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MORIGÉNER, verbe trans.
A. − Vx. Former les moeurs de quelqu'un, instruire quelqu'un aux bonnes moeurs (d'apr. Ac. 1798-1878). Un père est bien condamnable, quand il n'a pas soin de bien morigéner ses enfants (Ac.1798-1878).
Au part. passé. Une société dûment réglée et morigénée (Lemaitre,Contemp.,1885, p.288).Elle (...) continua d'écouter sans s'émouvoir, faite depuis longtemps à l'humeur de son homme. Comme les femmes bien morigénées de ce temps, elle l'aimait et respectait de coeur entier (Pourrat,Gaspard,1922, p.28).
Au fig. [Le compl. désigne une faculté, un art] :
. Puisque Moreau a pu (...) être quelquefois (...) si gracieusement original, combien ne l'eût-il pas été davantage et plus souvent s'il avait accepté la règle, la loi du travail, s'il avait mûri, morigéné et aiguillonné son propre talent! Baudel.,Art romant.,1867, p.567.
B. − Adresser des réprimandes à quelqu'un. Christophe n'était pas homme à se laisser morigéner. Il trouva fort mauvais qu'un âne se permît de lui dire ce qu'il devait faire, en musique (Rolland,J.-Chr.,Amies, 1910, p.1131).Chaque fois que je voulais morigéner mon fils, Madame de La Pérouse prenait son parti contre moi (Gide,Faux-monn.,1925, p.1028).
Morigéner qqn pour/sur qqc.Drumont (...) s'est plaint assez vivement que Daudet n'ait point morigéné Geffroy sur sa conduite à son égard (Goncourt,Journal,1889, p.1019).Ayant été si brusquement morigéné pour ses méchants propos par le jeune avocat, Brignolles en conçut une immédiate rancune (G.Leroux,Parfum,1908, p.10).
Emploi pronom. réfl. S'accuser soi-même et se promettre de se corriger. Naturellement, je me morigène et je m'en veux de cette haine exaltée. Je me dis que je suis un gosse (...), que je suis presque aussi ridicule qu'eux, en croyant si fort que j'ai raison (Rivière,Corresp.[avec Alain-Fournier], 1906, p.315).J'ai été pris tout à coup de la joie folle de l'enfance (...), la joie des vacances. «Quand donc auras-tu ton âge?» me suis-je demandé. Mais j'ai eu beau me morigéner, j'étais heureux comme jamais (Green,Journal,1947, p.116).
Se morigéner de qqc.Il avait éprouvé une déception. Et, tout aussitôt, cette déception même lui avait paru absurde. Il s'était morigéné de la ressentir (Daniel-Rops,Mort,1934, p.397).
C. − Péj. ,,Réprimander avec insistance et affectation, avec une sorte de pédantisme. C'est un homme qui passe son temps à morigéner tout le monde`` (Ac. 1935). Il faudra que madame de Rambouillet et sa fille viennent morigéner la Cour (Sainte-Beuve,Caus. lundi,t.7, 1853, p.450).
Absol. Ce poëte, qui passe généralement pour libertin et qui n'avait pas volé sa réputation, a ici le rôle d'un censeur qui prêche et morigène (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.4, 1859, p.438).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀiʒene], (il) morigène [mɔ ʀiʒ εn]. Ac. 1694, 1718: morigener; 1740: -giner ou -géner; dep. 1762: -géner. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1270 bien moriginé «bien élevé» (Grandes chroniques de France, éd. J. Viard, t.2, p.215); ca 1350 morigené (Gilles Li Muisis, Poésies, I, 155 ds T.-L.); b) ca 1485 moriginer trans. «élever» (Myst. du V. Testament, éd. J. de Rothschild, 26599); 1671 morigéner (Molière, Les Fourberies de Scapin, II, 1); 2. 1718 «réprimander, sermonner» (Ac.). Empr. au lat. médiév. moriginatus, morigenatus «complaisant, docile» (Latham; Du Cange; Blaise Latin. Med. Aev.), altération du lat. class. morigeratus, morigerari «(être) complaisant pour (essayer de plaire à quelqu'un)». Morigeratus a été empr. dès 1216 (Anger, Trad. vie S. Grégoire, 709 ds T.-L.: morigerat). Morigenatus a pris le sens de «rendu docile, éduqué» sous l'infl. de morigerus «complaisant, docile, soumis». Fréq. abs. littér.: 62.