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MOISSONNER, verbe trans.
A. − Effectuer la moisson. Lorsqu'on moissonne le seigle, elles [les cailles] passent dans les orges et les avoines; et quand on vient à faucher ces dernières, elles se retirent dans les parties où la maturité est moins avancée (Brillat-Sav., Physiol. goût, 1825, p.131).Nous moissonnons notre blé et cuisons notre pain; notre existence matérielle est donc assurée (Huysmans, En route, t.2, 1895, p.290):
1. On moissonne le seigle, et puis on moissonne le blé, le seigle sert à faire de la paille. Du blé, on retire les plus belles gerbes pour recueillir la semence. La moisson terminée, vite, on laboure une parcelle de chaumes pour y faire du sarrazin qui sera mûr en octobre. Debatisse, Révol. silenc., 1963, p.24.
Absol. Quelques vieux paysans (...) moissonnaient dans un champ voisin, aidés par des enfants (Maurois, Silences Bramble, 1918, p.253).Nous moissonnons à l'ordinaire à la Saint-Pierre (Pesquidoux, Livre raison, 1932, p.194).V. aussi billon3rem. 2 ex. de Genevoix.
[P. méton. de l'objet] Moissonner un champ. Récolter les céréales qu'il a produites. Une pièce d'avoine, qu'on n'avait pas encore moissonnée, était un fouillis de graines blondes (Moselly, Terres lorr., 1907, p.253):
2. ... pour moissonner un are de blé, il fallait: en 1800, 1 heure avec une faucille; en 1850, 15 minutes avec une faux; en 1900, 2 minutes avec une faucheuse-lieuse; en 1920, 40 secondes avec une faucheuse-lieuse à traction mécanique; en 1945, 35 secondes avec une moissonneuse-batteuse, qui supprime du même coup les opérations de battage. Fourastié, Gd espoir du XXes., 1969, p.17.
B. − P. anal. ou au fig.
1. [P. réf. à la faux employée pour la moisson, à l'opération de fauchage des céréales] Littér. Faire disparaître; retrancher brutalement. L'aube a moissonné les étoiles, Le jour déjà contre la vitre étend ses ailes grises (Ch. Guérin, Coeur solit., 1904, p.92).
[Le suj. désigne la mort et p. ext. la guerre, une épidémie] Lorsque la guerre, la famine et la peste ont moissonné les habitans, si la terre est restée déserte, est-ce Dieu qui l'a dépeuplée? (Volney, Ruines, 1791, p.19).Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre. Heureux les épis mûrs et les blés moissonnés. Heureux ceux qui sont morts, car ils sont retournés Dans la première terre et l'argile plastique (Péguy, Tapisserie N.-D.1913, p.800):
3. Le choléra sorti du delta du Gange en 1817, s'est propagé dans un espace de deux mille deux cents lieues du Nord au Sud, et de trois mille cinq cents de l'Orient à l'Occident; il a désolé quatorze cents villes, moissonné quarante millions d'individus. Chateaubr., Mém., t.4, 1848, p.62.
2. [P. réf. au Jugement dernier] Rien n'apprendra jamais à cette espèce-là [d'honnêtes gens timorés] que ce qui a été semé dans les ténèbres sera moissonné un jour dans une implacable lumière (Mauriac, Nouv. Bloc-notes, 1961, p.376).
3. [P. réf. à l'idée d'abondance, de richesse, inhérente au grain récolté] Amasser, récolter, recueillir en grande quantité. Après les élans qui m'ont porté dans les cieux où je moissonne les idées à pleines mains (Balzac, L. Lambert, 1832, p.161).Il se dandina, (...) sa casquette infléchie sur la droite, très satisfait que son ancienne maîtresse pût voir qu'il moissonnait des femmes mûres et bien nippées (Huysmans, Soeurs Vatard, 1879, p.263):
4. ... la dernière visite que vous avez faite à ce que vous aimez vous a mis dans une position sur laquelle, une autre fois, votre imagination a moissonné tout ce qu'elle peut donner de sensations. Stendhal, Amour, 1822, p.38.
Absol. Madame Evrard tout bas moissonne, et chaque jour amasse argent, contrats (Collin d'Harl., Vieux célib., 1792, i, 4, p.10).
4. [P. réf. au lien existant entre les semailles et les moissons] Recueillir le fruit de ses actions; supporter les conséquences de ses actes.
Comme tu sèmeras, tu moissonneras. Recueillir les conséquences de ses actes. (Dict. xixeet xxes.).
[P. réf. à la Bible] Qui sème le vent, moissonne/récolte, la tempête. Celui qui fomente des troubles, excite les passions mauvaises, en sera lui-même victime. (Dict.xixeet xxes. dont Ac. 1835-1935).
Moissonner des lauriers, des palmes. Remporter de nombreux succès, des victoires; voir son travail, son courage récompensés. Ils étaient trois surtout, graves, sérieux, imposants, un peu lourds peut-être, mais solides, mais fermes, qui moissonnaient tous les lauriers et occupaient les premiers rangs (A. France, Vie fleur, 1922, p.359).Ma place n'était pas ici pendant qu'on se bat à Verdun et que les camarades se couvrent de gloire en moissonnant des lauriers (Romains, Hommes bonne vol., 1938, p.240):
5. Tous nos ennemis doivent tomber à la fois; chaque armée va vaincre. Seriez-vous les derniers à moissonner des palmes? Méritez la gloire d'avoir exterminé les rebelles et sauvé la patrie... Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t.2, 1870, p.212.
Prononc. et Orth.: [mwasɔne], (il) moissonne [mwasɔn]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. Ca 1200 (Homélies de St Grégoire sur Ezéchiel, 28, 7 ds T.-L.); 1erquart xiiies. fig. (Renclus de Molliens, Carité, 81, 6, ibid.). Dér. de moisson*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 245. Fréq.rel. littér.: xixes.: a) 522, b) 308; xxes.: a) 359, b) 211.
DÉR.
Moissonnage, subst. masc.Action, manière de moissonner. (Ds Littré, Guérin 1892; dict. xxes.). [mwasɔna:ʒ].1resattest. 1458 messonnaige «action de moissonner» (Arnoul Greban, Passion, éd. O. Jodogne, 16989), 3etiers xves. «céréales destinées à être moissonnées» (Jean Molinet, Chron., éd. G. Doutrepont et O.Jodogne, CXXXV, t. 1, p.532: planter fruitz et messonnages); de moissonner, suff. -age*.