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MORT2, MORTE, part. passé, adj. et subst.
I.− Part. passé de mourir*.
II.− Emploi adj.
A.− [En parlant d'un organisme du règne animal ou végétal]
1. Qui a cessé de vivre.
a) [En parlant d'un être humain]
[L'adj. n'est pas circonstancié] Elle gémissait : − Je suis malheureuse, je voudrais être morte (Rolland, J.-Chr.,Buisson ard., 1911, p. 1384):
1. C'est avec une dureté presque triomphale qu'il répétait sur un ton uniforme, légèrement bégayant et aux sourdes résonances sépulcrales : « Hannibal de Bréauté, mort! Antoine de Moucchy, mort! Charles Swann, mort! Adalbert de Montmorency, mort! Boson de Talleyrand, mort! Sosthène de Doudeauville, mort! » et chaque fois, ce mot « mort » semblait tomber sur ces défunts comme une pelletée de terre plus lourde, lancée par un fossoyeur qui tenait à les river plus profondément à la tombe. Proust, Temps retr.,1922, p. 862.
Corps* mort.
Mort ou vif. Vous serez [dit l'escamoteur à Eustache] ramassé et hissé (...) à la demi-croix, haut et court, mort ou vif, comme l'ordonnance le porte (Nerval, Nouv. et fantais.,1855, p. 217).
Capturer, prendre qqn mort ou vif. L'inspecteur est en train de poster des hommes armés, pour le prendre mort ou vif (Giraudoux, Intermezzo,1933, ii, 3, p. 121).
Laisser, prendre, tenir qqn pour mort. J'ai été laissé pour mort par des voleurs (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Peur, 1882, p. 798).Nous nous tenions déjà pour morts (Renan, Drames philos.,Prêtre Nemi, 1885, ii, 3, p. 554).
[Pour souligner péremptoirement un ordre ou un avertissement d'une menace de mort] Tompson : (...) Postillon, au galop. Mawbray, le menaçant : Si tu fais un pas, tu es mort! (Dumas père, Darlington,1832, iii, 2, p. 123).Barrez-vous, ou vous êtes morts! balbutia le gosse (...) devinant confusément que le mot mort n'a pas tout à fait le même sens que le mot end à la fin d'un film (H. Bazin, Lui,1950, p. 17).
Proverbe. Morte la bête, mort le venin! Un méchant, un importun, mort, ne peut plus nuire, ne peut plus indisposer. Et il les rejetterait, ces endroits, mais le plaisir de les rejeter serait comme s'il les remangeait. Et, passant en vue du fourré où il avait donné son premier baiser à Solange, il penserait : « Morte la bête, mort le venin » (Montherl., Lépreuses,1939, p. 1513).
[P. allus. à la phrase de Plutarque (Des Oracles, 17) censée annoncer la fin de l'ère des dieux païens : « Le grand Pan est mort »] :
2. Beaucoup de ces dieux ont péri C'est sur eux que pleurent les saules Le grand Pan l'amour Jésus-Christ Sont bien morts et les chats miaulent Dans la cour je pleure à Paris. Apoll., Alcools,1913, p. 50.
[L'adj. est précisé par des notations]
[de durée] Son père mort il y avait alors dix ans (Baudel., Paradis artif.,1860, p. 404).Il était mort. Mort à jamais? Qui peut le dire? (Proust, Prisonn.,1922, p. 187).
[d'espace (par un compl. lié au verbe régissant l'adj.)] On l'avait cru mort à l'hôpital, m'a-t-il dit (Latouche, l'Héritier, Lettres amans,1821, p. 154).Le curé fut trouvé mort dans son lit, le lendemain (Balzac, Peau chagr.,1831, p. 56).
[de circonstances] Denise fut retrouvée morte, avec ses deux enfants, par les pionniers, dans les débris de la caverne (Lamart., Tailleur pierre,1851, p. 547).
Tomber mort. L'héritier (...) vide la coupe où l'ange a trempé son épée, et tombe mort (Béguin, Âme romant.,1939, p. 263).
Raide mort. Je ne te dis rien de Brescia (...). On y assassine un homme raide mort pour deux ducats ou environ 8 francs de France (Stendhal, Corresp.,t. 1, 1801, pp. 14-15):
3. Et voilà que soudain, dans cette course éperdue, mon aïeul heurta du front une branche énorme qui lui fendit le crâne; et il tomba raide mort sur le sol, tandis que son cheval affolé s'emportait, disparaissait dans l'ombre enveloppant les bois. Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Loup, 1882, p. 1244.
