce moment que Mouchette subit le deuxième assaut de la force obscure qui venait de s'éveiller au plus profond, au plus secret de sa chair? (...) La pensée de la mort n'achevait pourtant pas de se former, le regard qu'elle fixait malgré elle sur la mare qui miroitait sous ses pieds restait vague. Elle ne voulait pas mourir. Bernanos, Mouchette,1937, p. 1342.
Emploi subst. masc., littér. Fait de mourir. Ô soldats que j'ai vus rire, souffrir, vous taire Dans la blancheur de chaux d'un ancien monastère, Où, comme un haut jet d'eau, s'élevait dans la cour Un arbre purpurin tout saturé d'amour, J'ai près de vous appris le mourir et le vivre (Noailles, Forces étern.,1920, p. 51).
Faire mourir qqn. Moïse a fait mourir les Égyptiens, Samuël a fait mourir Agag; Élie, les prophetes de Baal et les capitaines d'Okofias (Saint-Martin, Homme désir,1790, p. 182).
À se faire mourir. Il est gourmand, mon cher, à se faire mourir à tous les repas. Tu ne te figures point ce qu'il mangerait si on le laissait libre (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, Fam., 1886, p. 562).
Se laisser mourir. Cette excellente femme (...) se laissa mourir, sans doute par dévouement, en donnant le jour à Georges (Gobineau, Pléiades,1874, p. 39).
[Avec un compl.]
[de lieu] Mourir au bagne, dans la rue, dans son lit, dans les bras de qqn. Le roi! Le roi! Mon père est mort sur l'échafaud, condamné par le sien (Hugo, Hernani,1830, i, 2, p. 10).Jésus qui êtes mort sur la croix pour le salut de tous les hommes (Claudel, Messe là-bas,1919, p. 488):
2. Nous autres pauvres gens, nous appelons être riche quand nous ne mourons pas à l'hôpital; et mon père est mort chez lui, tout le quartier peut vous le dire. Leclercq, Prov. dram.,Savet. et financ., 1835, 7, p. 226.
[de temps] Il en est mort dans l'année (Balzac, Méd. camp.,1833, p. 126).Mort à l'âge de 87 ans, le 1erfévrier 1709, il ne vit pas l'accomplissement des derniers excès qui se préparaient contre Port-Royal (Sainte-Beuve, Port-Royal,t. 3, 1848, p. 501).Marie était morte à seize ans (Montherl., Célibataires,1934, p. 754).
[de circonstances] Sa femme mourut en couches, lui laissant un regret éternel de cette séparation si prompte (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p. 294).Mourir sous des balles alliées quelques mois avant la victoire! (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 343).
SYNT. Mourir abandonné, damné, libre, pauvre, seul; mourir à la guerre, au service de qqn, au champ d'honneur; mourir avec courage, avec terreur; mourir dans la misère, dans l'oubli, dans le péché; mourir en bon chrétien, en paix; mourir sur le coup; mourir saintement, subitement; mourir comme un brave, comme un chien.
Mourir à la peine, à la tâche. Périr sous le poids de tâches accablantes; mourir en laissant une œuvre inachevée. Je veux t'éviter les gênes, les misères de l'existence. C'est assez que ta pauvre mère les ait éprouvées et soit morte à la tâche (A. France, Jocaste,1879, p. 23):
3. Les trois hommes de lettres les plus distingués de la fin du xviiiesiècle, sont Beaumarchais, Mirabeau et Rivarol. Beaumarchais, par son Figaro, donna le manifeste de la Révolution; Mirabeau la fit; Rivarol la combattit et fit tout pour l'enrayer : il mourut à la peine. Chênedollé, Journal,1822, p. 118.
Mourir tout entier. Mourir sans laisser aucun souvenir durable à la postérité :
4. ... Daudet se met à parler de gens de valeur que les circonstances, la paresse, n'ont jamais laissés se produire et qui meurent tout entiers faute d'un Eckermann, et le nom de son ami Pillaut, le musicien, lui vient à la bouche, comme celui d'un de ces hommes, tout, tout plein de choses fines, délicates, et qui aura passé dans la vie sans laisser une trace... Goncourt, Journal,1888, p. 858.
