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MÈRE1, subst. fém. et adj.
I. − Emploi subst. fém.
A. − Femme qui a mis au monde, élève ou a élevé un ou plusieurs enfants. Elle vient d'accoucher de son treizième; la mère et l'enfant se portent bien (Dumas père, Kean, 1836, ii, 2, p.125):
1. La femme est faite pour être mère: c'est sa fonction dans la nature et dans la société; tout ce qui ne sert pas à cette fonction est un hors-d'oeuvre. Ménard,Rêv. païen, 1876, p.112.
1. [Rapport de filiation naturelle]
a) [La mère, considérée dans ses rapports maternels et affectifs avec ses enfants] Être mère, (être) bonne, excellente mère; mère indigne; les bras, le coeur, les genoux, le giron d'une mère; la tendresse d'une mère, les larmes d'une mère. Ô l'amour d'une mère! Amour que nul n'oublie! Pain merveilleux qu'un Dieu partage et multiplie! (Hugo,Feuilles automne, 1831, p.717).Sans ordre, sans soins, mauvaise maîtresse de maison, mauvaise mère, et mauvaise épouse (Maupass.,Contes et nouv., t.2, M. Parent, 1886, p.597).
En partic. Celle qui a porté, qui nourrit son enfant. Mère qui allaite son enfant; enfant qui tète sa mère. L'enfant participe plus sûrement de l'hypocrisie générale et des mensonges et des conventions de ses parents qu'il ne se nourrit de la mamelle de sa mère (Cendrars,Bourlinguer, 1948, p.190).
Le sein de la mère, le ventre de la mère. L'utérus. Les faibles mouvemens du foetus dans le ventre de sa mère doivent sans doute être regardés comme un simple prélude aux actes de la véritable vie animale (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t.1, 1808, p.6).Cette femme, déterminée comme telle à trois mois dans le sein de la mère, le sexe la forme, la sculpte (Michelet,Journal, 1856, 302).
Être mère. Être enceinte. Suzanne m'envoya sa ceinture, le jour où elle sentit qu'elle était mère (Janin,Âne mort, 1829, p.214).
Future mère. Le plaisir, la grâce d'orgie, l'élégance, le désordre, la mangeuse de fortune. Et voici l'opposé: le mariage, la dot, le ménage, l'économie, la future mère, l'épouse et le mariage (Goncourt,Journal, 1865, p.153).
Rendre mère. Rendre une femme enceinte. C'est Fanette, au visage clair, Qu'un goujat rendit mère (Moréas,Pèlerin pass., 1891, p.18).
b) [L'enfant considéré par rapport à sa mère] Aimer, adorer sa mère. − Ô mère bien-aimée, à qui je dois le jour, je te promets (...) de ne jamais imiter cet homme. − C'est parfait, mon fils: il faut obéir à sa mère, en quoi que ce soit (Lautréam.,Chants Maldoror, 1869, p.147).
Rester, vivre dans les jupes de sa mère. V. jupe A 2.
Jurer sur la tête de sa mère. Faire une promesse sur ce que l'on a de plus cher. Jurez-moi sur la tête de votre mère que vous ne parlerez à personne du mal qu'on vous a fait (About,Roi mont., 1857, p.258).
PSYCHOL. Faire une fixation à la mère (v. aussi complexe* oedipien). Une des [erreurs les] plus courantes, et qui vient renforcer dangereusement la fixation à la mère, est l'idéalisation déréglée de la femme (Mounier,Traité caract., 1946, p.152).
c) [La mère, considérée par rapport au père, à la famille et à la société] La fête des mères. L'enfant ayant besoin d'une mère pour l'allaiter et l'élever, d'un père pour le protéger et le guider dans la vie, la famille est la raison d'être et la finalité de l'amour (Ménard,Rêv. paien, 1876, p.113):
2. La Française est un être de maison; elle veut garder les enfants chez elle et les élever (...) elle a un goût tenace de la famille, elle veut que la famille soit réunie dans les mêmes murs; avant tout, elle est une mère. Chardonne,Ciel, 1959, p.16.
Emploi adj. Dont l'instinct maternel est (plus ou moins) développé. [La mère] agit et prévoit, elle aime plus ou moins; elle est plus ou moins mère (Michelet,Oiseau, 1856, p.3).