Adv. + mort.Orsini : Il était bien mort? Laudry : Bien mort (Dumas père, Tour Nesle,1832, i, tabl. 2, 6, p. 24):
4. Elles dormaient, enlacées comme des initiales, et même si curieusement que les membres de l'une semblaient appartenir à l'autre... En face de ces corps blancs épars sur le drap, Jacques devint stupide comme Perrette devant son lait répandu. Fallait-il tuer? C'eût été fort ridicule, et, en outre, un pléonasme. Il semblait impossible de faire ces mortes plus mortes. Cocteau, Gd écart,1923, p. 64.
b) [P. méton.; en parlant d'une partie du corps (gén. un membre)] Inerte, sans vie, sans expression. Ces larmes qui coulaient une à une sur ce visage mort dont pas une ride ne bougeait, cette face inerte et blafarde qui ne pouvait pleurer par tous ses traits et où les yeux seuls sanglotaient (Zola, Th. Raquin,1867, p. 181).Elle détacha l'être aussi facilement qu'une peau morte (Montherl., Bestiaires,1926, p. 466).
c) [En parlant d'un animal, d'un végétal (ou d'une partie de celui-ci)] Qui ne possède plus de vie. Feuillage mort; branche, feuille* morte. Blazius, le Tyran et Léandre, éparpillés dans le taillis, ramassaient du bois mort (Gautier, Fracasse,1863, p. 159).La petite princesse était fort triste aussi; elle tenait à la main un oiseau mort, et contemplait une cage vide avec des yeux pleins de larmes (Loti, Mariage,1882, p. 138).Au Trocadéro, regardé des hommes en train d'abattre un arbre mort (Green, Journal,1931, p. 59).
[P. méton.] Forêt morte. Ils remuaient d'un air résigné la boue de cette terre morte, privée de semence (A. Daudet, R. Helmont,1874, p. 146).
2. Qui semble, sous certains aspects, avoir perdu la vie.
a) Qui ne manifeste aucun des caractères qui sont propres à la vie (mouvement, sensibilité, chaleur, couleur). Elle resta morte, sans une parole, sans un mouvement (Zola, Fécondité,1899, p. 419).
Rare, avec une valeur adv. [Le comédien] a inventé ce mot stupide et stoïque : « On joue mort, mais on joue » (Colette, Jumelle,1938, p. 161).
[P. méton.]
[En parlant d'une partie du corps (gén. un membre)]
Sans tonus, relâché. Il continuait de feindre l'évanouissement, les paupières closes, les jambes et les bras morts (Zola, Terre,1887, p. 398).
Main morte. Main ballante, molle. Assouplissements pour le petit détaché : Mouvements de pronation et supination avec la « main morte » (Lallement, Dyn. instrum. archet,1925, p. 102).
Au fig. Ne pas y aller de main morte. Agir, parler sans ménagement, sans douceur. Dubois : Et le poignard de notre conspirateur (...). Peste! monseigneur, ce gaillard-là n'y va pas de main morte! (Dumas père, Fille du régent,1846, iii, 6, p. 223).
Insensible, engourdi. Gisèle a des engourdissements des doigts qui vont jusqu'au phénomène du doigt mort (Janet, Obsess. et psychasth.,1903, p. 422):
5. Les jambes seulement étaient immobiles. Les ténèbres le tenaient par là. Les pieds étaient morts et froids, et la tête vivait de toute la puissance de la vie et paraissait en pleine lumière. Hugo, Misér.,t. 1, 1862, p. 52.
[En parlant d'un sentiment ou du siège d'un sentiment] Il me semblait que j'avais, comme René, le cœur mort avant d'avoir vécu (Sand, Hist. vie,t. 3, 1855, p. 352).Et sur notre amour mort et bien enseveli Nous allons, si tu veux, chanter le dernier psaume (Murger, Nuits hiver,1861, p. 24).Sa foi était morte à jamais (...). Il niait tout (Zola, Paris,t. 1, 1897, p. 6).
Tout est mort entre nous. Les sentiments qui nous unissaient n'existent plus. Ah! tout est bien mort entre nous, rien ne nous est plus commun, des mondes nous séparent (Zola, Paris,t. 1, 1897p. 4).
[En parlant d'un caractère, d'un aspect physique] Qui dénote une absence de sentiment, un vide de sensibilité. Elle le regarda d'un œil fixe et mort (Balzac, Adieu,1830, p. 29).Clara seule lâcha un mot cru à l'oreille de Mllede Fontenailles, qui demeura blême, le visage mort (Zola, Bonh. dames,1883, p. 674).
b) Qui est privé pour des raisons intérieures ou extérieures (la fatigue, la maladie, la peur, etc.) d'une partie importante de ses moyens; fam. être à bout de forces. Miller : (...) Là, sous la porte de la maison, il y a un drôle qui guette. Madame Miller : Je suis morte! (Dumas père, Intrigue et amour,1847, ii, 1, p. 232).Je suis las, je suis mort, laisse-moi dormir! (Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 228).
Arg. et vx. Être mort dans le dos. Être transi de froid, à demi mort. Il est mort dans le dos le papa, dit à son tour Thérèse (Vidocq, Mém.,t. 2, 1828-29, p. 104).
