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MÉNAGE, subst. masc.
I. − [En parlant des aspects matériels de la vie au foyer]
A. − Vx. Bonne gestion des revenus, des biens. L'économie et le ménage financier de Sully étaient favorables sans doute au peuple, à l'agriculture (Sainte-Beuve,Caus. lundi, t. 8, 1853, p. 182).
B. −
1. Ensemble des tâches domestiques (notamment organisation du budget, entretien du logement, du linge, préparation des repas) se rapportant à l'entretien d'une famille. Dépenses du ménage; mener son ménage tambour battant, le mener d'une main discrète; ménage bien, mal conduit. [Il] remit l'approximative somme nécessaire à l'entretien du ménage pendant son absence (Huysmans,À rebours, 1884, p. 167).Il rassemblait les «scudi» [les écus], en faisant une sorte de gâteau qu'il aplatissait de sa semelle. Avec la pelle, il le coupait en deux. Une moitié était pour Mary: loyer et ménage (Maurois,Ariel, 1923, p. 327):
1. Ils vivaient automatiquement sans s'inquiéter de ce qui se passait autour d'eux ou au dehors. Ils laissaient la direction du ménage à Catherinette, ne voulaient voir personne, s'asseyaient à table sans appétit... Theuriet,Mais. deux barbeaux, 1879, p. 49.
2. En partic. Ensemble des travaux de propreté et d'entretien d'un logement. Ce qui contribua surtout à rendre Rodolphe amoureux fou de Mademoiselle Mimi, ce furent ses mains que, malgré les soins du ménage, elle savait conserver plus blanches que les mains de la déesse de l'oisiveté (Murger,Scènes vie boh., 1851, p. 157).MmeMaillecottin n'est d'humeur à commencer les besognes de ménage proprement dites que lorsqu'il n'y a personne autour d'elle pour lui troubler les idées et contrarier ses innombrables allées et venues (Romains,Hommes bonne vol., 1932, p.60):
2. Elle tournait toute la matinée, balayant, époussetant, nettoyant les chambres, lavant la vaisselle, faisant des besognes qui l'auraient écoeurée autrefois. Jusqu'à midi, ces soins de ménage la tenaient sur les jambes, active et muette, sans lui laisser le temps de songer à autre chose qu'aux toiles d'araignée qui pendaient au plafond et qu'à la graisse qui salissait les assiettes. Zola,Th. Raquin, 1867, p. 160.
SYNT. Faire le ménage de qqn, de qqc.; faire son ménage soi-même; vaquer aux soins du ménage; être chargé, s'occuper du ménage (de qqn).
Faire des ménages. Faire le ménage chez des particuliers moyennant salaire. Elle offrait de veiller une nuit sur deux. «Pas toutes les nuits, pauvre, parce qu'elle avait tous ses ménages à faire...» (Malègue,Augustin, t. 2, 1933, p. 298).Le précepteur de mes enfants est un pauvre garçon nourri par charité au petit séminaire. Sa mère faisait des ménages à Bordeaux (Mauriac,Asmodée, 1938, ii, 7, p. 86).
Femme de ménage. V. femme I C 2.
P. plaisant. Homme de ménage. Homme qui fait le ménage ou qui aide aux tâches ménagères. Dubuche, qui avait des qualités d'homme de ménage, aidait Sandoz à servir le thé (Zola, Œuvre, 1886, p. 91).
C. − L'intérieur, la maison. À présent que la politique et les aventures tragiques d'amour ont cessé de remplir la vie des grandes dames romaines, à quoi passent-elles leur temps dans l'intérieur de leur ménage? (Chateaubr.,Mém., t. 3, 1848, p. 436).Elle [la tasse] était retournée cul en l'air sur sa soucoupe, comme les tasses propres doivent être dans un ménage bien ordonné(Giono,Baumugnes, 1929, p. 70):
3. ... Gaud était dans une délicieuse ivresse d'attente, tenant le ménage bien en ordre, bien propre et bien net, pour le recevoir. Tout rangé, il ne lui restait rien à faire... Loti,Pêch. Isl., 1886, p. 296.
