| MERLE, subst. masc. A. − 1. Merle noir, p. ell. merle. Oiseau commun en France, ayant un plumage sombre sans taches (noir chez le mâle adulte, brun-roux chez les jeunes et la femelle) et un bec fort et arqué (jaune chez le mâle adulte), remarquable par son chant. Un merle chante, siffle; merle moqueur, rieur, siffleur. Le merle noir vole en sifflant vers la cerise pourprée (Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, p.88).Le merle, ce corbeau minuscule (Renard,Journal,1889, p.19): 1. Le merle est le plus musicien, le plus poète de nos oiseaux; si Rostand l'avait entendu chanter, j'espère qu'il n'aurait pas écrit Chantecler. Mais, pour son drame, il lui fallait une victime à servir à la foule et sur qui déverser sa moquerie: il a choisi le vrai poète.
Gide,Journal,1910, p.305. − Siffler, jaser comme un merle. Il cirait ses chaussures, en sifflant comme un merle (Rolland,J.-Chr.,Foire, 1908, p.796). − Proverbe. Faute de grives*, on mange des merles. 2. ZOOLOGIE a) Oiseau passereau de la famille des Turdidés vivant en Europe. Merle commun. Le Merle noir Turdus merula la recherche [sa nourriture] à terre en retournant les feuilles (Zool.,t.4, 1974, p.387 [Encyclop. de la Pléiade]). b) [Sert à former le nom d'autres oiseaux] − [De la même famille] Merle à collier ou à plastron (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p.143), merle de roche, merle shama (Zool., t.4, 1974, p.604 [Encyclop. de la Pléiade]), merle d'Amérique (Zool., t.4, 1974 p.418 [Encyclop. de la Pléiade]). − [D'une autre famille] ♦ Merle d'eau. Oiseau plongeur d'Europe, de la famille des Cincles (d'apr. Zool., t.4, 1974, p.601 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ Merle métallique d'Afrique. Oiseau de la famille des Sturnidés (Zool., t.4, 1974, p.612 [Encyclop. de la Pléiade]). c) P. anal. Poisson marin de la famille des Labres en Méditerranée. (Ds Baudr. Pêches 1827, Lar. encyclop., Lej. 1969). B. − [Désigne une pers. ou une chose] 1. [Désigne, de façon iron. ou péj., un homme] Qu'est-ce que c'est, ce merle-là? Un va-nu-pieds, un sans-le-sou, un couche-dehors, un crève-la-faim? Qu'est-ce que c'est, dis? (Maupass.,Contes et nouv.,t.1, Hist. fille de ferme, 1881, p.36). ♦ Fin merle. [Désigne un homme rusé, habile] Pourquoi n'y envoie-t-on pas le Ctede Palikao qui est bon catholique et un fin merle? (Mérimée,Lettres Mmede Beaulaincourt,1870 [1867], p.76). ♦ Vilain merle. [Désigne un homme laid, désagréable, peu recommandable] Le père d'Angelle et de Léonie est un homme de soixante ans, assez mal bâti et fort laid de figure. On se demande comment un si vilain merle a pu faire deux demoiselles aussi jolies (Kock,Ficheclaque,1867, p.25): 2. Jean rougissait, et il balbutia (...). Du reste, Buteau l'interrompit violemment, le regard rieur que sa femme jetait sur Françoise ayant suffi à le renseigner. − Est-ce que tu te fous de nous? Elle n'est pas pour ton bec, vilain merle!
Zola,Terre,1887, p.282. ♦ Beau, joli merle. Ce Lequeu, il ramasserait des sous avec son nez dans la crotte (...). Un joli merle! (Zola,Terre,1887p.349).J'aurais voulu te voir, oui, en sous-préfet: un beau merle que ça devait faire (Aymé,Brûlebois,1926, p.68). 2. Merle blanc. [Désigne une chose d'une grande rareté ou une personne aux qualités exceptionnelles] Synon. oiseau rare.[Il] s'était mis en quête d'un vrai secrétaire, érudit, et me témoignait sa satisfaction d'avoir trouvé le merle blanc (Blanche,Modèles,1928, p.67). REM. Marle, subst. masc.,var., région. (Canada). Amable renâcla: − Chante toujours, beau marle, chante-nous tes chansons (Guèvremont,Survenant,1945, p.166). Prononc. et Orth.: [mε
ʀl̥]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1165 (Benoît de Ste-Maure, Troie, éd. L. Constans, 2187 [genre indéterminé]); fin xiiies. masc. (G. de Bibbesworth, Traité, 711 ds T.-L.), surtout fém. jusqu'au xvies., genre conservé dans certains parlers (v. FEW t.6, 2, pp.35-36); début xviiies. vilain merle «homme très désagréable» (Dancourt, Eaux de Bourbon, sc. 21 ds Littré). Du lat. merŭla «merle noir» (cf. roum. mierlă, ital. merla, cat. merla, esp. mierlă
), à côté duquel existe aussi une forme masc. merulus, rare et tardive, v. André Oiseaux. Fréq. abs. littér.: 388. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 219, b) 849; xxes.: a) 657, b) 612. |