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MITRAILLER, verbe trans.
A. − Vx. Tirer le canon à mitraille sur (une troupe, des condamnés, une ville). Synon. tirer à mitraille.Mitrailler le peuple. On a mitraillé l'ennemi (Ac.1835-1935).Nous avons vu mitrailler par plaisir des vaches couchées dans un champ (Maupass.,Sur l'eau,1888, p.279).
P. anal. et p. métaph. Le soleil faisait semblant de se diluer, de s'extravaser dans un bleu mitraillé d'or que noyait à l'horizon une lactescence d'opale (Bloy,Femme pauvre,1897, p.193).
Emploi pronom. réciproque. Les deux armées se sont mitraillées (Besch.1845).Les deux armées se mitraillaient à bout portant (Lar. 19e).
Emploi abs., vx. On a mitraillé pendant une heure (Ac. 1835-1935). On a mitraillé longtemps sans résultat (DG). En ce moment les autocrates (...) triomphent; ils ont mitraillé à Palerme, mitraillé à Berlin, mitraillé à Vienne, mitraillé à Paris (Hugo,Actes et par.,2, 1875, p.57).Ce n'est que depuis l'Empire, depuis l'alliance monstrueuse entre ceux qui mitraillaient et ceux qui bénissaient les mitrailleurs (...) que l'État se trouve sous le joug des cléricaux, alors que ce sont eux qui devraient porter le joug de l'État (Fondateurs 3eRépubl., Gambetta, 1878, p.181).
B. −
1. Tirer par rafales sur un objectif à l'aide d'une arme automatique (mitrailleuse, fusil-mitrailleur). S'il en avait eu le pouvoir [un patron d'usine] il aurait mitraillé les grévistes, comme de simples rebelles et avec la satisfaction d'accomplir un devoir de classe (Aymé,Confort,1949, p.149).
Emploi pronom. réciproque. Vous vous mitraillez pendant quelques mois; et c'est la guerre. Comme si personne, avant vous, n'avait péri par projectile ou arme blanche (Arnoux,Paris,1939, p.73).
2. P. anal.
a) La bande matinale défila à travers le village, insoucieuse des regards soupçonneux qui la mitraillaient au passage (Fabre,Rom. peintre,1878, p.17):
−. ... leurs quatre prunelles noires [de maman et de Julienne] mitraillaient la foule qui s'entrouvrait pour laisser passer (...) deux civils propriétaires de ces serviettes jaunes, de ces tranchants plis de pantalons qui dénoncent les gens de justice... H. Bazin,Huile sur feu,1954, p.70.
b) Fam. Photographier (quelqu'un/quelque chose) sans arrêt, sous tous les angles. On met le portrait à la portée des amateurs qui mitraillent parents et amis (Prinet,Phot.,1945, p.84).Les photographes mitraillèrent longuement cette table où se trouvaient deux ambassadeurs, deux duchesses (Druon,Rendez-vous enfers,1951, p.233).
C. − P. anal. Mitrailler qqn/qqc.1de qqc.2
1. [Le compl. indir. désigne un inanimé concr.: fleurs, confettis] Lancer des projectiles en grand nombre sur quelqu'un/quelque chose. Dans les voitures on s'appelle, on se reconnaît, on se mitraille avec des roses. Un char plein de jolies femmes vêtues de rouge comme des diables, attire et séduit les yeux (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Rose, 1884, p.924).
[P. méton., à propos de l'éclairage] Deux projecteurs le mitraillent de lumière bleue. Déclic pour l'épreuve de face (H.Bazin,Tête contre murs,1949, p.148).
2. Fam. [Le compl. indir. désigne des protestations, des réclamations] Adresser de nombreux/nombreuses propos, paroles à quelqu'un, d'une manière rapide et insistante. Mitrailler l'orateur de questions. J'ai couru [dit Marchenoir à Véronique] huit jours dans toutes les maisons religieuses (...) bondées de grotesques pleutres attendant avec constance (...) l'occasion légale de mitrailler de leurs inoffensives protestations, le commissaire de police qui les congédiait sans colère (Bloy,Désesp.,1886, p.236).
