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MORCELER, verbe trans.
A. − [Le compl. d'obj. dir. désigne un corps, une substance solide] Diviser en plusieurs morceaux. Synon. découper, fractionner.Il prit froidement les lettres et les jeta dans le foyer, en regardant d'un œil terne et sans chaleur les jeux de la flamme qui tordait le papier parfumé, le racornissait, le retournait, le morcelait. Des fragments roulèrent sur les cendres (Balzac, Peau chagr., 1831, p.290).Parfois le pain sec semble dur. Alors Poil de Carotte se jette dessus, comme on attaque un ennemi, l'empoigne, lui donne des coups de dents, des coups de tête, le morcelle, et fait voler des éclats (Renard, Poil Carotte, 1894, p.48).
P. anal. [À propos d'un ouvrage de l'esprit] C'est bien dommage de morceler l'ouvrage. Il vaut mieux le publier plus tard et entier (Constant, Journaux, 1813, p.389).
Emploi pronom. Les matériaux tendres se morcellent mieux et se coincent plus facilement que les matériaux durs (Bourde, Trav. publ., 1929, p.54).Les objets cassés se morcellent (Céline, Voyage, 1932, p.331).
B. − [Le compl. d'obj. dir. désigne une étendue de terrain] Diviser en plusieurs parties. Synon. démembrer.Morceler une terre. À cette idée, le vieux paysan salivait; et songeant à ses deux sacs d'écus en réserve, aux beaux terrains qu'on morcellerait, il choisissait d'avance et ne se sentait pas d'aise (Arène, Tor Entrays, 1876, p.160).
Morceler un bien, une fortune, un patrimoine. Dans la formation et composition des lots, on doit éviter, autant que possible, de morceler les héritages et de diviser les exploitations (Code civil, 1804, art. 832, p.152).Je ne veux rien morceler. J'ai horreur de ces dépeçages de patrimoines qui en détruisent l'unité (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p.222).
Emploi pronom. Au sud (...) le pays se morcelle en lopins verdoyants, il devient le «petit pays», suivant une très juste expression locale (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr., 1908, p.318).
C. − Au fig. [Le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé abstr. dans le domaine de la vie affective, intellectuelle, morale ou soc.] Diviser (artificiellement) quelque chose. Morceler l'âme, la pensée, le savoir, le temps. L'infirmité de notre esprit nous force à morceler et à analyser ainsi les phénomènes pour les simplifier et en saisir plus facilement les conditions, mais on ne saurait considérer que ce sont des divisions réelles (Cl. Bernard, Princ. méd. exp., 1878, p.135).On cherche un tout, et le bonheur, par définition, est morcelé (Martin du G., Devenir, 1909, p.114).
Emploi abs. L'esprit humain a besoin de morceler pour comprendre (Staël, Allemagne, t. 2, 1810, p.103).
Emploi pronom. Il semble que mes murs deviennent plus épais Afin de séparer les hommes par les pierres; Et j'ai froid, comme si mon coeur se morcelait (Romains, Vie unan., 1908, p.89).
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀsəle], (il) morcelle [-sεl]. Martinet-Walter 1973 fait l'[ə] facultatif; partout ailleurs, et chez Warn. 1968, expressément, [ə] obligatoire. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1573 (Garnier, Hippolyte, éd. J. Assézat, II, 66). Dér. de morceau*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 192.
DÉR. 1.
Morcelable, adj.Qui peut être morcelé. Propriété morcelable. Philos. Pourtant il est incontestable que la matière se prête à cette subdivision, et qu'en la supposant morcelable en parties extérieures les unes des autres, nous construisons une science suffisamment représentative du réel (Bergson, Évol. créatr., 1907, p.204). [mɔ ʀsəlabl̥]. 1reattest. 1907 id.; de morceler, suff. -able*.
2.
Morcelage, subst. masc.,philos. Action de morceler le réel en parties extérieures les unes aux autres, afin de le rendre objet de science. La mort n'est le signe de cette double menace qui pèse sur l'individu, que parce que l'entendement projette dans la réalité une et indivisible, le morcelage, la multiplicité, la fragmentarité et la finitude nécessaires à l'application des lois subjectives de la représentation (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p.63). [mɔ ʀsəla:ʒ]. 1reattest. 1793 (Lettre du Ministre de la guerre à Rossignol, Guer. des Vend., t. 1, p.433 ds Brunot t. 9, p.1015); de morceler suff. -age*.