Être (un homme) mort. Être (un homme) en danger de mort. Je suis un homme perdu, un homme mort, si vous ne m'aidez à passer la frontière (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, En voy., 1882, p. 639).
Être ivre mort(e). Être ivre au point d'en avoir perdu tout sentiment. La femme ivre morte et son enfant de six ans assis à côté, qui attend qu'elle se réveille (Michelet, Journal,1834, p. 136).Crochu est ivre mort, difficile à traîner (Gide, Souv. Cours d'ass.,1913, p. 657).
[Précédé d'un intensif] Être absolument, bien, complètement mort. Tu m'as vu mourant presque, Ou plutôt presque mort (Verlaine, Poèmes divers,Féroce, 1896, p. 794).
Être plus mort que vif. Vallombreuse disparut et revint bientôt avec Isabelle plus morte que vive (Gautier, Fracasse,1863, p. 485).
Être à demi, à moitié mort; mort à demi, à moitié (littér.). J'étais mort à moitié en me mettant en voiture (Balzac, Corresp.,1836, p. 110).Il me conduisit, à demi mort, dans une sorte de hangar énorme (Gide, Si le grain,1924, p. 557).
[Le compl. de cause est exprimé] Être mort de faim, de fatigue, de peur, de soif. Si elle m'avait poursuivi, je serais mort de terreur (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Peur, 1884, p. 963).Une existence de bête de somme menée à coups de fouet, morte de sommeil (Zola, Terre,1887, p. 142).
c) Qui n'existe plus aux yeux de certaines personnes ou pour certaines choses. Nous sommes finis, mon vieux, nous sommes morts et enterrés. La jeunesse n'a qu'un temps! (Murger, Scènes vie boh.,1851, p. 304).Je dois ajouter qu'il [M. Champfleury] est mort littérairement, car depuis longtemps il n'a plus fait paraître un roman (Zola, Romanc. natur.,Crit. contemp., 1881, p. 274).
Qqn est mort en/pour qqn.Quelqu'un n'existe plus, n'a plus d'intérêt pour quelqu'un. Je saurai bien m'arranger ensuite pour qu'il soit mort pour MlleStangerson, même s'il reste vivant (G. Leroux, Mystère ch. jaune,1907, p. 106).Combien Solange était morte en lui, Adèle en eut l'évidence dans le sourire cordial avec lequel il marcha vers elle en tendant les deux mains (Bourget, Tapin,Enf. morte, 1928, p. 76).
Qqn est mort à qqc.Quelqu'un est insensible, indifférent à quelque chose. Le plus souvent tes yeux étaient à demi fermés et tu semblais mort à toutes les impressions extérieures (Sand, Lélia,1833, p. 319).[Madame Claës, à son mari :] − (...) La vie du cœur, comme la vie physique, a ses actions. Depuis six ans, tu as été mort à l'amour, à la famille, à tout ce qui faisait notre bonheur (Balzac, Rech. absolu,1834, p. 230):
6. Mon âme vit dans un cercueil. Oh! Oui, enterrée, ensevelie en toi, mon ami; de même que je vivais en ta vie, je suis morte en ta mort. Morte à tout bonheur, à toute espérance ici-bas. E. de Guérin, Journal,1839, p. 281.
B.− P. anal. [En parlant d'un chose]
1. Qui n'est pas vivant. Quand je verrai Picard, je lui dirai : « La lune est un astre mort » (Renard, Journal,1908, p. 1202).
Cheptel* mort. Nature* morte.
2. Qui n'est plus vivant.
a) [En parlant d'une communauté, d'une activité humaine] Qui a perdu sa vigueur, son dynamisme.
Sans présence, sans activité humaine. Commerce, pays mort; cité, maison, ville morte. Au village mort où il allait chercher de l'eau Jaume a trouvé un peigne de femme (Giono, Colline,1929, p. 124).Anne hésita. Était-elle sûre, tout à l'heure, de trouver un taxi, dans ce quartier mort? (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 107).
Morte saison. Époque où, pour certaines professions, l'activité se ralentit. Au moment où toute la classe riche est à la campagne, et dans la saison que les libraires appellent morte (Stendhal, Corresp.,t. 2, 1825, p. 384).V. morte-saison.
[En parlant d'une culture, d'une civilisation] Les beaux témoignages de civilisations mortes (Lamart., Voy. Orient, t. 1, 1835, p. 377).Il était, lui, ce citoyen, ce Romain. Il sentait en lui l'âme des républiques mortes (Guéhenno, Jean-Jacques,1948, p. 16).
[En parlant d'un courant de pensée, d'une expression culturelle] La sociologie de Durkheim est morte (Sartre, Sit. I,1947, p. 186).La jeunesse russe verse alors [dans les années 40] dans ces pensées abstraites la force passionnelle démesurée qui est la sienne et vit authentiquement ces idées mortes [de Hegel] (Camus, Homme rév.,1951, p. 189).
