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MORTIER, subst. masc.
I.
A. − Récipient en matière résistante, à parois épaisses, utilisé pour piler ou malaxer certaines substances. Des préparations pharmaceutiques que l'on obtient en pilant dans un mortier de marbre, avec un pilon de bois, des substances végétales fraîches (...) réduites en pulpe très-fine, à laquelle on ajoute du sucre pulvérisé (Kapeler, Caventou,Manuel pharm. et drog.,t. 1, 1821, p.214).Le garde pilait religieusement les gousses d'ail dans un mortier en y laissant tomber l'huile d'olive goutte à goutte (A. Daudet, Contes lundi,1873, p.276).
Expr. et proverbes
Vieilli. Piler de l'eau dans un mortier. Faire quelque chose d'inutile, agir inefficacement. [L'arquebusier] tambourinait du poing sur la devanture: mais cela ne produisit pas plus d'effet que s'il eût pilé de l'eau dans un mortier (Nerval,Nouv. et fantais.,1855, p.209).
Vx. Le mortier sent toujours l'ail. On garde toujours quelque chose de son éducation première, des milieux que l'on a fréquentés. N'épousez jamais veuve ou fille de tavernier [suivant la recommandation d'un moraliste du temps]: «Le mortier sent toujours l'ail qu'on y a broyé.» (Faral,Vie temps St Louis,1942, p.77).
B. − P. anal. (de forme)
1. Vx. Mortier (de veille, de nuit). Petit vase de métal rempli d'eau et muni d'un morceau de cire faisant veilleuse. Les mortiers avaient surtout pour mission d'éclairer durant la nuit, les chambres des princes et des princesses (Havard1889).
2. Coiffure en forme de toque ou de bonnet à haute calotte. Voyons ton histoire, mon ami! dit le marquis en mettant son mortier de dentelle sur son crâne chauve (Sand,Beaux MM.Bois-Doré,t. 2, 1857, p.247).Les bonzes accomplissent les rites. Ils ont une robe grise, (...) des houseaux de toile blanche, et quelques-uns une sorte de mortier sur la tête (Claudel,Connaiss. Est,1907, p.29).
En partic. Coiffure portée autrefois par le chancelier de France et les présidents des parlements, et de nos jours, par les magistrats de la Cour des comptes et de la Cour de cassation. Le mortier de premier président était bordé de deux galons d'or, l'un en haut, l'autre en bas. Le chancelier de France avait un mortier qui était d'étoffe d'or avec un bord d'hermine (Ac.1835, 1878).Bourgeois en chaperon, présidents à mortier, juges en toque, docteurs avec leurs hermines se pressent (Renan,Drames philos.,Eau jouvence, 1881, iii, 3, p.484).
P. méton. Charge de président de parlement; le président lui-même. J'ai vu des hommes trahir leur conscience pour complaire à un homme qui a un mortier ou une simarre: étonnez-vous ensuite de ceux qui l'échangent pour le mortier, ou pour la simarre (Chamfort,Max. et pens.,1794, p.38).Madame Saint-James avait pour ambition de ne recevoir chez elle que des gens de qualité, vieux ridicule toujours nouveau. Pour elle, les mortiers du parlement étaient déjà fort peu de chose (Balzac,Deux rêves,1830, p.346).V. aussi fourrure A 2 a ex. de Sandeau.
3. ARM. Pièce d'artillerie à tube court, à fort calibre, destinée à envoyer des bombes, des grenades, des obus. Tir au mortier; obus de mortier. Nous escortions trois compagnies d'artillerie autrichienne avec des pièces de gros calibre et une batterie de trois mortiers (Chateaubr.,Mém.,t. 1, 1848, p.412):
. Roule, fusillade, jour et nuit! feu de vos pièces toutes à la fois! tonnez, canons allemands! Que le coup du mortier de quatre cent vingt vers le ciel dans une montagne noire de fumée se décharge comme un volcan! Claudel,Poèmes guerre,1916, p.528.