Mourir vivant. Mourir subitement, en pleine force. Il n'a pas souffert qu'on épiât son déclin. Il est mort vivant. Je ne trouve pas cela méprisable (A. France, Lys rouge,1894, p. 315).
[de cause] Et samedi, vingt-six, une heure avant dîné, Monsieur de Bergerac est mort assassiné (Rostand, Cyrano,1898, v, 6, p. 220).Leone est mort écrasé par un tramway (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 118):
5. Elle entendit le souffle court de Xavier. Son père et sa mère, songeait-elle, étaient morts d'une maladie de cœur. « Je pourrais le tuer ». Mauriac, Myst. Frontenac,1933, p. 33.
SYNT. Mourir dans un accident, un attentat, un incendie, un naufrage; mourir d'anémie, d'apoplexie, de consomption, de faim, de froid, d'inanition, de maladie, de tuberculose, de vieillesse; mourir d'une attaque, d'un cancer, d'une chute, d'un coup (de poignard, de sang), d'une crise cardiaque, d'une méningite, d'une rupture d'anévrisme; mourir de la peste, de la rage, de la vérole; mourir par manque de soins; mourir des suites de qqc.; mourir noyé, électrocuté.
Mourir de la main de qqn. Le roi, averti par les astrologues qu'il mourrait de la main de ce fils, le fit exposer, dès sa naissance, et lui substitua un enfant trouvé (A. France, Vie fleur,1922, p. 386).
Mourir de sa belle mort. V. mort1.
P. exagér. [Pour indiquer qu'une chose n'est ni dangereuse ni trop pénible] Ne pas en mourir. Depuis un an et plus je n'ai pas vu la queue D'un journal (...) Eh bien, l'on n'en meurt pas (Verlaine, Œuvres compl.,t. 3, Invect., 1896, p. 357).C'est rien que de la conserve, j'en bouffe depuis un an moi... J'en suis pas mort! (Céline, Voyage,1932, p. 206).
[de but] Guy Mocquet, ce martyr de dix-sept ans, mort pour la France (Triolet, Prem. accroc,1945, p. 372).
SYNT. Mourir pour des idées, pour la liberté, pour la patrie, pour son pays, pour l'humanité, pour le péché des hommes, pour le salut du monde.
[Employé dans des expr.]
[Dans des formules exprimant avec force un serment ou une affirmation et indiquant que la volonté de mourir est dans une alternative, la seule option à une autre action que l'on repousse]
Plutôt mourir (que + verbe à l'inf.). Connaissez-vous toutes vos consignes et spécialement la principale, celle qui est commune à tous les forts : plutôt mourir que se rendre? (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p. 16).Pas de lâche compromission! Tenir tête à l'orage! Plutôt mourir! (Martin du G., Thib.,Cah. gr., 1922, p. 627).
Que je meure si... Que je meure Si je comprends ce cri jaloux! (Verlaine, Œuvres compl.,t. 1, Jadis, 1884, p. 329).
Loc. proverbiales
P. plaisant. [Pour encourager à ne pas craindre la mort] On ne meurt qu'une fois. Allons! Le moment est venu. On ne meurt qu'une fois! (Villiers de L'I.-A., Contes cruels,1883, p. 249).
Ceux qui vont mourir te saluent. [P. allus. à la phrase que prononçaient les gladiateurs avant de combattre devant la loge impériale : Ave, Caesar, morituri te salutant] Le peuple est le César indifférent, le Claude ricaneur auquel les soldats disent sans cesse en défilant : Ceux qui vont mourir te saluent (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p. 20).
Partir, c'est mourir un peu :
6. Partir, c'est mourir un peu C'est mourir à ce qu'on aime On laisse un peu de soi-même En toute heure et dans tout lieu. E. Haraucourt, Rondel de l'Adieu,Paris, Charpentier, 1891, p. 12.
b) [Le suj. désigne un animal ou un végétal] Elle avait la voix et l'accent que prennent les ingénues pour dire que le petit chat est mort (Duhamel, Désert Bièvres,1937, p. 227).Nous remontons l'allée des platanes, (...) au pied desquels meurent les dernières jonquilles (H. Bazin, Vipère,1948, p. 163).