[Avec une valeur intensive] Mort et enterré. Depuis que la foi est morte et enterrée (Bloy, Journal,1903, p. 149).
P. métaph. À la Mazarine, j'ai sous les yeux (...) cette multitude de livres morts et qu'on ne lit plus, vrai cimetière qui nous attend (Sainte-Beuve, Caus. lundi,t. 11, 1858, p. 515).
Langue* morte.
b) ARTS. Qui manque de vie, d'animation, de vivacité, d'éclat. Cette figure, ce portrait n'a point de vie; son regard est mort (Jossier1881) :
7. Je craignais que Carmen ne fût étouffée par la figuration. Mais rien ne prévalut contre le plaisir d'entendre cette musique qui m'est si chère, jouée enfin avec amour et respect. Même les parties mortes (le rôle de Micaëla) renaissaient. Mauriac, Nouv. Bloc-Notes,1961, p. 264.
c) [En parlant d'un ton, d'une lumière] Terne, dont l'éclat est altéré. Une chaise longue, garnie d'une soie ancienne d'un rose mort et glacé d'argent (Bourget, 2eamour,1884, p. 176).[Djénane :] Les nôtres [les robes des jeunes Turques] furent roses, vertes, jaunes : teintes qui sont devenues mortes comme celles des fleurs que l'on conserve entre les feuillets d'un livre (Loti, Désench.,1906, p. 193).Les autres petites filles étaient vêtues de soie brillante, de dentelles; nous portions des robes de lainage, aux couleurs mortes (Beauvoir, Mém. j. fille,1958, p. 50).
[P. méton.] Ce paysage de désolation, éclairé par les rayons crépusculaires d'un soleil mort, enfoui sous une couche de pesants nuages (Huysmans, Art mod.,1883, p. 267).
3. Qui n'est pas/plus en mouvement.
[En parlant d'un élément naturel]
[En parlant de l'eau]
Eau morte. Eau dormante, stagnante. Je me retrouvai suffoquant à demi noyé dans l'eau morte du marécage (Maurras, Chemin Paradis,1894, p. 88).
Morte eau. Époque à laquelle les marées sont de moindre amplitude. Il y eut un moment où l'histoire de l'Europe parut étale comme la mer en temps de morte eau (Nizan, Conspiration,1938, p. 52).V. morte-eau.
Eaux mortes. Eaux qui enveloppent et semblent accompagner l'arrière d'un navire en mouvement (d'apr. Bonn.-Paris 1859).
Mer morte. Mer étale. La mer, absolument morte, nous retint au large jusqu'à la nuit tombante (Fromentin, Dominique,1863, p. 168).
[En parlant de l'air] Lourd, accablant. Atmosphère, chaleur morte. Le bec de gaz sifflait, dans l'air mort et brûlant de la petite pièce (Zola, Bonh. dames,1883, p. 413).
[En parlant d'un objet] Balle* morte; corps*(-)mort.
SPORTS. Ballon mort, balle morte. Ballon, balle arrêtée. Les pelotes sont vives ou mortes suivant la vitesse avec laquelle elles sont renvoyées par le mur (Sports Mod. Illustr.,1906ds Petiot 1982).
4. Qui n'est plus en activité. Volcan mort. Une seule fois un nommé Grivel vint chercher une braise dans un sabot, parce qu'en rentrant chez lui, il avait trouvé son feu mort (Pourrat, Gaspard,1925, p. 199):
8. ... au clair de la lune, Arlequin dont la chandelle était morte suppliait son ami Pierrot de tirer les verrous pour la lui rallumer... Bertrand, Gaspard,1841, p. 84.
5. Qui est arrêté, qui ne fonctionne plus; inactif, inefficace. Angle*, argent*, bras*, poids*, temps* mort; mémoire* morte. Ce misérable cheval qui souffrait tant, et dont le râle sans fin, maintenant que la machine était morte, restait comme la lamentation dernière de la catastrophe (Zola, Bête hum.,1890, p. 231).Quand la Kommandantur leur a prescrit de régler leurs montres sur l'heure allemande, ils [les prisonniers] se sont empressés d'obéir, même ceux qui, depuis le mois de juin, portaient en signe de deuil des montres mortes à leur poignet (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 254).
Fam. et pop. Hors d'usage, hors service (H. S.). Batterie, pile morte; pneus morts. Mes pompes sont mortes (Car.Argot1977) :
9. Le cellérier avait la manie de ne rien jeter et il déposait dans ce capharnaüm tous les engins hors d'usage, tous les ustensiles brisés. Il y avait des literies malades et des arrosoirs qui avaient perdu leurs pommes et qui fuyaient par le bas, des bidons de pétrole crevés et des lampes mortes; il y avait des tables sans pieds, des tabourets cassés, des marmites infidèles; il y avait même des statues décapitées de saints, le tout enchevêtré, pêle-mêle, sous une couche de poussière traversée par des caravanes de rats. Huysmans, Oblat,t. 2, 1903, p. 262.
