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MIASME, subst. masc.
Gén. au plur. Émanation(s) provenant de matières organiques en décomposition et considérée(s), avant la découverte des micro-organismes pathogènes, comme l'agent des maladies infectieuses et épidémiques; odeur fétide qui s'en dégage. Ce marécage était alimenté par les infiltrations du sol (...). Il était (...) à craindre que l'air ne s'y chargeât, pendant les chaleurs, de ces miasmes qui engendrent les fièvres paludéennes (Verne,Île myst.,1874, p.196).On plante des eucalyptus près des marais contaminés, pour en détruire les miasmes (Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.163).Christophe était ranimé par l'âpre souffle qui montait du vieux livre: le vent du Sinaï, des vastes solitudes et de la mer puissante, balayait les miasmes. La fièvre de Christophe tomba (Rolland,J.-Chr.,Foire, 1908, p.648):
1. ... les miasmes putrides qu'exhalent les eaux stagnantes et croupies, et même les déjections des malades, exhalaisons qui pénètrent par la respiration et par les pores de la peau (...) [rendent] souvent cette maladie [la dysenterie] contagieuse dans les armées et dans certaines campagnes. Geoffroy,Méd. prat.,1800, p.385(8).
Au sing., vieilli ou littér. Ils (...) demandaient au docteur d'où vient le germe de la scrofule, vers quel endroit se porte le miasme contagieux, et le moyen, dans tous les cas morbides, de distinguer la cause de ses effets (Flaub.,Bouvard,1880, p.71).[L'] oeuvre [de Zola] nous présente un si prodigieux amas d'êtres idiots (...) qu'il s'en exhale − comme un miasme et une buée d'un fumier, − pour la plupart des lecteurs un écoeurement profond, pour d'autres une tristesse noire et pesante (Lemaitre,Contemp.,1885, p.265).
SYNT. Miasme(s) contagieux, délétère(s), fétide(s), impur(s), infect(s), insalubre(s), malsain(s), méphitique(s), morbifique(s), mortel(s), pestilentiel(s), vénéneux; miasme gangréneux, palustre; miasmes de cloaque, de dépotoir, d'égout, de marais; miasmes d'un étang; bannir, chasser, dissiper des miasmes; miasme(s) qui s'échappe(nt), qui s'élève(nt) de qqc.; air, atmosphère chargé(e), imprégné(e) de miasmes; brouillard lourd de miasmes.
P. anal. Peu soigneux de sa personne, Philippe exhalait les miasmes de l'estaminet, une odeur de bottes boueuses qui, pour un étranger, eût semblé le sceau de la crapule (Balzac,Rabouill.,1842, p.323).
P. ext. Entité immatérielle. Son imagination qui faisait poudroir, comme de délicieux miasmes, des apparitions somnambulesques et angéliques, était pour Des Esseintes une source d'infatigables conjectures (Huysmans,À rebours,1884, p.254).
P. métaph. ou au fig. Miasmes politiques; miasmes de chagrin, d'égoïsme. La vilenie des esclaves est un produit direct du despote; un miasme s'exhale de ces consciences croupies où se reflète le maître (Hugo,Misér.,t.2, 1862, p.275).Une minorité (...) qui (...) bon gré mal gré, a respiré depuis sa naissance tous les miasmes de l'individualisme napoléonien, de l'orgueil napoléonien, de l'erreur napoléonienne (J.-R. Bloch,Dest. du S.,1931, p.304).Cette obscure Germanie, qui déverse sur le monde tous les miasmes corrupteurs (Béguin,Âme romant.,1939, p.327):
2. ... ce que tu appelles l'haleine de la ville corrompt souvent, je l'avoue, corps et âme. Je n'ignore pas les miasmes du pavé, ni la contamination par l'image, la parole et le spectacle, ni le coudoiement équivoque de la foule. Pesquidoux,Livre raison,1932, p.225.
P. ext., sans connotation péj. Odeur. Ton poumon cicatrisé hume Des miasmes de gloire, ô vainqueur! (Corbière,Am. jaunes,1873, p.10).
Prononc. et Orth.: [mjasm̭]. Ac. 1798: miasmes (plur.), dep. 1835: miasme. Étymol. et Hist. 1. 1695 «effluves provenant de certaines maladies contagieuses» (Fr. Raynaud, Traité des Fièvres malignes et pourprées, Carpentras, p.18); 2. 1800 «émanation dangereuse pour la santé, résultant de la décomposition des matières animales et végétales» (supra ex. 1); 3. 1842 p. ext. «odeur malsaine et désagréable» (Balzac, loc. cit.). Empr. au gr. μ ι ́ α σ μ α «souillure provenant d'un meurtre» lui-même dér. de μ ι α ι ́ ν ε ι ν «souiller (de sang, de poussière)». Fréq. abs. littér.: 114.
DÉR.
Miasmatique, adj.,méd. a) Qui est de la nature des miasmes. Toutes les causes telluriques, miasmatiques (...) ne valent qu'en tant qu'elles favorisent l'évolution et la multiplication de l'Anophèle (Vincent, Rieux dsNouv. Traité Méd.fasc. 5, 1 1924, p.204).b) Qui est dû aux miasmes. À côté des maladies miasmatiques ayant l'air pour véhicule, on plaça des maladies relevant des décompositions produites dans l'organisme lui-même (G.-H. Roger dsNouv. Traité méd.fasc. 11926, p.1). [mjasmatik]. 1resattest. a) 1797 «qui renferme ou produit des miasmes» (Thouvenel, Climat d'Italie, II, 62 ds DG), b) 1847 «qui est produit par des miasmes» empoisonnement miasmatique (Doucet ds Raspail, R. élém. de méd. et de pharm., t.1, p.171), dér. sav. de miasme, suff. -(at)ique*.