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MER, subst. fém.
I.
A. − Vaste étendue d'eau salée qui occupe la plus grande partie de la surface terrestre. Synon. flots (littér. et poét.), océan.Lorsqu'elle voyait la mer monter, balayer la terre de sa houle (Zola,Joie de vivre,1884, p. 904).La phosphorence [sic] verte de la mer qui venait grésiller à leurs pieds (Nizan,Conspir.,1938, p. 26).La mer est déserte, la mer qui roule des galets, la mer qui n'a pas de limites et qui enrobe les cinq parties du monde (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 167):
1. Au delà commençait la grande mer, frémissante et grise, dont l'extrémité se perdait dans les brumes. Il fallait y regarder attentivement pour comprendre où se terminait la mer, où le ciel commençait, tant la limite était douteuse, tant l'un et l'autre avaient la même pâleur incertaine, la même palpitation orageuse et le même infini. Fromentin,Dominique,1863, p. 164.
SYNT. Mer agitée, creuse, démontée, dure, forte, grosse, houleuse, moutonneuse; mer belle, calme, étale, immobile, plate, sereine, tranquille; mer bleue, verte; bord, fond, rivage de la mer; bruit, grondement, mugissement de la mer; flux et reflux de la mer; avoir la maîtrise, l'empire de la mer; courir terre et mer, traverser la mer.
1. Locutions
a) Loc. adj. ou adv. Par mer. Par la voie maritime, par bateau. Commerce par mer; voyager par mer. Il s'en travaillait [du coton] à présent au delà de trente millions de livres, bien que nous ne pussions en recevoir par mer, et qu'il nous vînt d'aussi loin par terre que de Constantinople (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène,t. 1, 1823, p. 450).Les transports par mer ont permis la spécialisation des pays sur le plan international (Lesourd, Gérard,Hist. écon.,t. 1, 1968, p. 274).
Fam. Chercher quelqu'un par mer et par terre. Chercher quelqu'un partout, sans se décourager. (Dict. xixes., Rob.).
b) Loc. adv. En mer. En cours de navigation. Il s'était joint à un groupe de missionnaires qui se rendaient à Madagascar et était mort en mer (Lacretelle,Silbermann,1922, p. 103).[Le capitaine Davis] ne quittait pas la passerelle lorsqu'il pouvait y avoir en mer le moindre danger (Peisson,Parti Liverpool,1932, p.15).
c) Loc. nom.
Grande mer. Synon. vieilli de haute mer (v. haut1I A 3 et supra ex.).
DR. MAR.
Haute mer. Zone maritime qui jouit d'un régime de liberté en ce qui concerne la navigation et la pêche (d'apr. Barr. 1974). Oui, la mer est libre, tout au moins tant qu'il s'agit de la haute mer, jusqu'aux limites parfois imprécises des eaux territoriales (M. Benoist, Pettier,Transp. mar.,1961, p. 13).
Mer territoriale. Zone maritime, située entre la côte et le large, sur laquelle s'exerce l'autorité de l'État riverain. Synon. eaux* territoriales:
2. Jusqu'en 1971, la législation française ne contenait aucune règle générale relative à la largeur de la mer territoriale mais seulement des textes particuliers relatifs à certaines compétences exercées par l'État français sur une frange plus ou moins étendue d'eaux côtières. QUID,1979, p. 1374, col. c.
MAR. Basse* mer; coup* de mer; écumeur* de mer; gens* de mer; homme* de mer; haute* mer; loup* de mer; mer d'huile*; paquet* de mer; pleine* mer.
MINÉR. Écume* de mer. MYTHOL. Serpent* de mer. PÊCHE. Fruits* de mer. ZOOL. Anémone* de mer; chien* de mer; éléphant* de mer; étoile* de mer; lion* de mer; ortie* de mer; veau* de mer.
Rem. On dit aussi éléphant* marin, lion* marin, veau* marin.
d) Loc. verb.
Fam. Être salé comme mer. Être excessivement salé. Cette viande, cette soupe, cette sauce est salée comme mer (Ac.).
Lancer la (une) bouteille* à la mer.
MARINE
Mettre à la mer (vieilli), en mer (vieilli). Quitter le port. Cet amiral, ce capitaine vient de mettre en mer (Ac.1798-1878):
3. Après le coucher du soleil, aucune chaloupe ne pouvait mettre à la mer; les bateaux pêcheurs étaient comptés, et la nuit ils restaient au port sous la responsabilité d'un lieutenant de marine. Chateaubr.,Mém.,t. 2, 1848, p. 658.