2. [Exprimant le non-accompli] Subir des altérations physiques ou morales donnant le sentiment qu'on est conduit progressivement à la mort. Synon. s'étioler, se consumer, languir.Mourir doucement, lentement. Rodolfo : Ô Catarina! être séparé de toi, (...) c'est sentir qu'on meurt un peu chaque jour! (Hugo, Angelo,1835, p. 50).Alors, c'est cela, je me laisserai mourir à petit feu, élégamment, au milieu de mes amis pâles d'émoi (Miomandre, Écrit sur eau,1908, p. 88):
7. Depuis près de vingt ans que nous avons commencé de mourir, que de fois nous avons cru toucher au terme de notre métamorphose! Proudhon, Confess. révol.,1849, p. 180.
3. P. hyperb. Éprouver intensément (une sensation, un sentiment). Vrai! J'ai pensé mourir deux cent cinquante fois depuis hier. J'en pleurais des ruisseaux de larmes. Toi ici! Dieu! Si ce pauvre oncle vivait! (Reybaud, J. Paturot,1842, p. 434).
Mourir de + subst. (compl. de cause) :
8. Les journées s'écoulaient cependant, avec une effroyable vitesse, et le duc qui mourait d'impatience, semblait encore pousser les heures de ses mains, à force de courir et de trépigner dans les derniers préparatifs. Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 141.
SYNT. Mourir de chagrin, de chaleur, de dégoût, de désespoir, de douleur, d'ennui, de faim, de fatigue, de froid, de honte, de joie, de misère, de peur, de plaisir, de rage, de tristesse, de sommeil.
Mourir d'amour. Je suis ivre, je crie de désir, je meurs d'amour, je meurs d'amour éternellement! (Milosz, Amour, initiation,1910, p. 149).
Mourir d'envie de (+ verbe à l'inf.). Il mourait d'envie de se jeter dans les bras de son ami (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p. 236).
Mourir de rire. Je vous conterai son histoire, c'est à mourir de rire (Fiévée, Dot Suzette,1798, p. 140).
Faire mourir qqn (de qqc.). Causer à quelqu'un de vifs désagréments. Valérie, me suis-je écrié, vous me ferez mourir; vous nous ferez tous mourir, ai-je ajouté, avec votre légèreté (Krüdener, Valérie,1803, p. 45).
À (en) mourir. Cela n'empêche pas, maman, que je m'embête à mourir (Ponson du Terr., Rocambole,t. 3, 1859, p. 305):
9. La pensée de l'autre vie a changé l'aspect de celle-ci, provoqué des sacrifices furieux et des résignations d'une tendresse infinie, des songes et des espérances à soulever l'âme, et des désespoirs à en mourir. Lemaitre, Contemp.,1885, p. 159.
Mourir de + verbe à l'inf. (littér.).Avoir très envie de faire quelque chose. Dans l'ardent prosélytisme d'une âme qui meurt d'illuminer les âmes (Blondel, Action,1893, p. 243).
Mourir à qqn/qqc.Renoncer à quelqu'un ou à quelque chose.
THÉOL. Mourir au monde, au péché, à Satan. Le monde était la proie du mal; un seul salut : mourir à soi-même, à la terre, contempler du fond d'un naufrage les impossibles idées (Sartre, Mots,1964, p. 148).
[En dehors de la lang. relig.] Il écoute pieusement les heures tomber dans l'éternité qui les encadre, il meurt au monde qui l'a déçu (Psichari, Voy. centur.,1914, p. 25).