6. Qui n'existe plus, qui appartient au passé. Ils laissaient peu à peu leurs paroles retourner au passé et toucher çà et là à ce qui réchauffe les années mortes (Goncourt, Man. Salomon,1867, p. 39).Et, dans ce besoin de recommencer, il n'y avait pas seulement pour lui, le regret des premiers bonheurs, l'inestimable prix des heures mortes, auxquelles le souvenir prête son charme (Zola, Dr Pascal,1893, p. 155):
10. Soit donc : j'évoquerai, ma chère, pour vous plaire, Ce morne amour qui fut, hélas! notre chimère, Regrets sans fin, ennuis profonds, poignants remords, Et toute la tristesse atroce des jours morts... Verlaine, Jadis,1884, p. 216.
Fam. et pop.
C'est mort! C'est terminé, c'est du passé! Et vous retournez pour faire du demi-fond? − Non, c'est mort. Nous n'avons pas pu nous entendre avec Chapman (La Pédale,29 mars 1928, p. 16, col. 3).
[Pour dire d'une chose (une journée, une bouteille, etc.) qu'elle est terminée] Elle est morte! On verra demain; pour aujourd'hui, elle est morte! (Car.Argot1977).
III.− Emploi subst.
A.− Subst. masc. et fém.
1. [Le mort est considéré à un moment ponctuel]
a) [Avec un déterm. indéf. ou avec un adj. numéral] Personne qui a cessé de vivre. Synon. tué, victime.La Tunisie soumise à l'état de siège est, à l'heure actuelle, le théâtre d'événements graves se soldant par des morts et des blessés (Combat,19-20 janv. 1952, p. 5, col. 4).Si l'on excepte l'incident qui s'est produit ce matin, faisant un mort et plusieurs blessés, aux abords du tribunal militaire où des manifestants se sont heurtés aux forces de police, le calme règne, en fait dans la Régence (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p. 7, col. 5).
b) Corps d'une personne décédée. Synon. corps, dépouille, cadavre, défunt, macchabée (fam.).Allons, ma petite, cousez le mort dans son linceul (Balzac, Cous. Pons,1847, p. 277).Par delà le corridor obscur, ses regards plongèrent dans la chambre de la morte. Elle n'apercevait pas tous les détails, mais seulement un ensemble, tragique. Le lit était placé face à l'entrée. On achevait d'habiller le cadavre (Daniel-Rops, Mort,1934, p. 206).Ce soir, dit-elle, j'irai veiller votre morte, ma petite Mouchette (Bernanos, Mouchette,1937, p. 1329):
11. Du Mont-Royal, s'allongeant jusqu'au-dessus de Saint-Henri, elle ne connaissait que l'oratoire Saint-Joseph et le cimetière où les gens d'en bas vont comme ceux d'en haut mettre leurs morts en terre. Roy, Bonheur occas.,1945, p. 266.
SYNT. Brûler, embaumer, ensevelir, enterrer, incinérer, reconnaître, ressusciter un mort; cendres, os, ossements, poussières d'un mort; la tombe, le sépulcre, le tombeau d'un mort; un mort affreux, âgé, étendu, raidi.
Locutions
Médecin des morts. Médecin légiste. Elle avait dressé une liste des choses à faire dans la matinée (...). Il lut : 1) faire la déclaration à la mairie; 2) demander le médecin des morts; 3) commander le cercueil; 4) passer à l'église; 5) aux pompes funèbres (Maupass., Contes et nouv.,t. 1, En fam., 1881, p. 357).
Tête de mort. Tête humaine décharnée. Sur son prie-Dieu il y avait une tête de mort avec laquelle elle conversait tout bas (Quinet, All. et Ital.,1836, p. 212).
Idéogramme qui symbolise la mort ou avertit d'un danger de mort. Dormir? J'observe ce sinistre jeu de l'oie Où il faut retourner à la tête de mort (Cocteau, Poèmes,1916-23, p. 264).Sur son avion, une tête de mort est peinte et rit du même rire (Mauriac, Cah. noir,1943, p. 376).
[Avec une valeur intensive; en parlant d'un bruit, d'un alcool, d'un plat] À réveiller un/les mort(s). Très fort. D'ardentes effluves à réveiller les morts (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p. 122).Les femmes poussaient des cris à réveiller les morts (A. France, Pt Pierre,1918, p. 147).
Faire le/la mort(e)
Rester immobile, respiration bloquée, en contrefaisant une personne morte. La jeune fille, les yeux fermés, faisait la morte (Maupass., Contes et nouv.,t. 2, Yvette, 1884, p. 554).
Ne pas se manifester, ne donner aucun signe de vie. En attendant, Clodius continuait à faire le mort (Bosco, Mas Théot.,1945, p. 73).
