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MORALITÉ, subst. fém.
A. −
1. [Correspond à moral1A 2 a, p. oppos. à amoralité] Caractère de ce (ou de celui) qui peut être apprécié (ou jugé) selon les notions de bien et de mal. Si le hasard de la naissance et de l'éducation décidoit de la moralité d'un homme, comment pourroit-on l'accuser de ses actions? (Staël, Allemagne, t.4, 1810, p.44).Ni la science, ni l'art, ne franchissent d'eux-mêmes le seuil de la moralité (L. Brunschvicg, Le Progrès de la conscience, Paris, Alcan, 1927, p.741):
1. C'est expérimentalement qu'on constate que tel comportement est utile ou nuisible. Il s'agit d'une valeur relative, alors que le bien moral dénote une valeur absolue de nos actes. L'enfant commence par discerner l'utile; quand il parvient à distinguer la valeur absolue du bien moral, on peut dire qu'il accède à la moralité. MantoyPsychol.1971, p.100.
2. [Correspond à moral1A 2 b; p.oppos. à immoralité]
a) Caractère de ce qui est conforme aux principes, à l'idéal de la conduite. J'étais devenu leur fils d'adoption, ils admiraient surtout la moralité de mes sentiments (Balzac, Méd. camp., 1833, p.222).Ruiné dans je ne sais quelle opération d'une moralité obscure, il avait été admis, par suite de recommandations, dans une des hautes administrations de la Belgique (Du Camp, Mém. suic., 1853, p.127).Il croyait à la moralité de la victoire et que le vaincu est toujours méprisable (Tharaud, Dingley, 1906, p.15):
2. Cette prodigieuse disparité entre la fonction surhumaine qu'on propose à la France et l'organisation proprement mécanique inhérente à la démocratie réalise tous ses effets dans les contrastes qui surgissent entre la moralité éthérée du programme idéal et la rare immoralité de la conduite effective. Maurras, Kiel et Tanger, 1914, p.XXXI.
b) Caractère de celui qui agit conformément aux principes, à l'idéal de la conduite; cour. valeur d'une personne du point de vue moral. Grande, haute moralité; moralité douteuse, inattaquable, irréprochable, raffinée, rigide; être sûr de, veiller sur la moralité de qqn. J'étais bien embarrassée pour faire un bon choix. Vous comprenez, il faut un homme d'une moralité parfaite, avec toutes ces jeunes filles (Zola, Conquête Plassans, 1874, p.1003).La moralité, de nos jours, est si relâchée qu'il semble que l'on doive complimenter les gens dès que simplement ils font leur devoir (Gide, Journal, 1938, p.1300):
3. La morale, aujourd'hui, dira la voix du plus grand nombre, n'appartient en propre ni au catholicisme, ni aux doctrines protestantes; un musulman, un païen peut être aussi élevé en moralité que l'ermite le plus austère. Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1843, p.51.
[Sans compl. prép. ni adj. déterminatif] Sens moral, conscience morale. N'avoir aucune moralité; manquer de moralité. Je ne suis pas de ces promeneurs sans moralité qui se figurent qu'il n'y a qu'une manière de s'intéresser à une femme (Janin, Âne mort, 1829, p.31).Rougon s'est absolument compromis pour elle, dans cette affaire Martineau. Il a fait preuve là de bien peu de moralité (Zola, E. Rougon, 1876, p.159):
4. Il y a du Condé et des Nassau dans cet autre portrait qui me regarde: Eugène de Savoie; très longue figure arquée, fine, intelligente, grand air de distinction, de commandement. La solennelle perruque à la Louis XIV ne lui va pas trop bien. En résumé, nulle aménité, nulle moralité. Ce n'est qu'une intelligence. Michelet,Chemins Europe, 1874, p.370.
Loc. Subst. + de moralité. On me demande la date précise de l'envoi, le bulletin, etc. J'ai vu le moment où on allait exiger de moi un certificat de moralité! (Flaub., Corresp., 1865, p.190).Le tribunal a entendu plusieurs témoins de moralité (Davau-Cohen1972).