B.− [Le suj. désigne une chose]
1. [Le suj. désigne une communauté humaine (pays, ville, commerce, etc.) ou ses manifestations] Perdre peu à peu son existence, son rayonnement. Les institutions de la vieille patrie mouroient donc avec le vieux culte (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t. 2, 1831, p. 7):
10. Et déjà, l'on ne sait trop pourquoi, Montmartre mourait. Il y a plus de vingt-cinq ans, un de nos confrères l'enterrait gentiment, ce doux quartier. Il dénonçait le crime des pierres qui nous enlevaient jour par jour un peu plus d'air, un peu plus du vieux Paris et un peu plus du vieux Montmartre. Fargue, Piéton Paris,1939, p. 167.
2. S'arrêter, disparaître en perdant peu à peu sa force, son intensité.
a) [Le suj. désigne un objet en mouvement] Finir son parcours, sa trajectoire; s'arrêter. Le petit plomb avait été mourir (...) dans les bas chinés du vieillard, il fut effrayé de le voir tombant les quatre membres en l'air, et criant : « À l'assassin! » (Balzac, Œuvres div.,t. 2, 1830, p. 237).La mer avait fini de monter. De larges ondes tremblaient sur elle, et s'en allaient mourir là-bas, au fond du port (Renard, Écorn.,1892, p. 80).
11. Aurai-je assez de matériau pour bloquer cette autre voie d'invasion?... Le matelas suffira... et la seconde vague d'assaut vient mourir contre ce nouveau retranchement. H. Bazin, Vipère,1948, p. 197.
P. anal. Sa traîne commençait cette robe [de la marquise] et il semblait que ses étoffes montassent du sol pour s'enrouler autour des chevilles, des cuisses, des fesses, du ventre, de la taille, et mourir au bord des seins (Cocteau, Appogiatures,1953, p. 30).
b) [Le suj. désigne un objet (un phénomène physique) développant une certaine énergie] Elle laissait mourir le feu, et, à mesure que la pièce devenait plus froide, elle traînait sa chaise vers l'âtre, ses pieds touchaient presque la cendre. Le feu mourant attirait ses mains et son front (Mauriac, Nœud vip.,1932, p. 296).
c) [Le suj. désigne une chose, un phénomène touchant aux sens (une couleur, un son...)] Un roulement lointain qui se rapproche, grandit, envahit l'horizon, meurt enfin sous la terre (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p. 254).Les flambeaux n'étaient pas encore allumés et le jour mourait tristement dans la chambre (Proust, Plais. et jours,1896, p. 208):
12. Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d'un mouvement vif... − Sur vos lèvres alors meurent les cavatines... − Vous êtes amoureux. Loué jusqu'au mois d'août. Rimbaud, Poés.,1871, p. 72.
PEINT. C'est ainsi qu'une robe vert d'eau [des Japonaises] meurt dans du violet, qui, d'abord presque insensible, devient du violet foncé (E. de Goncourt, Mais. artiste,t. 1, 1881, p. 206).
Faire mourir les couleurs. ,,En adoucir l'éclat, la vivacité, ménager avec art le passage des clairs aux bruns`` (Jossier 1881).
d) [Le suj. désigne un sentiment ou ses manifestations] Pique du sein la gourde belle, Sur qui l'amour meurt ou sommeille (Valéry, Charmes,1922, p. 118).Sa rancune à l'égard de Dubreuilh ne mourrait pas de sitôt, mais ça n'interdisait pas un travail commun (Beauvoir, Mandarins,1954, p. 255).
3. [Le suj. désigne un relief, un objet saisi dans sa masse] S'amenuiser, diminuer en pente douce. La muraille, terminée par un éboulement de roches, venait mourir en pente douce sur la lisière de la forêt. C'était comme un escalier naturel (Verne, Île myst.,1874, p. 31).La tête du lac se dessine. C'est un golfe d'eau bleue qui vient mourir à la base d'une montagne (Bourget, Ét. angl.,1888, p. 122).
MENUIS. Scier en mourant. Scier de sorte que l'épaisseur diminue insensiblement et vienne à rien. À partir des bords extérieurs du second cercle, l'épaisseur doit aller en mourant (Maugin, Maigne, Nouv. manuel luthier,1929, [1869], p. 101).
II.− Emploi pronom. [Gén. à l'inf., au prés. ou à l'imp. de l'ind.]