Être plus mère qu'épouse, plus épouse que mère. Être plus soucieuse de ses devoirs de mère que d'épouse (ou inversement). Elle était, aux yeux de Daniel, devenue autre, à la fois moins grisante et plus humaine, − plus épouse et plus mère (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.143).
Mère abusive. V. abusif.
Père et mère. [Emploi coll. pour parents] N'avoir ni père ni mère. Synon. être orphelin*.[P. exagér. pour désigner des pers. auxquelles on est très attaché] Quand elle rit, c'est ben simple, le meilleur des hommes renierait père et mère (Guèvremont,Survenant, 1945, p.238).
[P. allus. biblique Tes père et mère honoreras] Ce mystère le troubla, lui rappelant la parole de Dieu: Tes père et mère honoreras, Afin de vivre longuement (Adam,Enf. Aust., 1902, p.122).
Mère de famille. Femme mariée s'occupant de la maison et des enfants. Elle est encore jolie, bonne, douce; c'est une excellente mère de famille, fidèle à tous ses devoirs, pieuse et non dévote (Stendhal,Rouge et Noir, 1830, p.292).
Mère gigogne (fam.). Mère de famille nombreuse. Neveux et nièces, petits-neveux et petites-nièces de madame Danquin qui, sans enfants, était néanmoins une mère Gigogne (A. France,Vie fleur, 1922, p.502).
DR. Mère au foyer. Mère se consacrant aux charges de son foyer et bénéficiant à ce titre d'une allocation spéciale. Le montant mensuel de l'allocation de salaire unique et celui de l'allocation de la mère au foyer sont fixés par décret en fonction, le cas échéant, du nombre d'enfants à charge et de leur âge (Réforme Séc. Soc., 1968, p.49).
Mère célibataire*, fille(-)mère. V. fille II A 2 b.
RELIG. La mère de Dieu, la vierge mère. Marie, mère de Jésus et p. ext. mère de tous les chrétiens. Douce Vierge d'un Voeu, Toi notre bonne Mère, Appuie auprès de Dieu Les paroles de feu De toute humble prière, En ce lieu de Porrière (Nouveau,Valentines, 1886, p.244).
d) P. anal. [Chez les animaux] Femelle ayant eu ou élevant des petits. Les animaux nouveau-nés n'ont besoin de leur mère que pendant quelques mois (Laclos,Éduc. femmes, 1803, p.451).La mère lièvre (Colette,Sido, 1929, 95):
3. Il y a des Poil de Carotte parmi les petits poulets. J'en vois un que sa mère chasse de dessous ses ailes, qu'elle crible de coups de bec, simplement peut-être parce qu'il a une tache noire mal placée au goût de sa maman. Renard,Journal, 1901, p.670.
Mère poule. Des pouillards déjà gros trottaient autour d'une mère poule (Genevoix,Raboliot, 1925, p.319).P. anal. Femme qui fait preuve d'une vigilance inquiète à l'égard de ses enfants. Quelle admirable mère poule vous faites, ma chérie (Aymé,Tête autres, 1952, p.105).
Loc. fig. (allus. littér.). Faire des contes de ma mère l'oie. Raconter des histoires peu crédibles. Qu'importent ces balivernes à un enfant de son âge. Il s'amuse de cela comme de contes de la mère l'oye (Adam,Enf. Aust., 1902, p.119).
e) Appellatif
Madame mère. [Titre donné à la mère d'une personnalité importante ou employé ironiquement] Je me dirigeai vers la bibliothèque. Madame mère faisait de la chaise longue (H.Bazin, Vipère, 1948, p.93).
Madame + nom de famille + mère. [Appellation permettant de distinguer la mère de l'épouse portant un nom identique] Madame Bovary mère pensait à son mari. Les pires jours d'autrefois lui réapparaissaient enviables (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.99).
Reine(-)mère. Mère d'un roi régnant. C'est la reine-mère, Marie-Julie; reine douairière, à son âge, c'est de bonne heure, c'est terrible (Scribe,Bertrand, 1833, i, 1, p.122).