Mettre un canot à la mer. Débarquer un canot du bord:
4. Le bateau vint mouiller sous le vent de ces falaises raides, qui faisaient planer sur la mer une accalmie et une fraîcheur de cave; on mit un canot à la mer; Vanessa me fit signe de descendre avec elle seule. Gracq,Syrtes,1951, p. 158.
Prendre la mer
[Le suj. désigne une pers.] S'embarquer. J'ai beaucoup voyagé, disait Eric Vidame, et j'ai souvent pris la mer (Duhamel,Suzanne,1941, p. 300).
[Le suj. désigne un bateau] Quitter le mouillage, commencer à naviguer. À un seul cri de commandement le canot de sauvetage, près du sémaphore, avait largué ses palans. Il prenait la mer, déjà, avec ses six hommes et le patron (Mille,Barnavaux,1908, p. 88).
Tenir la mer. Naviguer au large. Anton. caboter.Ce vaisseau a beaucoup souffert: il n'est plus en état de tenir la mer (Ac.1935).Ce sont [les cuirassés d'escadre] des navires capables de bien tenir la mer (Croneau,Constr. nav. guerre,t. 1, 1892, p.123).
Au fig.
Fam. Avaler* la mer et les/ses poissons.
Labourer le rivage de la mer (vieilli). Entreprendre l'impossible, perdre sa peine. (Dict. xixeet xxes., sauf Ac.).
Porter (de) l'eau à la mer, en la mer. Accomplir une tâche inutile, perdre sa peine. C'est porter l'eau à la mer (Ac.).
2. Expressions
MARINE
Il y a de la mer. La mer est houleuse. L'hydroplanage [action pour un hydravion de glisser sur l'eau] devient délicat lors qu'il y a de la mer (A.-B. Duval, Hébrard, Nav. aér.,1928, p. 183).
Un homme* à la mer!
Au fig.
Fam. C'est, ce n'est pas la mer à boire*.
(C'est) une goutte d'eau* dans la mer.
B. − En partic. [Gén. suivi d'un adj. ou d'un compl.] Étendue d'eau salée, de dimensions relativement limitées, qui est plus ou moins isolée de la masse océanique principale. Mer équatoriale, tropicale; mers antarctiques; mer Baltique, mer Méditerranée, mer Noire; mer d'Irlande, mer du Nord. Dans un silence des mers polaires (Vallès,Réfract.,1865, p. 54).Il n'y a pas de mer plus mal faite que la mer Rouge. On croirait qu'elle est large: ce n'est qu'une apparence et qu'une illusion (Mille,Barnavaux,1908, p. 115):
5. De leur côté les Alpes achèvent sur ce littoral le grand demi-cercle concave qu'elles opposent à la Méditerranée. Cette mer a peu d'ouvertures vers l'intérieur; presque partout elle est bloquée par des montagnes. Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. de Fr.,1908, p. 19.
OCÉANOGRAPHIE
Bras* de mer.
Mer bordière. Mer située sur une plate-forme continentale, en bordure d'un océan avec lequel elle communique largement (d'apr. Géomorphol. 1979):
6. Cette communication assez précaire avec le Pacifique (...) justifie qu'on puisse considérer l'océan Arctique comme dépendant uniquement de l'Atlantique, ou, suivant une expression consacrée, comme une mer bordière de l'Atlantique. Rouch,Régions polaires,1927, p. 12.
Mer fermée ou mer intérieure. Mer totalement isolée des océans ou ne communiquant avec eux que par un détroit. La mer Caspienne est une mer intérieure (Ac.1878, 1935):
7. Trois «parties du monde», c'est-à-dire trois mondes fort dissemblables, bordent ce vaste lac salé [la mer Méditerranée]. (...) cette mer fermée, qui est en quelque sorte à l'échelle des moyens primitifs de l'homme, est tout entière située dans la zone des climats tempérés: elle occupe la plus favorable situation du globe. Valéry,Variété III,1936, p. 247.
II.