Mod. Arme lourde à tir courbe et à âme lisse utilisée en particulier par l'infanterie (v. crapouillot). J'envisageai alors (...) de demander l'autorisation de passer à l'industrie privée une commande de «mortiers de tranchées», qui pourraient être mis rapidement en service dans les unités du génie. Mais (...) rien ne fut fait pour doter notre armée de «lance-mines», dont elle se trouva entièrement dépourvue au début des opérations (Joffre,Mém.,t. 1, 1931, p.73).Quant à la puissance de son armement moderne [d'un groupement], elle peut se mesurer au total des canons antichars (...), des mortiers d'infanterie (66 mortiers de 60, 40 mortiers de 80), des chars (71 chars) (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.622).
II. − Mélange fait de certaines matières (chaux éteinte ou ciment, sable délayé dans l'eau) et utilisé pour lier les matériaux de construction, faire des revêtements, des enduits, fabriquer le béton. [Une maison] avait dû être construite en moellons et en terre; plus tard, on en refit deux murs au mortier (Zola,Terre,1887, p.120).La proportion de liant qu'on ajoute à un mètre cube de sable constitue le dosage du mortier; suivant la quantité d'eau ajoutée au mélange, on obtient des mortiers secs ou des mortiers plastiques (Bourde,Trav. publ.,1928, p.171).V. aussi chaux ex. 2.
SYNT. Gâcher le mortier; mortier de chaux, de ciment, d'argile, de terre, de goudron; mortiers ordinaires; mortiers hydrauliques; mortiers bâtards; mortier gras; mortier maigre.
P. métaph. Dans cette espèce de cuve qu'est notre mémoire, l'imagination est, pour l'auteur d'un roman, le principe qui solidifie, qui fait le mortier (Lacretelle,Am. nupt.,1929, p.57).En politique, l'amitié n'est rien d'autre que le mortier qui lie les intérêts (Mauriac,Bloc-Notes,1961, p.249).
P. anal. Préparation culinaire (soupe, purée), d'une consistance trop épaisse. Espèce de pâte pétrie avec des pommes de terre, un mortier jaune, sans beurre, que ma mère m'a présenté comme un plat de luxe (Vallès,J. Vingtras,Enf., 1879, p.132).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀtje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Ca 1160 «agglomérat reliant les pierres d'une construction» (Eneas, 7343 ds T.-L.); 1668 p. anal. «matière pâteuse et épaisse» (La Fontaine, Fables, VI, 18: Ôte d'autour de chaque roue ce malheureux mortier). B. Ca 1170 «récipient dans lequel on brasse certaines matières» (Rois, III, VII, 50, éd. E. R. Curtius, p.128); p. anal. 1. xiiies. «vase rempli d'huile ou de cire, d'où émerge une veilleuse» (Du chevalier qui fist sa fame confesse [ms. BN fr. 837] ds Montaiglon et Raynaud, Rec. gén. des fabliaux, t. 1, p.182, 120); 2. 1461 «sorte de toque portée par certains dignitaires» (Villon, Testament, éd. J. Rychner et A. Henry, 692); 1595, 7 juin président de mortier (Arch. de la Haute-Garonne, Parlement de Toulouse, B 1909, fol. 174 vo); 1694 [éd.] par réduction mortier «président à mortier» (La Bruyère, Caractères, De la ville, 14, éd. J. Benda, p.231); 3. ca 1450 «canon court de fort calibre» (Mistère du Vieil Testament, éd. J. de Rothschild, 42227); 1470 mortier à feu, faire tirer le mortier (ap. Garnier, L'Artillerie de la comm. de Dijon, p.24 ds Gay). Du lat. mortarium «vase à piler, mortier; auge à mortier; drogue, potion; mortier, ciment» à l'époque class.; à l'époque médiév. «mortier, coiffe de tissu garnissant le heaume» (1191), «lampe, luminaire [d'une église]» (ca 1175 ds Nov. gloss. s.v.). Fréq. abs. littér.: 238. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 323, b) 246; xxes.: a) 296, b) 425.