Rem. En ce qui concerne les rapports de filiation au second, troisième degré, voir: (arrière)-grand-mère*, mère-grand, archaïsme ou emploi plaisant pour grand-mère (plur. mères-grand). Vous y dansiez petite fille Y danserez-vous mère-grand C'est la maclotte qui sautille Toutes les cloches sonneront (Apoll., Alcools, 1913, p.81). Rapport de filiation indirecte: belle-mère*.
2. P. ext. [Sans rapport de filiation naturelle]
a) Mère adoptive, d'adoption. Femme ayant obtenu le statut de mère par un acte légal lui ouvrant des droits identiques à ceux d'une mère naturelle; p. ext. personne que l'on considère un peu comme sa propre mère. Un mariage lui acquérait le droit de vivre avec sa tante, la duchesse de Verneuil, soeur du prince de Blamont-Chauvry, qui pour elle était une mère d'adoption (Balzac,Lys, 1836, p.60).
b) Mère nourrice, nourricière. Femme ayant élevé au sein un ou plusieurs enfants autres que les siens:
4. Toute science ne s'acquiert que par l'expérience. Enseigner aux enfants la vertu par la théorie de la morale, c'est leur enseigner à parler par la grammaire, et à marcher par les lois de l'équilibre: sur tous ces points, leurs mères nourrices leur feraient faire plus de progrès que tous les professeurs des académies. Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.283.
Au fig. L'agriculture est sainte; elle est la mère nourrice de l'homme, et celui qui sème un grain de blé fait une action agréable aux dieux (Gautier,Rom. momie, 1858, p.268).
c) Toute femme ou jeune fille remplissant un rôle maternel. Agir, se comporter en mère, être une vraie mère pour qqn. Elle est digne de l'aimer en mère; mais elle est trop aimable pour n'être pas aimée d'une autre manière (Senancour,Obermann, t.2, 1840, p.42).
THÉÂTRE. Type de rôle d'acteur. Jouer les mères nobles. Étant la seule femme de la troupe, elle jouait les mères, les épouses, les amantes (A. France,Pt Pierre, 1918, p.76).
P. anal. Mère (aux chats). Femme reportant toute son affection sur un animal:
5. Je me méfie, dit le Duc, des gens qui ont tant d'amour pour les bêtes: c'est souvent qu'ils reportent sur elles l'amour qu'ils n'ont pas pour les hommes. La mère aux chats est presque toujours une femme méchante. Montherl.,Bestiaires, 1926, p.445.
d) Arg., vieilli. Mère d'occase. Entremetteuse; ,,pseudo-mère d'actrice. Mère de fille galante qui fait la cuisine, cire les bottes et débat les prix`` (Rigaud, Dict. du jargon paris., 1878 ds quem. DDL t.23).
3. Expr. proverbiales vieillies
a) [P. réf. à Florian, La Mère, l'enfant et les Sarrigues, 1792, iii, 1] : L'asile le plus sûr est le sein d'une mère.
b) C'est le ventre de ma mère, je n'y retourne plus. L'expérience ne vaut pas la peine qu'on la renouvelle. (Dict. xixes.).
c) Il veut apprendre à sa mère à faire des enfants. Vouloir donner des leçons à une personne plus expérimentée que soi (Dict. xixes.).
B. − P. anal.
1. Femme qui par sa position sociale dirige d'autres personnes ou exerce des responsabilités auprès d'elles.
a) Supérieure d'un couvent. Mère-abbesse. Rien n'existe à ses yeux, ni l'ordre, ni la mère supérieure devant qui chacun tremble, ni les pensées du saint fondateur (Jouve,Paulina, 1925, p.181).
Religieuse professe. Mère Marie de Sainte-Anne-d'Auray, mère Marie de la Visitation, mère Marie de je ne sais plus quel saint (H. Bazin,Vipère, 1948, p.76).
b) Vieilli. [Dans les sociétés de compagnonnage] Hôte ou hôtesse d'une auberge fournissant gîte et couvert à des compagnons (v. ce mot II B); p. méton. l'auberge elle-même:
6. Par Mère, on entend l'hôtellerie où une société de compagnons loge, mange et tient ses assemblées. L'hôtesse de cette auberge s'appelle aussi la Mère; l'hôte, fût-il célibataire, s'appelle la Mère. Il n'est pas rare qu'on joue sur ces mots et qu'on appelle un bon vieux hôtelier le père la Mère Sand, Compagn. Tour de Fr., 1840, p.92.