A. − P. anal.
1.
a) Vaste étendue d'eau non salée. La rivière débordée couvrait la campagne, c'était une mer (Ac.1835-1935):
8. ... le torrent, cette mer souterraine, la terreur des houillères du Nord, une mer avec ses tempêtes et ses naufrages, une mer ignorée, insondable, roulant ses flots noirs, à plus de trois cents mètres du soleil. Zola,Germinal,1885, p. 1528.
b) Vaste étendue (d'un élément non liquide). Synon. océan (de qqc.).Mer de blé, de sable, de toits. La mer moutonnante des frondaisons (Pergaud,De Goupil,1910, p. 171).La mer de boutons d'or et de myosotis des prairies (Peyré,Matterhorn,1939, p. 12):
9. C'est une vaste mer de glace [le glacier de Grindelwald en Suisse] traversée en sillons brisés, et en tous sens, de larges crevasses de couleur bleue, et hérissée d'espace en espace de hautes pyramides. Chênedollé,Journal,1820, p. 104.
Spécialement
ASTRON. ,,Vaste étendue du paysage lunaire ne présentant que des accidents faibles ou isolés`` (Astron. 1973). La terre (...) dont l'océan est beaucoup plus grand que toutes les mers de la lune (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.372):
10. Les principales mers lunaires sont la mer des Pluies et l'océan des Tempêtes dans la partie nord-est (...), enfin des mers moins bien délimitées dans les zones beaucoup plus couvertes de cratères de la moitié sud de la lune... Muller1980.
MÉTÉOR. Mer de nuages. ,,Aspect de la surface supérieure d'une couche de nuages, lorsque celle-ci comporte des ondulations plus ou moins nettement apparentes, des largeurs très diverses, dont l'ensemble suggère les vagues de l'océan`` (Villen. 1974). Les montagnards connaissaient aussi les mers de nuages (Saint-Exup.,Terre hommes,1939, p. 143).
2.
a) Grande quantité (d'un liquide), écoulement abondant. Synon. flots (de qqc.).Une mer de sang (Ac.1878, 1935).
b) P. méton.
Mer d'airain. Grand bassin de bronze qui, dans le Temple de Jérusalem, servait à la purification des prêtres. La purification se faisait, chez les Juifs, dans des vases de métal (...); au temple de Jérusalem, la mer d'airain était un vaste bassin rond (Lenoir,Archit. monast.,1852, p. 101).
Vieilli. Grand vase de terre contenant une certaine quantité de vin, qu'on remplit à mesure qu'on y puise. Il a une mer de vin de Chypre (Ac.1798-1878).
B. − Au fig., littér.
1. Caractère houleux (d'un sentiment, d'une situation); milieu plein d'agitation et de fluctuations. Mer de l'existence, des passions. Le tournoiement des intérêts, des passions, des plaisirs qui font de Paris une mer aussi dangereuse aux chastes amours qu'à la pureté des consciences (Balzac,Lys,1836, p. 183).Le matin arriva, où je devais me lancer sur la mer du monde (Baudel.,Paradis artif.,1860, p. 393).
2. Grande quantité de quelque chose. Libre de nager, de patauger, de s'ébattre en une pleine mer de documents officiels, de débats jurisprudentiels, de rapports administratifs accumulés les uns sur les autres depuis les premiers âges de la Direction, il passait d'exquises journées à galoper de son cabinet aux archives (Courteline,Ronds-de-Cuir,1893, I, 3, p. 42).Une mer de mots. V. immersion A 3 ex. de Fromentin.
III. − Loc. adj. De mer
A. − Qui appartient à la mer ou qui en provient. Synon. marin.On reproche au sable de mer d'être trop fin (Bourde,Trav. publ.,t. 2, 1929, p. 220):
11. Ils ne souffraient pas beaucoup, excepté ceux qui burent de l'eau de mer − car il y avait un peu de biscuit à manger, mais pas d'eau douce à boire − et qui devinrent fous. Mille,Barnavaux,1908, p. 276.
En partic. [En parlant d'un animal] Qui vit dans la mer. Poissons de mer. La tortue de mer va sortir des eaux (Audiberti,Quoat,1946, 2etabl., p. 54).
B. −
1. Qui se trouve au bord de la mer; qui dépend de la mer. Synon. côtier, marin, maritime.Dans les provinces et dans les ports de mer (Marat,Pamphlets,Nouv. dénonc. Necker, 1790, p. 185).Le 17 octobre 1854, vingt-six vaisseaux de ligne français et anglais s'embossaient devant les forts de mer de Sébastopol (Ledieu, Cadiat,Nouv. matér. nav.,t.2, 1899, p.478).