SYNT. Ménage bien, mal tenu; ménage pauvre, rangé; rentrer dans son ménage; vivre heureux dans son petit ménage; arranger, soigner son petit ménage.
[Subst. indiquant une denrée, un produit + de ménage] Qui est fabriqué à la maison ou qui en a les caractéristiques. Brioche, farine, liqueur, plats, salade, savon de ménage; toile de ménage. Des étoffes de ménage fortes et peu salissantes composent presque tout l'habillement des enfans et du père (Senancour,Obermann, t. 2, 1840, p. 108).Nous avions tous les jours de la viande, soit du boeuf, soit du lard, ou du mouton. Le pain de ménage était très bon, et le vin aussi (Erckm.-Chatr.,Conscrit 1813, 1864, p.88).
Pour un usage familial. Aujourd'hui, pour réussir, il faut faire un feuilleton de ménage, passez-moi l'expression. Dégusté par le père et par la mère, le feuilleton va de droit aux enfants, qui le prêtent à la domesticité, d'où il descend chez le portier, si celui-ci n'en a pas eu la primeur (Reybaud,J. Paturot, 1842, p. 64).
D. − Ensemble des meubles, des objets nécessaires à la vie domestique. Articles de ménage. Aux solives noires du toit s'accrochaient des ustensiles de ménage très anciens (Loti,Pêch. Isl., 1886, p. 200).Tu t'arranges pour que maman t'accompagne à Paris. Pas à tortiller. Le prétexte est simple. Il s'agira, par exemple, de choisir quelque chose de ton ménage, de ton mobilier (Duhamel,Terre promise, 1934, p. 190):
4. Sur une (...) charrette, à l'arrière, on liait, contre une armoire, le vieux grand-père infirme, qu'on emportait comme une chose. Puis, c'étaient ceux qui n'avaient pas de voiture, qui empilaient leur ménage en travers d'une brouette... Zola,Débâcle, 1892, p. 39.
Se monter en ménage, monter son ménage. Acquérir tous les objets divers nécessaires dans une maison. M. Hennebeau parlait de l'embarras où était un jeune homme, obligé de se monter un ménage, dans un des petits chalets réservés aux ingénieurs des fosses (Zola,Germinal, 1885, p. 1307).
Ménage d'enfant, de poupée. Ensemble des ustensiles de ménage en modèle réduit, vaisselle miniature destinée aux enfants. Une étagère toute bourrée de petites verreries, de petits ménages d'enfant, de joujoux gagnés aux loteries, de mille petits riens et grandes joies d'enfant (Goncourt,Journal, 1858, p. 529).Les assiettes d'un ménage de poupée, grandes comme des marguerites, étoilent l'herbe (Colette,Mais. Cl., 1922, p. 33).
II. − [En parlant des aspects hum., fam. de la vie au foyer]
A. − Cohabitation d'un couple uni légitimement ou non. Entrer, se mettre en ménage; être heureux/malheureux en ménage. Son mari, qui était flatueux, canonnait, de ci, de là, contre la cheminée, contre la commode, mais au bout de vingt ans de ménage tout n'est-il pas permis? (Huysmans,Soeurs Vatard, 1879, p. 101).Il se décida enfin à se marier, après quinze ans de ménage (Léautaud,In memor., 1905, p. 187).Son entrée en ménage ne différa pas beaucoup d'une entrée en religion (Mauriac,Vie J. Racine, 1928, p. 163).
Querelle, scène de ménage. Dispute entre deux personnes vivant ensemble. Le jour est aux scènes de ménage, mais, la nuit, celui-là qui s'est disputé retrouve l'amour. Car l'amour est plus grand que ce vent de paroles (Saint-Exup.,Pilote guerre, 1942, p.272):
5. ... d'ailleurs, vous êtes comme mon mari. J'irais dans les rues sans bottines, que cela vous serait parfaitement égal. Quand on a une femme, pourtant, le simple bon coeur vous fait une loi de la nourrir et de l'habiller. Mais jamais un homme ne comprendra ça. Tenez! à vous deux, vous me laisseriez bientôt sortir en chemise, si j'y consentais! Octave, excédé de cette scène de ménage, prit le parti de ne pas répondre, ayant remarqué que parfois Auguste se débarrassait d'elle ainsi. Zola,Pot-Bouille, 1882, p. 284.