2.
a) [Comme appellation fam.]
Mère + nom propre.Titre donné à une personne âgée par familiarité ou ironie. La Mère Michel. Cette pauvre mère Chantemesse, elle a au moins soixante-douze ans. J'étais gamine, qu'elle achetait déjà ses navets à mon père (Zola,Ventre Paris, 1873, p.613).
Grosse mère. Femme d'un certain âge arrondie par l'obésité. Une grosse mère, échouée sur une banquette au milieu d'une tribu de mioches mal mouchés (Zola, Œuvre, 1886, p.310).
Rem. S'applique de manière hypocoristique à une petite fille bien potelée (v. gros père). Synon. grosse mémère.
b) Appellatif fam. ou jurons
Petite mère. [Terme d'affection pour appeler, désigner sa mère ou toute pers. qui en tient lieu] :
7. Mais l'enfant, égayé justement par cette aubaine, gigotait, riait à s'étouffer. − Non, non... Reste, petite mère... Joue, petite mère... Elle patientait, elle se montrait très douce, répétant avec des caresses: − Fais dodo, mon chéri... Fais dodo, pour me faire plaisir. Zola,Débâcle, 1892, p.532.
Appellatif pop. − Ma fille, vous savez que cette lampe coûte très cher, et qu'on ne peut la réparer qu'en Angleterre. (...) − Hé! dis donc, la petite mère, et ton pot de chambre... Est-ce qu'il coûte très cher?... (Mirbeau,Journal femme ch., 1900, p.24).
Bonne mère. [Région., p. réf. à Notre-Dame de la Garde de Marseille, appelée «bonne mère»] Juron marseillais. Bonne mère, que les diables de la mer lui mangent son bateau [à Marius] sous les pieds! (Pagnol,Fanny, 1932, i, 2etabl., 6, p.96).
C. − Celle, ce qui est à l'origine des êtres ou des choses
1. [Désignant des pers. ou des personnages mythol.]
a) Ève, mère du genre humain. − I dit qu'alle a eu un éfant. − Elle n'est pas la première à qui ça arrive, depuis notre mère Ève (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Père Amable, 1886, p.216).
b) MYTH. Mère, déesse(-)mère. Nom donné à plusieurs déesses de la fécondité (Astarté, Cybèle, Isis). Toi [Astarté], déesse, toi la mère des dieux et des hommes, la joie et la douleur du monde! (Louys,Aphrodite, 1896, p.41).
2. P. métaph. [Désignant, par personnification des entités communes au genre humain ou à une partie de l'humanité]
a) Mère, mère universelle. La nature. Nature! abri de toute créature! Ô mère universelle! indulgente nature! (Hugo,Voix intér., 1837, p.290).
b) Mère, mère commune, terre(-)mère. La terre, celle qui engendre, produit et nourrit. Les entrailles de la terre, notre seconde mère, nous enfanteront à l'éternité dont nous n'avons pas aujourd'hui la plus légère notion (Chateaubr.,Mém., t.1, 1848, p.623).
Emploi adj. Ces rapports réciproques entre la terre mère ou nourrice et la vie organisée qu'elle supporte et alimente, ne sont pas également apparents (Valéry,Regards sur monde act., 1931, p.117).
c) RELIG. L'église, qui rassemble tous les fidèles chrétiens. Révérendissime père, notre Mère la Sainte Église vous demande d'élever ce sous-diacre à la charge de diacre (Billy,Introïbo, 1939, p.138).
3. [Désignant un lieu] Ville, pays d'origine de. Synon. berceau.La Grèce est la mère des ergoteurs, des rhéteurs et des sophistes (Taine,Philos. art, t.2, 1865, p.102).
La mère(-)patrie. Patrie d'origine. J'ai reçu bien des lettres de nos religieux accourant pour défendre la mère patrie (Barrès,Cahiers, t.11, 1914, p.117).
4. Au fig.
a) Source, cause de. La haine est la mère de la guerre; la mère est infâme, la fille est affreuse (Hugo,Actes et par., 4 1885, p.96).
b) Proverbes et maximes
La prudence est mère de la sûreté (v. Pailleron, Monde où l'on s'ennuie, 1869, iii, 2, p.131).La chasteté est la mère des vertus (v. Joubert, Pensées, 1824, p.200)L'ignorance est la mère de tous les crimes (v. Balzac, Cous. Bette, 1846, p.404).L'oisiveté est la mère de tous les vices (v. Reybaud, J. Paturot, 1842, p.344).