Être pâle comme un mort. Être très pâle (comme un linge, comme la mort). Le duc : Tu es pâle comme un mort (Dumas père, Lorenzino,1842, v, 1, p. 271).
Proverbes
[P. allus. à la Parole du Christ (Luc IV 59-60)] Il faut laisser les morts enterrer les morts. Il faut sacrifier ce qui n'est plus, ce qui n'a plus d'importance, au profit de ce qui est, de ce qui importe. La vie est si courte qu'il ne faut pas l'abréger encore par des querelles stériles et des poursuites vaines. Laissons les morts ensevelir leurs morts, et tâchons plutôt de vivre (Amiel, Journal,1866, p. 281).
Vieilli. Les morts ont toujours tort. On excuse toujours les vivants aux dépens des morts. Synon. usuel les absents ont toujours tort. (Dict. xixeet xxes.).
Les morts vont vite. [P. allus. au refrain de la ballade fantastique Lénore du poète romantique allemand Bürger : « Les morts vont vite »] Les morts sont vite oubliés par les vivants (Dict. xixeet xxes.).
Vieilli. Qui court après les souliers d'un mort risque d'aller nu-pieds. Qui compte sur un héritage est souvent déçu. (Ds Littré, DG).
c) P. hyperb. Personne très diminuée, atteinte dans son intégrité physique ou morale. Les pédérastes qui se vantent, ou qui s'affichent ou simplement qui consentent (...) ce sont des morts; ils se sont tués à force d'avoir honte. Je ne veux pas de cette mort-là (Sartre, Âge de raison,1945, p. 306).D'habitude, les interprètes se succèdent et ne parviennent jamais à former cette pâte. En somme la pièce [Les Parents terribles] m'a quitté (...). Elle agit à sa guise. Je la dérange. Je suis un mort dans un fauteuil (Cocteau, Maalesh,1949, p. 20).
Mort civil. Personne frappée de mort civile. Donc, je serai prêtre, se dit ce mort civil qui voulait absolument revivre sous une forme sociale (Balzac, Splend. et mis.,1844, p. 101).
Mort en sursis, mort vivant. Personne vivante qui a l'aspect d'un mort. L'idée de l'ensevelissement moral (ou social) est dans Feu et Flamme et dans Les Visions d'un mort vivant (Larbaud, Journal,1934, p. 318).
P. métaph. Deuil! (...) L'Europe aux fers; au lieu de la France une morte (Hugo, Année terr.,1872, p. 241).
2. [Le mort est considéré dans un état durable]
a) [Le mort conserve, de son ancienne humanité, dans l'esprit des vivants, une sensibilité, une affectivité] Les morts que l'on fait saigner dans leur tombe Se vengent toujours (Verlaine, Œuvres compl.,t. 2, Parall., 1889, p. 186):
12. Les morts gisent couchés sous nos pieds dans la terre. Les morts, ce sont les cœurs qui t'aimaient autrefois! C'est ton ange expiré! C'est ton père et ta mère! Ne les attristons point par l'ironie amère Comme à travers un rêve, ils entendent nos voix. Hugo, Contempl.,t. 2, 1856, p. 399.
13. La servante au grand cœur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, Son vent mélancolique à l'entour de leurs marbres, Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, À dormir, comme ils font, chaudement dans leurs draps... Baudel., Fl. du Mal,1867, p. 174.
b) [Le mort demeure vivant dans la pensée]
[Par des liens affectifs (le subst. étant souvent précédé d'un adj. poss.)]
[Le mort est un parent, un ami] Honorer, pleurer un mort/ses morts. À la mémoire de mon frère Georges À nos morts, repoussés dans l'oubli (Ph. Ariès, Essais sur l'hist. de la mort en Occident du Moyen-Âge à nos jours,Paris, éd. du Seuil, 1975, p. 7).
[Le mort est un citoyen mort pour la Patrie] Ils ne viennent pas seulement tuer nos vivants, mais tuer nos morts, les empêcher de continuer leur immense action dans le monde (Barrès, Cahiers,t. 11, 1918, p. 350).Mais le roi de France n'avait le temps ni de s'attarder à pleurer ses morts, ni de savourer l'orgueil de coucher sur le champ de bataille (Grousset, Croisades,1939, p. 361).
Monument aux morts. Monument érigé en souvenir des victimes de la guerre. La place minuscule, avec ses arbres rabougris, son vieux banc de pierre et les quatre marches du monument aux morts, formait un tableau paisible (Bernanos, Crime,1935, p. 802).
Sonnerie aux morts. Sonnerie et batterie destinées à honorer les morts pour la Patrie. Nue et comme seule au monde retentit la sonnerie « Aux morts » (L'Aurore,11-12 nov. 1945, p. 1, col. 1).