A.− [Le suj. désigne une pers.] Se mourir (de)
1. Être en train de mourir. Un enfant qui se mourait dans le village, que Julie avait assisté, soigné jusqu'au jour où, grièvement atteinte elle-même, elle avait dû remettre à d'autres son rôle (Fromentin, Dominique,1863, p. 258).Il se mourait d'une pleurésie, déterminée par une blessure au flanc gauche (Zola, Débâcle,1892, p. 502).
2. P. hyperb. Éprouver intensément (des sentiments ou des sensations). Se mourir d'amour, de chagrin, d'envie, d'épuisement, de honte, d'inquiétude, de peur, de rire. − Ne me caresse pas ainsi, Passereau, je me meurs, tu vas me tuer! − Te tuer, belle homicide! Ce serait grand dommage (Borel, Champavert,1833, p. 204).Le pauvre comte inoccupé, se mourait de chaleur et d'ennui (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p. 182).
B.− [Le suj. désigne une chose] S'affaiblir, s'acheminer vers son extinction, sa disparition. Les institutions se meurent. Un jour rose se mourait au plafond de la pièce (Zola, Nana,1880, p. 1431).Le chœur des étudiants (...) se fait (...) entendre; puis dans un murmure des timbales, le bruit se meurt, lointain (Prod'homme, Cycle Berlioz,t. 1, 1896, p. 140).
Prononc. et Orth. : [muʀi:ʀ], (il) meurt [mœ:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. Ind. prés. : je meurs, tu meurs, il meurt, nous mourons, vous mourez, ils meurent; imp. : je mourais; passé simple : je mourus; fut., cond. prés. : je mourrai(s) [muʀ(ʀ)ε]; impér. : meurs, mourons, mourez; subj. prés. : que je meure, que tu meures, qu'il meure, que nous mourions, que vous mouriez, qu'ils meurent; subj. imp. : que je mourusse; part. prés. : mourant; part. passé : mort, fém. morte. Étymol. et Hist. I. Réfl. Cesser de vivre A. D'une personne 1. 881 (Ste Eulalie, 18 ds Henry Chrestomathie, p. 3 : Por o's furet morte a grand honestet); 2emoitié xes. (St Léger, éd. J. Linskill, 51 : Il se fud morz, damz i fud granz); 2. ca 1170 « être mourant » (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Yonec, 447); 3. être au bord de la mort, dépérir a) ca 1160 par amour (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 8700 : Amors ne me fet mie droit : Quant ge me plain et il s'en rit; Muir moi et lui an est petit); 1176-81 Chrétien de Troyes, Chevalier au Lion, éd. M. Roques, 6506); b) ca 1165 par chagrin (Benoît de Ste-Maure, Troie, 613 ds T.-L. : Por ses fiz qui sont mort se muert [Ecuba]). B. D'un inanimé 1580 (Montaigne, Essais, II, XII, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 387 : la fleur d'aage se meurt et passe quand la vieillesse survient). II. Intrans. Cesser de vivre A. D'une personne, d'un être vivant 1. a) fin xes. (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 290 : El mor ind. prés. 3 sing.; 331, 335 : murir); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 227 : ... de quel mort nus muriuns); 1120-50 (Grant mal fist Adam, I, 92 ds T.-L. : Furent mort de sei); ca 1125 (Couronnement de Louis, 2221, ibid. : ... il fu morz de dueil et de lasté); 1155 (Wace, Brut, 133, ibid. : Morte fu de l'enfantement); 1160-74 (Id., Rou, éd. J. Holden, II, 335 : Miex veut qu'a glaive muire); 1176 (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 4011 : Ja nus eidier ne li porra Qu'avuec lui [Cligès] morir ne se lest [l'anpereriz] Car sanz lui vie ne li pleist); 1260 part. prés. subst. (Robert de Blois, Beaudous, 2907 ds T.