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MINER, verbe trans.
I.
A. − Vx, ART MILIT. Creuser une galerie sous un ouvrage afin d'en saper les fondations et d'en provoquer l'effondrement. Les Français s'aperçurent que le boulevard était miné, c'est-à-dire que les Anglais avaient creusé en dessous des galeries dont ils avaient ensuite incendié les étais (A. France,J.d'Arc,t.1, 1908, p.144).
Absolument:
1. On tint un conseil de guerre, où l'on reconnut, un peu tard, qu'avant de donner un assaut il faut faire une brèche, et l'on jugea qu'on y parviendrait plus vite avec la mine qu'avec l'artillerie. Chaque corps d'armée dut miner devant ses approches... Mérimée,Hist. règne Pierre le Gdds Journal des Savants, 1867, p.680.
B. − P. anal.
1. [Le suj. désigne un animal ou un insecte] Creuser une galerie dans le sol, le bois ou les tissus végétaux. Dans la région de Rochefort, on trouve la termite (...) qui (...) ronge l'intérieur des pièces de bois sans en toucher la surface de sorte qu'on ne découvre parfois ses ravages qu'à la chute des ouvrages dont les parties internes sont minées et l'enveloppe extérieure intacte (Bourde,Trav. publ.,1929, p.214).Mouchette (...) commence à courir le plus vite qu'elle peut. Malheureusement, le sol, miné par les rongeurs, s'écroule sous elle presque à chaque pas (Bernanos,Mouchette,1937, p.1269).
2. [Le suj. désigne un phénomène naturel] Creuser (le sol) ou saper (les fondations d'un bâtiment) par une attaque lente et progressive. Synon. caver, éroder, ronger.Les ruisselets qui le creusent [le sol], le minent et le charrient (Pesquidoux,Livre raison,1925, p.179):
2. Là s'élevèrent autrefois les pylônes du temple de Koum-Oumbou (Ombos); mais le Nil rongeait chaque jour son rivage, il entraîna la terre, désagrégea les bancs de sable, déracina les rochers et mina sourdement les fondations du monument, qui s'abattit tout entier la face contre le sol et la tête près du fleuve. Du Camp,Nil,1854, p.192.
P. métaph. Saccard ne vivait plus que dans la fiction exagérée de son triomphe (...), assez fin cependant pour avoir la sensation du sol miné, crevassé, qui menaçait de s'effondrer sous lui (Zola,Argent,1891, p.314).
Emploi pronom. passif. La philosophie (...) ne veut connaître que les livres; hors de là, le monde finit pour elle. Cependant le sol se mine sous ses pas (Quinet,All. et Ital.,1836, p.116).
C. − Au fig.
1. [Le compl. désigne une pers.]
a) [Le suj. désigne une maladie] Affaiblir, ronger de manière lente et continue. L'anémie le minait; on craignait la phtisie (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Million, 1882, p.292).La petite fièvre continue qui lentement la minait s'était éteinte; un sang plus frais recolorait ses joues (Gide,Immor.,1902, p.458).
b) [Le suj. désigne un sentiment, une situation] Consumer sournoisement. La passion le mine. Il était avec cela miné par l'inquiétude (Huysmans,Marthe,1876, p.83).La solitude, cependant, continuait à me miner (Beauvoir,Mém. j. fille,1958, p.264).Le mariage me corrompra, il minera mon énergie (Camus,Possédés,1959, 1repart., 2, p.951).
Miner de + subst. désignant un état qui affaiblit.Elle prétendait qu'ils la minaient de fatigues et d'agitations, mais sans eux elle fût morte d'ennui (Sand,Valentine,1832, p.208).
c) Emploi pronom. réfl. (indir.). Se miner (la santé). Ruiner sa santé par des soucis. C'est un homme qui se mine (...). On dirait en effet qu'un chagrin le tourmente (Dorgelès,Croix bois,1919, p.130).
Se miner + subst. désignant une partie du corps hum.Mes parents (...) veulent me marier avec ce grand Suiret (...). Je dis non, tu penses, et je me mine les yeux à pleurer (Loti,Spahi,1881, p.269).
Se miner en + subst. désignant un sentiment qui détruit lentement.Elle s'affligeait de la voir ainsi se miner en mélancolie (Sainte-Beuve,Port-Royal,t.1, 1840, p.105).
2. [Le compl. désigne une instit., une classe soc., etc.] Détruire de manière sournoise. Chez les Grecs et les Romains, la vérité philosophique mina le culte national, et échoua contre l'ordre moral et l'ordre politique (Chateaubr.,Ét. ou Disc. hist.,t.1, 1831, pp.6-7).Depuis longtemps les excès de l'individualisme minaient la démocratie (Maurois,Mes songes,1933, p.66).Au XVIIIesiècle, faire un Dictionnaire philosophique, c'était miner sourdement la classe au pouvoir (Sartre,Sit. II,1948, p.301).
3. Arg., vieilli. Miner le pylône. Exagérer grossièrement. Le secteur [la banlieue nord-est de Paris] n'est pas des plus calmes. Les Boches, selon la nouvelle expression à la mode ici «minent le pylône» (Esn.Poilu1919, p.355).
II.
A. − GÉNIE CIVIL et MILIT. Poser (à la base d'un ouvrage, d'un amas de rochers) une charge d'explosif destinée à faire sauter. Miner un barrage, un pont. Quand le Louvre fut miné, Nietzsche a pleuré (Barrès,Cahiers,t.11, 1914, p.117):
3. ... récemment encore, la chute d'une montagne de glace, formant un lac, épouvanta tout le Valais. Les ingénieurs en minèrent doucement la digue et épanchèrent une partie des eaux. Michelet,Journal,1838, p.254.
B. − ART MILIT. [Correspond à mine2III C] Garnir de mines. Miner une route, un chenal, un port. Les sapeurs de Dromard (...) employaient toutes les heures de tous les jours et de toutes les nuits à rendre praticables les chemins coupés et minés (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p.271).
P. métaph. Mais, à partir de ce moment, nous sûmes l'un et l'autre que nous vivions dans une zone minée et qu'il faudrait sauter un jour (Maurois,Climats,1928, p.116).
REM.
Mineux, adj. masc.,hapax. Soucieux. Devenir un quelque chose d'inouï? Oui! De miraculeux? D'adorable? De bien plus parfait encore?... Ah oui! Et bien plus hanté, tracassé, mineux dix mille fois!... Le saint issu d'économie et d'acharnement familial! (Céline, Mort à crédit, 1936, p.340).
Prononc. et Orth.: [mine], (il) mine [min]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 «creuser par dessous un terrain, un rocher, un mur pour provoquer un effondrement» (Aiol, 10859 ds T.-L.); b) xves. [éd. de 1528] «creuser, caver lentement (un rivage)» (Perceforest, vol. III, ch. XXX ds Gdf. Compl.); c) 1680 «creuser le terrain sous une muraille, etc., pour y placer une charge d'explosifs» (Rich.); 2. a) ca 1340 «détruire, ronger progressivement (en parlant de l'amour)» (Batard de Bouillon, 2548 ds T.-L.); b) ca 1350 se miner «être consumé, diminué (d'un mal)» (G. Le Muisit, Poésies, II, 10 ds T.-L.). Dér. de mine2*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 220 (mené: 168). Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 327, b) 372; xxes.: a) 346, b) 246.