Ménage à trois. Cohabitation de trois personnes (le mari, la femme, l'amant ou la maîtresse). Ils s'égayaient ainsi du ménage à trois des voisins, un haveur qui logeait un ouvrier de la coupe à terre, ce qui donnait à la femme deux hommes, l'un de nuit, l'autre de jour (Zola,Germinal, 1885, p. 1145).
Faire bon/mauvais ménage avec qqn. S'entendre avec lui bien/mal. J'ai même trouvé moyen de lui apprendre que madame était votre cousine; que vous aviez quarante ans et elle trente-sept; que vous faisiez très bon ménage (Zola,Conquête Plassans, 1874, p.923).
[En parlant de choses] S'accorder. Le christianisme et la démocratie, qui faisaient bon ménage à Florence au Moyen Âge, se considèrent aujourd'hui en France comme irréconciliables (Ménard,Rêv. païen, 1876, p. 160).
P. anal. [En parlant d'animaux] Chien et loup ne font pas longtemps bon ménage (Mérimée,Carmen, 1847, p. 45).
B. − Cohabitation de deux personnes, de même sexe, de sexe différent ou de même famille. Faire ménage commun avec qqn; tenir ménage avec qqn. Toute la société s'est mise à parler du ménage masculin de Fiévée et de Th. Leclercq. On a beaucoup jasé sur ce sujet (Delécluze,Journal, 1826, p. 343).Les petits garçons disent tous: «Je veux devenir un homme pour me marier avec maman». Ce n'est pas si bête, Tirésias. Est-il plus doux ménage, ménage plus doux et plus cruel, ménage plus fier de soi, que ce couple d'un fils et d'une mère jeune (Cocteau,Machine infern., 1934, i, p. 56):
6. ... elle retrouvait le charme intelligent, indépendant et libre de cette vie de garçon et d'étudiant, doux ménage de père et de fille, unis des deux bouts de l'âge et si bien mêlés l'un à l'autre que le père avait l'air de porter le sourire de sa fille, et la fille la pensée de son père! Goncourt,MmeGervaisais, 1869, p. 102.
C. − Couple uni légitimement ou non. Un grand nombre de ménages honnêtes restent dans le concubinage, faute de trente francs, dernier prix auquel le notariat, l'enregistrement, la mairie et l'église puissent unir deux Parisiens (Balzac,Cous. Bette, 1846, p. 403).[Léon Daudet] est accompagné du jeune ménage Hugo, le mari gras et fleuri et tout à fait gentil et caressant, et la femme aux beaux yeux réfléchis (Goncourt,Journal, 1894, p.585).Leur ménage n'était pas uni. Ils se querellaient tout le temps à propos de n'importe quoi: à propos de la bonne, à propos des affaires, à propos d'Ernest, à propos du menu (Jouve,Scène capit., 1935, p. 55).
SYNT. Ménage exemplaire, heureux, modèle, réconcilié; ménage brisé, désuni, dispersé, divisé, perdu; ménage adultérin, légitime; bon, charmant, digne, excellent, futur, modeste, pauvre, vieux ménage; ménage qui marche bien/mal, qui va de mal en pis; ménage de bourgeois, d'employés, d'ouvriers; troubler la paix des ménages.
Faux ménage. V. faux I B 1 a.
D. − Le couple et ses enfants, ou l'ensemble des personnes vivant dans un même foyer. Ces trois pièces (...) contenaient ce ménage de cinq personnes, dont trois enfants (Balzac,Cous. Pons, 1847, p. 312).Lucie remarquait près de sa tente, chaque matin, un petit ménage composé du mari, de la femme et d'un enfant. Le mari pouvait avoir une vingtaine d'années et la femme quatorze ou quinze ans (Gobineau,Nouv. asiat., 1876, p. 317).Le quartier était populaire. La maison habitée par de petits rentiers, des employés, et quelques ménages ouvriers (Rolland,J.-Chr., Buisson ard., 1911, p. 1257).