En partic. [Concernant une collectivité] Moralité bourgeoise. La moralité américaine me semble d'une abominable vulgarité (Stendhal, L. Leuwen, t.1, 1835, p.114).Tout est important: les finances, la moralité publique, la politique extérieure, l'approvisionnement de l'armée et les lois agraires! (Camus, Caligula, 1944, i, 7, p.21):
5. La IVe République française (...) abolira toutes les coalitions d'intérêts ou de privilèges, dont on n'a que trop vu comment elles la mettaient en péril, introduisaient dans son sein les jeux de l'étranger, dégradaient la moralité civique et s'opposaient au progrès social. De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p.515.
B. − P. méton.
1. Vieilli, littér. Réflexion morale. L'auteur [l'évêque de Clermont] y montre [dans Le Petit carême], sans doute, une grande connoissance du coeur humain, des vues fines sur les vices des cours, des moralités écrites avec une élégance qui ne bannit pas la simplicité (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.119).Le recueil des moralités qui commence à Confucius est un abrégé des principes des religions (Vigny, Journ. poète, 1834, p.1013).
2. Leçon morale, exprimée ou implicite, proposée par une oeuvre; enseignement moral que l'on peut tirer d'un événement, d'un fait, d'un comportement. Synon. morale.On trouve toujours ce qu'on ne cherche pas (...). Ce sera la moralité de cette aventure (Balzac, Ét. femme, 1830, p.385).Si le lecteur ne tire pas d'un livre la moralité qui doit s'y trouver, c'est que le lecteur est un imbécile ou que le livre est faux au point de vue de l'exactitude (Flaub., Corresp., 1876, p.285).Il évoquait des souvenirs, racontait des anecdotes, en tirait une moralité piquante et profonde (Sartre, Nausée, 1938, p.116):
6. Mes Dames de village sont parues hier. On n'a pas gardé les italiques qui enveloppaient plus doucement le texte et lui gardaient un air de poème. Écrit ainsi en romaine, il a l'air d'un mauvais conte et je ne le relis pas sans agacement. Moralité: écrire des contes qui ne soient pas des poèmes. Alain-Fournier, Corresp.[avec Rivière], 1910, p.221.
En partic. [À propos d'une fable, d'un apologue, d'un conte] Conclusion morale. Je ne crois pas nécessaire, ainsi que l'exige M. de La Motte, de placer la moralité à la fin de mon apologue (Florian, Fables, 1792, p.18).Léonard [de Vinci] assortit, comme il convient, à cette fable une moralité: «Ainsi de la bouche qui en disant son secret se met à la merci de l'auditeur indiscret» (Bachelard, Poét. espace, 1957, p.121).
3. THÉÂTRE. [Au Moy. Âge] Poème dramatique dont le sujet met en valeur des préceptes moraux. La littérature qui prétend à un fond de vérité, la comédie, la sotie, la satire, la moralité, fut faite par le peuple pour le peuple (Benda, Fr. byz., 1945, p.177):
7. Il y avait (...) des moralités sans personnages allégoriques, paraboles assez simples, destinées à montrer en action un précepte moral: ainsi l'histoire du Mauvais riche et du Ladre, celle de L'Enfant prodigue... Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr., 1828, p.201.
Prononc. et Orth.: [mɔ ʀalite]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. 1. Ca 1180 par moralite «en vue d'un enseignement» (Marie de France, Fables, Prol. 7 ds T.-L.); 2. xiiies. «sens moral qu'un auteur ou son lecteur tire d'une oeuvre littéraire» (Isopet de Lyon, 51, ibid.); 3. 1426 «pièce de théâtre représentant une action à l'aide de personnages allégoriques» (Moralité du jour Saint-Antoine, titre de la Moralité, copiée en 1433 dans le ms. B.N. 25547, éd. A. et R. Bossuat). II. 1. Ca 1270 «caractère moral, valeur au point de vue éthique» (Brunet Latin, Li Livres dou Tresor, II, 8, éd. F. J. Carmody, p.181); 1865 certificat de moralité (Flaub., loc. cit.); 2. 1601 «valeur positive ou négative que présente la façon d'être d'une personne, selon qu'elle est conforme ou non aux exigences de la morale» (P. Charron, De La sagesse, I, 35 ds Littré); 3. 1759 «rapport d'une chose, d'un acte avec les règles de la morale» (Rich.). Empr. au lat. tardif moralitas «caractère, caractéristique». Fréq. abs. littér.: 933. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1504, b) 1214; xxes.: a) 1448, b) 1161. Bbg. Undhagen (L.). Morale et les autres lexèmes formés sur le rad. moral-. Lund, 1975, pp.50-55, 149-158.