[Le compl. d'obj. désigne la mitraille, ici des mots] Il ne lui restait plus [à Brence] que des mots à proférer, à jeter, à mitrailler (...) en face de cette jeune fille palpitante (La Varende,Roi d'Écosse,1941, p.221).
Prononc. et Orth.: [mitʀ ɑje], [-a-], (il) mitraille [-ɑ:j], [-aj]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. a) 1796 «tirer à mitraille sur» (Le Néologiste fr.); b) 1803 «tirer le canon chargé à mitraille» (Boiste); c) 1823 «prendre pour objectif d'un tir à mitraille» (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène, t.1, p.563); d) p. anal. 1927 «photographier sans arrêt, de tous côtés (un personnage de l'actualité)» (La Pédale, 28 sept., p.10, col. 2). Dér. de mitraille*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 83.
DÉR. 1.
Mitraillade, subst. fém.a) Vx. Décharge de plusieurs canons chargés à mitraille. La mitraillade a duré une demi-heure, et a tué beaucoup de monde (Ac.1835, 1878).Le capitaine, entre ses dents: Une bonne mitraillade sur tous ces bavards-là! (Sand,Compagn. Tour de Fr.,1840, p.154).b) Rare. α) Décharge d'armes automatiques (mitrailleuses, fusils-mitrailleurs...). Ensuite ce fut un tourbillon (...) de mitraillades, de répits (...) de cadavres lovés dans le ruisseau, de sueur d'angoisse (Vialar,Hte-mort,1951, p.279). β) Action de tirer des rafales d'armes automatiques (sur un objectif, sur des personnes). Synon. mitraillage.Au milieu de la mitraillade; fusillade et mitraillade; émeutes et mitraillades. Un épisode peu connu de la piraterie anglaise. La mitraillade du «Chantilly» [titre d'un article] (L'Œuvre,4 mai 1941).P. métaph. Tir ou jet continu de petits corps durs (ici de grêlons). La nuit n'était plus si sombre, les grêlons l'éclairaient de rayures pâles, innombrables, comme s'il fût tombé des jets de verre. Le bruit devenait assourdissant, une mitraillade, (...). Le vent soufflait en furie, les balles obliques sabraient tout, s'amassaient, couvraient le sol d'une couche blanche. − La grêle, mon Dieu! (Zola,Terre,1887, p.113).En partic. Action de tuer par rafales d'armes automatiques. Des déportés furent tués par pendaison, par mitraillade, par chambre à gaz (Dub.).P. anal. La mitraillade de paroles est terrible. Nous nous lançons des insultes que nous n'oserions jamais répéter en présence d'un tiers (Marie Claire,juin 1968, p.93). [mitʀ ɑjad], [-tʀa-]. Att. ds Ac. 1835, 1878. 1reattest. 1794 «décharge de plusieurs canons chargés à mitraille» (Adresse du peuple de Lyon ds Rapport au nom de la commission des vingt-un créée par décret du 9 nivôse an III, p.253 d'apr. Brunot t.9, p.884, note 1); dér. de mitrailler, suff. -ade*.
2.
Mitraillage, subst. masc.Action de tirer à la mitrailleuse, par rafales, sur quelque chose (notamment un objectif au sol, dans le cas d'un avion). Au moment où le premier avion arrivait sur lui comme un obus, il brandit sa lance, aspergea furieusement la carlingue (...). Devant le mitraillage au sol, tous les spectateurs s'étaient réfugiés sous les portes (Malraux,Espoir,1937, p.769).P. anal. On ne parlera plus alors «d'animation» de la surface mais de mitraillage du nerf optique, de destruction violente du plan par des contrastes de formes et de couleurs (Le Nouvel Observateur,10 avr. 1968, p.44, col.4). [mitʀ ɑja:ʒ], [-tʀa-]. 1reattest. 1937 id.; de mitrailler, suff. -age*.
BBG.Gamillscheg (E.). Etymologische Miszellen. Rom. Jahrb. 1950, t.3, p.290.