[Par des liens religieux] Culte, messe, office des morts. J'estimais, en ma qualité de catholique, plus profitable et plus profond de prier pour les morts dans les églises, en présence du Saint-Sacrement, que de faire d'hygiéniques pérégrinations dans les cimetières (Bloy, Journal,1892, p. 24):
14. Il me sembla qu'on m'avait enterré vif; que ma tente de feutre noir était un catafalque orné de fleurs et qu'on chantait sur ma tête les prières des morts. About, Roi mont.,1857, p. 131.
Jour des morts (dans la relig. cath.). Lendemain de la Toussaint où l'on célèbre un office pour le repos des âmes du Purgatoire. Le jour des morts n'est qu'une des expressions propres aux pays catholiques d'un culte des tombeaux beaucoup plus répandu (Ph. Ariès, Essais sur l'hist. de la mort en Occident du Moyen-Âge à nos jours,Paris, éd. du Seuil, 1975p. 170).
c) Poét. [La mort étant conçue et représentée (par les poètes et par la tradition théologique comme une seconde vie)] Spectre, ombre (plus ou moins matérielle suivant les diverses eschatologies) de l'âme des défunts qui habitent l'au-delà. Royaume, séjour des morts. Si le pouvoir lui en avait été donné, du rivage des morts elle eût rappelé Mathilde (Mauriac, Genitrix,1923, p. 369).L'évocation des morts et la descente aux Enfers sont d'abord le privilège des chamans (P. Brunel, L'Évocation des morts et la descente aux Enfers,Paris, Sedes, 1974, pp. 34-35):
15. le premier prince : Majesté, trouve le remède! Fils du Ciel, ferme la porte de la terre! Empêche les morts de nous venir tourmenter. Ils ont vécu leur vie. Qu'ils reposent maintenant dans le cercueil que nous avons donné. Et, délivrés du travail, qu'ils ne nous envient point la nourriture. l'empereur : Je suis le Roi des Vivants, mais je n'ai point empire Sur le peuple des Morts. Claudel, Repos 7ejour,1901, I, p. 801.
Descendre chez les morts. Mourir. À la male heure quand il est descendu chez les morts, l'empereur votre père m'a confié votre majesté (Claudel, Repos 7ejour,1901iii, p. 841).
Dialogue des morts. Œuvre littéraire qui fait converser des morts séjournant aux Enfers. Dialogue des morts. − Tu dors toujours? − Oui. Et toi? − Moi aussi. Je ne sais pas ce que j'ai : je ne peux pas me réveiller, le matin (Renard, Journal,1901, p. 661).
Danse des morts. Danse macabre. Les feuilles des arbres bruissent en été vers la porte comme les pas des squelettes quand ils reviennent de la danse des morts (Quinet, Ahasvérus,1833, 3ejournée, p. 179).
B.− Subst. masc.
1. JEUX (au bridge et au whist). Celui des quatre joueurs qui abat son jeu sur la table et ne participe pas à la partie. Faire le mort. Julia joua des sonates à quatre mains avec sa mère, M. de Lucan remplaça le mort au whist du curé, et la soirée s'acheva paisiblement (Feuillet, J. de Trécœur,1872, p. 164).
Vieilli. Faire, jouer un mort. Jouer au whist à trois personnes en découvrant le jeu de la quatrième, absente. [Après avoir joué au whist dans la salle des jeux,] l'habitude se prend de « faire un mort » dans la salle d'étude (...). Les polytechniciens (...) sont passionnés pour le mort (Lévy-Pinet1894, p. 309).Monsieur d'Ajuda s'arrangea pour dîner avec Maxime au club de la rue de Beaune, et lui proposa d'aller faire un mort chez le duc de Grandlieu qui (...) se trouvait seul (Balzac, Béatrix,1945, p. 337).
2. DR. Le mort saisit le vif. L'héritier est immédiatement saisi de la possession des biens du défunt dont il peut sans formalité entrer en possession. Vos Français, M. le chevalier, ont deux belles maximes plus vraies peut-être qu'ils ne pensent : l'une de droit civil, le mort saisit le vif; et l'autre de droit public, le roi ne meurt pas (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t. 2, 1821, p. 221).