-L.); ca 1380 id. adj. (Gloss. Aalma, 7683 ds Roques t. 2, p. 263); b) fin xiie-début xiiies. d'un végétal l'erbe muert (Gace Brulé, Chansons, éd. H. Petersen Diggve, XIV, 1, p. 237); 2. être sur le point de mourir, dépérir a) ca 1165 morir de fain [en parlant de Tantale] (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 909); b) 1188 par amour, douleur, chagrin ou autre sentiment (Aimon de Varennes, Florimont, 8405 ds T.-L. : La pucelle por lui moroit); ca 1200 (Châtelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, XIII, 28 : ... car a trop grant dolor Muir et languis); fin xiie-début xiiies. (Gace Brulé, loc. cit., p. 238 : Tant fait Amours sovent vivre et morir); 1608 p. hyperb. il en faudroit mourir pour exprimer l'admiration (M. Régnier, Satires, éd. G. Raibaud, VIII, 40); 1671, 27 mars à mourir « au point d'être exténué, d'éprouver une immense lassitude » (Sévigné, Lettres, éd. Gérard-Gailly, t. 1, p. 238); c) 1540 mourir apres « désirer ardemment » (La Grise, Trad. Guevara, II, 14 ds Hug.); 3. ca 1200 morir a terme de spiritualité « renoncer définitivement à » morir al munde (Moralia in Job ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 320); 1651, 17 oct. mourir au péché (Pascal, Lettre à l'occasion de la mort de M. Pascal, le Père ds Œuvres, éd. J. Chevalier, p. 498); 1675 mourir à ses passions (Fléchier, O. f. de la duchesse d'Aiguillon, éd. Paris, Libraires associés, 1808, p. 63); 4. xiiies. « aller vers la mort, inéluctable; décliner » (Chanson, ms. Berne 389, éd. E. Järnström, t. 1, p. 20 : Quant li hons naist, lors commence a morir). B. D'un inanimé 1. concr. 1556 (Beaugué, Guerre d'Écosse, I, 10 ds Littré : Courtine ... où les boulets alloyent mourir); 1579 (Larivey, Les Jaloux, I, 1 ds Gdf. Compl. : La parole me mourut entre les dents); 1616 (D'Aubigné, Hist. I, 323 ds Littré : ... deux estangs, entre lesquels venoit mourir en bas une petite pleine triangulaire); 2. abstr. 1580 (Montaigne, Essais, II, XX, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 587 : le premier aage meurt en l'enfance et le jour d'hier meurt en celuy du jour d'huy); av. 1704 (Bossuet, Médit. sur l'Évangile, Dern. sem. du Sauveur, 81ejour ds Littré : [les empires] meurent ... comme le reste des choses humaines). III. Trans. ca 1100 avoir mort [aucun] « avoir tué [quelqu'un] » (Roland, éd. J. Bédier, 1683); id. estre mort « être tué » (ibid., 3609), encore av. 1614 − à la forme active − (Brantôme, Rodomontades [VII, 132] ds Hug. : il tumbe dans le feu qui l'acheva de mourir). IV. Inf. subst. ca 1200 (chans. ds Châtelain de Coucy, Chansons, éd. A. Lerond, XXIX, 10 : jusqu'au morir). Du lat. mori (morīri dans la lang. vulg. Plaute, Vään., § 312; cf. TLL s.v., 1492, 41, devenu morire, verbe actif à basse époque ibid., § 294; cf. TLL, 1492, 52) « mourir (d'un être vivant) », fig. « dépérir, se consumer »; « (d'un inanimé) s'éteindre, finir », spéc. flumina, Pétrone; ignis, Stace, ds TLL, 1495, 39 et 41. Dans la lang. chrét. se développe le sens de « renoncer à, se détacher de (peccato, vitiis...) », Blaise Lat. chrét. Fréq. abs. littér. : 20 874. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 32 551, b) 29 332; xxes. : a) 32 237, b) 25 891. Bbg. Donaldson (W. D.). Fr. reflexive verbs. The Hague. Paris, 1973, pp. 36-41. − Leonard (C. S.). Strong (R) and weak (r) in gallo-Romance. Rom. Philol. 1965, t. 18, pp. 296-299. − Quem. DDL t. 10.