D. − Emplois techn. Élément donnant naissance à un (ou plusieurs) autre(s) semblable(s) à lui.
1. BOT., HORTIC. [En compos.] Branche, pied, plante destiné(e) à la multiplication. La vulgarisation des méthodes de sélection clonale en France est récente et la surface plantée en pieds-mères de clones est encore réduite (Levadoux,Vigne, 1961, p.124):
8. ... s'obstinant à vouloir coucher d'équerre les duchesses qui devaient former les cordons unilatéraux, il les cassait ou les arrachait invariablement. Quant aux pêchers, il s'embrouilla dans les sur-mères, les sous-mères et les deuxièmes sous-mères. Flaub.,Bouvard, t.1, 1880, p.41.
2. POTERIE. Moule en plâtre destiné à reproduire de nouveaux modèles. On peut couler sur [un] modèle-type cinquante modèles qu'on appelle des mères (Al. Brongniart, Arts céram., t.1, 1844, p.129).
3. Mère du vinaigre. Membrane gélatineuse se formant à la surface du vinaigre et étant à l'origine d'une nouvelle production. N'oublions pas la bonbonne de vinaigre, où nage une mère vineuse et plantureuse comme un poumon (H. Bazin,Mort pt cheval, 1949, p.256).
II. − Emploi adj. ou en appos. Qui est à l'origine, qui est la source, la cause principale (de).
A. − Lang. cour. Shakespeare est au nombre des cinq ou six écrivains qui ont suffi aux besoins et à l'aliment de la pensée: ces génies-mères semblent avoir enfanté et allaité tous les autres (Chateaubr.,Litt. angl., t.1, 1836, p.276).Tout à coup on se trouve dans la principale rue, dans la rue mère d'où s'engendre tout le village, lequel est situé sur la croupe de la falaise (Hugo,Fr. et Belg., 1885, p.152).
Idée(-)mère. Idée principale (d'une théorie, d'un ouvrage), dont découlent toutes les autres. Synon. idée maîtresse*.La distinction de l'acte et de la puissance, une des idées mères de sa philosophie (Renouvier,Essais crit. gén., 3eessai, 1864, p.21).
Maison mère. Établissement religieux principal dont relèvent un certain nombre de communautés. Le moine faisait en Illyrie de fréquents voyages, chargé de missions entre la maison mère de la rue des Fourneaux et les couvents franciscains de Zara et de Raguse (A. Daudet,Rois en exil, 1879, p.131).
P. ext. Établissement principal dont dépendent un certain nombre de succursales. Société mère. Commerce entre maisons mères et filiales (Perroux,Écon. XXes., 1964, p.187).
B. − Emplois techn.
1. BEAUX-ARTS. Couleur mère. Couleur primitive permettant d'en composer de nouvelles. Les couleurs peuvent être profondes ou légères, riches de teinture ou neutres, c'est-à-dire plus sourdes, franches, c'est-à-dire plus près de la couleur mère (Fromentin,Maîtres autrefois, 1876, p.318).
2. BIOL. Cellule* mère.
3. BOT. Branche* mère. Il y a une combinaison harmonique visible de la vibration affolée de la feuille avec celles de la tigelle, du rameau, puis de la branche mère et de la grosse branche aïeule (Valéry,Tel quel II, 1943, p.123).
4. CHIM. Liqueur, solution mère. Eau(-)mère. Eau saline saturée après cristallisation. L'eau mère qui a fourni ces cristaux est elle-même complétement inactive (Pasteurds Ann. chim. et phys., t.24, 1848, p.458).
5. DOCUM., MICROGRAPHIE. Microfiche-mère. V. microfiche.
6. GÉOL. Roche(-)mère. Roche servant de base principale à certains terrains. La roche mère des Cévennes, un moment abolie sous les avalanches d'humus (...) reparaît ici dans toute sa force (Fabre,Oncle Célestin, 1881, p.162).