Prononc. et Orth. : [mɔ:ʀ], [mɔ ʀt]. Homon. maure, mors, et des formes de mordre. Att. ds Ac. dep. 1694. Accord des 2 éléments pour les mots construits avec mort quand ils sont formés d'un adj. et d'un subst. : des mortes-eaux; des morts-terrains. Pas d'accord pour mort ds mort-né p. anal. avec nouveau-né (où nouveau est mis pour l'adv. nouvellement) : des brebis mort-nées. Étymol. et Hist. I. Adj. 1. a) fin xes. « qui a cessé de vivre » (Passion, éd. d'Arco Silvio Avalle, 399 : Si s'espauriren [li custod] de pavor, Que quaisses morz a terra vengren De gran pavor que sobl'elz vengre); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 339 : ... morz est tes provenders; 354 : ... uns morz pelerins; 429 : Sun mort amfant detraire ed acoler; 442 : Or vei jo morte tute ma porteüre); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 1584 : Il l'abat mort); b) « dont la vie physique s'est retirée » α) ca 1170 la morte char d'une blessure (Chrétien de Troyes, Erec, éd. M. Roques, 5158); β) 1327 mort bois « bois sec, pourri », v. mort-bois; 1348 bois mort (doc. ds Du Cange, s.v. Boscus Mortuus Vivus); 2. « qui est comme mort » a) ca 1100 « qui est en danger de mort, qui peut être considéré comme mort » (Roland, 577 : Iert i sis niés, li quens Rollant, ço crei, E Oliver, li proz e li curteis. Mort sunt li cunte, se est ki mei en creit); b) ca 1200 mort de fain (Aiol, éd. W. Foerster, 2665); 3. a) ca 1200 terme de spiritualité morz al munde (Moralium in Job ds Dialogue Grégoire, éd. W. Foerster, p. 320); b) 1480 « exclu de » mort au monde (Guillaume Coquillart, Droits nouveaux, 935 ds Œuvres, éd. M. J. Freeman, p. 176); 4. « (d'une chose) qui paraît dépourvu de vie, de mouvement, d'activité, de finalité » a) début xiies. mer morte [mare languidum] (Benedeit, St Brendan, 899 ds T.-L. : Dormante mer unt e morte, Chi a sigler lur est forte), v. aussi morte-eau; 1395 la Mer Morte (Voyage à Jérusalem du Seigneur d'Anglure, 158, ibid.); b) début xives. « (d'un élément en combustion) éteint » mort charbon (Jehan de Saint-Quentin, Dit des deux chevaliers, E, 170, éd. B. Munk-Olsen, p. 53); c) d'une faculté, d'une qualité, d'un sentiment ca 1220 (Barlaam et Josaphat, 7959 ds T.-L. : Tes sens est mors); 1remoitié xiiies. (Guiot de Dijon, Chansons, éd. E. Nissen, IV, 18 : Bien est en li morte mercis); d) « qui ne produit rien, ne porte pas de fruit » α) 1263 mort boys, v. mort-bois; β) ca 1382 morte saison, v. ce mot; γ) 1643 (J. Bouchet, Ep. mor., I, 1 ds Hug. : ... mortes Sont devant Dieu les oraisons, les prières); δ) 1690 argent mort (Fur.); e) « où rien n'a lieu, ne se passe » α) 1690 angle mort d'une fortification (ibid., s.v. angle); β) 1773 temps mort (Voltaire, Lettre au cted'Argental, 26 sept. ds Corresp., éd. Th. Besterman, t. 40, 1975, p. 133). II. Subst. « celui qui a cessé de vivre » A. 1. considéré comme demeurant dans l'au-delà a) fin xes. relig. chrét. (Passion, 35 : [Jesus] Chi eps lo morz fai se revivere); b) 1586 mythol. le froid Royaume des mors (Ronsard, Pour son tombeau, A son âme, 6 ds Œuvres, éd. P. Laumonier, t. 18, p. 182); 2. considéré comme présent à la mémoire humaine ca 1170 (Marie de France, Lais, Guigemar, éd. J. Rychner, 286); 1174-87 (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 3616 : Les morz as morz, les vis as vis!); 1216 (Anger, St Grégoire, 214 ds T.-L. : [Deu] Qui vifs et morz en sa mein a); 1270 dr. (Ordonnances rois de France, t. 1, éd. E. de Laurière, p. 250 : Li mors sesit le vif), cf. 1389 (Jean d'Ableiges, Grand coutumier de France, éd. E. Laboulaye et R. Dareste, II, XXV, p. 281). B. Ca 1100 « dépouille mortelle d'un être humain » (Roland, 2435 : Guardez le champ e les vals e les munz. Lessez gesir les morz tut issi cun il sunt). C. 1765 terme de jeux « joueur mis hors de la partie » (Encyclop. t. 10, p. 729a). Du lat. mortuus (lat. vulg. mortus, Vään., § 80), part. passé de mori « mourir ». Emplois fig. « qui demeure sans vie, dont la vie s'est retirée » : mare mortuum [= Judaïcum] iiies. ds TLL, s.v. morior, mortuus, 1497, 32; carbo mortuus (ca 1113 ds Nov. gloss., s.v. morior, mortuus, 833, 42); « (d'une plante) qui ne porte pas de fruit » v. mort-bois; « où rien ne se passe » : cuneus mortuus « angle mort » (1192 ds Nov. gloss., loc. cit., 45). Dans la lang. chrét., terme de spiritualité (ives., St Hilaire, Mat., 7, 11 ds Blaise Lat. chrét.). Fréq. abs. littér. : 18 701. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 22 469, b) 26 554; xxes. : a) 32 300; b) 26 700. Bbg. Grundt (L.-O.). Et. sur l'adj. invarié en fr. Bergen-Oslo-Tromsø. 1972, p. 164. − Quem. DDL t. 15.