STAT. Ménage d'une personne. Célibataire, veuf ou veuve occupant à eux seuls un logement (d'apr. George 1970).
REM.
Ménageot, subst. masc.,région. (Berry). Petit fermier. Chez nous, le ménageot ne se permet que la chèvre et l'ouaille; au bord de la Creuse, toute famille a plusieurs vaches, plusieurs ânes et un ou deux chevaux ou mulets (Sand,Promen. autour vill., 1860, p. 61).
Prononc. et Orth.: [mena:ʒ]. Ac. 1694, 1718 mesnage; dep. 1740 ménage. Étymol. et Hist. I. 1. 1160-74 maisnage «demeure, séjour» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, II, 1128), sens bien vivant en a. et m. fr.; 2. ca 1210 mainage «administration des biens» (Vie St Eustache, éd. A. C. Ott, 923 ds Rom. Forsch. t. 32, p. 544); ca 1480 mesnage (Myst. Vieux Testament, éd. J. de Rothschild, 3141); en partic. 1546 «bonne gestion de ses biens, économie» (Rabelais, Tiers Livre, éd. M. A.Screech, II, 54); 3. xiiies. de ménage «se dit de ce qui est fabriqué à la maison» dras de mennage (Accord, fonds Bizeul, Bibl. Nant. ds Gdf.); 4.a)mil. xives. [ms.] «ensemble des biens, meubles, objets qui constituent l'habitation d'une personne» (Le Dit de Merlin Mellot ds Nouv. recueil des Contes, dits, fabliaux, éd. A. Jubinal, I, 136); b)1523 «petits meubles offerts en jouets aux enfants» (Inv. de Marguerite d'Autriche ds Havard); 1853 ménage d'une poupée (Champfl., loc. cit.); 5.fin xive-début xves. «tout ce qui concerne la vie matérielle du foyer» en partic. «soins matériels qui assurent l'ordre et la propreté de l'intérieur» (Quinze Joyes de mariage, éd. J. Rychner, V, 128, p.36); 6.1571 «désordre, dégât» (Coutumes du Bailliage de Clermont, XX, XIV ds Nouv. Coutumier génér., éd. A. Bourdot de Richebourg, II, 886). II.1. a)xiiies. [ms.] «cohabitation entre un homme et une femme dans le cadre du mariage» (Le Fabliaus qui devise les outiex de l'ostel, 14 ds Poèmes fr. sur les biens d'un ménage..., éd. U. Nyström, p. 75: Mainages est confraerie De toute painne); xives. [ms.] «id.» estre en menage (Un ditté des choses qui faillent en menage, 24, ibid., p.84); b)1459 maintenir mesnage avec qqn «vivre comme maritalement avec quelqu'un» (Droit veng., 182 d'apr. FEW t. 6, 1, p. 186a); 2. fin xiiies. «ensemble des membres d'une famille» ici «famille et serviteurs» (Jakemes, Castelain de Couci, éd. M.Delbouille, 5393); 3. 1588 [éd.] «le couple lui-même» (Montaigne, Essais, éd. Villey-Saulnier, III, IX, p.975); 4.1611 «toute sorte de vie commune» faire mauvais mesnage ensemble «s'entendre mal avec quelqu'un» (Cotgr.). Dér. de l'a. fr. manoir «demeurer» (v. manoir), ca 880 (Eulalie, 6 ds Henry Chrestomathie t. 1, p. 3); les formes maisnage, mesnage qui apparaissent d'abord sont dues à l'infl. de l'a. fr. maisnée «famille», ca 1050 maisnede (Alexis, éd. Chr. Storey, 263 et 413) lui-même du lat. pop. *mansionata, dér. du lat. class. mansio, v. maison. Fréq. abs. littér.: 3566. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)3657, b) 6533; xxes: a) 7916, b) 3782. Bbg. Baldinger (K.). Fr. ménage. Z. rom. Philol. 1956, t. 72, pp. 321-339. _ Mack. t. 2 1939, p.145.