7. LING. Langue(-)mère. Langue d'où sont normalement issues un certain nombre d'autres langues. La plupart des langues que nous appelons mères, ne sont elles-mêmes que des dérivés (Boucher de Perthes,Création, t.3, 1864, p.345).Le latin est la langue-mère du français (Mar.Lex.1951):
9. Le premier comparatiste qui proposa des reconstitutions précises, Schleicher, figura la genèse des langues indo-européennes sous la forme d'un arbre généalogique: de la langue-mère se seraient détachés comme d'un tronc commun des rameaux qui (...) aboutiraient aux différentes langues par une série de ramifications successives. Lang. Monde, 1952, p.XXX.
8. MUS. Note(-)mère. V. médian I.
Rem. V. les comp. dure-mère, pie-mère.
Prononc. et Orth.: [mε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: mere; 1740: mére; dep. 1762: mère. Étymol. et Hist. 1. a) 2emoitié du xes. medre «femme qui a mis un enfant au monde» (St léger, 137 ds T.-L.); 1510 mère de famille (Nouveau coutumier général, éd. Ch. A. Bourdot de Richebourg, t.4, p.1168); 1848 fille-mère (H. Tampucci, Poésies anciennes et nouv., 309 ds Quem. DDL t.15); b) fin xes. madre «la vierge Marie» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 353); ca 1200 la mere Deu (J.Bodel, Saxons, éd. F. Menzel et E. Stengel, t.1, 714); 1324 mère «nourrice» (doc. ds La Curne); 1552 mère nourrice (Est.); c) 1874 mère noble (Lar. 19e); d) 1721 ma bonne mère (Trév. avec citat. de MlleL'Héritier [1664-1734]); 1756 ma petite mère (Théâtre des boulevards, Léandre grosse, III, 188 ds Quem. DDL t.18); 2. a) ca 1130 mere iglise de parosse «église métropolitaine» (Lois G. Le Conquérant, éd. J. E. Matzke, § 1, 1); fin xiies. nostre meire Sainte Eglise (Sermons St Bernard, éd. W.Foerster, p.33, 15); b) 1580 mère «hôtesse mariée» (d'apr. Esn.); 1790 aubergiste mère (Proc.-Verb. Com. Agr. et Comm. du 27 oct. ds Brunot t.9, p.1186); c) 1612 mère (une telle) «religieuse professe» (D'Aubigné d'apr. FEW t.6, 1, p.469a); 1664 la mère supérieure (Mmede Sévigné, Lettre à M. de Pompone du 24 nov. ds Lettres, éd. Monmerqué, t.1, p.446); 3. a) ca 1200 mère «femelle d'un animal qui a des petits» (Aiol, 2712 ds T.-L.); b) 1546 oysiveté est mère de luxure (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A. Screech, XXXI, p.219); c) 1558 mère (des arts, des lois, etc.) «lieu d'origine» (Du Bellay, Regrets IX, éd. Droz, p.43); 1616 nostre mère hardie (la France) (A. D'Aubigné, Tragiques, éd. E. Réaume et De Caussade, t.4, p.73); 1774 mère patrie «pays qui a fondé une colonie» (Gazette des Deux-Ponts, no14, 17 févr., 110 ds Quem. DDL t.21); d) 1605 mère-souche «souche d'un arbre coupé à ras, dont on tire des marcottes ou des greffes» (Ol. de Serres, Théâtre d'agriculture, 163); 1721 mère branche (Trév.); 1690 langue mère (Fur.); 1745 idée mère (Charp, Hist. nat. de l'âme, p.112); 4. 1868 mère de vinaigre (Littré). Du lat. mater «mère (d'un homme ou d'un animal); métropole, patrie; cause, origine». Fréq. abs. littér.: 37022. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 47267, b) 72605; xxes.: a) 50402, b) 47903. Bbg. Baldinger (K.). «Mutter (seelen) allein, mutternackt», «mère-seul, mère-nu»... Z. rom. Philol. 1956, t.72, pp.88-107. _ Gak (V.G.). On the problem of general semantic laws. Linguistics. La Haye. 1976, no182, p.50. _ Kuznecon (A.M.). On the typology of the semantic field of kinship terms. Linguistics. La Haye. 1974, no125, p.8. _ Quem. DDL t.2, 14, 18, 19, 21.