2. En partic.
a) [En parlant d'un animal] Qui vit près de la mer. Aux îles Foeroé, il assista à la recherche des nids d'oiseaux de mer, dans les crevasses à pic (Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p. 150).Des embruns lui mouillaient les cheveux, des puces de mer lui sautaient dans les jambes (Queffélec,Recteur,1944, p. 42).V.courlis ex. 1.
b) [En parlant du climat, d'une condition atmosphérique] Qui vient de la mer, qui est marqué par l'influence de la mer. Elle voulait s'imprégner de l'air de mer (Michelet,Journal,1858, p. 429).La rude brise de mer le lavait des odeurs du Quartier Latin (Zola,Joie de vivre,1884, p. 848).Les pins faisaient rideau contre le vent de mer (Montherl.,Célibataires,1934, p. 901).
C. − Qui se fait sur mer, par mer. Synon. maritime.Aventures de mer. Ses longues croisières et ses dures campagnes de mer (Cendrars,Bourlinguer,1948, p. 244).
Fortune de mer. V. fortune B 3 .
Voie de mer. Liaison maritime. En concurrence avec la voie de mer, une voie terrestre (...) fut organisée par les Marseillais (Vidal de La Bl.,Tabl. géogr. de Fr.,1908, p. 22).
D. −
1. Propre à la navigation sur mer, à la marine. Synon. maritime, naval.Ce n'est qu'en 1838 que la construction en fer fut appliquée aux bâtiments de mer (Croneau,Constr. nav. guerre,t. 1, 1892, p. 3).
Biscuit* de mer.
Mal* de mer.
2. En partic. Qui relève de la marine militaire. Synon. naval.Armée de mer. Non moins considérable avait été l'autre faute de M. Hanotaux, celle qui consistait à risquer un choc avec l'Angleterre avant d'avoir vérifié l'état de nos forces de mer (Maurras,Kiel et Tanger,1914, p. 229).
Prononc. et Orth.: [mε:ʀ]. Homon. maire, mère. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1050 «vaste étendue d'eau salée» (Alexis, éd. Chr. Storey, 79); ca 1145 halte mer «partie de la mer éloignée du rivage» (Wace, Conception N.D., 67 d'apr. Keller); 1672 (c'est) ... la mer à boire (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, III, 85); 1808 ce n'est pas la mer à boire (Hautel t. 2); 2. 1607 basse mer «marée basse» (Oudin, Thresor des deux langues); 1691 pleine mer «marée haute» (Ozanam, p. 361); 1849 mer d'huile (Lamart., Confid., Graziella, p. 153); 3. ca 1155 (entrer) en mer «s'embarquer» (Wace, St Nicolas, éd. E. Ronsjö, 839); 1671 prendre la mer «faire voile» (Pomey); 1677 mettre à la mer «lancer un navire à l'eau» (ds Jal); 1831 un homme à la mer! sens propre (Will.); 1893 fig. (DG); 4. 1859 dr. mer territoriale (Bonn.-Paris); 5. ca 1135 «partie de mer portant un nom spécial» (Couronnement Louis, 310 ds T.-L.: La Roge Mer); 1691 mer intérieure «mer privée d'écoulement vers l'océan» (Ozanam, p. 359); 1865 mers polaires (Vallès, Réfract., p. 54); 1874 mer équatoriale, tropicale (Lar. 19e); 6. 1740 mer (des humeurs) «tache du disque de la lune» (Trév.). B. 1. 1721 «élément liquide abondamment répandu» (ibid.); 2. 1786 mer des glaces (Besson, Manuel pour les savans et les curieux qui voyagent en Suisse, t. 1, p. 150 ds Quem. DDL t. 21); 1791 mer de glace (Staël, Lettres jeun., p. 461); 3. ca 1460-65 fig. mer de Desplaisance (Ch. d'Orléans, Œuvres, éd. P. Champion, 450). C. 1798 «grand vase de terre empli de vin, qu'on remplit à mesure qu'on y puise» (Ac.). Du lat. mare «mer», au sens propre et fig., et «vaste récipient». Fréq. abs. littér.: 17 782. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 29456, b) 28793; xxes.: a) 22688, b) 21416. Bbg. La Landelle (G. de). Le Lang. des marins. Paris, 1859, p. 140. _ Quem. DDL t. 19.